Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Tome 1b

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L

LAB

abiale. adj. f. Terme de Palais. On appelle Offres Labiales, des Offres qui se font seulement de bouche. On le dit aussi de celles qu’on fait par écrit, quand il n’y a point de deniers effectifs offerts. On dit encore Lettres Labiales, parmy les Grammairiens. Ce sont celles qui se prononcent des levres, à la difference des lettres dentales & des gutturales, dont les unes se prononcent des dents, & les autres du gosier. Ce mot vient du Latin Labium, Levre.

LABOURER. v. a. Remuer la terre avec la charruë, la besche, la hoüe. Acad. Fr. On dit en termes de Marine, qu’Un Vaisseau laboure, pour dire, qu’Il passe par un lieu où il y a peu d’eau, & qu’il y touche la terre. On dit aussi qu’Une ancre laboure, pour dire, que L’ancre ayant esté jettée dans un fond qui n’est pas bon pour l’ancrage, elle ne peut enfoncer ny s’y tenir ferme.

On dit en termes de Plombier, Labourer le sable, pour dire, Moüiller & remuer avec un baston le sable qui est dans le chassis autour du moule.

LABURNUM. s. m. Sorte d’arbre dont Pline parle en ces termes. Le Cyprez, le Noyer, le Chastaigner, ny le Laburnum ne s’aiment point auprés des eaux. Quant au Laburnum, il croist aux hautes Montagnes, & n’est pas connu de chacun. Son bois est blanc & fort dur, & sa fleur a une coudée de haut. Jamais les mouches à miel n’approchent de cette fleur. Quelques-uns prennent une seconde espece d’Anagyris qui se trouve en Italie, & que ceux de Trente nomment Eghelo, pour le Laburnum de Pline, mais Matthiole fait connoistre leur erreur par plusieurs raisons.

LABYRINTHE. s. m. Lieu qui est coupé de tant de chemins qui rentrent les uns dans les autres, qu’il est presque impossible d’en sortir. On appelle Labyrinthe de pavé, Une espece de compartiment de pavé que forment des platebandes droites ou courbes. Ces platebandes par de differens retours, laissent des espaces, qui representent en quelque façon les divers sentiers des anciens Labyrinthes. Ce mot est Grec λαβύρινθοζpar, & M. Callard de la Duquerie le derive de παρά τό μέ λαβειν θύραζ de ce qu’il n’a point de portes.

Labyrinthe. Terme d’Anatomie. Troisiéme cavité qui est dans l’oreille interieure de l’homme. On l’appelle ainsi à cause qu’estant faite comme une coquille d’escargot, elle a plusieurs trous cachez, qui sont autant de chambrettes.

LAC

LACERET. s. m. Outil de Charpentier & d’autres ouvriers qui travaillent en bois. C’est ce qu’on appelle autrement Petite tariere.

LACERON. s. m. Laituë sauvage qui sert de nourriture aux lapins, & qu’on appelle plus communément Laiteron.

LACET. s. m. Morceau de fer rond, & en forme


de broche qui traverse & entretient les charnieres des couplets & des fiches. Les Serruriers l’appellent aussi Riveure.

LACIER. v. a. Vieux mot. Attacher, du Latin Laqueus, qui a fait Laqs.

LACRIMATOIRE. s. m. Les anciens appelloient ainsi une petite phiole dans laquelle on recuëilloit les larmes versées pour un défunt, & qu’on enfermoit dans son tombeau. Il vient du Latin Lacrima, Larme, ce qui a fait dire autrefois Lacrime.

LAD

LADANUM. s. m. Liqueur resineuse qui decoule des feüilles d’une espece de Cistus appellé Ledum. Ces feüilles ont je ne sçay quoy de gras au printemps, & comme les chevres & les boucs se plaisent à les brouter, la graisse qui est dessus s’attache facilement à leurs barbes & coule jusques au poil de leurs cuisses & de leurs jambes. Ensuite les gens du Pays prennent soin de peigner ces animaux pour en retirer cette graisse qu’ils fondent & coulent pour la garder & la rediger en masse. D’autres raclent la graisse qui est sur tout l’arbrisseau, & en font le Ladanum en forme de petites boules. Le meilleur est celuy dont la couleur est verdastre, qui est gommeux & resineux, net de tout sable & gravier, & qui se ramollit aisement. On en trouve peu presentement qui ne soit sophistiqué. Il est anastomatique & suppuratif, & a la vertu d’amollir & d’incrasser. Il en vient de fort bon de Chypre. Le moins estimé est celuy de la Lybie & d’Arabie. Le Ladanum s’employe aux emplastres qui se preparent pour conforter l’estomac, & mangé en pilules au poids d’une drachme deux heures aprés le repas, il aide à la digestion. On en mesle parmy les senteurs, & on en tire une huile fort odorante. Elle se fait d’une livre de Ladanum qu’on met en petits morceaux & qu’on jette ensuite dans un chauderon en y ajoustant six onces d’eau rose, & quatre d’amandes douces. On fait cuire le tout a petit feu pendant une heure & demie, aprés quoy on le fait couler jusqu’à ce que l’huile soit devenuë claire.

LADRE. s. m. Qui est infecté de lepre. On appelle Ladres blancs, Les lepreux, qui ayant encore la face belle & le cuir lissé ne donnent au dehors aucune marque du mal dont le dedans est atteint. Ceux que l’on appelle Ladres verds, sont des Ladres confirmez ayant beaucoup de boutons qui poussent au dehors. Ces boutons sont extremement durs, la base en est verte & la pointe blanche. Borel fait venir ce mot de Lasre, & celuy-cy de Lazare, à cause que le Lazare estoit tout couvert d’ulceres. On appelle Cochon Ladre, Un cochon qui a sous la langue de petits grains blancs, & la chair pleine de ces grains.

On appelle en termes de Manege Cheval Ladre, Un cheval qui a des marques blanches autour de l’œil, & au bout du nez. On a de la peine à les discerner sur un poil blanc. Les chevaux qui ont ces marques, ne laissent pas d’estre sensibles à l’éperon, & ils ne doivent pas

Ladre, est aussi un terme de Chasse, & il se dit d’un liévre qui habite dans des lieux marescageux.

LAG

LAGUE. s. f. Terme de Marine. La lague d’un Vaisseau, se dit de l’endroit par où il passe.

LAGOPUS. s. m. Herbe qui, selon Dioscoride, croist parmy les bleds, & qui estant beüe en eau si on a la fiévre, & en vin si on ne l’a pas, resserre le ventre. Matthiole dit que Dioscoride a passé si legerement sur cet article, qu’il est presque impossible de deviner laquelle entre tant d’herbes qui croissent parmy les bleds, doit estre choisie pour le Lagopus. Quelques uns croyent que c’est une espece de trefle dont les testes representent le pied d’un liévre, d’où cette herbe a pris son nom λαγωζ voulant dire en Grec Liévre, & πουζ, Pied.

LAI

LAI, Laïe. adj. Laïque. On appelle Cour Laie, Une Justice temporelle & seculiere ; Conseiller Lai, Un Conseiller qui n’a point de Clericature, & Patron Lai, Un Patron laïque, qui a fondé quelque Benefice en se reservant le Patronnage, & sans le consentement duquel le benefice ne peut estre resigné.

Lai, se dit encore de certains Religieux qui font seulement vœu d’obeïssance, & de stabilité dans un Convent, & qui renonçant à avoir jamais la qualité de Pere, s’employent à faire les œuvres serviles de la maison. On appelle aussi Sœur Laie, Une Religieuse qui n’est point fille de Chœur.

On appelloit autrefois Moine Lai, Un Soldat estropié qui avoit un brevet du Roy pour demeurer dans un Monastere de fondation Royale, & à qui les Religieux estoient obligez de fournir une portion Monachale pour sa subsistance. Cette portion a esté convertie depuis en une pension de cinquante écus par an, & on la paye aujourd’huy à l’Hostel des Invalides.

LAIANS. Vieux mot. Là dedans.

LAICOCEPHALES. s. m. On a appellé ainsi, les Schismatiques Anglois, qui pour éviter la prison, & la confiscation de biens, dont ils estoient menacez, se trouvoient obligez de confesser que le Roy du Pays estoit le chef de l’Eglise.

LAIDANGER. v. a. Vieux mot. Dire des injures. On a dit aussi Laidoirer, Ledoier & Loidoirer dans le mesme sens, & Laidure, pour, Injure.

Et luy ont dit trop de Laidures.

LAIE. s. f. Terme de Forestier. Route coupée dans une Forest. Il signifioit autrefois la Forest mesme, & c’est de là qu’est venu le nom de S. Germain en Laïe.

Laie. Terme de Tailleur de Pierre. Marteau bretté & dentelé. On appelle aussi Laïes, Les raïes ou bretures, que cette sorte de marteau fait paroistre sur une pierre taillée.

LAIER. v. a. Faire des routes dans une Forest. Laier, se dit aussi, pour, Marquer les baliveaux que l’on ne veut pas couper.

Laier. Terme de Maçon. Tailler une pierre avec la Laie.

LAIEUR. s. m. Celuy qui fait les Laïes. Il se dit aussi de celuy qui marque le bois qu’on veut laier.

LAIGNE. s. m. Vieux mot. Bois, du Latin Lignum.

LAIN. adj. Vieux mot. Lent.

LAIS. s. m. Ce mot s’est dit autrefois pour Ambassade & pour Leg. C’est en terme de Forest, Un jeune Baliveau de l’âge du bois, qu’on laisse quand on


coupe le taillis, afin qu’il croisse en haute fustaye. On en doit laisser vingt-six par arpent, suivant ce que porte l’Ordonnance.

Lais, a esté aussi adjectif, & signifioit, Qui est du peuple, qui n’a nul degré, du Grec λαόζ, Peuple. C’est de là qu’on trouve dans Vigenere, Li Laie gens, pour dire, Les Lais, Le petit peuple. On l’a dit aussi pour Laid, Mauvais.

Et puis aurons vin qui n’est mie lais.

LAISANT. adj. Vieux mot. Qui ne veut rien faire, qui ne veut avoir aucune peine.

Pensez-vous que je soy laisant
Et que vous porterez le fais.

LAISSE. s. f. Vieux mot. Chanson.

Ia tant n’auront mantel ne cote desramée.
Que la premiere Laisse ne soit bien escoutée.

LAISSÉES. s. f. Terme de Chasse. Fiente d’un Sanglier, d’un Loup, & autres bestes noires.

LAISSER-COURRE. s. m. On appelle en termes de Chasse, le Laisser-courre, le Lieu destiné pour lascher les chiens. Se trouver au Laisser-courre.

LAIT. s. m. Liqueur blanche qui se forme dans les mammelles de la Femme pour la nourriture de l’Enfant, ou dans les Animaux femelles pour la nourriture de leurs petits. Acad. Fr. La matiere dont se forme le Lait dans les femmes, est le chyle qui est porté aux mammelles & à la matrice par des chemins qu’on n’a point encore connus. L’opinion qui paroist la plus probable, est que le chyle distribué par les arteres dans tout le corps avec le sang auquel il n’est point encore assimilé, s’en separe en se philtrant par les colatoires appropriez & estant retenu dans les mammelles, il y prend proprement le nom de Lait. Le second ou le troisiéme jour aprés l’accouchement, les mammelles commencent à se gonfler, & il s’y engendre un Lait aqueux & sereux, qu’on appelle Colostrum, jusqu’au quatriéme jour que la fievre de Lait survient, & que le Lait prend dans les mammelles une consistance plus épaisse & naturelle.

Lait virginal. Composition faite avec de l’esprit de vin où l’on fait infuser du corail, du benjoin, du borax, avec des cloux de girofle, de la cannelle, du musc & de l’ambre, ce qui la rend propre à blanchir l’eau. Elle est bonne a se laver le visage.

LAITANCE. s. f. Cette partie des entrailles des poissons masles, qui est de substance blanche & molle, & qui ressemble à du lait. Acad. Fr. On appelle Laitance de chaux, la Liqueur claire & blanche que l’on tire de la chaux, quand on l’éteint. C’est une chaux qui estant détrempée fort clairement, ressemble à du lait. On s’en sert à blanchir des murailles, des platfonds & autres choses, sur tout dans les lieux où il n’y a point de plastre. On dit aussi Lait de chaux.

LAITERON. Espece d’Endive, dont il y a de trois sortes ; l’un rude & aspre au toucher ; l’autre, tendre, mol & bon à manger ; & le troisiéme, tendre, & fait comme un arbre, ayant ses feüilles larges qui compartissent la tige branchuë. Matthiole ne connoist point. ce dernier, mais il dit que des deux autres, l’un est raboteux & l’autre lissé, & que leurs feüilles sont plissées comme celles de la chicorée ; que neanmoins le Laiteron raboteux les a frisées, aspres, piquantes, & qui tirent sur le rouge, & que le lissé ne les a point épineuses. Tous les Laiterons ont leur tige de la hauteur d’une coudée, creuse au dedans, molle, fresle, pleine d’un suc de couleur de lait, & c’est de là qu’ils ont pris leur nom. Ils portent au bout de leur tige une fleur jaune, presque semblable à celle du Senecion, & qui s’évanoüit en l’air en fort peu de temps. Le Laiteron que les Grecs nomment σόγχοζ, est hepatique, stomachique, & nephritique, & il attenuë la bile crasse. Son suc a la faculté de faire venir le lait aux femmes avec abondance. On s’en sert dans les fievres bilieuses.

LAITEUX, euse. On appelle Plantes laiteuses, certaines plantes qui rendent un suc semblable à du lait.

Il y a dans les Antilles, en plusieurs endroits, principalement sur les roches & dans les lieux secs & pierreux, un arbre que les habitans appellent Arbre laiteux, à cause que quand on l’incise il rend plus de lait que ne feroit une bonne vache. On tient que ce lait est caustique & dangereux. L’arbre est si tendre, qu’on casse ses branches en le branslant, ainsi elles sautent toutes en pieces si l’on y donne un coup de baston. Il croist gros comme la jambe, fort égal depuis le bas jusqu’à sa cime, & haut de deux piques. L’extremité de ses branches qui sont fort courtes, est plus grosse que le milieu. Il porte au bout de chaque branche une vingtaine de fleurs blanches d’assez bonne odeur, & qui ressemblent à celles du jasmin. Elles sont beaucoup plus grandes, & à leur cheute quinze ou vingt feüilles croissent au mesme endroit, longues de deux pieds, & larges de quatre doigts, qui finissent en pointe, en sorte qu’on les prendroit pour des lames de poignard.

Les Lapidaires appellent Turquoise laiteuse, celle dont la couleur n’en est pas belle.

LAITIER. s. m. Espece d’écume qui sort des fourneaux à faire le fer. Elle vient des terres & des crayes qu’on met pour aider à la fonte de la mine.

LAITON. s. m. Metal factice qui se fait avec du cuivre rouge, qu’on appelle Cuivre de rosette, quand il est pur, & qui devient jaune, lors qu’il a esté fondu avec la calamine, laquelle est un mineral qui ne sert qu’à donner la teinture jaune au cuivre rouge, à en augmenter le poids, & à le rendre plus solide & plus compacte. On écrit aussi Leton. Les uns le font venir du Flaman Latœn, & les autres de l’Anglois Latten. Il y en a qui le dérivent du Latin Electum, comme estant un metal choisi & fait exprés.

LAITUE. s. f. Herbe qui est cultivée dans les jardins, & qui tient le premier rang entre les herbes potageres. On s’en sert aussi dans les salades. Ses feüilles rafraischissent, humectent & empeschent les songes fascheux. Sa semence est bonne pour remedier à l’ardeur d’urine, pour appaiser la soif & faire dormir. Il y a une autre Laituë appellée Sauvage, qui ressemble à la Laituë domestique, non seulement en fleurs & en feüilles, mais aussi en graine. Toute la difference qui s’y trouve, c’est qu’elle est amere au goust, & toute pleine de lait. On tient que ce lait est bon aux hydropiques, qu’il nettoye la maille de l’œil, & qu’il en chasse les broüillards & les ébloüissemens lors qu’il est meslé avec du lait de femme. Il y a encore une espece de Laituë fort estimée, qu’on appelle Laituë Romaine. Elle est plus tendre & plus blanche que les autres, & mesme lors qu’on l’envelope de terre jusques à la cime. Sa tige est pleine de lait, branchuë, & munie de feüilles, qui vont en aiguisant, & qui estant vieilles deviennent ameres. Ses fleurs sont jaunes, & avec le temps s’évanoüissent en l’air. Sa graine est longuette, pointuë, blanche & quelquefois noire. Ces sortes de Laituës sortent quatre ou cinq jours aprés qu’elles ont esté semées ; & quand elles sont sorties on peut les transporter d’un lieu à un autre.



LAM

LAMANAGE. s. m. Terme de Marine. Travail des Mariniers qui conduisent les Vaisseaux quand ils sortent d’un port, ou quand ils y entrent.

LAMANEUR. s. m. Pilote qui residant dans un port dont il connoist les entrées & les issuës, conduit les Vaisseaux qui ont besoin d’y entrer ou d’en sortir, & leur fait éviter tous les dangers du parage. Il y a aussi des Lamaneurs pour les rivieres ; ils conduisent les Vaisseaux dans leurs embouchures ; & comme les bancs & les syrtes y changent de place presque tous les ans par la force de l’Ocean & des eaux d’amont, on a besoin d’y avoir de semblables guides. Ils ont un salaire reglé pour cela par l’Ordonnance qui les condamne au foüet si leur manque de sçavoir fait échoüer un Vaisseau ; & s’ils le font par malice, ils sont pendus à un mast. On les appelle aussi Locmans ou Lomens, du mot Lomen, Guide. Quelques-uns pretendent que l’on ait dit Lamaneur, comme Laborans manu, Travaillant de la main, à cause que ces sortes de Pilotes se servent souvent de crocs, de harpins, de cordes, & d’avirons pour faire passer le Vaisseau par les endroits qui sont sans danger. D’autres le font venir de Loman, qui en bas Breton signifie Maistre de Navire.

LAMANTIN. s. m. Poisson entierement inconnu en Europe, & dont il y a un grand nombre dans la riviere des Amazones, qui est à la partie meridionale de l’Amerique. Il vient avec l’âge à une telle grandeur, qu’on en a veu qui avoient jusqu’à dix-huit pieds de long, & sept de grosseur au milieu du corps. Il a la teste comme celle d’une taupe, & son museau ne differe en rien de celuy d’un bœuf. Ses yeux sont semblables a ceux d’un porc, & ses machoires à celles d’un cheval. Il n’a point de dents devant, mais seulement une callosité dure comme un os avec quoy il pince l’herbe. Il a trente deux dents molaires aux costez des deux machoires, & est sans oreilles, mais en leur place, il a deux petits pertuis où à peine pourroit-on fourrer le doigt. Il entend si clair par ces pertuis que la subtilité de son oüie supplée suffisamment au defaut de sa veuë qu’il a tres-foible, ses yeux ayant peu d’humeur & point d’iris, & ses nerfs optiques estant tres-petits. Cet animal est sans langue. Il a sa trachée artere, & son œsophage comme les a une vache, & le poumon, le cœur, le foye, la panse, les boyaux, la ratte, le diaphragme, le mediastin, & le mesentere comme la tortuë. Son sang n’est ny chaud ny froid, & ne se fige jamais. Au defaut de sa teste, il a sous le ventre deux petites pates en forme de mains, chacune ayant quatre doigts fort courts & onglez ; ce qui a fait que les Espagnols l’ont appellé Manati. Il appetisse tout d’un coup depuis le nombril, & ce qui reste de son corps, est ce qui forme sa queuë, laquelle est faite en pelle de four. Elle est large d’un pied & demy, épaisse de cinq à six pouces, toute composée de graisse & de nerfs, & revestuë de la mesme peau de son corps, qui est de couleur brune, ridée en quelques endroits, & parsemée fort clairement d’un poil de couleur d’ardoise, & fort semblable à celuy du loup marin. Cette peau qui est plus épaisse que celle d’un bœuf luy tient lieu d’écailles. Quand elle est seche, elle s’endurcit de telle sorte qu’elle peut servir de rondache impenetrable aux fleches des Indiens, ce qui fait que quelques Sauvages allant au combat s’en couvrent le corps pour parer les traits de leurs Ennemis. La chair du Lamantin a le goust de celle du veau, mais elle est beaucoup plus ferme, & couverte en plusieurs endroits d’un lard qui a trois ou quatre doigts d’épais, & qui est fort bon à larder, & à faire tout ce que l’on fait de celuy d’un porc. Sa teste renferme quatre pierres, deux grosses & deux petites, ausquelles on attribuë la vertu de faire dissoudre la pierre dans la vessie, & jetter dehors le gravier des reins ; mais comme ce remede fait de grandes violences à l’estomac par le vomissement excessif qu’il cause, l’usage en est dangereux. Ce poisson vit d’une petite herbe qui croist auprés des roches & sur les basses qui ne sont couvertes que d’une brasse d’eau de mer ou environ. Il paist cette herbe comme le bœuf fait celle des prez ; & aprés qu’il s’est saoulé de cette pasture, il va chercher une riviere d’eau douce, où il boit & s’abreuve deux fois le jour. Lors qu’il a bien beu & bien mangé, il s’endort le muffle à demi-hors de l’eau, ce qui le fait connoistre de loin par les Pescheurs, qui se mettent trois ou quatre au plus dans un petit canot, que celuy qui est sur l’arriere, fait avancer aussi viste que s’il estoit poussé d’un petit vent & à demi-voile, en remuant la pelle de son aviron dans l’eau à droit & à gauche. Celuy qui doit darder l’animal est tout droit au devant du canot sur une petite planche, tenant à la main une maniere de pique qu’ils appellent Vare, dont le bout est emboisté dans un javelot ou harpon de fer. Il y en a un autre dans le milieu du canot, dont le soin est de disposer la ligne qui est attachée au Harpon, & de la faire filer quand on a frappé le Lamantin. Lors que le canot en est à trois ou quatre pas, sans que personne ait parlé de crainte de l’éveiller, parce qu’il a l’oüie tres-subtile, le Vareur darde son coup de toute sa force, & luy enfonce le harpon le plus qu’il peut dans la chair. Le Lamantin qui se sent frappé, bondit, & fait écumer la mer par tout où il passe, jusqu’à ce qu’ayant perdu la plus grande partie de son sang, il est obligé de s’arrester. Alors le Vareur tirant sa ligne pour s’en rapprocher, luy darde un second coup de harpon qui le reduit à l’extremité, de sorte que les Pescheurs l’entrainent facilement où ils veulent, s’il est trop grand pour le pouvoir embarquer dans leur canot. Si c’est une femelle qui ait des petits, on est assuré de les avoir, parce qu’ils sentent leur mere, & ne font que tournoyer autour du canot jusqu’à ce qu’on les ait pris. Quelques - uns disent qu’elles en ont deux tout à la fois, & d’autres qu’elles n’en ont qu’un. Aprés qu’elles l’ont produit, elles le portent toûjours avec elles, le tenant entre les deux pattes qu’elles ont, & l’allaitent dans la mer, comme une vache allaite son veau sur terre. Elles ont deux mammelles, entierement semblables en situation, en grandeur, grosseur, figure & substance, à celles des femmes noires. La chair de cet animal, qui est courte, vermeille, appetissante, & entremeslée de graisse, fait une bonne partie de la nourriture des Habitans de la Guadeloupe, de saint Christophe, de la Martinique, & des autres Isles voisines, où l’on en apporte tous les ans de la Terre-ferme plusieurs Navires chargez. La livre s’y vend une livre & demie de petun.

LAMBDOIDE. adj. Terme d’Anatomie. On appelle Lambdoide, la troisiéme suture vraye du crane, & cette epithete luy est donnée à cause que cette suture represente la lettre nommée par les Grecs λάμδα.

LAMBEAU. s. m. Morceau, piece d’une étofe déchirée. Acad. Fr. M. Menage fait venir ce mot de Lamina, dont on a fait Lamba, & Lambellum, ou de Limbus, qui veut dire la mesme chose. Borel croit qu’il vient de Flambe, comme Oriflamme Banniere de France.


Lambeau. Terme de Chasse. Peau veluë du bois d’un Cerf, que cet animal dépoüille en de certains temps.

Lambeau. Terme de Chapelier. Morceau de toile sur quoy on donne la forme au chapeau.

Lambeau ou Lambel. Termes de Blason. Sorte de brisure, la plus noble de toutes. Le Lambeau se forme par un filet qu’on met d’ordinaire au milieu & le long du chef de l’écu, & qui n’en touche point les extremitez. Sa largeur doit estre de la neuviéme partie du chef. Il est garny de pendans qui ressemblent au fer d’une coignée. Quand il y en a plus de trois, on est obligé d’en specifier le nombre. On en met quelquefois jusques à six dans les écus des cadets. Le Pere Menestrier dit que Lambel & Lambrequin, sont des mots venus de Labels & de Labeaux, que l’on disoit autrefois au lieu de Lambeaux ; que ces Labels estoient anciennement des rubans en forme d’Aiguillettes que les jeunes gens portoient au cou, comme aujourd’huy l’on y porte des cravates ; que ces rubans s’attachoient au col du heaume, & que lors qu’il estoit placé sur l’écu, il en couvroit la partie la plus haute, ce qui servoit à distinguer les Enfans de leurs Peres, à cause qu’il n’y avoit que les jeunes gens qui n’estoient pas encore mariez qui les portassent ; que c’est de là qu’est venu l’usage d’en faire les brisures & les marques de distinction, & que les Etrangers qui n’ont pas eu cet usage, luy ont donné divers-noms, les Italiens l’ayant nommé Rastello, Rateau, quelques Allemans Brucken, Ponts, & quelques Auteurs l’ayant pris pour des gouttes d’Architecture, dont on luy donne aujourd’huy communément la figure. Lambeau, dit Nicod, signifie une petite piece détaillée, soit de drap, velours ou autre étoffe, qui ne tient que de peu à autre chose. La descente de ce mot semble estre de Lamberare, Mettre en pieces, mais en fait d’armoiries, Lambeau est une espece de brisure, laquelle, comme Toison d’or, Roy d’armes du Duc de Bourgongne, a laissé par escrit, ne peut estre portée en escu, que par les fils aisnez seulement ; de sorte, comme il dit, que si à un pere survivent deux fils, le puisné ne peut prendre les Lambeaux, parce que son aisné se peut marier, & avoir un fils auquel les Lambeaux appartiennent. Quant au Lambel ou Lambeau, il est toûjours mis au chef de l’escu, par travers d’iceluy, a trois billettes pendans, comme il se voit en l’escu d’Orleans, & plusieurs autres. Aucuns tirent ce mot de Lemnisci, qui sont petites bandelettes de la naifve couleur de la laine dont elles sont faites, qui anciennement pendoient du cercle ou diademe des Couronnes, comme dit Festus.

LAMBIQUER. v. a. Vieux mot. Distiller.

Toute l’humeur qu’un Amant martyré
Peut lambiquer sous l’ardeur d’une flame.

LAMBIS. s. m. Grand Limaçon qui se trouve dans les mers des Isles de l’Amerique. Sa coque est si prodigieusement grosse, qu’on en voit qui pesent plus de six livres. Il semble que ce soit une petite roche, tant elle est rude & relevée en plusieurs endroits par de petites bosses ou pointes, hautes d’un pouce, & de la grosseur du doigt. Elles sont ouvertes par dessous, & faites d’un costé comme un lambeau de bord de chapeau. Tout le dedans est poly & luisant, & d’une couleur de chair fort vive. Les Sauvages les rompent par morceaux, & a force de les aiguiser sur des roches, ils en font de petites lames plates, & longues comme le doigt, & aprés les avoir percées, ils les pendent à leur col, ce qui leur paroist un ornement precieux. Dans cette coque est renfermé un gros Limaçon, qui tire une langue pointuë & longue d’un demy pied, dont il leche sa bave & le bord de cette coque. C’est apparemment du Latin Lambere, Lecher, qu’il a esté appellé Lambis. Sa chair est si dure qu’on n’en peut manger à quelque sauce qu’on la puisse mettre. Les Sauvages qui la font cuire avec de l’eau de marine pour l’amollir, ne laissent pas d’en manger assez souvent. Sa coque estant calcinée & mêlée avec du sable de riviere, on en compose un ciment qui resiste à la pluye & à toutes les injures du temps. Ce Lambis s’entonne aussi comme un cor de chasse, & s’entend de loin, ce qui est cause que les Habitans s’en servent pour appeller leurs gens aux repas.

LAMBOURDE. s. f. Terme de Charpentier. Piece de bois de sciage qui a trois pouces en quarré, que l’on met sur les planchers pour y attacher des ais ou du parquet. On appelle aussi Lambourdes, des Pieces de bois qui sont aux costez des poutres, & où il y a des entailles pour poser des solives.

Il y a une pierre qu’on appelle Pierre de lambourde. Cette pierre est tendre comme le saint Leu, & se trouve prés d’Arcuëil. Elle porte depuis vingt pouces jusqu’à cinq pieds, mais on la delite.

LAMBREQUIN. s. m. Terme de Blason. Les Lambrequins sont volets d’étoffe decoupez qui descendent du casque. Ils coëffent & embrassent l’écu pour luy servir d’ornement. Quelques-uns disent Lamequin, d’autres Lambequin, & il y en a qui croyent que le mot de Lambrequins est venu de ce qu’ils pendoient en lambeaux, & estoient tout hachez des coups qu’ils avoient receus dans les batailles. Ceux qui sont formez de feüillages entremeslez les uns dans les autres, sont tenus plus nobles que ceux qui sont composez de plumes naturelles. Le fond & le gros du corps des Lambrequins doivent estre de l’émail du fond & du champ de l’écu ; mais c’est de ses autres émaux qu’on en doit faire les bords. Les Lambrequins estoient l’ancienne couverture des casques, comme la cotte d’armes estoit celle du reste de l’armure. Cette sorte de couverture preservoit les casques de la pluye & de la poudre, & c’estoit par là que les Chevaliers estoient reconnus dans la meslée. On les faisoit d’étoffe, & ils servoient à soustenir & à lier les cimiers qu’on faisoit de plumes. Comme ils ressembloient en quelque façon à des feüilles d’Acanthe, quelques-uns les ont appellez Feüillards. On les a mis quelquefois sur le casque en forme de bonnet élevé comme celuy du Doge de Venise, & leur origine vient des anciens chaperons qui servoient de coëffure aux hommes aussi-bien qu’aux femmes.

LAMBRIS. s. m. Mot general, qui signifie toutes sortes de Platfonds, & les Ouvrages de menuiserie dont on revest les murailles. Ainsi quand on dit qu’une chambre est toute lambrissée, on veut dire, Qu’elle est toute revestuë de bois par le haut & par les costez. M. Felibien observe, que lors qu’on attache des Lambris contre les poutres ou solives, il faut laisser de petits trous afin que le vent y passe & qu’il empesche que le bois ne s’échauffe estant l’un contre l’autre, ce qui se fait pour prevenir les accidents qui peuvent arriver par les Lambris attachez aux planchers contre les solives ou poutres, que la pesanteur du bois fait affaisser & arrener, & mesme se gaster & se corrompre sans que l’on s’en apperçoive. On appelle aussi Lambris, Un enduit de plastre au sas sur des lattes jointives, cloüées sur les bois des cloisons & des platfonds. Quelques-uns font venir ce mot du Latin Ambrices, Lattes. D’autres le derivent d’Imbrex, Tuile. L’assemblage par panneaux, montans ou pilastres de menuiserie, dont on couvre les murs d’une chambre ou d’une salle, en


tout ou en partie seulement, est appellé Lambris de menuiserie. Celuy qui n’a que deux à trois pieds de hauteur dans le pourtour d’une piece & dans les embrasures des croisées, s’appelle Lambris d’appuy, & on dit Lambris de revestement, pour dire, Celuy qui est depuis le bas jusqu’en haut. Quand il ne passe pas la hauteur de l’attique d’une cheminée en sorte qu’on met de la tapisserie au dessus, il est appellé Lambris de demi-revestement.

On appelle Lambris de marbre, Un revestement pas compartimens de diverses sortes de marbre, qui est ou arasé, ou avec des saillies ; & Lambris feint, Celuy qui est peint par compartimens de couleur de bois ou de marbre.

LAMBRUSQUE. s. f. Espece de vigne sauvage qui est toûjours verte. Il y en a de deux sortes, l’une qui ne rend jamais son fruit meur, & qui jette une fleur que l’on appelle Oenanthé ; l’autre qui rend son fruit meur. Ce fruit est fait de petits raisins noirs & astringents. Dioscoride qui en parle ainsi, ajouste que ses feüilles, tendons & sarmens ont la mesme proprieté que ceux de la vigne cultivée.

LAME. s. f. Petite plaque de metal, deliée à peu prés comme un jetton, ou une autre petite piece de monnoye. On appelle aussi Lame, la matiere d’or ou d’argent qui se jette dans des chassis qu’on dispose pour cela avec du sable preparé & bien battu. On fait venir le mot de Lame du Grec έλαμένη, participe de έλάω, qui veut dire en Latin, Ductile opus facio.

On appelle en Architecture Lame de plomb, Un morceau de plomb mince & battu qu’on met entre les tambours d’une colomne, sous les bases ou les chapiteaux de pierre ou de marbre posez à sec sans mortier, afin d’empescher qu’ils ne s’éclatent.

Lame. Terme de Rubanier. Espece de petites lattes, qui en soustenant les marches se baissent & se haussent comme elles, à mesure qu’on remuë les pieds.

Lame, signifie aussi la partie du métier de Tisserant qui sert à hausser & à baisser l’étain pour faire courir la navette à travers.

Lame. Terme de Marine. Vagues de la mer qu’elle pousse les unes contre les autres quand elle est bien agitée. On dit que La lame vient de l’avant, de l’arriere, que La lame prend par le travers, pour dire, que Le vent pousse la mer de l’un de ces costez.

LAMÉ, ée. adj. Terme de Manufacture. Drap broché & lamé d’or & d’argent.

LAMIE. s. f. Monstre marin qui est d’une si prodigieuse grandeur, qu’on a trouvé des hommes entiers dans son estomac. C’est le plus goulu de tous les poissons. Il luy faut peu de temps pour digerer. Il a les dents aspres, grosses & aiguës, decoupées comme une scie, & de figure triangulaire. Elles sont disposées par six rangs, dont le premier paroist hors la gueule. Celles du second sont droites, & les autres courbées en dedans. Ce poisson est une masse si pesante, qu’une charrette tirée par deux chevaux ne peut le traîner qu’à peine. Les Lamies sont nommées Chiens de mer par quelques uns.

On a donné ce mesme nom de Lamies à une certaine espece de demons ou de Sorcieres qu’on a pretendu qui devoroient les enfans. On le fait venir d’un mot Hebreu qui est interpreté pour un Demon femme qui devore les enfans, & de là on a appellé Lamie le Monstre marin qui porte ce nom, à cause qu’il devore les petits des autres poissons. Il y en a qui veulent qu’une Lamie soit un animal ayant un visage de femme & toute la partie inferieure d’un cheval.

LAMINOIR. s. m. Terme de Monnoye. Machine composée de deux rouleaux d’acier en forme de cylindre, épais environ de deux pouces, & en ayant quatre de diametre, entre lesquels on fait passer les lames d’or ou d’argent, & on leur donne l’épaisseur dans laquelle l’espece doit estre fabriquée. Ces rouleaux sont fort serrez sur leur épaisseur, enclavez par le milieu dans des branches de fer quarré, & tournez par les rouës d’un moulin que des chevaux font tourner.

LAMPAS. s. m. Terme de Manege. Enflure qui vient dans le haut de la bouche des chevaux, derriere les pinces de la machoire superieure. On appelle aussi cette tumeur Feve.

LAMPASSÉ, ée. adj. Terme de Blason. Il se dit de la langue des lions & autres animaux, lors qu’elle paroist hors de leur gueule, & que l’émail en est different de celuy du corps de l’animal. De gueules au lyon d’hermines, armé, lampaßé & couronné d’or.

LAMPE. s. f. Vase où l’on met de l’huile avec de la meche pour éclairer. Acad. Fr. Le Pere Kirker enseigne la maniere de preparer des lampes qui jettent une lumiere disposée de telle sorte, qu’elle fait paroistre les visages de ceux qui sont presens, noirs, livides, rouges, ou de telle autre couleur que l’on veut. Dans les voutes de l’ancienne Memphis on trouve des Lampes ardentes faites de craye cuite en forme d’homme, de chien, de taureau, d’épervier, de serpent, ou d’autres sortes d’animaux. On en a vû qui avoient trois ou quatre lumignons, & d’autres qui en avoient dix ou douze. Ces Lampes brusloient toûjours, ainsi que témoignent les Arabes & les Naturalistes. En 1401. un Paysan déterra proche du Tibre à quelque distance de Rome, une Lampe de Pallas, qui avoit bruslé plus de deux mille ans, comme on le vit par l’inscription, sans que rien eust pû l’éteindre. La flame s’en éteignit si-tost qu’on eut fait un petit trou dans la terre. Du temps du Pape Paul III. on trouva hors de la ville de Rome sur la Voye Appie, une de ces Lampes ardentes. Elle estoit dans le tombeau de Tullia, fille de Ciceron, avec ces mots, Tulliolæ filiae meæ. Cette Lampe, qui avoit bruslé pendant tant de siecles, s’éteignit si-tost qu’elle sentit l’air. Selon l’opinion de plusieurs Sçavans, il y a des choses qui entretiennent le feu, & qui ne se consument point estant allumées, comme la pierre d’Asbeste, d’Amiante ; & ce doit estre par ces sortes de matieres que ces Lampes n’ont point cessé de brusler. On convient que le lumignon d’Asbeste est incorruptible, & le Pere Kirker asseure qu’il en a vû brûler un deux ans dans sa lampe sans aucun dechet. La seule difficulté est de pouvoir bien tirer une huile de l’Asbeste ou de l’Amiante. Il est certain, selon ce qu’en disent plusieurs Arabes & de tres-celebres Ecrivains, que les Egyptiens ont eu dans leurs tombes des lampes inextinguibles, qui estoient sans huile d’Asbeste, & dont Schianga, fameux Arabe, rapporte que l’artifice estoit tel. Il y a plusieurs veines de bitume & d’huile de pierre dans l’Egypte. Les Habitans qui s’en apperçurent, firent des canaux souterrains depuis ces veines jusques à leurs tombes ; & en mettant une lampe garnie d’un lumignon inextinguible, qui communiquoit à ce canal, il arrivoit que le lumignon ne se consumant point, & l’huile coulant sans cesse, la lampe une fois allumée ne s’éteignoit point. D’autres croyent que l’air enfermé contracte par succession de temps, & par le meslange des corps grossiers qui s’évaporent, un certain degré d’épaisseur & de consistance, qui fait qu’aussi-tost qu’un air frais entre, il prend facilement feu par une opposition des qualitez contraires. On voit quelquefois briller ces sortes de flammes sur les cimetieres & sur les marais, d’où s’élevent quantité d’exhalaisons épaisses ; & ceux qui travaillent aux montagnes, asseurent qu’on n’ouvre presque jamais de nouvelles cavernes, qu’on n’en voye sortir de ces feux volages. On rapporte que dans la ville de Fez il y a une Mosquée où sont neuf cens lampes de bronze que l’on a foin d’allumer toutes les nuits. On en voit une à Mexique de huit cens mille écus. Elle est chez les Dominicains, & porte trois cens branches avec leurs bobeches, & cent petites lampes de divers desseins.

On appelle Cul de lampe, Un ornement qu’on voit d’ordinaire aux clefs des voutes. Il se fait pour finir & terminer le dessous de quelque ouvrage. On donne ce mesme nom de Cul de lampe à de certains ornemens que l’on grave pour mettre à la fin d’un cuivre quand les ornemens se terminent par en bas en diminuant.

Les Imprimeurs appellent aussi Cul de lampe, Une espece de vignette dont ils se servent pour remplir le blanc des pages qui font la fin d’un chapitre ou d’un livre.

Feu de lampe. Terme de Chymie. Feu doux & lent d’une lampe qui est allumée sous quelque vaisseau.

LAMPETIENS. s. m. Heretiques qui enseignoient qu’il ne devoit point y avoir de difference d’habits entre les personnes Religieuses. Ils approuvoient quelques dogmes des Ariens, & en general ils rejettoient presque toutes sortes de creance. Lampetius leur Auteur, qui leur a donné son nom, semoit ses erreurs dans le septiéme siecle.

LAMPION. s. m. Sorte de cul de lampe de terre où l’on met de l’huile ou de la graisse pour brûler.

On appelle aussi Lampion, un Vase de cristal ou de verre, que l’on suspend au milieu des lampes d’Eglise entre le panache & le culot. C’est où l’on met l’huile avec la meche.

LAMPROYE. s. f. Poisson de mer cartilagineux qui ressemble à une anguille, & qui entre dans les rivieres lorsque le Printemps commence. La Lamproye a le ventre blanc, la peau lisse, & le dos semé de taches blanches & bleuës. Elle n’a point d’os, & sa chair est molle & gluante. On appelle Lamproye cordée, Celle qui a passé sa saison, & qui est devenuë dure. Quelques-uns font venir le mot de Lamproye à lambendis petris, & d’autres de Nampreda, qui est le nom qu’a eu ce poisson chez les vieux Gaulois. M. Ménage le derive du Latin Lampetra, qui a esté dit pour Murena, qui signifie Lamproye.

Il y a aussi une Lamproye de riviere. C’est un petit poisson qui vit d’eau & de fange, & qui n’est que de la grandeur d’un doigt, ou d’un gros ver de terre.

LAMPSANA. s. m. Matthiole est du sentiment de Pline, qui tient que le Lampsana est une espece de chou sauvage, haut d’un pied, ayant ses feüilles veluës & semblables à celles des navets, si ce n’est qu’il jette ses fleurs blanches. M. Callard de la Duquerie dit que selon Dodonaeus c’est une maniere de laiteron, en Grec λαμψάνη, de λαμπάζειν, Evacuer, à cause que cette herbe frottée avec de l’huile fait partir les taches.

LAN

LANCE. s. f. Arme d’hast ou à long bois, qui a un fer pointu, & est fort grosse vers la poignée. Acad. Fr. Borel derive ce mot de l’Hebreu Lanth, qui signifie la mesme chose, & dit que les Lances sont d’abord appellées simplement, Bois par excellence, & puis Bourdons & Bourdonasses ; mais que celles-cy estoient grosses & creuses, d’où est venu le mot de Bourde, Bâton qui est gros au bout, dont se servent les infirmes.

On appelle, en termes de Manege, Main de la lance, La main droite du Cavalier, & Pied de la lance, Le pied du cheval hors du montoir de derriere, à cause que du temps qu’il y avoit des Compagnies de Lanciers, le tronçon de la lance répondoit à ce pied-là, lors qu’elle estoit à l’arrest. Aujourd’huy on ne se sert plus de Lances que pour les courses de bague ; mais autrefois il y avoit des combats de Lance à outrance, à fer émoulu, & d’autres par divertissement pour montrer sa force & son adresse ; & l’on disoit, Faire un coup de lance, briser la lance, faire voler la lance en éclats. Quand une Lance avoit son fer émoussé, & non pointu, avec un anneau au bout, on l’appelloit Lance courtoise, frettée & mornée. Voicy ce que dit Nicod sur le mot de Lance. Piece des armes offensives que l’homme d’armes porte, laquelle est de bois en longueur de douze à quinze pieds, peu plus, peu moins, grosse à l’empoignure & au bas bout, & allant en amenuisant jusques au haut bout, qui est la pointe d’icelle revestuë d’un fer émolu. Elle est portée par l’homme d’armes, droite sur la cuisse, estant rangé en bataille, & couchée sous l’aisselle en arerst au combat, en latin Lancea, duquel mot il vient, & tous deux du Grec λόγχη. Lance aussi se prend pour l’homme d’armes portant la Lance, comme, Il a une Compagnie de cent Lances, c’est-à-dire, de cent hommes d’armes : Et en cette signification, une Lance contient le nombre de cinq chevaux, dont les deux pour le moins doivent estre chevaux d’armes & de service, le tiers est pour le costiller, & les deux autres pour deux archers, qui est ce qu’on appelloit anciennement Lance fournie, sans deux autres chevaux de moindre taille pour envoyer au fourrage, & servir de sommiers à porter le bagage. De cette signification aussi procede cette phrase ironique, Ha la bonne Lance, ô la hardie Lance, quand on reproche à quelqu’un sa coüardise & sa poltronnie. En matiere de successions Lance en la loy des Anglois, Vverinois ou Thuringeois, au Chapitre des Alluds, est prins pour ligne masculine, tout ainsi que Fuseau, & envers nous Quenoüille pour ligne feminine, disant icelle loy, l’horie estre passée de la Lance au Fuseau, c’est-à-dire, estre tombée en quenoüille.

On dit qu’Un cheval a le coup de lance, pour dire qu’Il a une marque au col ou prés de l’épaule, comme s’il avoit esté percé d’un coup de lance. Cette marque, qui est toûjours le préjugé de l’excellence d’un cheval, est figurée par une espece de trou ou d’enfoncement, & se trouve à quelques chevaux d’Espagne & de Turquie.

On appelle Lance d’étendard, lance de drapeau, Le bâton où est attaché l’étendard.

On dit aussi Lance d’eau. C’est un jet d’eau d’un seul ajustage, & dont la grosseur n’est pas proportionnée à la hauteur.

Lance. Sorte d’outil dont se servent les Ouvriers qui travaillent au stuc. Ils l’appellent aussi Espatule.

LANCER. v. a. Terme de Chasse. Faire partir la beste du lieu où elle a coustume de se retirer, comme le cerf de la reposée, le loup du liteau, le lievre du giste, le sanglier de la bauge.

On dit, en termes de Marine, Lancer une manœuvre, pour dire, Amarrer une manœuvre en la tournant autour d’un bois, mis exprés pour cet usage. On dit aussi d’un Vaisseau à la voile, qu’Il lance basbord ou stribord, lorsque ne faisant pas sa route


droite, il se jette d’un costé ou d’autre, soit que le Timonnier gouverne mal, soit par quelque autre raison.

LANCETTE. s. f. Instrument de Chirurgie propre à saigner. Il est composé d’une chasse & d’une lame d’acier fort pointuë. On s’en sert aussi pour les scarifications & pour ouvrir un abscés.

LANCI. s. m. Terme de Maçonnerie. On appelle Lancis, dans le jambage d’une porte ou d’une croisée, les deux Pierres plus longues que le piédroit, qui est d’une piece. Le Lanci qui est au parement, est appellé Lanci du tableau, & celuy qui est en dedans du mur, Lanci de l’écoinçon.

LANCIER. s. m. On appelloit ainsi autrefois un Gendarme ou Cavalier qui se servoit d’une lance pour combatre.

LANÇOIR. s. m. Terme de Meusnier. C’est la pale qui arreste l’eau du moulin. On la leve quand on veut le faire moudre, ou faire écouler l’eau du biez.

LANDAN. s. m. Arbre qui se trouve dans les Isles appellées Moluques, & qui croist jusqu’à la hauteur de vingt pieds. Ses feüilles ressemblent à celles du Coco, excepté qu’elles sont plus petites. Cet arbre est si gros qu’à peine un homme peut-il l’embrasser. On le coupe neantmoins fort aisément avec un couteau, à cause qu’il n’est composé que d’écorce & de moüelle. L’écorce a un pouce d’épaisseur ou environ, & pour la moüelle on en fait du pain. Elle est faite comme du bois vermoulu, & on la pourroit manger au sortir de l’arbre, en ostant les veines de bois que l’on y trouve meslées. Les Habitans aprés avoir coupé l’arbre, le fendent par le milieu en cylindre, & hachent la moüelle jusqu’à ce qu’elle soit reduite en poudre à peu prés comme la farine. Ensuite ils la mettent dans un sas qu’ils font de l’écorce du mesme arbre, & ce sas est mis sur une cuvette faite de ses feüilles. A mesure qu’il est plein ils l’arrosent d’eau, & l’eau en dégageant la farine d’avec les veines du bois, tombe toute blanche & épaisse comme du lait, dans cette cuvette, au haut de laquelle est une rigole par où elle dégorge en laissant son marc au fond. Ce marc qu’ils nomment Sagu, leur sert de farine, & c’est en effet de la farine quand il est sec. Ils la cuisent dans des formes de terre qu’ils font rougir au feu, ensorte qu’en y mettant la farine elle devient paste, & se cuit en un moment. Cela se fait avec tant de promptitude qu’un homme seul pourroit en trois ou quatre heures faire autant de pain qu’il en faut pour nourrir cent personnes pendant tout un jour. Ils tirent de ce mesme Arbre une liqueur aussi agreable à boire que le vin, & qu’ils appellent Tuach. Quand les feüilles sont encore jeunes, elles sont couvertes d’une espece de coton, dont ils font des étoffes, & lorsque ces feüilles sont plus grandes, ils en couvrent leurs maisons. Les grosses veines de ces mesmes feüilles leur servent de perches pour bastir, & les plus petites sont une façon de chanvre avec quoy ils font de fort bonnes cordes.

LANDE. s. f. Terre sablonneuse & sterile qui n’est pas propre au labour. Ce mot vient de Landt, qui en Allemand signifie Terre ou Pays.

LANDGRAVE. s. m. Prince ou Seigneur Allemand qui possede une Seigneurie appellée Landgraviat. Ce mot vient de Land, Terre, & de Graven, qui signifioit Juge ; ce que les Latins appelloient Comes, à cause que c’estoit autrefois ces Juges qui rendoient la justice à la Cour, & cela les obligeoit d’accompagner toûjours l’Empereur.

LANDI. s. m. Salaire ou present que les Ecoliers donnoient tous les ans à leur Maistre en reconnoissance de la peine qu’il avoit prise à les enseigner. Ce present consistoit en quelques écus d’or qu’on fichoit dans un citron, & qu’on mettoit dans un verre de cristal. D’autres disent que cet argent se donnoit au Recteur de l’Université de Paris, & qu’on le mettoit dans une bourse commune pour fournir aux frais qu’il faisoit lors qu’il alloit en ceremonie à S. Denis au temps de la Foire, qui a esté appellée La Foire du Landi. Il y avoit toûjours un grand nombre d’Ecoliers qui l’accompagnoient. Ce droit de Landi a esté aboli par un Reglement de la Cour. Ce mot vient de ces deux mots Latins Annus dictus, ou de Indictum, qui signifioit une Foire, Feriæ indictæ. Du Cange est pour Indictum. Quelques-uns écrivent Landit.

LANDIE. s. f. Terme de Medecine. C’est ce qu’on appelle autrement Nymphes ou Dames des eaux, qui sont de petits ailerons ou parties molles & spongieuses qui sortent & avancent hors les levres de la matrice. Quelques-uns font venir ce mot de Lendica.

LANDON. s. m. Vieux mot. Petite lande ou pasturage.

Si comme bestes sans landon,
Sans pastour & sans conduiseur.

LANERET. s. m. Sorte d’oiseau de proye qui est plus petit que le Faucon. C’est le masle du lanier. On l’appelle en Latin, Tertiarius, Asterias.

LANGE. s. m. Morceau d’étoffe, dont on envelope les enfans au maillot. Acad. Fr.

Les Imprimeurs de Taille douce appellent Lange Un morceau de drap qui sert à presser la feüille qui est sur la planche gravée. Il se dit encore d’un morceau de drap fait en quarré que mettent les Cartonniers sur les formes à carton. Borel fait venir Lange de Linge ou Lanage. On disoit autrefois En Langes, pour dire, En chemise.

Dames faisant leurs peintures,
Alloient pieds nuds & en langes.

LANGOUSTE. s. f. Petit Insecte ailé & fort en jambes, qui vole par la campagne & qui depeuple les bleds. On l’appelle autrement Sauterelle, & en Latin Locusta. Il y en a de plusieurs sortes dans les Antilles, dont les unes ne sont remarquables que parce qu’elles sont une fois plus grandes que celles qu’on voit icy dans les bleds. Leur couleur est verte ou rousse. On les trouve ordinairement sur les arbres qui ont les feüilles un peu tendres, comme sur les Gommiers blancs. Parmy ces Langoustes il y en a une espece fort hideuse, & en mesme temps fort dangereuse. Celle-là est grosse comme le tuyau d’une plume d’oye, longue de six à sept pouces, & divisée en neuf ou dix sections ou jointures, dont la premiere divise le corps d’avec la teste qui est presque ronde, & qui a deux petits yeux qui s’élancent au dehors comme ceux des Crabes, avec deux longs poils qui luy tiennent lieu de cornes. Tout le corps, qui est parsemé de petites excrescences, grosses à peu prés comme des pointes d’épingles, va toûjours en amenuisant jusques à la queuë, qui est encore divisée en trois nœuds. Au bout de ces nœuds est une maniere de fourreau, qui couvre un petit aiguillon, dont la piqueure, cause par tout le corps un fremissement ou tremblement, qui passe en fort peu de temps, & qui s’appaise sur l’heure lorsqu’on frotte l’endroit piqué avec de l’huile de palme. Cette beste a six grands pieds, comme ceux des Sauterelles, deux à la premiere jointure, qui divise la teste d’avec le corps, deux autres à la seconde, & les deux dernieres à la quatriéme. Elle ne pique personne, si ce n’est qu’on la serre en la touchant. Il y en a une autre


presque semblable, mais la moitié plus petite, & sans aiguillon.

Langouste. Poisson qui n’a point de sang, & qui est couvert d’un test mou, ayant deux longues cornes garnies d’aiguillons devant les yeux, & deux autres au dessus plus deliées & plus courtes. Il a le dos rude & plein d’aiguillons, deux pieds de chaque costé, la queuë comme les écrevices, & il se dépoüille de sa couverture de mesme que le Serpent se dépoüille de sa peau.

Il y a aussi une espece de Langouste de mer, que Dioscoride nomme Hippocampus, & ce nom luy est donné, selon quelques-uns du mot de Chenilles que les Grecs appellent Campes, & dont elle a presque la figure, comme voulant dire, grande Chenille, le mot de hippos, ne servant quelquefois qu’à augmenter dans la composition d’un mot, comme dans Hipposelinum, qui veut dire, Apium majus. D’autres disent que cette Langouste est ce petit poisson, ou plustost monstre de mer, appellé Dragon, ou Cheval marin, qui ne vaut rien à manger, & qu’on nomme Hippocampus, de ίπποζ Cheval, & de καμπώ, Ply, à cause qu’il a le col & la teste d’un Cheval. Voicy la description qu’en fait Matthiole. Il est long de la largeur de six doigts. Il a le bec long & creux comme un flageolet, les yeux ronds, deux arestes sur les cils qui se changent en cheveux lorsqu’il est en mer, & le front sans aucun poil. Le devant de la teste & le dessus du col sont velus, ce qui ne se voit qu’aux vifs, car dés qu’ils sont morts, tout ce poil tombe. Il porte au dos une espece d’aile, dont il se sert pour nager. Son ventre est blanchastre, gros & enflé. La femelle est encore plus ventruë, & a sous le ventre une issuë pour produire ses œufs, outre une fendasse qui luy est commune avec le masle pour jetter ses excremens. Sa queuë est quarrée & recourbée en maniere de crochet, & tout son corps comparti & formé de petits cercles cartilagineux & pointus. On luy voit depuis la teste jusques à la queuë deux rangs d’arestes miparties, ayant leurs lignes fort droites, & qui se répondent également, en sorte que le col mesme n’en est pas divisé, & que celles qui l’environnent se rapportent aux autres, & continuent dans leur proportion jusqu’au bout. Galien dit que la cendre de cette beste est bonne pour faire renaistre le poil, si on la mesle, ou avec de la poix fonduë, ou avec du sein de pourceau, ou avec de l’onguent de grosse marjolaine. C’est aussi le sentiment de Dioscoride.

LANGUE. s. f. Cette partie charnuë & mobile qui est dans la bouche de l’animal, & qui est le principal organe du goust, de la parole. Acad. Fr. La Langue est soustenuë au fond de la bouche par un os que l’on appelle Hyoide, & qui est composé de trois pieces aux hommes, & de neuf, dans les animaux qui ruminent. Il a quatre apophyses, deux inferieures & deux superieures, les premieres l’attachent aux ailes du cartilage Thyroide, & les autres le tiennent attaché aux apophyses Styloides par le moyen des ligamens. Six muscles, dont il y en a trois de chaque costé, font faire tous les mouvemens de la Langue. Le premier, qui est le Genioglosse, s’attache à la partie inferieure & moyenne du menton, & va s’inserer à la racine de la Langue qu’il fait sortir de la bouche en agissant. Le second qu’on appelle Basiglosse, prend de la partie superieure de la base de l’os hyoide, & s’insere à la racine de la Langue auprés du premier. C’est ce second muscle qui abaisse la Langue en agissant. Le troisiéme la tire à costé en s’attachant à sa partie laterale. Il prend de l’opophyse Styloide, & se nomme Styloglosse. La Langue est couverte de trois membranes, de trois sortes de vaisseaux & de quantité de plants de fibres qui la traversent. La premiere de ces trois membranes est tres-mince. C’est la plus exterieure, & on la peut regarder comme l’épiderme qui couvre tout le corps, & qui défend les papilles nerveuses qui sont dessous, des approches de l’air. La seconde, qui est bien plus dense, est percée comme un crible, ce qui la fait appeller Raiseau. La troisiéme est composée d’un grand nombre de papilles nerveuses qui passent à travers la membrane reticulaire, & qui viennent aboutir à la premiere qui reçoit toutes ces papilles dans des estuis. Ce sont ces petites papilles qui sont ébranlées à l’occasion des sels contenus dans les alimens & qui nous font la sensation du goust plus ou moins forte selon la qualité des sels. Le Lion, animal tres-carnassier, a la Langue toute herissée de pointes qui regardent le fond de la gueule. Ainsi lorsqu’il l’applique sur quelque corps un peu tendre, il emporte le morceau. La Langue du Loup cervier est toute semblable, avec cette difference neanmoins, que les pointes depuis l’extremité jusqu’au milieu sont fort aiguës & fort dures regardant le fond de la gueule, & que celles qui sont depuis la racine jusques au milieu, sont tournées à l’opposite, plus mousses & moins dures. Les pointes pyramidales, dont le Chat a la Langue toute herissée, en font la rudesse. Ces pointes & ces élevations qui sont sur la Langue de tous les animaux, servent à faire que l’aliment y séjourne quelque-temps, & qu’il soit davantage penetré par la lymphe qui se trouve dans la bouche. Elles servent aussi à faire la dissolution des sels que les alimens contiennent. D’ailleurs elles défendent ces petites papilles de l’approche des corps durs, sans quoy le frequent attouchement contre ces mesmes corps les auroit renduës calleuses, ce qui auroit privé l’animal de cette sensation. La Langue a trois genres de vaisseaux, sçavoir, des branches de la carotide externe qui luy porte le sang pour sa nourriture ; des veines qui rapportent le residu du sang dans les jugulaires, & que l’on nomme Ranules, & pour troisiéme genre de vaisseaux, le nerf. Elle en reçoit un rameau tres-considerable qui vient de la troisiéme branche de la cinquiéme paire, un de la huitiéme & un autre de la neuviéme. Ils vont se perdre tous trois dans sa substance, & forment les papilles nerveuses dont on a parlé. Il se trouve quantité de glandes & beaucoup de graisse à sa base, & c’est ce qui rend les Langues de bœuf si delicates. La substance de la Langue est composée de plusieurs plans de fibres qui se croisent presque en tout sens. Sous la Langue est une membrane fort fine, appellée Filet. Elle est quelquefois attachée à la gencive interieurement, & c’est ce qui empesche les enfans de teter, à cause que la Langue est le principal instrument pour cette action, qui se fait en portant son extremité sous le mammelon, & la levre superieure dessus, & pressant par secousses obliques la liqueur qu’il contient, de sortir & de rayonner dans la bouche. Tout cecy est de M. Droüin Maistre Chirurgien de l’Hôpital General. Ceux qui voudront sçavoir pourquoy les saveurs sont differentes, en trouveront la raison en lisant la description qu’il fait de la structure de la Langue. Les Serpents ont la Langue mince & à trois fourchons branslans & fort longs. Les Lezards l’ont fourchuë & veluë ; & les Veaux marins l’ont double. Le mot de Langue, a esté fait du Latin Lingua, que Varron derive de Ligare à cause que la Langue est comme liée dans l’enclos des dents. Il y en a qui font venir Langue de Lingere, lescher.


On appelle Langue, les huit Nations dont l’Ordre des Chevaliers de Malte est composée. Il y en a trois pour le Royaume de France, la Langue de Provence, la Langue d’Auvergne, & la Langue de France, deux pour l’Espagne, la Langue d’Arragon, & la Langue de Castille. Les trois autres Langues sont pour l’Italie, pour l’Allemagne & pour l’Angleterre.

Langue de Bœuf. Plante dont les feüilles & les fleurs sont d’usage en Medecine, & la racine plus qu’aucune autre partie de la Plante. On l’appelle autrement Buglose. Voy. BUGLOSE.

Il y a aussi un outil de Maçon qu’on nomme Langue de bœuf. On appelloit autrefois Langue de bœuf, Une espece de halebarde, dont le fer estoit en forme de Langue de bœuf.

Langue de Cerf. Plante que l’on appelle en Latin Lingua cerrina, & qui est selon quelques-uns le scolopendre commun. Elle croist ordinairement dans les forests, & dans les lieux fort couverts & ne porte ny fleur ny semence. Ses feüilles sont plus longues & plus vertes que celles de l’oseille, & ne laissent pas de leur ressembler.

Langue de Bouc. Sorte de Buglose sauvage, dont les feüilles sont menuës, rudes, grasses & rougeâtres. Elle a plusieurs tiges menuës & de petites feüilles noires, sur tout à la cime. Les fleurs sont rouges, & on y trouve des grains semblables à une teste de Vipere, ce qui l’a fait nommer par les Grecs έχιον, du mot έχιζ, qui veut dire Vipere masle. La racine de cette plante est noirastre.

Langue de Cheval. Plante dont les feüilles sont piquantes & semblables au mirte sauvage, & qui produit à sa cime certaines Langues qui sortent de ses feüilles. Voy. HIPPOGLOSSUM.

Langue de Chien. Plante qui est sans tige, & dont les feüilles sont couchées par terre & semblables à celles du grand Plantain. Voy. CYNOGLOSSUM.

Langue de Serpent. Herbe vulneraire, de la racine de laquelle sort une petite tige qui porte au bout une petite Langue pasle comme celle d’un serpent. On la met au rang des serpentines, & les Grecs la nomment Ophioglossum, de όφιζ Serpent & de γλώσσα Langue.

Langue. Terme de Vitrier. Fente qui se fait sur le verre lorsqu’on le coupe. On se sert presentement d’un diamant fin pour couper le verre, mais autrefois on n’employoit pour cela que l’émeril, & comme il ne pouvoit pas couper les plats ou tables de verre épais, on se servoit d’une verge de fer rouge, ce qui se fait encore quelquefois. On la pose contre le verre que l’on veut couper, & en moüillant seulement le bout du doigt avec de la salive qu’on met sur l’endroit où la verge a touché ; il s’y forme une Langue, c’est-à-dire, une fente que l’on conduit où l’on veut avec cette verge rouge.

LANGUÉ, ée. adj. Terme de Blason. Il se dit de la langue des Aigles, quand elle est d’un autre émail que le corps de cet Oiseau. D’or à l’aigle au vol abaissé, langué, & membré de gueules.

LANGUETTE. s. f. Petite sous-pape à ressort qui sert à ouvrir & à fermer les trous de quelque instrument à vent. C’est aussi en termes d’Organiste la partie du tuyau qui est taillée en biseau, ou en talus, qui sert à couper, & à fendre le vent qui entre dedans. Languette, se dit encore d’une petite lame de laiton, plate, mobile & tremblante, qui couvre le concave du demy cylindre des tuyaux à anche.

On appelle Languette de balon, Un petit morceau de bois rond percé des deux costez, auquel on attache la vessie, & par lequel on soufle dans le balon.

Languette. Terme de Potier d’estaim. Morceau d’estaim gros comme le doigt, qui est au milieu du couvercle d’une pinte. Il est enchassé à l’anse, & on leve le couvercle en mettant le doigt dessus.

Languette. Terme d’Orfévre. Petit morceau d’argent laissé exprés en saillie, & hors d’œuvre aux ouvrages d’Orfévrerie, & que l’Affineur retranche & éprouve par le feu avant que de les contremarquer du poinçon de la Ville.

On appelle Languettes de chausse d’aisance, des dales de pierre dure qui separent une chausse d’aisance à chaque étage jusques à hauteur de devanture, ou plus bas. Il y a aussi Une Languette de puits. C’est une dale de pierre qui sous un mur mitoyen, descend plus bas que le rez de chaussée, & partage également un puits ovale entre deux proprietaires.

Languette. Terme de Medecine. Muscle du larynx, fait en forme de Languette de haut-bois, qui ouvre la luette.

LANGUEUR. s. f. Abattement, estat d’une personne qui languit. Acad. Fr. La langueur que l’on remarque souvent dans les fonctions des parties & dans les forces, vient de la naissance, ou elle vient insensiblement depuis la naissance, ou elle demeure aprés quelque maladie. Elle est toûjours accompagnée d’un pouls tardif & petit, ou foible & languissant, rare quelquefois, intermittent & se cachant par des intervalles reglez ou non reglez. On appelle ordinairement Lassitude contre nature, L’abbatement des sens tant internes qu’externes, & mesme du mouvement du corps, qui accompagne souvent la langueur des forces. Il y a aussi un abbattement subit de forces, qui dure peu, mais qui revient par intervalles tantost reguliers, & tantost irreguliers. Il a trois degrez qui sont la Lipothymie ou défaillance, la Syncope, & l’Abolition entiere du pouls pour un temps.

LANIER. s. m. Oiseau de proye, qui est bon pour le liévre & la perdrix. Il est plus petit que le Faucon, & a le bec & les pieds bleus. Ses plumes sont mélées de blanc & de noir sur l’estomac, c’est la femelle du Laneret. Quelques-uns derivent ce mot Alaniandis avibus.

LANQUERRE. s. f. Peau en forme de gros & large bourlet, qui se met au dessous des reins en forme de ceinture, & qui soustient un homme sur l’eau.

LANTERNE. s. f. Sorte d’ustencile de verre, de corne, de toile, ou d’une autre chose transparente, où l’on enferme la chandelle, de peur que le vent ou la pluye ne l’éteigne. Acad. Fr. On appelle Lanterne d’Eglise, Une petite Tribune, qui sert d’Oratoire dans une Eglise, & où l’on est moins distrait dans ses prieres. Elle est vitrée ou fermée de jalousies, & faite en forme de cage de menuiserie.

Lanterne de moulin, est une petite machine presque en forme de moulin, garnie de ses fuseaux, & au travers de laquelle passe un fer qui fait tourner la meule.

Lanterne, est aussi une espece de petit Dome sur un grand ou sur un comble, afin de donner du jour & de servir d’amortissement. Lanterne, se dit encore d’une cage quarrée de charpente, garnie de vitres au dessus du comble d’un corridor de Dortoir ou d’une galerie entre deux rangs de boutiques pour l’éclairer.

On appelle Lanterne d’escalier, Une tourelle élevée au dessus d’une plate-forme pour couvrir la cage ronde de l’escalier par où l’on y monte.

Lanterne. Terme d’Orfévre. La partie d’une crosse d’Evesque, ou d’un baston de Chantre, qui est grosse & à jour, & qui en quelque façon represente une Lanterne.


Lanterne. Instrument de Canonnier, fait en forme d’une longue cueiller rende, qui est attachée au bout d’un baston. On s’en sert à mettre la poudre & la bale dans l’ame d’un canon lors qu’on le charge sur mer.

Lanterne. Instrument d’Essayeur d’or ou d’argent. C’est une petite construction de menuiserie en forme de petit cabinet, où sont suspendus deux trebuchets ou balances tres-fines. Comme, il ne faut point que le moindre vent agite ces trebuchets, le dessus & les costez du petit cabinet ou tabernacle sont fermez avec du verre.

On appelle Lanterne Magique, Une petite machine d’Optique par le moyen de laquelle on fait voir sur une muraille, lors qu’il fait obscur, plusieurs spectres & monstres affreux, ce que l’on prend pour un effet de Magie, quand on en ignore le secret. Cette machine est composée d’un miroir parabolique qui reflechit la lumiere d’une bougie, & cette lumiere sort par le petit trou d’un tuyau, au bout duquel est un verre de lumiere. On coule entre deux successivement plusieurs petits verres peints de differentes figures qu’on choisit toûjours les plus extraordinaires & les plus capables de donner de la frayeur. Toutes ces figures se representent en plus grand volume sur la muraille opposée.

LANUSURE. s. f. Terme d’Architecture. Piece de plomb qui est au droit des arrestiers & sous les épis ou amortissemens. On l’appelle autrement Basque, à cause qu’elle est coupée en forme de basque.

LAP

LAPATHUM. s. m. Dioscoride dit qu’entre les especes de Lapathum, on appelle Oxylapathum, celle qui a les feüilles aiguës & dures aux extremitez, & qui croist dans les marais. On l’appelle autrement Patience ou Parelle. L’autre Lapathum se seme, quoy qu’il croisse souvent de soy-mesme dans les jardins, & mesme dans les champs cultivez. Il a la feüille un peu moindre que les betes noires, & presque semblable à celle du plantain, se panchant vers la terre. Sa tige est d’une coudée de haut. Elle est ridée, & jette une fleur rouge, & une petite graine noirastre & reluisante. Sa racine est de couleur safranée, amere, & entierement semblable à l’oseille. La troisiéme espece de Lapathum est sauvage, petite, molle, & ressemble au plantain. Il y en a une quatriéme espece appellée Oxalis ou Anaxyris, qui a ses feüilles comme l’oseille sauvage. Sa tige est petite & sa graine rouge, pointuë & mordante. L’herbe & la tige de tous Lapathes cuits, laschent le ventre, & si on les applique crus avec du saffran ou de l’huile rosat, ils resolvent les Melicerides, qui sont des ulceres qui jettent une boüe semblable au miel. Leurs racines prises avec du vin, guerissent la jaunisse, provoquent les mois aux femmes, rompent & diminuent les pierres de la vessie, & servent aux piqueures des Scorpions. Lapathum vient du Grec λαπάσσειν Amollir, évacuer.

LAPIDIFICATION. s. f. Terme de Chymie. Action par laquelle une substance est convertie en pierre. On dissout pour cela quelque métal dans un esprit corrosif, & on fait cuire la dissolution en consistance de pierre. On fait la Lapidification des métaux, des sels fixes, & des sels des plantes.

LAPIDIFIER. v. a. Reduire les métaux en pierre par le moyen de la calcination.

LAPIDIFIQUE. adj. On appelle Suc lapidifique, Un certain suc de la terre par lequel tous les Mineraux s’engendrent.

LAPIN. s. m. Petit Animal sauvage, qui se retire dans les bois où il creuse des terriers, mais qui s’apprivoise assez aisément. Il est gris, couleur de cendre, blanc, noir & marqueté. Il y en a dont la couleur tire sur le roux. On ne le chasse point comme le liévre, & on le prend à l’affust. Il a les oreilles droites & une queuë courte.

LAPINE. s. f. La femelle du Lapin. On l’appelle communement Hase. Les Lapins peuplent beaucoup, & on tient que les femelles portent tous les mois cinq ou six petits. M. Ménage fait venir ce mot de Leporellus, ou de Lepinus, diminutif de Lepus, Liévre.

LAPIS. s. m. Sorte de pierre pretieuse, bleuë, qui est opaque, & marquetée de petits points d’or. Dioscoride dit qu’elle croist en Chypre, aux mines de bronze, & qu’on en trouve pourtant en plus grande quantité parmy les sables de la mer en certaines cavernes creusées par les flots. Le meilleur Lapis est celuy qui est le plus chargé en couleur. On le trouve en morceaux quarrez ou ovales qui ont quelquefois six à sept pouces de haut. Il est plus tendre que l’Agate, & sert à orner des cabinets & autres ouvrages. Les Arabes appellent cette pierre Lapis azuli ou Lapis lazuli, d’où vient le mot d’Azur qui est la mesme chose. Les Grecs le nomment κυάνοζ, Pierre bleuë. Aussi l’azur d’outremer est-il composé de celuy qui ne peut estre employé. On le brusle comme le Vitriol, & on le lave de mesme que la calamine. Matthiole dit qu’il a grand rapport avec la pierre Armenienne, non seulement en ce que ces deux pierres croissent dans les mesmes mines, & l’une avec l’autre, mais parce qu’elles ont presque les mesmes proprietez pour évacuer les humeurs mélancoliques, desorte que quelques Arabes les ont confonduës. Toute la difference qu’il y a, c’est que le Lapis lazuli est tout marqueté de filets d’or, & que la pierre Armenienne est parsemée de verd & de noir. Pour bien choisir la pierre d’azur appellée Lapis stellatus, par Mesué, il faut qu’elle soit d’une couleur azurée qui devienne plus bleüe en la brûlant, pesante, polie, & qu’on y voye éclater quantité de petites paillettes d’or. Elle est bonne pour la veüe, & tient l’esprit gay si on la porte sur soy. Estant brûlée & lavée, elle recrée toutes les parties internes.

LAPPA. s. f. Sorte d’herbe dont il y a de deux sortes. La Lappa major, que Dioscoride appelle Personata, a les feüilles comme la courge, mais plus grandes, plus veluës, plus noires & plus épaisses. Elle a sa tige blanchastre, & n’en jette aucune quelquefois. Sa racine est blanche au dedans, & noire au dehors. Cette racine pilée & appliquée en façon de cataplasme, appaise les douleurs des détorses & des jointures, & ses feüilles enduites sur de vieux ulceres, y sont fort propres. La Lappa minor ou Lappa Inversa, qu’on appelle aussi Petite Dardane, ou Petit Glouteron, croist aux lieux gras & aux étangs dessechez. Sa tige est haute d’une coudée, anguleuse, grasse, & toute garnie d’ailes & de concavitez. Ses feüilles sont déchiquetées & ont l’odeur du cresson alenois. Son fruit est comme une grande olive, rond, épineux, houssu, & piquant ainsi que le fruit du plane, lors qu’il est meur ; il s’attache aux vestemens des passans. Sa graine est fort bonne, estant appliquée sur les tumeurs & enfleures.

LAQ

LAQUE. s. f. Espece de gomme un peu rougeastre, dont on fait la cire d’Espagne, & qui entre dans la composition du Vernis, & sert à plusieurs autres


usages. Elle se fait aux Indes par le concours d’une infinité de petits moucherons, qui s’amassent sur de petits bastons gluans, disposez exprés pour les y faire venir, aprés quoy on ratisse ces bastons. Il y en a qui croyent que la Laque se fait du suc d’un certain Arbre fort haut qui se trouve abondamment dans plusieurs endroits des Indes Orientales, comme au Pegu, à Bengala, & à Malavar, où de grandes fourmis qui sont ailées viennent tirer ce suc, qu’elles convertissent en Laque, comme les abeilles convertissent celuy des plantes en miel. Cette Laque demeure congelée aux branches, en sorte qu’il s’y trouve assez souvent des ailes de fourmis. D’autres veulent que cette Laque sorte d’elle-mesme sans aucune incision de l’arbre, & qu’elle s’attache & s’endurcit autour des branches. Il y a aussi une gomme precieuse, appellée Laque, qu’on apporte de la Chine. Elle est de couleur rouge, & vient à une espece de Cerisier.

La Laque des Apothicaires, nommée par les Latins Cancamum, est une gomme rousse & claire, presque semblable à la myrrhe, & qui environne les rameaux d’un Arbre que nous ne connoissons pas. Matthiole dit qu’il y en a de deux especes, dont la seule difference est en la bonté, la meilleure appellée Lacca Sumetri, & la moindre, Lacca Combreti, qui peut-estre, ajouste-t’il, ont pris leurs noms des lieux d’où on les apporte, soit d’Arabie, soit d’ailleurs. On la cuit pour servir de teinture rouge aux draps, & cette teinture se nomme Kermes. On appelle aussi Lacca, ce qui reste au fond de la chaudiere où les Teinturiers teignent leurs draps. La Laque est chaude moderément selon les uns, & au second degré selon les autres. On s’en sert particulierement dans les obstructions de la rate, de la vesicule du fiel, du foye & des poumons, à cause qu’elle est incisive, attenuative, & detersive de toutes matieres crasses & visqueuses. Elle est bonne aussi dans l’hydropisie, dans la jaunisse, dans l’asthme, dans l’apostume des poumons, pour faire sortir la rougeole & la petite verole, & peut servir de remede à toutes les maladies malignes, sur tout à la peste.

Outre la Laque naturelle, il y a plusieurs sortes de Laque artificielle, qui se font de la lie & fondrée de plusieurs teintures, & servent seulement aux Peintres. On en fait de grains de pimpernelle que l’on appelle Chermes ou Chermesin. On en fait aussi avec de la Cochenille ou de la bourre d’écarlatte, ou avec du bois de bresil ou d’autres differens bois. Cette couleur ne subsiste pas à l’air.

LAR

LARDER. v. a. Mettre des lardons à de la viande. Acad. Fr. On dit en termes de Marine, Larder la bonnette, pour dire, Piquer une bonnette avec des bouts de fil de voile, & la larder d’étoupe, afin de s’en servir à découvrir par où un Vaisseau a esté percé à l’eau par quelque coup de canon, quand on a peine à reconnoistre où est la voye d’eau. Pour cela, aprés avoir moüillé la bonnette ainsi piquée, on jette de la cendre ou de la poussiere sur ces bouts de fil, afin que prenant un peu de poids, la bonnette enfonce dans l’eau. On la descend alors dans la mer, & on la promene à bas bord ou à stribord de la quille, jusqu’à ce qu’elle se rencontre opposée à l’ouverture que le canon a faite dans le bordage. Si-tost que cela arrive, l’eau qui court pour y entrer, pousse la bonnette contre le trou, & la bonnette & la voye d’eau font une espece de gazoüillement qui le fait connoistre.

LARGE. s. m. Terme de Marine. On dit d’un Vaisseau, qu’Il est, qu’il se met, qu’il court au large, pour dire, qu’Il est, qu’il se met, qu’il court à la haute mer, fort loin de la terre. On dit de mesme, Engager l’Ennemy au large, pour dire, L’attirer en pleine mer. Au large, est un mot que dit une sentinelle pour empescher qu’une Chaloupe n’approche d’un Navire la nuit. On dit aussi, que La mer vient du large, pour dire, que C’est le vent de la mer qui pousse les lames, & non pas le vent de terre.

On dit en termes de Manege, Aller large, pour dire, Gagner le terrain & tracer un grand rond en s’éloignant du centre de la volte. On dit aussi d’un Cheval, qu’Il va trop large, pour dire, qu’Il ne demeure pas sujet, & qu’il s’étend sur un trop grand terrain. On conduit un cheval large lors qu’on approche le talon de dedans.

LARGION. s. f. Vieux mot. Don, Liberalité. C’est un abregé de Largition, du Latin Largitio.

LARGUE. s. m. Terme de Marine. Haute mer. Prendre le largue, tenir le largue. On dit aussi adverbialement, qu’Un Vaisseau s’est mis à la largue, pour dire, qu’Il s’est mis en haute mer.

On dit d’un Vaisseau, Aller vent largue, pour dire, qu’Il a le vent par le travers, & qu’il cingle où il a dessein d’aller, sans que les boulines soient halées. Vent largue, se dit de tous les airs de vent qui sont compris entre le vent de bouline & le demi-rumb qui approche le plus du vent arriere. On l’appelle aussi Vent de quartier.

LARGUER. v. a. Terme de Marine. Lascher de certains cordages lors qu’ils sont halez, laisser aller les écoutes, les manœuvres. On dit aussi d’un Vaisseau, qu’Il a largué, pour dire, que Les membres se sont quittez les uns les autres, ou qu’il s’est ouvert par quelque endroit. La mesme chose se dit d’un Vaisseau, qui s’est servy d’un vent favorable pour se tirer d’une occasion, & qui s’est mis à la largue.

LARIGOT. s. m. Espece de fluste ou de petit flageolet, qui a donné lieu à un jeu entier de l’orgue. Ce jeu est composé de quarante-huit tuyaux ouverts, qui font un sifflement fort aigu, & dont le plus petit est d’un pied cinq pouces.

LARME. s. f. Goute d’eau qui sort de l’œil, & dont la cause la plus commune est la douleur. Acad. Fr.

On appelle Larmes de Cerf, Une eau qui coule des yeux du Cerf dans deux fentes que cet animal a au dessous. Ces larmes s’y épaississent en forme d’onguent jaunastre, & cet onguent est tres-souverain pour les femmes qui ont le mal de mere. Il faut le délayer, & le prendre dans du vin blanc, ou dans de l’eau de chardon benit.

On appelle aussi Larme de sapin, Une liqueur qui est amassée entre le bois & l’écorce de cet arbre, & que l’on en fait sortir en fendant l’écorce. Elle est semblable à la Terebentine pour l’odeur & pour le goust, mais pourtant un peu plus aigre. C’est un remede excellent pour les playes fraischement faites. Elle les soude & les mondifie, & prise en breuvage, elle purge la gravelle, appaise les goutes & les sciatiques & est singuliere pour les playes de la teste. On en met aux preservatifs au lieu de baume.

Larmes. Terme d’Architecture. Ornemens faits en forme de clochettes, que l’on appelle autrement Campanes. Ils pendent sous le plafond de la corniche Dorique ainsi que de petits cones, ou sont triangulaires au bas des triglyphes comme de petites pyramides.



LARMER. v. n. Vieux mot. Pleurer. On a dit aussi Larmoyer, qu’on dit encore quelquefois, mais il n’a guere d’usage.

LARMIER. s. m. Terme d’Architecture. Membre plat & quarré qui est à la corniche au dessous de la cymaise, & qui fait le plus d’avance. On luy a donné ce nom à cause que son usage est de faire écouler l’eau, & de la faire tomber loin du mur goutte à goutte, & comme par larmes.

Larmier, se dit aussi du chaperon ou sommet d’une muraille de closture, fait en talus pour donner l’égoust aux eaux.

On appelle Larmier de cheminée, Le couronnement d’une souche de cheminée.

On dit Larmier bombé & reglé. C’est le linteau cintré par le devant & droit par son profil, en dedans ou en dehors œuvre d’une porte ou d’une croisée. On dit aussi Larmier Gothique, ou à la moderne. C’est une espece de plinthe dans les vieux murs le long d’un cours d’assise au droit d’un plancher, ou sous les appuis des croisées. Elle est en chamfrain refoüillé par dessous en canal rond, & facilite l’écoulement des eaux au-delà du mur.

Larmiers, se dit encore d’un cheval, & signifie les parties qui sont un peu au dessus de ses yeux ou à costé.

LARMIERES. s. f. p. Terme de chasse. On appelle ainsi deux fentes qui sont au dessous des yeux du Cerf, & où coulent ses larmes, qui ensuite s’épaississent en onguent de couleur jaune.

LARRON. s. m. Qui prend furtivement quelque chose.

Larron, en termes d’Ecolier, se dit d’une petite pellicule seche & mince, qui est dans le tuyau d’une plume, & qui boit ou dérobe l’encre quand on ne prend pas le soin de l’oster.

Les Relieurs appellent aussi Larrons, certains feüillets qu’ils laissent pliez par l’un des bouts sans y prendre garde, & qui ne se trouvent point rognez par cet endroit-là.

LARUE. s. f. Terme de Philosophie. Il se dit des demons de l’air, des esprits folets, ou de quelque espece de phantosme.

LARYNX. s. m. Terme de Medecine. Le nœu de la gorge qu’on appelle d’ordinaire le couvercle & la teste de la trachée artere. C’est un organe de la respiration dont le corps est presque tout cartilagineux. Il doit estre toûjours ouvert, afin que l’air qui entre & qui sort ait la liberté de passer. Il y a quatre cartilages qui le composent, & par le moyen de ces cartilages, il se peut aisément dilater & se restraindre, se fermer & s’ouvrir. Le Larynx qui est aussi l’organe de la voix a quatorze muscles, dans lesquels plusieurs rameaux du nerf recurrent se trouvent semez. Les Canards, les Oyes & les Gruës ont double Larynx. Il y en a un au bas de l’aspre artere, & il consiste en un os & deux membranes qui sont à l’endroit où elle se divise en deux, pour entrer dans le poumon. Ce mot est Grec λάρυγξ, qui est pris dans la mesme signification en cette langue.

LAS

LASCHANGE. s. f. Vieux mot. Intervalle.

Onze semaines sans laschange.

LASCHER. Terme d’Autourserie. Ouvrir la main pour laisser partir l’autour. On dit Lascher de rebat, quand on lasche l’Autour aprés qu’on l’a retenu dans sa premiere secousse.

LASER. s. m. Suc qui sort de la tige & de la racine du Laserpitium scarifiées. Il est flatueux, venteux, & a une vertu acre & piquante. Le bon Laser, selon Dioscoride, est celuy qui est roux, transparent, tirant à la myrrhe, & qui n’est point vert comme le poreau, mais odorant, de bon goust & blanc, aprés qu’on l’a détrempé. Celuy qui croist en Cyrene, fait suer tout le corps pour peu qu’on en gouste, & a une odeur si douce, que ceux qui l’ont dans la bouche, le sentent à peine. Celuy de Surie & de Mede a une odeur plus facheuse. Matthiole a cru long-temps que ce jus ou cette gomme estoit le benjoin, mais il a esté détrompé par une remarque de Strabon, qui dit que de son temps le Laserpitium estoit failly en Cyrene ; outre que Pline rapporte que lors qu’il vivoit il se vendoit au poids de l’argent, & que l’Empereur Neron l’estimoit si fort, qu’il le tenoit enfermé parmy les choses les plus singulieres & les plus rares. D’ailleurs, Dioscoride rapporte que le Laser vient d’une plante dont la tige est semblable à la ferule, & qui ne convient pas au benjoin, parmy lequel on trouve de grosses écorces qui font connoistre qu’il sort de quelque arbre. Le Laser a aussi une vertu forte & acre, & le benjoin n’a aucune acrimonie au goust. Matthiole conclut de tout cela qu’on ne peut plus recouvrer de vray & legitime Laser.

LASERPITIUM. s. m. Plante qui produit plusieurs grosses racines, & dont la tige est aussi haute que celle de la ferule. Ses feüilles ressemblent à celles de l’Ache, & sa graine est large & feüilluë. Le Laserpitium, à ce que dit Theophraste, jette sa feüille lorsque le Printemps commence. C’est dequoy le menu bestail se purge & s’engraisse, & & ce pasturage rend sa chair meilleure & de meilleur goust. Ensuite il produit sa tige qui ne dure qu’une saison, non-plus que la tige de ferule, & qui est singuliere mangée boüillie ou rostie sous la cendre ; elle purge universellement ceux qui continuent quarante jours à en manger. On tire deux sortes de jus de cette plante, l’un de sa tige, & l’autre & sa racine, qui est couverte d’une écorce noire qu’on oste ordinairement. Quelques-uns disent que cette racine est longue d’une coudée ; que sur le milieu elle produit une certaine grosseur faite en maniere de teste, de laquelle sort premierement ce qu’on appelle le lait, puis la tige qui produit le Magydaris & ce que l’on nomme feüille. Cette feüille est la graine, qui tombe au premier vent du Midy qui souffle aprés les jours caniculaires ; & voila comme vient le Laserpitium, desorte qu’il croist en un an, & en racine & en tige, ce qui arrive à bien d’autres plantes, si ce n’est qu’on veüille dire que sa graine tombée croist aussi-tost, & que cette plante auroit cela de particulier. Quant à ce qu’on appelle Magydaris, il est different du Laserpitium, estant moins vehement, plus tendre & ne jettant point de gomme. Galien parlant du Laserpitium dit que sa tige, ses feüilles & sa racine sont assez chaudes ; & que neantmoins elles sont venteuses, flatueuses & par consequent de difficile digestion, que leur vertu est plus grande estant appliquées par dehors, & sur tout le jus à cause de sa grande attraction. Les Grecs appellent le Laser pitium σίλφιον.

LASSER. v. a. On dit en termes de Marine, Lasser une voile, pour dire, Saisir la voile à la vergue avec un quarantenier qui passe dans les yeux de pie, ce qui se fait lors qu’on se trouve surpris d’un gros vent, & que les garcettes sont sans rides.

LASSIERES. s. f. Vieux mot. Laqs de Chasseur.

Comme toiles, filets, rets, pieges, laqs, poyaux,
Huttes, cordes, coliers, lassieres & raiseaux.

LASTE. s. m. Terme de Marine. Nombre de deux tonneaux. Les Vaisseaux Hollandois se mesurent or-


dinairement par lastes, & on dit Une fluste de deux cens lastes, pour dire, qu’Elle est du port de quatre cens tonneaux.

LATAINE. s. f. Vieux mot. Colere.

De jalousie ne lataine.

LATANIER. s. m. Arbre des Antilles, qui sort d’une grosse mote de racines, & qui n’est jamais plus gros que la jambe. Il est presque par tout égal, & se leve droit comme une fleche, quelquefois jusqu’à la hauteur de quarante ou cinquante pieds Il a tout autour un doigt d’épaisseur d’un bois dur comme le fer, & tout le reste est filasseux comme le cœur des palmistes. Il a environ deux pieds de l’extremité de l’arbre en haut, envelopez de trois ou quatre doubles d’une espece de canevas naturel, qui semble avoir esté filé & tissu de main d’homme. De cette envelope sortent quinze ou vingt queuës longues de cinq à six pieds, vertes & dures, & toutes semblables à des lames d’estocade. Chacune de ces queuës porte une feüille qui dans son commencement est toute plissée. Elle s’ouvre avec le temps, & s’étend en rond, & à un demi-pied prés de l’extremité tous les plis s’entre-separent, & font autant de pointes qu’il y a de plis dans la feüille qui a la figure d’un Soleil rayonnant. Ces feüilles estant liées par petits faisceaux servent à couvrir les cases & la peau ou écorce que l’on enleve de dessus les queuës, est propre à faire des cribles, des paniers, & autres petits ouvrages. On fait aussi du bois de cet arbre, des arcs, des massuës dont les Sauvages se servent au lieu d’épées. On en fait encore des zagayes, qui sont de petites lances aiguës qu’ils dardent avec la main, & ils en munissent la pointe de leurs fleches, qui sont par ce moyen aussi penetrantes que si elles estoient d’acier. On vuide aussi le tronc de cet arbre, & on en fait des canaux pour conduire les eaux des fontaines.

LATEBRES. s. f. Vieux mot. Cachettes, lieux retirez & secrets, du Latin Latebrae, qui veut dire la mesme chose.

En repentailles, en latebres
Trebucha ça jus en tenebres.

LATENT, ente. adj. Vieux mot. Caché, qui ne paroist point aux yeux, du Latin Latere, Estre caché. Quelques-uns s’en servent encore dans cette phrase, Vices latents d’un cheval, comme pousse, morve, courbature dont le vendeur est obligé de le garantir pendant neuf jours.

LATIN, ine. adj. On appelle en termes de Mer, Voile Latine. Une Voile faite en triangle ou à tiers point. On l’appelle autrement Voile à oreille de lievre. On se sert fort des Voiles Latines sur la Mediterranée & dans les Galeres.

LATINIER. s. m. Vieux mot. Truchement.

Alexandre l’entend sans autre Latinier.
Car de plusieurs langages s’estoit fait affaitier.

LATITER. v. a. Vieux mot. Estre caché, du Latin Latitare, qui veut dire la mesme chose.

Qui aux buissons secrets se Latiterent.

Quelques-uns disent encore au Palais, Cacher & Latiter les effets d’une succession.

LATITUDE. s. f. Terme de Geographie. Distance comprise depuis un certain lieu jusques à la Ligne équinoctiale ; cette distance est toûjours égale à la hauteur du Pole de l’horison de ce mesme lieu. La Latitude est Septentrionale, lorsque le lieu est compris entre la Ligne & le Pole Arctique, que l’Estoile Polaire fait discerner aux Pilotes, & elle est Meridionale quand le lieu est situé entre la Ligne & le Pole Antarctique.

On appelle en termes d’Astronomie Latitude d’une Etoile, son éloignement de l’Ecliptique en tirant vers l’un ou l’autre Pole du Zodiaque.

LATTE. s. m. Tringle de bois qui traverse les chevrons, & sur laquelle les Ouvriers cloüent l’ardoise, ou accrochent la tuile. La Latte pour l’ardoise est plus large, & de mesme longueur que celle qui est pour porter la tuile. On appelle Lattes jointives, les Lattes que l’on clouë si prés les unes des autres qu’elles se touchent. Les Marchands de bois nomment aussi Lattes, de petits morceaux de latte, qu’ils mettent entre les ais pour leur donner de l’air, afin qu’ils se sechent & ne se pourrissent pas.

LATTES. Terme de Meunier. Maniere d’échelons qui sont aux volans des Moulins à vent, & sur lesquels les toiles sont tenduës.

Lattes. Terme de Marine. Petites pieces de bois fort minces qu’on met entre les baux, les barros & barrotins d’un Vaisseau, & qui servent de garniture pour soustenir le tillac. On appelle Lattes de caillebotis, de petites planches resciées, dont on se sert pour couvrir les barrotins des caillebotis, & qui en font le treillis.

LATTER. v. a. Attacher des Lattes sur un comble pour leur faire porter la tuile ou l’ardoise. On Latte à claire voye, ou à Lattes jointives. Ce dernier se dit quand les Lattes sont cloüées desorte qu’elles se touchent, & on dit Latter à claire voye, pour dire, Mettre des Lattes sur un pan de bois pour retenir les plastras des panneaux, & le recouvrir de plastre.

Les Marchands de bois disent aussi Latter, quand ils mettent de petits morceaux de Latte entre leurs ais afin d’empescher qu’ils ne se gastent.

LATTIS. s. m. On dit en terme de Couvreur, faire un Lattis, pour dire, faire une couverture de Lattes.

LAV

LAVANDE. s. f. Plante que Matthiole rapporte entre les especes d’Aspic, & que plusieurs appellent femelle, & l’Aspic, masle. Les feüilles du masle qui est l’aspic, sont plus larges, plus longues, plus grosses, plus fermes, & plus blanches que celles de la femelle qui est la Lavande. Toutefois l’une & l’autre produit beaucoup de rejettons, & est aussi feüilluë que le Rosmarin. Du milieu des feüilles sortent de petites tiges gresles, quarrées, & qui en longueur passent douze doigts. A leur sommet est une fleur épiée de couleur purpurine, quoy que la Lavande ne produise pas les fleurs d’une si haute couleur & qu’elles soient plus épanoüies & odorantes que ne le sont celles de l’aspic. On se sert de ces fleurs pour faire une huile, qu’on appelle Huile d’aspic, par corruption pour huile de spic, Oleum de spica, la Lavande s’appellant en Latin Spica fœmina ou Spica communis. Cette plante est de parties tenuës, & d’un goust un peu acre & un peu amer. Elle est fort cephalique & nevritique, & bonne particulierement dans les caterres, dans la paralysie, le vertige, la lethargie, & le tremblement de membres. Elle est propre encore à faire uriner, & à faciliter l’accouchement. On l’employe aussi exterieurement dans les lessives qu’on fait pour la teste & pour les membres, & en masticatoire pour dessecher les caterres, & attirer les humeurs par le trou du palais, afin de les empescher de tomber sur les poumons.

LAVANGE. s. f. Amas de neiges, qui se détache tout à coup de quelque montagne ou d’un haut rocher, & qui grossit toûjours en roulant.



LAUDANUM. s. m. Sorte de composition que les Chymistes ont nommée ainsi de Laudare, Louër à cause de ses excellentes qualitez. C’est proprement l’Opium, bien & deuëment preparé, & corrigé avec une once de l’extrait de safran, demy-once du magistere de perles, & de coraux fait sans corrosion, un scrupule de chacun, de l’huile de girofle & de Karabé, demy scrupule de chacun ; six grains de musc, autant d’ambre gris, & le tout meslé ensemble en forme d’électuaire mol. Le Laudanum ne provoque pas seulement le sommeil, mais il appaise les douleurs, & arreste les évacuations immoderées. Il est merveilleux pour les manies, phrenesies, & pour toutes sortes de fluxions violentes, & sur tout pour celles qui vont aux poumons ou à la poitrine. Il faut user de precautions en le donnant, c’est-à-dire, faire preceder les remedes generaux & & les ordinaires. Sa dose doit estre de trois grains jusqu’à six ou sept. On le fait prendre ordinairement en forme de petites pilulles, ou bien dissous dans quelque liqueur rafraischissante, ou un sirop convenable.

LAVEDAN. s. m. Sorte de cheval dont il est parlé dans Rabelais. On l’a appellé ainsi du Comté de Lavedan en Gascogne, où il se trouve de fort bons chevaux.

LAVER. v. a. Nettoyer avec de l’eau ou quelque autre chose de liquide. Acad. Fr.

Les Blanchisseuses disent Laver la lessive, lorsqu’aprés avoir essangé leur linge & fait couler la lessive, elles le mettent tremper dans l’eau la derniere fois afin d’en oster les sels qui y sont demeurez pendant que la lessive a coulé.

Laver. Terme de Chymie. Se servir d’eau pour oster les impuretez de quelque mixte.

Laver. Terme de Peinture. Coucher les couleurs à plat sans les pointiller, soit sur le papier, soit sur le velin. On dit Laver un dessein, pour dire, Coucher avec un pinceau une couleur d’encre de la chine, ou de bistre à l’eau sur un dessein passé à l’encre, afin que les ombres des saillies & des bayes, & l’imitation des matieres que doivent former l’ouvrage, le fassent paroistre le plus naturel qu’il se peut. On dit aussi que Des couleurs sont bien lavées, pour dire, Que les nuances qui font les ombres sont douces, & qu’elles passent insensiblement d’une couleur à une autre. Laver se dit encore d’un tableau que l’on decrasse par un secret de certains artistes, afin de rendre ses couleurs aussi belles qu’elles estoient au commencement.

Laver. Terme de Charpenterie. On dit Laver une poutre, pour dire, En oster une dosse avec la scie pour l’équarrir, au lieu d’en oster avec la coignée.

LAVETON. s. f. Sorte de petite laine courte qu’on tire de dessus l’étoffe avec le chardon, & dont on se sert pour faire des matelas & autres choses. Le Laveton est toûjours de couleur grise, & sort d’une étoffe grossiere, comme le bureau & la bourrelanisse sortent d’une étoffe fine.

LAVEURE. s. f. Terme de Gantier. Composition qui se fait avec de l’eau, de l’huile, & des œufs battus ensemble, & dans laquelle on trempe la peau dont on veut faire des gands.

Laveure. Terme d’Orfévre. Faire la Laveure parmy les Orfévres, c’est Laver la cendre qui provient de la forge, & les ordures de la boutique où il se trouve de l’or & de l’argent, & repasser plusieurs fois ces cendres par les moulins, avec de l’eau & du vif argent pour en tirer la limaille.

LAVIS. s. m. Terme de Peinture. Toute couleur simple détrempée avec de l’eau. Pour faire un dessein avec du Lavis, les uns employent avec les traits de la plume un peu de Lavis fait avec de l’encre de la Chine, ou le bistre qui est de la suye bien détrempée. Les autres se servent de la pierre noire, & d’autres de la sanguine, ou de l’Inde, chacun selon son goust.

LAUREOLE. s. f. Plante dont il y a de deux sortes, la Laureole masle, appellée Chamædaphné, & la Laureole femelle que l’on nomme Daphnoides ou bien simplement Laureole. Cette derniere croist de la hauteur d’une coudée, & a plusieurs rameaux plians, fort feüillus dés le milieu jusqu’en haut. Ses feüilles sont semblables à celles du Laurier, excepté qu’elles sont plus minces, plus molles, & difficiles à rompre. Elles bruslent incontinent la bouche & le gosier de ceux qui en goûtent. Ses fleurs sont blanches & ses grains noirs, lors qu’ils ont atteint leur maturité. Sa racine n’a point du tout de vertu. Sa feüille machée comme un masticatoire, purge le cerveau, & fait éternuer, & quinze de ses grains pris en breuvage, laschent le ventre.

La Laureole masle, appellée Chamædaphné, jette certaines verges lissées, droites & minces, de la hauteur d’une coudée, & sans nulles branches. Ses feüilles ressemblent aussi à celles du Laurier, quoy que plus lissées & plus vertes. Sa graine est ronde & rouge, & est attachée aux feüilles, lesquelles pilées & appliquées sur la teste en appaisent les douleurs, & moderent les ardeurs de l’estomac. Ceux qui les boivent en vin sont soulagez. Leur jus beu aussi en vin, provoque l’urine & les mois des femmes.

LAURIER. s. m. Arbre toûjours verd, qui non seulement est planté dans tous les jardins, mais qui vient de soy-mesme dans les forests, principalement aux lieux maritimes, ou aux collines & montagnes exposées au soleil, & qui ont veuë sur des lacs, ou sur la mer. Il a ses feüilles longuettes, larges en bas, & pointuës au bout, grosses, solides, & de bonne odeur. Elles sont moins étroites dans le Laurier masle, que dans le Laurier femelle. Cet arbre a sa fleur petite, pleine de mousse, presque semblable à celle d’olive, blanchastre & rendant des perles, vertes d’abord, noires quand elles sont meures, & garnies d’un gros noyau, comme le fruit de Bruscus. On les cüeille quand l’hiver commence, de mesme que les olives, & l’on en fait de l’huile appellée Laurin. Pline rapporte que Livia Drusilla étant dans son jardin, un Aigle luy jetta d’enhaut une poulle blanche qui portoit en son bec une branche de Laurier chargée de fruit ; que l’on planta cette branche en une Maison de plaisance de l’Empereur à neuf milles de Rome, proche le Tibre, & qu’encore qu’elle n’eût point de racines, elle multiplia tellement, qu’en peu d’années il y eut en ce lieu-là une forest de Lauriers ; que les Empereurs dans leurs triomphes se faisoient des couronnes de leurs rameaux, & qu’ensuite on les plantoit aux lieux les plus éminens des collines de Rome, desorte qu’on y voyoit plusieurs touffes & bocages de Lauriers qu’on appelloit Laureta. On a tenu pour certain que jamais aucun Laurier n’avoit esté frappé de la foudre, ce qui obligeoit l’Empereur Tibere de porter un chapeau de Laurier quand il tonnoit. Le Laurier a la vertu de faire du feu de soy-mesme, & ce feu en sortira, si on en frotte ensemble deux branches seches sur du soufre pulverisé. Il a aussi une proprieté fort particuliere, qui est que si on plante de ses rameaux en un champ semé de bled, toute la nielle qui le gaste s’amassera sur ces branches, & le bled en demeurera exempt. On tient que quand le Corbeau a tué le Chameleon, Beste venimeuse, il a recours au Laurier, qui luy tient lieu de contre-


poison, & que les Ramiers, les Merles, & autres oiseaux se purgent avec du Laurier. Theophraste dit qu’en la mer rouge il se trouve des Lauriers convertis en pierres. Les bayes du Laurier sont un peu plus chaudes & plus seches que ses feüilles. On s’en sert pour attenuer les humeurs grossieres, & pour discuter les vents. Elles sont aussi d’usage ainsi que les feüilles dans la colique, dans la paralysie, dans les douleurs qui suivent l’accouchement, & dans les cruditez d’estomac. On employe les feüilles exterieurement contre la piqueure des Guespes, pour amollir les tumeurs, & pour adoucir la douleur des dents par le gargarisme.

Laurier Alexandrin. Plante qui a ses feüilles semblables au Bruscus, excepté qu’elles sont plus grandes, plus blanches, & plus molles. Elle jette une graine rouge qui est de la grosseur d’un poix chiche, & qui sort d’entre les feüilles. Ses branches sont longues d’un palme & quelquefois plus, & éparpillées sur terre. Sa racine est semblable à celle du Bruscus, mais plus grosse, plus tendre & odorante. Galien dit que l’herbe du Laurier que quelques-uns appellent Alexandrin, est d’une temperature, qui est manifestement chaude, mordicante, & un peu amere au goust, & qu’estant prise en breuvage elle provoque les mois & l’urine.

On appelle Laurier rose & Laurier cerise, de petits arbres qu’on éleve dans des caisses. Ces arbres ont des fleurs rouges ou blanches comme des roses & des cerises.

LAY

LAY. s. m. Sorte de petit ouvrage de poësie qui se faisoit autrefois sur quelque sujet d’amour ou sur une matiere triste. Il y a de grands Lays & de petits Lays. Le grand Lay est un petit poëme composé de douze couplets de vers de differentes mesures sur deux rimes, & l’on en trouve dans Alain Chartier. Le petit Lay n’est que de seize ou de vingt vers divisez en quatre ou en cinq couplets. Molinet en a composé plusieurs. C’estoit la poësie Lyrique de nos vieux Poëtes François, & l’on pretend que les Lays ont esté faits sur le modelle des vers Trochaiques que les Grecs & les Latins ont employez dans leurs Tragedies. On a nommé Lays ces sortes d’ouvrages, du vieux mot Laye, qui signifie, Complainte, doleance.

LAYE. s. f. La Femelle du Sanglier. Quelques-uns disent qu’on luy a donné ce nom à cause qu’on la laissé pour faire des petits, & d’autres parce qu’elle est souvent parmy des Arbrisseaux qu’on appelle Lais.

LAYETTE. s. f. Petit coffre de bois où l’on a coustume de serrer du linge & de menuës hardes. C’est aussi le tiroir d’un buffet, d’un cabinet, d’une armoire.

On appelle encore Layettes, de petits morceaux de bois ou d’yvoire qui servent à boucher les trous de bourdon d’une Musette, & qui sont mobiles dans ses rainures.

LAYETTIER. s. m. Artisan qui fait des Layettes & autres menus ouvrages de bois, comme boëtes & caisses, sans que ces ouvrages soient couverts de peau ou de cuir.

LAZ

LAZARE. L’Ordre de S. Lazare fut establi vers l’an 1119. & estant presque reduit au neant, le Pape Pie IV. le renouvella. Ceux qui estoient de cet Ordre portoient un habit de couleur brune avec une croix rouge devant la poitrine. Il y a eu un autre Ordre militaire de saint Lazare, separé de ceux des Templiers, des Chevaliers Teutons & des Chevaliers de saint Jean de Jerusalem, qui fut estably par les Chrestiens Occidentaux dans le temps qu’ils estoient Maistres de la Terre Sainte. Les Chevaliers de cet Ordre avoient des Maisons fondées exprés où ils recevoient les Pelerins qu’ils défendoient contre les Mahometans, en les faisant conduire jusqu’aux lieux où ils n’avoient rien à craindre. On leur donna de riches possessions avec de grands privileges. Le Roy Louis VII. dit le Jeune, voyant les Chrestiens chassez de la Terre sainte, donna aux Chevaliers de saint Lazare la Terre de Boigny prés Orleans, où ils garderent leurs titres & tinrent leurs assemblées. Le temps les ayant rendus fort inutiles, Innocent VIII. supprima cet Ordre, & l’unit à celuy des Chevaliers de Malthe. Ceux de France en ayant fait leurs plaintes au Parlement, il fut ordonné qu’il subsisteroit separé de tout autre. En 1565. le Pape Pie IV. en donna la Maistrise à Jeannot de Castillon qui estoit son parent, & celuy-cy estant mort seize ans aprés, le Pape Gregoire XIII. defera cet Ordre au Duc Emanuel Philibert de Savoye & à tous ses successeurs, l’unissant à celuy de saint Maurice en Savoye. Tout cela n’eut aucun lieu à l’égard de la France, & Philibert de Nerestang, Capitaine des Gardes du Corps, fit si bien auprés du Roy Henry IV. qu’en 1608. il le fit grand Maître de l’Ordre de saint Lazare, pour lequel il obtint une Bulle fort avantageuse qui le rend pour les Chevaliers de France ce que l’Ordre de saint Maurice & de saint Lazare, est pour ceux de delà les Monts. Ils ont pouvoir de se marier, & d’avoir des pensions sur des Benefices Consistoriaux. Cet Ordre a esté encore restably sous le regne de Louis XIV. qui luy a donné un nouvel éclat. M. le Marquis de Dangeau en est presentement le grand Maistre.

LAZARET. s. m. Bastiment public, fait en forme d’Hôpital, où se retirent ceux qui sont attaquez de la maladie contagieuse. Il y en a un fort beau à Milan. On appelle aussi Lazaret, dans quelques Villes Maritimes de la Mediterranée qui sont habitées par les Chrestiens, une grande Maison bastie hors de la Ville, où les équipages qui viennent des lieux où l’on soupçonne que regne la peste, sont mis dans des logemens isolez, & separez les uns des autres pour y faire quarantaine.

LE

, Lée. adj. Vieux mot. Large.

Mes or lessons les voyes lées
Et allons les estroits sentiers.

Il s’est dit aussi substantivement pour largeur. Quel lé a ce drap ? Tant qu’il a de long & de lé. On le trouve encore dans la signification de costé. L’écu au col, l’épée au lé. On disoit aussi Lez, D’un & d’autre lez. Borel croit que ce mot a esté corrompu, que l’on a dit au commencement Laits, d’où est venu Lai, & ensuite , du Latin Latus, qui signifie Large, estant adjectif, & Costé, estant substantif. On a dit Lés li, pour, Auprés de luy. Et je m’allois lés li seoir, & de lez, pour, A costé de.

Enterré fu de lez son Pere.

LEA

LEANS. adverbe de lieu. Vieux mot. Là dedans. Les Sergens disent encore par raillerie quand ils ont mis quelqu’un en prison, qu’Ils l’ont mis Leans.



LEB

LEBESCHE. s. m. Terme de Marine. Nom qu’on donne sur la Mediterranée au vent qui souffle entre le couchant & le midy. On le nomme Sud-Oüest sur l’Ocean.

LEC

LECTH. s. f. Terme de Marine. Mesure qui est fort en usage sur la mer du Nord. Elle contient douze barils. Lecth, se prend aussi pour une maniere de compter receüe dans l’Indostan, & qui veut dire cent mille. Ainsi un Lecth de Roupies, sorte de monnoye, signifie cent mille roupies, & deux Lecths de pagodes, autre sorte de Monnoye, ce sont deux cens mille pagodes.

LED

LEDENGER. v. a. Vieux mot. Injurier.

Et que trop durement se doute
D’estre ledengée & battuë,
Quand arriere sera venuë.

LEDUM. s. m. Arbrisseau semblable au Cistus, & qui a pourtant ses feüilles plus longues & plus noires. Elles sont astringentes, & font les mesmes effets que le Cistus. Il en decoule une liqueur resineuse qu’on appelle Ladanum, & qui est d’un grand usage dans la Medecine. V. LADANUM.

LEE

LEECHE. s. f. Vieux mot. Joye.

LEG

LEGAT. s. m. Nom que l’on donne aux Ambassadeurs que le Pape envoye vers les Princes Souverains. Celuy qu’on appelle Legat à latere, est un Cardinal considerable, qui a la préseance devant les Princes du Sang en France, quand le Roy tient son lit de Justice au Parlement. Il peut conferer des Benefices sans Mandat, & legitimer des bâtards pour en posseder, mais avant qu’il puisse faire aucune fonction Apostolique, il faut qu’il fasse verifier son pouvoir au Parlement, & quand cela n’est point fait, il ne peut faire porter sa croix devant luy dans le Royaume, ce qui luy est permis aprés la verification, à la reserve du lieu où le Roy est en personne. On l’appelle Legat à latere, à cause que le Pape ne choisit pour cet employ que ceux qu’il estime davantage, & qui sont toûjours à ses costez. Le Legat appellé de Latere, n’est point Cardinal, quoy qu’il soit pourtant de la Legation Apostolique. Il y a aussi des Legats nez. Ceux-là n’ont point de Legation, & prennent ce titre, non à cause de leur personne, mais seulement en vertu de leur dignité. L’Archevesque d’Arles, & celuy de Reims sont Legats nez.

LEGATINE. s. f. Etoffe, moitié fleuret & moitié soye, qui est de mesme nature que la papeline. Il y en a aussi de moitié laine.

LEGENDE. s. f. Terme de Monnoye. Lettres qui sont marquées sur l’espece, ou proche des bords, ou au milieu, ou sur la tranche.

LEGER, Legere. adj. Qui ne pese guere. On appelle en termes de Manege, Cheval leger, Un cheval viste & dispos, & quand il est déchargé de taille, encore qu’il n’ait ny disposition ny legereté, on ne laisse pas de dire qu’Il est de legere taille. Lors qu’il a la bouche bonne, & qu’il ne pese pas sur le mords, on dit qu’Il est leger à la main. On dit de mesme d’un cheval de carrosse qui craint le foüet, & qui trotte legerement, qu’Il est leger.

Leger, est aussi un terme d’Architecture, & il se dit d’un ouvrage beaucoup percé, comme les peristyles, les portiques des Colomnes, c’est-à-dire, des ouvrages dont la beauté de la forme consiste dans le peu de matiere. On se sert du mesme terme en sculpture, lors qu’on veut marquer des ornemens delicats, fort recherchez, évidez & en l’air. Leger, se dit encore des parties fort saillantes des statuës, & de leurs drapperies volantes. Lors qu’il se dit des ouvrages, où l’épaisseur n’est pas proportionnée à la charge ou à l’étenduë, comme des solives & poreaux trop foibles & trop espacez, il est pris alors en mauvaise part.

LEGIERS. adj. Vieux mot. Prompt, facile.

Et moult sera legiers à faire.

LEGION. s. f. Corps de gens de guerre dans la Milice Romaine, qui estoit composé ordinairement de cinq à six mille hommes d’Infanterie & de quatre à cinq cens Chevaux. Acad. Fr. La Legion, dans le temps de Romulus, estoit de trois mille hommes, & on les divisoit en trois ordres de bataille. Elle estoit de quatre mille hommes sous les Consuls, & elle fut de cinq ou six mille hommes depuis Marius & divisée en Cohortes, chaque Cohorte de cinq ou six cens hommes, selon que la Legion estoit de cinq ou six mille ; ce qui faisoit dix ou douze Cohortes dans une Legion. Outre les Legions composées des Citoyens Romains, qui faisoient comme un Corps separé, il y en avoit une autre de Cavalerie & d’Infanterie qui estoit des Alliez, & qu’on appelloit Extraordinaire. Les gens de pied avoient divers noms dans les Legions Romaines. Ceux qu’on appelloit Velites, ce qui veut dire Prompts & legers, avoient pour armes une longue épée, une lance de trois pieds de long, & de petits boucliers ronds, qu’ils nommoient Parma tripedalis. Une espece de bonnet fait de cuir ou de la peau de quelque animal leur couvroit la teste. Ils appelloient Galea cette sorte de bonnet, qui ne differoit que dans la matiere de ceux qu’on nommoit Cassis, & qui estoient de metal. Ces Velites, parmy lesquels on comprenoit ceux qui lançoient le dard, les Archers & les Frondeurs, estoient choisis ordinairement pour suivre la Cavalerie dans les plus promptes & les plus dangereuses entreprises, comme estant les Soldats les plus dispos de toutes les Troupes. Il y en avoit d’autres qu’on appelloit Hastati, Principes & Triarii. Ils portoient un bouclier long de quatre pieds & large de deux, & avoient une longue épée à deux tranchans & ferme de pointe, avec un casque d’airain, & sa creste de mesme matiere, une espece de bottes dont le devant de la jambe estoit couvert, deux javelines, l’une plus grande qui estoit ronde ou quarrée, & l’autre plus petite. Leurs corselets estoient de fer ou d’airain & de diverses façons. Ceux qu’on appelloit Lorica hamata, estoient faits de petites mailles ou par petites écailles. Les armes de la Cavalerie estoient pour les offensives une javeline & une épée, & pour les défensives un casque, un écu & une cuirasse.

LEGUNS. s. m. Vieux mot. Legumes.

LEM

LEMBROISÉ. adj. Vieux mot. Lambrissé.

LEMME. s. m. Terme de Geometrie. Proposition préparatoire, qui n’est au lieu où elle est, que pour servir de preuve à d’autres qui suivent. Ce mot est Grec λήμμα.



LEMMER. s. m. Sorte de petite beste, qui est en beaucoup de choses semblables à une souris, dont elle differe pour la couleur, estant rousse, marquetée de noir. Elle a aussi la queuë fort courte & couverte de poils serrez. On trouve ces bestes par troupes dans la Laponie, où on les appelle Souris de montagnes & Lemblar. Elles n’y paroissent pas regulierement tous les ans, mais tout d’un coup dans de certains temps, & en telle quantité, que se répandant par tout, elles couvrent toute la terre. On a observé que cela arrive quand il fait orage, & qu’il pleut abondamment ; ce qui a fait croire à quelques-uns qu’elles tombent avec la pluye, soit que le vent les enleve, & les apporte des Isles les plus éloignées, soit qu’elles se forment dans les nuées mesmes. D’autres disent que l’on s’est persuadé que cet animal se formoit en l’air d’un temps pluvieux, à cause qu’il n’abandonne son trou qu’aprés les pluyes, n’ayant point paru auparavant, ou parce qu’il se remplit d’eau, comme croit Strabon, ou qu’il croist & grossit fort à la pluye. Ces petites bestes sont hardies & courageuses, & loin que le bruit des passans les fasse fuir, elles vont au devant de ceux qui les viennent attaquer, crient & jappent comme de petites chiennes, & sans se soucier ny de bastons ny de halebardes, sautent & s’élancent sur leurs Ennemis en les mordant de colere. Elles se tiennent toûjours le long des costeaux & dans les brossailles, sans entrer jamais dans les maisons ny dans les cabanes. Ces animaux se font quelquefois la guerre les uns aux autres, & se partagent comme en deux armées rangées en bataille le long des lacs & des prez, ce que les Lapons prennent pour des presages des guerres qui doivent arriver en Suede. S’ils les voyent venir du costé de l’Orient, ils concluent qu’ils auront la guerre avec les Russiens, & s’ils remarquent qu’ils soient venus du costé de l’Occident, ils tiennent pour infaillible qu’ils seront attaquez par les Danois. Ces petites bestes ont pour ennemis les hermines qui s’en engraissent, les renards qui les attrapent & les trainent dans leurs tanieres, où quelquefois ils en gardent des milliers dont ils se nourrissent, & enfin les Rennes, qui mangent aussi de cette espece de Souris de montagnes, & particulierement en Esté. Outre que le grand nombre en diminuë fort par là, elles se font aussi mourir elles-mesmes, ou en mangeant l’herbe qui a repoussé depuis qu’elles l’ont mangée la premiere fois, ou en montant sur les arbres où elles se pendent à quelque branche fenduë, ou en se jettant dans l’eau aprés s’estre assemblées par troupes à la maniere des hirondelles quand elles veulent partir, ce qui fait qu’on les trouve souvent par milliers dans un mesme endroit mortes & entassées les unes sur les autres.

LEMNIENNE. adj. f. Epithete qui se donne à une terre que tous les Auteurs conviennent qui se trouve dans l’Isle de Lemnos auprés d’une Ville appellée Hephestias, au haut d’une colline rougeastre qui ne porte aucune plante. La terre Lemnienne, pour estre bonne, outre sa stipticité, doit estre rousse comme toutes les terres medicinales, & en quelque façon aromatique, mais comme il est fort aisé de luy donner ces deux qualitez, il est comme impossible de s’asseurer d’en avoir de veritable. C’est ce qui est cause qu’on luy substitue ordinairement le bol d’Armenie dans la composition de la Theriaque.

LEMURIES. s. f. Feste que celebroient les Romains le 9. de May à l’honneur des Dieux Lemures. Cette feste duroit trois nuits, & on en laissoit toûjours une de repos entre deux. La ceremonie consistoit à jetter des feves dans le feu qui brusloit sur l’autel, dans la pensée qu’on chassoit par là les Lemures des maisons, ou qu’on empeschoit qu’ils n’y entrassent. Ils donnoient ce nom aux ombres & aux fantosmes des Morts, qui apparoissoient la nuit. Tant que duroit cette feste, les Temples estoient fermez, & on ne faisoit aucunes noces, dans la superstition où l’on estoit que les mariages qui se feroient pendant ce temps-là, seroient malheureux.

LEN

LENIFIER. v. a. Adoucir. Ce mot n’est en usage que parmy les Medecins.

LENITIF. s. m. Electuaire mol, purgatif, où l’on fait entrer outre le sucre, le sené, le polypode, les raisins damas, l’orge mondé, la mercuriale, la semence des violettes, l’adianthe noir, les sebestes, les jujubes, les pommes, la reglisse, les tamarins, la conserve de viole, la poulpe de casse, & l’anis. On l’appelle Lenitif, à cause qu’il ouvre le ventre en adoucissant & lenifiant, & qu’il évacuë fort doucement l’une & l’autre bile. Cet Electuaire est fort propre aux fievres engendrées par des humeurs corrompuës, ainsi qu’à la pleuresie.

LENTICULAIRE. adj. Terme d’Optique. Il se dit d’un verre de lunette couverte, qui est plat, rond, & plus épais au milieu qu’aux bords. On l’appelle ainsi à cause qu’il approche de la figure d’une lentille.

LENTILLE. s. f. Sorte de legume dont la plante a la feüille un peu moindre que celle de la vesce. Sa fleur est presque semblable. Elle jette de petites gousses serrées & un peu plattes, dans lesquelles sont les Lentilles, au nombre de trois ou quatre au plus dans chacune, rondes, pressées, & couvertes d’une petite pellicule. Il y en a de deux sortes, de blanches & de cendrées. Les blanches sont les plus petites & les meilleures. La fleur des cendrées est blanche, purpurine, & celle des autres est seulement blanche. Elles meurent, si on laisse les graterons quand il en vient auprés des Lentilles. Galien dit qu’elles sont fort astringentes, & que leur chair resserre & desseche le ventre, mais que leur decoction le lasche. Estant pelées, elles perdent toute leur astriction & nourrissent davantage, mais on ne les digere pas aisement, & elles engendrent un gros sang qui fait des humeurs melancoliques.

Il y a une Lentille de marais, que Dioscoride dit estre une mousse qui ressemble à la Lentille. Sa feüille est ronde, petite, & a une forme de Lentille. Elle est attachée à de petits capillamens minces, & nage sur les eaux dormantes, principalement sur celles des fossez des Villes & des Chasteaux. S’il arrive que quelque inondation la transporte dans des eaux courantes, elle n’approche pas si-tost de la rive qu’elle y prend racine, & s’étend de la mesme sorte que fait le cresson. On estime fort la distillation de cette Lentille de marais pour les inflammations des parties nobles, & pour les fievres pestilentielles. L’herbe fraischement tirée de l’eau, & appliquée sur le front, appaise les douleurs de teste qui proviennent de chaleur. Matthiole parle d’une autre Lentille de marais. Sa tige qui est anguleuse se traine sur l’eau par intervalles, elle produit force feüilles, qui sont rondes à la cime, & attachées quatre à quatre & en croix à des queuës minces & longues. Sa graine sort de la tige mesme & entre les queuës des feüilles. Elle est amassée en façon de grappe, & a la forme d’une Lentille, quoy que pourtant elle ne soit pas si platte. Elle est noirastre, dure, épaisse, & attachée à de longues queuës.



LENTISQUE. s. m. Arbre fort commun en Italie, & dont on trouve beaucoup aux vieilles ruines & masures, & en la coste de la mer Tyrrhene, tirant vers Gayette & Naples. On en voit de la grandeur d’un demi-arbre, & d’autres qui sont petits, & qui sans avoir un tronc fort gros, poussent à force des rejettons comme les coudres. Plus le Lentisque est massif & a ses feüilles épaisses, plus ses branches s’abaissent contre terre. Les feüilles de l’un & de l’autre, ressemblent à celles des pistaches. Elles sont grasses, fresles, & d’un vert obscur, quoy qu’elles ayent le bout & certaines petites veines rouges. Cet arbre est toûjours verd, & a son écorce roussastre, pliante & gluante. Outre ses fruits qui sont faits en grappe, il jette de petites bourses recourbées comme une gousse, & dans ces bourses il y a une liqueur claire, qui avec le temps se convertit en bestes, semblables à celles qui sortent des vessies qui croissent sur les Terebinthes & les ormes. Le Lentisque a une odeur forte, qui oblige plusieurs à le fuir à cause qu’il appesantit la teste. Le mastic sort du Lentisque par le moyen des incisions que l’on fait à son écorce, & le meilleur qu’on recueille est à Chio, Isle de la mer Aegée où cet arbre croist en abondance plus qu’en aucun autre lieu. Matthiole dit que les Insulaires de Chio l’ont en telle estime, que s’il arrive que quelqu’un arrache un Lentisque portant du mastic, soit sur sa terre, soit sur celle d’autruy, ils le condamnent à avoir la main coupée. On trouve aussi en Candie des Lentisques qui produisent le mastic, mais jaune, amer, & moindre en bonté. On se sert encore de la semence du Lentisque pour faire une excellente huile par expression, mais elle n’est pas beaucoup en usage en France. On fait de son bois des curedens merveilleux, non seulement pour se nettoyer les dents, mais encore pour se fortifier les gencives, & se rendre l’haleine agreable.

LEO

LEONIMETÉ. s. f. Sorte de poësie ancienne, dont les vers riment au milieu ainsi qu’à la fin.

Seigneurs, qui en vos Livres par maistrie mettez
Equivocations & Leonimetez.

On a dit aussi Leonine, & Leonisme. Pasquier croit qu’on a dit Vers Leonins, d’un Leoninus ou Leonius, Religieux de saint Victor, qui vivoit sous Loüis VII. en 1154. & qui fit plusieurs Vers Latins rimez tant à l’hemistiche qu’à la fin, & mesme un Monorime qu’il dédia au Pape Alexandre III. l’Ecole de Salerne, Merlin, & autres, ont fait des vers en rime Leonine.

LEONTOPETALON. s. m. Plante, dont la tige est haute d’un bon palme & quelquefois plus, & qui a diverses concavitez, dont sortent plusieurs ailes. Elle porte à sa cime deux ou trois grains en certaines gousses, faites en maniere de chiches. Ses fleurs sont rouges & semblables à celles de l’anemone, & elle a ses feuilles comme le chou, mais déchiquetées comme celles du pavot. Sa racine est noire, & faite comme une rave, toute bossuë & pleine de durillons. Le Leontopetalon croist parmy les bleds, & on se sert principalement de sa racine. Elle est resolutive, & prise en breuvage avec du vin, c’est un remede singulier contre les piqueures des Serpens. Ce mot vient du Grec λέων, Lyon, & de πέταλον, Feüille ; chez les Apothicaires Pata leonis ; en François Pied de Lyon.

LEONTOPODIUM. s. m. Petite herbe de la hauteur de deux doigts, qui produit ses feüilles de la longueur de trois ou quatre. Elles sont étroites & veluës, mais celles qui sont le plus prés de sa racine, ont plus de cotton que les autres. Les testes qui sortent du bout de ses tiges sont comme trouées. Elle a ses fleurs noires, & sa graine tellement couverte de bourre, qu’on a de la peine à la trouver. Sa racine est petite, & on s’en sert à resoudre les petites humeurs. Matthiole accuse d’erreur Brunfelsius qui prend l’Alchimilla pour le Leontopodium. Ce mot vient aussi de λέων, Lyon, & de pous, Pied, en Latin Pes Leonis.

LEOPARD. s. m. Animal cruel & farouche, qui a la peau marquetée de diverses taches. Ses yeux sont petits & blancs, le devant de sa teste long, l’ouverture de sa gueule grande, & ses dents aiguës. Il a les oreilles rondes, le cou long ainsi que le dos avec une grande queuë & cinq griffes fort aiguës aux pieds de devant, & quatre à ceux de derriere. Les uns tiennent que cet animal est tellement ennemy de l’homme, que s’il en voit un en peinture, il se jette dessus avec fureur, & le met en pieces. D’autres disent qu’il ne fait jamais aucun mal aux hommes, si les hommes ne l’attaquent, mais qu’il devore les chiens. On veut que le Leopard soit engendré d’un Lyon & d’une Panthere, & que sa femelle prenne le nom de Panthere.

Le Leopard a peine à souffrir le Tygre, quoy que le Tygre soit moins fort que luy, & quand il se sent poursuivi, il efface ses traces avec sa queuë afin que son Ennemy ne les puisse reconnoistre. Comme ces animaux sont cruels & dangereux, on leur tend beaucoup de pieges au Royaume de Quojas, Pays des Noirs, & lors qu’on en a pris quelqu’un dans un des Villages où le Roy ne demeure pas, on est obligé de le porter au lieu de sa residence. Ce qu’il y a de fort singulier, c’est que ces Negres appellant le Leopard le Roy des Forests, ceux qui demeurent dans le Village royal vont au devant de ceux qui portent cet animal, persuadez qu’il leur seroit honteux de souffrir, qu’un autre Roy que le leur entrast dans la place, sans qu’ils y missent obstacle. Cela produit un combat, dans lequel si les porteurs du Leopard sont vaincus, il vient un homme de la part du Roy qui les introduit dans le village. Ils trouvent tout le peuple assemblé dans le marché où l’on écorche le Leopard. On donne la peau & les dents au Roy, & la chair que l’on fait cuire est distribuée au Peuple qui passe tout ce jour là en rejoüissance. Il n’y a que le Roy qui n’en mange point, à cause que nul animal ne doit manger son semblable, & que celuy cy est appellé Roy comme luy. Il ne veut pas mesme s’asseoir ny marcher sur sa peau, qu’il fait vendre incontinent. Pour les dents, il en fait present à ses femmes, qui en font des colliers meslez de corail, ou les pendent à leurs habits.

LEOPARDÉ. adj. Terme de Blason. Il se dit du Lion passant. D’or à trois Lions Leopardez de sable l’un sur l’autre.

LEP

LEP. s. m. Vieux mot. Lievre masle. On a dit aussi Liepe, & Liepvre, de Lepus.

LEPIDIUM. s. m. Herbe qui croist ordinairement par tout, & mesme auprés des vieux sepulchres & vieilles masures, & proche les grands chemins, aux lieux qui ne sont point cultivez. Galien fait voir suivant l’autorité d’Hygienus Hipparchus, que le Lepidium & l’herbe que l’on appelle Iberis, est la mesme chose. Matthiole est aussi de ce sentiment. Cette herbe est toûjours verte, & produit ses feüilles semblables au Nasitort, mais plus grandes. L’Esté elles pendent jusqu’à ce que la rigueur


du froid l’ait reduite en sarment. Elle fleurit au Printemps, & a sa tige haute d’une coudée, quelquefois plus, & quelquefois moins. La fleur qu’elle jette est blanche, fort petite & de couleur changeante. Pour sa graine, elle est si mince que l’on a peine à la voir. Sa racine a une odeur fort aiguë, & qui tire à celle du Nasitort. Le Lepidium est propre à guerir les sciatiques. On l’a appellé ainsi de lepis, Ecorce, écaille, qui vient de λέπειν, Oster l’écorce, à cause que cette herbe a la vertu de faire partir les taches du visage.

LEQ

LEQUEAU. Pronom relatif masculin, qui s’est dit autrefois pour Lequel.

Lequeau a perdu son procez,
Triulati de Grec en Francez.

LER

LERRE. s. m. Vieux mot. Larron. On a dit aussi Lierre, dans le mesme sens.

LERRER. v. a. Vieux mot. Laisser. On a dit long-temps, Je Lerray, pour, Je laisseray.

LES

LESCHE. s. f. Vieux mot. Petite resne.

LESCHERIE. s. f. Vieux mot. Gourmandise, friandise. Il s’est pris aussi pour un lieu où l’on trouve des femmes débauchées, ce qui les a fait appeller Leschierres. On a dit aussi ce dernier mot pour Friand.

Ainsi com fait li bon leschierres,
Qui des morseauls est connoissierres.

Lescheur s’est dit dans le mesme sens.

LESSE. s. f. Espece de petit cordon de soye, de laine, de crin d’or ou d’argent, dont on fait plusieurs tours, sur la forme d’un chapeau pour la tenir en estat.

Lesse. Fiente ou excrement des Sangliers ou autres bestes semblables. On appelle Lesses au pluriel Les lieux où les Loups aiguisent leurs ongles.

LESSIVE. s. f. Nettoyement, blanchissage de linge que l’on fait dans le menage avec l’eau chaude & la cendre. Acad. Fr. On appelle Lessive, en termes de Pharmacie, Une sorte de medicament que l’on met au rang des fomentations. Il y a la simple & la composée. La simple se fait de cendres seules détrempées en eau, & d’ordinaire on employe celles de sarment de vigne, d’yeuse, de tiges de feves, de chesne, de chou, de lierre, de figuier & de tithymale. La composée se fait de la simple, dans laquelle on dissout ou l’on fait cuire divers simples, suivant l’usage à quoy elle est destinée. Toute Lessive a une faculté détersive. On en fait quelquefois une de tartre bruslé ou de chaux vive. Comme elle est caustique & tres-forte, elle sert à faire tomber le poil & à faire des cauteres.

La Lessive des scories du regule d’antimoine, est tenuë tres-salutaire dans l’obstruction des mois. Il faut en recevoir la fumée dans les parties genitales. C’est un remede excellent pour les lotions des ulceres malins, dont elle mondifie & deterge toutes les ordures. On s’en sert mesme efficacement quand la gangrene commence. Si la partie est tout à fait gangrenée, on croit qu’en la mettant deux ou trois fois dans cette lessive, il sort de la partie une certaine matiere grossiere, aprés quoy la gangrene se dissipe. Elle est bonne aussi pour les clysteres, où elle sert à ramollir & à purger les excremens endurcis. On l’estime pareillement propre à guerir la galle qui dépend d’un acide, mais il faut bien prendre garde à n’y mesler rien d’acide, à cause qu’elle imprimeroit sur la peau des taches blanches, qui seroient long-temps à s’en aller.

Les Lessives fortes, comme celle de chaux vive & celle de sel de tartre, sont des menstruës salins, urineux, qui dissoudent tous les souphres, & tirent mesme ceux des metaux. La raison qu’Ettmuller en donne dans sa Chymie nouvelle raisonnée, est que les Lessives conviennent radicalement avec les corps sulphureux, à cause que les sels fixes dont les Lessives se font, se forment dans la calcination des corps du sel volatile, & de l’acide ou souphre qui se changent en un troisiéme sel salé, & c’est à raison de ce principe sulphureux, qu’elles agissent sur les corps d’une nature sulphureuse. Ainsi la Lessive de chaux vive, dissout l’antimoine en souphre antimonial, & la Lessive de sel de tartre dissout le souphre crud.

LEST. s. m. Terme de Marine. Ce qui sert à faire entrer un Vaisseau dans l’eau, & à le tenir en assiette contre les coups de vent qui pourroient le renverser. Quand on dit Lest sans rien ajouster, on entend seulement des pierres, du sable, ou quelque autre chose que l’on met à fond de cale. On appelle Bon lest, De petits cailloux que l’on arrange aisément, Gros lest, Des quartiers de canons crevez & de grosses pierres ; Mauvais lest, Tout ce qui peut fondre à fond de cale, comme du sel, ou ce qui peut entrer dans les pompes & les engorger, comme du sable, du gravier ; Lest lavé, Du lest qu’on lave aprés qu’il a déja servy, pour s’en servir de nouveau. Ordinairement on met du Lest neuf une fois en deux années. Il n’en faut pas également pour tous les Vaisseaux. Quelques-uns n’en prennent que la moitié de leur charge, d’autres le tiers, & d’autres le quart ; cela dépend de la maniere dont ils sont construits. Il en faut davantage aux bastimens que l’on fait plats de varangue, & ceux qui sont courts de varangue, & arrondis par la carene en demandent moins, à cause qu’ils enfoncent plus avant dans l’eau qui les soustient mieux, parce qu’elle porte autour de cette rondeur. On fait le Lest des Vaisseaux de guerre, avec de petits cailloux sans terre ny sable, afin que le fond de cale soit plus propre. Lest vient de l’Allemand Last, qui signifie Charge. On l’appelle aussi Balast & Quintellage. Balast veut dire Premiere charge.

Lest. Poids de quatre mille livres ou de deux tonneaux dans les Vaisseaux Flamans & Anglois. On appelle Grand lest, en Suede & en Moscovie, Un poids de douze tonneaux ; & Petit lest, Celuy qui n’est que de six.

LESTAGE. s. m. Embarquement du lest dans le Navire.

LESTER. v. a. Mettre du caillou, du sable & autres choses pesantes au fond d’un Vaisseau, pour le faire tenir droit, lors qu’il est sous les voiles.

LET

LET. s. m. Vieux mot. Mauvaise action.

Comment si m’a mon oncle fet
Si grande honte & si grand let.

LETH. s. m. Terme de Marine dont on se sert pour signifier une certaine quantité de harengs. L’Ordonnance regle combien il faut employer de sel pour la salaison de chaque leth de harengs. Le leth est de dix mille milliers. Chaque millier est de dix centaines, & chaque centaine est de six vingt. On dit aussi Last & Lest de harengs.

LETHARGIE. s. f. Terme de Medecine. Assoupissement profond avec une fievre lente, où les malades dorment, & si on les éveille, ils retombent aussi-tost dans cet assoupissement, en sorte qu’ils sont sans memoire & comme stupides. La cause de la Lethargie est le trop grand engourdissement des esprits animaux, qui fait qu’ils deviennent incapables des mouvemens & des expulsions requises pour exercer les fonctions du sentiment & du mouvement. La trop grande aquosité des esprits est la cause éloignée de cet engourdissement, c’est-à-dire, lors qu’ils sont meslez de trop de phlegmes, trop peu subtils & trop peu volatiles, comme il arrive à l’esprit de vin mal dephlegmé. La Lethargie est une maladie aiguë qui tuë en sept jours, si la matiere morbifique ne s’évacuë naturellement & par crise, ou artificiellement par les selles, ou que les parotides ne paroissent le jour de crise, ou que la mesme matiere ne sorte par le nez abondamment en mouchant. Quand les symptomes augmentent & que la sueur froide sort, sur tout à la teste, le signe est mortel, aussi bien que le tremblement qui survient à la Lethargie. Lorsque la fievre & les autres symptomes diminuent, il y a beaucoup à esperer. Ce mot est Grec & formé de λήθη, Oubly, & de αργία, Engourdissement, paresse.

LETTERIL. s. m. Vieux mot. Pupitre.

LETTRE. s. f. Une des figures, un des caracteres de l’Alphabet. Acad. Fr. On croit que Moïse a trouvé les Lettres Hebraïques, que les Lettres d’Attique ont esté inventées par les Pheniciens, les Latines par Nicostrate, les Syriaques & les Chaldéennes par Abraham, les Egyptiennes par Isis, & les Gothiques par Gulfila, Evesque des Goths.

Les Imprimeurs appellent Lettres, les Caracteres de metal qui representent les lettres de l’Alphabet, & dont ils se servent pour imprimer quelque ouvrage. Ils les distinguent en Capitales, Majuscules & Initiales pour servir aux titres & aux noms propres, & en Lettres communes de toutes sortes de grosseurs, dont le gros canon est le plus gros caractere, & la Nompareille est le plus petit. Ils appellent Lettres grises ou historiées, Celles qui sont gravées sur du bois avec quelque ornement qu’ils employent au commencement des Livres ou des Chapitres, & qui tiennent la place des Lettres enluminées qu’on trouve dans les anciens Manuscrits.

Lettre, se dit aussi d’une Epistre, d’une Missive, d’une Depesche. Il y a des Lettres d’Estat, & des Lettres de cachet. Les premieres sont celles que le Roy accorde aux Ambassadeurs, aux Officiers d’armées, & à tous ceux que le service de l’État empesche de pouvoir donner ordre à leurs affaires. Elles portent surseance de toutes poursuites contre eux pendant six mois, & se renouvellent tant que le pretexte qui les fait donner subsiste. Les Lettres de cachet ne sont autre chose qu’un ordre du Roy, contenu dans une simple Lettre fermée de son cachet, & qui est souscrite par un Secretaire d’État. On appelle Lettres patentes, toutes sortes de Lettres ouvertes & étenduës de toute la longueur du papier ou du parchemin, qui contiennent les dons & les privileges que le Roy accorde. Elles doivent estre verifiées, & commencent par ces mots, A tous ceux qui ces presentes Lettres verront, &c. On appelle Lettres Royaux, Toutes les Expeditions de la grande ou petite Chancellerie, comme les Lettres de grace, qui sont obtenuës par des criminels qui avouënt avoir tué, mais à leur corps deffendant ; les Lettres de remission, pardon, abolition, par lesquelles le Roy, de sa pleine autorité remet le crime au criminel qui l’avouë ; les Lettres de rescision ou de restitution, qu’on obtient en la petite Chancellerie, pour faire casser des Contrats faits en minorité, & ceux dans lesquels il y a lesion énorme ou dol personnel & apparent. Ces sortes de Lettres servent à remettre les parties au mesme estat où elles estoient avant qu’elles eussent contracté.

On appelle Lettres de Profession, les Vœux d’un Religieux ou d’une Religieuse, signez par eux aprés qu’ils les ont prononcez solemnellement & dans toutes les formes requises.

Lettre de change, se dit d’une certaine somme d’argent que l’on donne à prendre par un billet sur quelque negociant ou autre particulier, soit à veuë, soit aprés un certain temps ; ce qui s’appelle, Tirer une lettre de change. On dit, Accepter une lettre de change, quand celuy sur qui la lettre est tirée, met son nom au bas, pour marquer qu’il s’oblige de la payer dans son terme.

On appelle Lettre Dominicale, la Lettre rouge qui marque le jour des Dimanches dans les Almanachs.

LETTRIER. s. m. Vieux mot. Inscription.

LEV

LEVAIN. s. m. Petit morceau de paste aigrie, qu’estant meslée avec la paste dont on veut faire le pain sert à la faire lever. Acad. Fr. Les Medecins reconnoissent dans le ventricule un levain semblable à celuy des Boulangers, qui faisant lever les alimens les change par le moyen de la fermentation. Ce levain est un suc acide, volatile & spiritueux, ou salin & armoniacal, qui lors qu’il est dans l’état naturel, incise, penetre & dissout l’aliment aprés qu’il a esté masché, empreigné de la salive, & plus ou moins delayé par la boisson. Il y produit le mouvement intestin ou fermentatif, moyennant quoy l’aliment est volatilisé, & reçoit la tissure & la qualité propre & specifique à tel sujet, sans quoy le chyle n’est propre ny à s’assimiler avec le sang, ny à faire une bonne nutrition, mais seulement à porter les semences de diverses maladies dans toutes les parties du corps. Ce levain se joint aux sels volatiles, dont les alimens tirez tant des vegetaux que des animaux sont empreignez, avec lesquels il rend la fermentation plus parfaite, & la continuë jusqu’à ce que ces mesmes alimens ayent esté suffisamment brisez & changez en un suc, tantost tirant sur l’acide, & tantost sur le salé volatile à proportion du sujet. Ce levain acide volatile de l’estomac fait l’office de menstruë dans l’affaire de la digestion, en penetrant & dissolvant intimement les alimens, leur imprimant de l’acidité, détachant leurs particules les unes des autres, & mettant en liberté les sels qui estoient comme emprisonnez auparavant. Il commence aussi la fermentation par son acide volatile avec les sels alcalis des alimens ; il les volatilise & leur donne une nature speciale. Il n’est pas dans l’estomac en consistance d’un corps fluide ou d’un menstruë abondant ; il y est seulement inspiré, particulierement dans le temps de la digestion, & hors ce temps-là l’opinion de Vanhelmont est qu’il est caché & presque insensible à l’égard de son volume dans les rides des parois de l’estomac. Ces levains sont tres-differens les uns des autres dans les animaux, dont chaque espece a le sien. Ils ne laissent pas de convenir tous plus ou moins en acide. C’est ce qui fait que ce qu’une espece ne peut digerer, est digeré par une autre. On peut dire mesme que les levains changent dans chaque individu, selon les circonstances, comme dans l’homme où le levain varie en acrimonie, en volatilité, & en ses autres proprietez, selon l’âge, le sexe, les alimens &


l’état de santé ou de maladie. Quant à ce qui regarde son origine, les uns disent qu’il est naturellement implanté à la substance du ventricule où il se repare & se renouvelle toûjours ; ce que l’on pretend ne pouvoir estre à cause que la digestion & l’appetit s’en vont quelquefois & reviennent, comme dans les fievres. Ainsi le levain n’est point propre à l’estomac seul. Vanhelmont le fait venir de la rate ; mais il se trompe, puisque les chiens dératez sont encore extrémement voraces, & digerent tres-bien. C’est ce qui fait suivre aux plus sensez le sentiment de Jean Majovv, qui dans son Traité du Mouvement des Muscles, dit que ce levain vient d’une certaine lymphe qui exude au travers de la tunique glanduleuse du ventricule, qui sert de vehicule à l’esprit volatile animal, qu’un grand nombre de nerfs considerables y apporte. Voyez là-dessus les raisonnemens d’Ettmuller, & ce qu’il dit contre ceux qui reconnoissent pour ce levain les restes des alimens demeurez dans les rides de l’estomac.

LEVANT. s. m. La partie du Monde qui est a l’Orient. Dans nostre marine il veut dire la mer Mediterranée. Mer du Levant, Escadre du Levant.

LEVANTIN. adj. Qui est des pays du Levant. On appelle dans nostre marine, Equipage Levantin, Celuy qui est sur la mer Mediterranée, Officier Levantin, un Officier qui sert sur la mesme mer.

LEUCACANTHA. s. f. Herbe dont Dioscoride dit que la racine est semblable à celle du souchet, solide, bien nourrie & amere. Elle appaise la douleur des dents quand on la masche. Sa decoction faite en vin & prise en breuvage, est fort bonne aux douleurs interieures des flancs & aux sciatiques, & sert aux rompures & aux spasmes. Ce mot est composé de leukê, Blanche, & de akanthê, Epine, comme qui diroit Epine blanche. Cependant Matthiole blasme fort Ruellius, d’avoir confondu la Leucacantha & l’Epine blanche, comme si c’estoit la mesme plante. Il dit que Dioscoride ny Pline n’ayant fait aucune description des feüilles, de la tige, de la fleur ny de la racine de la Leucacantha, il seroit mal-aisé entre tant de plantes épineuses, d’en choisir une qui representast veritablement la Leucacantha, quoy qu’il pense qu’il ne seroit pas hors de propos de prendre pour cette plante ce chardon piquant que l’on appelle en quelques endroits Chardon de Nostre-Dame. Il en donne pour raison, qu’on pourroit l’avoir appellé Blanche épine, à cause des taches blanches dont ses feüilles sont toutes semées, outre que l’amertume & la dureté de sa racine la rend en quelque façon conforme à celle du souchet, quoy qu’elle ne soit pas semblable. Il ne veut point pourtant asseurer que le chardon Nostre-Dame soit la vraye Leucacantha.

LEUCAS. s. f. Herbe dont il doit y avoir de deux sortes, puis qu’au rapport de Dioscoride, celle des montagnes produit ses feüilles plus larges que la Leucas des jardins. Elle a aussi sa graine plus forte, plus fascheuse au goust & plus amere. Toutes ces deux sortes prises en breuvage avec du vin sont bonnes contre toutes bestes venimeuses, & sur tout contre les venins des bestes marines. Matthiole dit qu’il n’ose prendre pour Leucas une herbe qui croist parmy les vignes, faite presque comme la Mercuriale.

LEUCOION. s. m. A prendre ce mot à la lettre, il veut dire Violette blanche, de λευκόζ, Blanc, & de ίον, Violette. Il y en a pourtant de trois sortes, quant à la couleur, le Leucoion blanc, le rouge & le jaune. Ils sont fort communs par tout, & leurs fleurs qui sont agreables à voir, rendent une bonne odeur. Ils viennent tous de la hauteur d’une coudée, jettent plusieurs branches & une tige moindre que celle du chou, mais ils sont differens en feüilles. Quoy qu’ils les ayent tous longuettes, le Leucoion qui a des fleurs jaunes, produit ses feüilles encore plus longues, plus vertes, plus pointuës au bout & en plus grande abondance, le blanc & le purpurin les ont plus courtes, plus larges, non pointuës & blafardes dessus & dessous. Galien parlant de cette plante dit qu’elle est abstersive, de parties fort tenuës, & que ses fleurs possedent encore plus ces proprietez, particulierement lors qu’elles sont seches. Leur décoction émeut le flux menstrual, & fait sortir l’enfant & l’arrierefaix.

LEUCOMA.

s. m. Terme de Medecine. Petite tache blanche dans l’œil appellée par les Latins Albugo. Quand il demeure une petite cicatrice dans la partie transparente de la cornée, comme dans la petite verole, & aprés les petits ulceres ou playes de la partie, cette petite cicatrice estant plus épaisse que le reste de la cornée, represente cette blancheur que les Grecs nomment Leucoma, de leukouô, Je blanchis. La cure demande qu’on deterge & efface la cicatrice.

On appelle Leucoma, dans le Perou, le fruit d’un arbre semblable à nostre chastaigne en forme & grosseur. Il est plat & blanc du mesme costé qu’est la chastaigne. L’arbre qui le porte est spacieux, d’un bois fort & ferme, & a ses feüilles semblables à celles du Framboisier. Ce fruit est d’un fort bon goust & temperé, & arreste le flux de ventre à cause de sa restriction.

LEUCOPHLEGMATIE.

s. f. Sorte de mal qui vient de la pituite, & qui est le plus haut degré de la cachexie, laquelle s’augmentant de plus en plus, fait que l’habitude du corps est extrémement gonflée & mollasse par le relaschement des fibres nerveuses & musculeuses. On confond souvent la Leucophlegmatie & l’Anasarca, qui est une hydropisie de tout le corps, en ce que dans la Leucophlegmatie le corps est plus obscur & plus terne qu’il ne doit estre, au lieu qu’il est plus resplendissant que le naturel dans l’Anasarca, & que l’enfonceure faite par le pressement du doigt, disparoist fort promptement, laquelle enfonceure demeure long-temps dans la Leucophlegmatie. Ce mot est Grec, leukophlegmatias, & formé de leukon phlegma, Pituite blanche.

LEUDE.

s. m. Vieux mot. Vassal, sujet. Il a signifié aussi un petit Tribut.

LEVÉ,

ée. adj. Terme de Blason. Il se dit des Ours en pied. D’or à l’Ours levé en pied de sable.

LEVE.

s. f. Terme de jeu de mail. Instrument qui sert à lever la boule & à la faire passer dans la passe. Il est fait en forme de cuëiller, & a un long manche.

LEVÉE.

s. f. Espece de quay de maçonnerie, ou de fils de pieux, qui retient les eaux d’une riviere & empesche qu’elle ne se déborde. Les Batteliers appellent Levée, trois ou quatre ais attachez au dessus du rez ou du cul d’un bachot ou d’un bateau sur lesquels on peut s’asseoir.

LEVER.

v. a. Hausser, faire qu’une chose soit plus haut qu’elle n’estoit. Acad. Fr. On dit, en termes de Manege, Lever un cheval à caprioles, à pesades, à courbettes, pour dire, Le faire manier de ces diverses façons.

On dit, en termes de Marine, Lever l’ancre, pour dire, La tirer du fond de l’eau, pour la remettre en sa place quand on veut partir. Lever l’ancre par les cheveux, se dit quand on la tire du fond de l’eau avec l’orin qui est frappé à la teste de l’ancre ; & on dit, La lever avec la chaloupe, quand on l’envoye


prendre par la chaloupe qui la tire par son orin, & qui la rapporte à bord. On dit encore, Lever l’ancre d’afourche avec le navire, quand on file du gros cable & que l’on vire sur l’autre jusqu’à ce qu’il soit à bord.

On dit, en termes de Geometrie, Lever le plan d’une Ville, d’une Province, d’un bastiment, pour dire, En faire une representation exacte sur le papier avec toutes les mesures.

LEVESCHE.

s. f. Plante qui croist aux lieux ombragez & marécageux, & qui a sa tige haute, creuse, tendre & toute semée de lignes en façon de veines. Ses feüilles sont larges, & tirent sur le rouge. Son feüillage est tout entassé de fleurs, & ressemble à celuy du rosmarin. Sa cime, où plusieurs petits boutons paroissent avant sa fleur, est toute chargée d’une graine noire, longuette, forte, pleine & aromatique. Sa racine est blanche, menuë, odorante, & rend l’haleine agreable quand elle est maschée. Toute la plante a une qualité échauffante au troisiéme degré, & particulierement la semence & la racine : de sorte qu’elle fortifie l’estomac, aide à la digestion, dissipe les vents, & remedie à la suffocation de la matrice & à la morsure des serpens. Matthiole blasme fort ceux qui prennent la Levesche, dite en Latin, Levisticum, qui n’est autre chose que l’Hipposelinum, pour le Ligusticum de Dioscoride.

LEVIER.

s. m. Instrument de bois ou de fer, par le moyen duquel on sousleve de pesants fardeaux avec peu d’hommes. Quand il est de fer, on l’appelle Pinse. On doit considerer le Levier comme une ligne droite qui a trois points principaux, sçavoir celuy où est posé le fardeau qu’on veut mouvoir, celuy de l’appuy & celuy de la main ou de la puissance qui meut le Levier. La differente disposition de ces trois points est ce qui luy donne la force & qui fait que l’on remuë un fardeau plus ou moins pesant avec plus ou moins de facilité. M. Felibien dit en parlant de cet instrument, que si la distance qui se trouve entre l’endroit de la main qui pese sur le levier, & l’endroit de l’appuy du mesme levier, est dix fois aussi grande que la distance qu’il y a de cet appuy jusqu’au poids qu’on veut lever, dix livres de force ou de puissance soustiendront cent livres de poids, & que pour peu que la puissance augmente, ou que le poids diminuë, on peut mouvoir le fardeau, le levier representant une balance dont le centre est dans le fleau. Ainsi, poursuit-il, l’inégalité des distances est ce qui donne plus ou moins de force à la puissance, & qui fait que l’on remuë un fardeau plus ou moins facilement.

LEVIGER.

v. a. Terme de Chymie. Rendre un mixte en poudre impalpable sur le porphyre ou sur l’écaille de mer.

LEVITE.

s. m. Prestre ou Sacrificateur Hebreu, que l’on a nommé ainsi parce qu’il estoit de la Tribu de Levi. On a appellé aussi Levites, dans l’ancienne Eglise, les Diacres & Ministres de l’Autel. Outre qu’ils aidoient les Prestres à assembler les dismes, il y en avoit quelques-uns d’entre eux qui portoient le bois & l’eau pour le Tabernacle. Ils estoient divisez selon les trois fils de Levi en Gersonites, Cohathites & Merarites. Les premiers portoient les gonds & les couvertures ; les seconds, les principales choses du Sanctuaire, & les derniers avoient soin de l’ouvrage de bois.

LEVITIQUES.

s. m. On a appellé ainsi certains Heretiques qui s’attachoient aux erreurs des Nicolaïtes & des Gnostiques. Saint Epiphane & saint Augustin en parlent.

LEVRAUT.

s. m. Jeune & tendre lievre qu’on

mange LEV LEU 617

mange rosti. On appelle aussi Levraut, le plus commun des chardons qui croist sur les bords des grands chemins. Les asnes en sont plus friands que de tous les autres, à cause qu'il leur pique le palais qu'ils ont rude, de mesme que le sel & le poivre le piquent aux hommes qui l'ont delicat.

LEVRE.

s. f. Le bord de la partie exterieure de la bouche. Acad. Fr. Il se dit, en termes de Manege, de la peau qui regne sur les bords de la bouche du cheval & qui environne ses machoires. On dit qu'Un cheval s'arme de sa levre, qu'Il se deffend de ses levres, pour dire, qu'Il les a si grosses, qu'elles luy ostent le sentiment des barres en les couvrant, de sorte que l'appuy du mords en devient sourd & trop ferme.

On appelle Levres, en termes de Medecine, les deux bords d'une playe.

LEVRETER.

v. n. Vieux mot. Courir, galoper. Il a esté pris de la chasse, où quelques-uns disent Levreter, pour dire, Chasser au lievre, & se servir de levriers pour le courre.

Levreter, se dit aussi de la femelle du lievre, quand elle fait ses petits.

LEVRETERIE.

s. f. Methode d'élever des levriers.

LEVRETEUR.

s. m. Celuy qui a soin d'élever des levriers.

LEVRIER.

s. m. Sorte de Chien haut monté sur jambes, qui a la teste longue & menuë, & le corps fort delié, & dont on se sert principalement à courre le liévre. Acad. Fr. Il y a quatre sortes de Levriers. Les premiers dont les Ecossois, Irlandois, Scythes, Tartares, & autres gens du Nord sont fort curieux, s'employent à courre le Loup, le Sanglier, & autres grandes bestes, comme le Taureau sauvage & le Buffle, on les appelle Levriers d'attache. Il y en a d'assez furieux & assez hardis dans la Scythie pour attaquer les Tigres & les Lions, & ceux du pays s'en servent à garder le bestail qui n'est jamais enfermé. Les seconds Levriers servent à courre le Lievre, & passent pour les plus nobles de tous. Ce sont les plus vistes animaux du monde. Les meilleurs sont en Champagne & en Picardie, à cause des grandes plaines de ces deux Provinces, ce qui oblige à avoir des Levriers de plus grande race, de tres-grande haleine & d'une extreme vistesse. Les Turcs en ont aussi d'excellens dans leurs campagnes de Thrace qui sont d'une fort grande étenduë. Les Portugais en ont de deux sortes, les uns pour les plaines, qui sont aussi vistes qu'il y en ait en Europe, & les autres pour les costaux & pour les montagnes. Ceux-cy sont courts rablez & gigottez & fort pleins-sautiers, & il faut qu'ils soient ainsi, à cause qu'ils ont peu d'espace à courre. Les troisiémes, Francs Levriers ou Mestifs, se trouvent en Espagne & en Portugal. On les croit meslez de quelque race de Chiens courans, ou au moins de Chiens qui rident naturellement. Ces sortes de Levriers sont necessaires en ce pays-là, à cause qu'il est inculte & tout remply de broussailles, ce qui fait qu'ils ne vont qu'en bondissant aprés le gibier qui s'y trouve en abondance. Ils l'enveloppent en se secourant les uns les autres à droit & à gauche, le prennent & le rapportent. On les appelle ordinairement Charnaigres. Ils sont d'une nature tres-chaude, qui en leur donnant cette vivacité les empesche de devenir trop gras ny trop grossiers. Il y a une quatriéme sorte de Levriers qui sont de petits Levriers d'Angleterre, dont les plus hauts servent ordinairement pour courre les Lapins dans les garennes ou dans quelque lieu fermé. On les y tient en lesse proche des épinieres faites exprés, & qui


sont éloignées des trous où les Lapins se retirent estant hors de terre. Quand on veut faire courir les petits Levriers on bat les épinieres, il sort un Lapin qui veut regagner les trous, & dans cette petite étenduë de plaine qu'il doit traverser, les Levriers le bourrent, & souvent le prennent. La femelle du Levrier s'appelle Levrette, & ses petits se nomment Levrons. Tandis qu'ils sont encore sous la mere, si on veut connoistre ceux qui auront le plus de vigueur, il faut leur ouvrir la gueule, & observer s'ils ont le palais noir & de grandes ondes imprimées en leur palais. Quant au poil, les tisonnez à gueule noire, sont d'ordinaire les plus vigoureux aussi bien que ceux qui ont le corps marqueté de plus grandes marques. Les Levriers à long poil sont moins frilleux, & soustiennent la fatigue plus long-temps. Les meilleures marques pour ceux qui viennent d'une race courageuse, sont d'estre tout d'une piece, d'avoir le pied sec, l'encoleure longue, la teste longue & petite, peu de chair devant, & beaucoup derriere.

LEURRE.

s. m. Terme de Fauconnerie. Morceau de cuir rouge façonné en forme d'Oiseau, dont les Fauconniers se servent pour rappeller les Oiseaux de Fauconnerie qui ne reviennent pas tout droit sur le poing. Acad. Fr. On dit Acharner le Leurre, pour dire, Attacher un morceau de chair dessus, ce qu'on fait souvent, afin que l'Oiseau que l'on reclame trouve dequoy paistre. L'Autour & l'Espervier ne sont pas oiseaux de Leurres, mais oiseaux de poing. Ceux qu'on appelle De Leurres, sont le Faucon gentil pelerin, le Gerfaut-lanier, le Sacre, l'Aigle, le Faucon bastard, & l'Emerillon. On dit Leurrer bec au vent ou contrevent, pour tous ces oiseaux, & Reclamer, pour l'Espervier & l'Autour. Quelques-uns font venir Leurre de Lorum, Courroye, à cause que le Leurre est fait de cuir. D'autres le derivent du Grec aleôra, qui veut dire, Finesse, tromperie. Nicod parle ainsi du Leurre. C'est un instrument de Faulconnerie fait en façon de deux ailes d'Oiseau accouplées d'un cuir rouge, estant pendu à une lesse avec un esteuf ou crochet de corne au bout, servant pour affaicter & introduire l'Oiseau de Leurre qui est neuf, & luy apprendre à venir sur le Leurre, & de-là sur le poing quand il est reclamé. Oiseaux de Leurre sont ces sept manieres de Faulcons, Gentil-Pelerin, Tartare, Gerfault, Sacre, Lasnier, Tunicien, dits Faulcons de Leurre, parce que estant reclamez fondent premier sur le Leurre qui leur est jetté, & de là viennent sur le poing. En quoy ils different de l'Esprevier & de l'Autour, parce que ces deux, sans l'entre deux du Leurre, se jettent droictement sur le poing, dont ils sont appellez Oiseaux de poing, & en ce aussi que les Oiseaux de Leurre airent aux rochers & sur la mote & là fondent, là où ceux du poing airent aux arbres & là fondent. Acharner le Leurre, C'est mettre de la chair dessus, pour mieux faire venir l'Oiseau au reclame. Descharner le Leurre, C'est oster la chair de dessus le Leurre, pour duire l'Oiseau à venir, & se paistre sur le poing.

LEURRER.

v. a. Dresser un Oiseau au Leurre. Acad. Fr. Nicod dit aussi sur ce mot. Leurrer, est proprement introduire un Faulcon à venir sur le Leurre au reclame qui luy est fait, & le paistre seurement sans s'effrayer, soit devant les gens, soit devant les chevaux ; & par metaphore, c'est deniaiser un homme neuf & le faire devenir cault & habile. Selon ce, on die, d'un homme grossier, qu'il n'a pas encore esté Leurré.

LEUS.

s. m. Vieux mot. Lieu. On a dit aussi Leuc & Leu.

Estoit plus blanc que fleur de lis

Li Leus ou li autres estoit.

IIij 618 LEX LEZ LEZ LIA

Leus, a aussi signifié un Loup.

Velus estoit com Leus, ou ours enkaenez.

LEX

LEXIVIAL.

adj. Terme de Chymie. On appelle Sels Lexiviaux, Les sels qui se tirent par le moyen de la lessive, ou par la frequente lotion des corps qui les contiennent. Ceux qu'on tire de la terre, des cendres, & des vegetaux sont de ce nombre.

LEZ

LEZARD.

s. m. Espece de reptile à quatre pates qui fait la guerre aux escargots. Strabon dit que dans la Morée les Lezards ont deux coudées de longueur. Pline ne donne qu'une coudée à ceux d'Arabie, mais il dit que dans la Montagne de Nisa qui est aux Indes, il s'en trouve qui sont longs de vingt-quatre pieds, les uns jaunes, les autres rouges, & les autres pers. On en trouve de plusieurs sortes dans les Isles Antilles de l'Amerique, & il y en a un entr'autres dont on fait un mets delicieux quand on sçait l'assaisonner. Il a environ cinq pieds de longueur & quinze pouces de circonference. Sa peau est grise, brune & cendrée par taches, toute couverte de petites écailles, comme celles des serpents, mais un peu plus forte & plus rude. Depuis la teste jusques au bout de sa queuë il a sur le dos un rang de pointes, élevées d'un pouce sur le milieu, & qui diminuent toûjours vers la queuë. Ses yeux sont longs & demy ouverts. Il a deux narines au bout de la teste, & de petites dents semblables à celles d'une faucille dans ses deux machoires. On voit sous la gorge du masle une grande peau qui luy pend jusqu'à la poitrine. Il la roidit & l'étend en sorte qu'il semble que ce soit une areste. Le sommet de sa reste est livide, & par petites bosses à peu prés comme la gorge des poules d'inde. De ses quatre pattes celles de devant sont un tiers plus menuës que les deux autres & à chacune sont cinq griffes munies d'ongles fort pointus. Cet animal a tout le corps assez maigre à l'exception de ses pattes & de sa queuë qui sont fort charnuës. Il a une grande capacité de ventre & toutes la parties interieures comme un animal parfait, un cœur mediocre, un grand foye où est attaché un gros fiel verd, tres-amer, & une ratte fort longue. Depuis les costes, le dedans de son ventre est revestu de deux pannes d'une graisse aussi jaune que de l'or, & qui sert aux debilitez des nerfs. Les masles ont une posture hardie, un regard affreux & épouvantable, & sont un tiers plus grands & plus forts que les femelles, qui sont toutes vertes, & d'un regard craintif & plus doux. Ils s'accouplent au mois de Mars, & alors il est dangereux de s'en approcher. Le masle pour défendre sa femelle, s'élance sur ceux qu'il croit vouloir l'attaquer. Comme il n'a point de venin, sa morsure ne met dans aucun peril, mais il ne quitte jamais ce qu'il tient serré, à moins qu'on ne luy mette le couteau dans la gorge, ou qu'on ne le frappe tres-rudement par le nez. C'est au commencement du Printemps qu'on leur va donner la chasse. Aprés qu'ils se sont repus de fleurs de Mahot, & de feüilles de Mapou qui croissent le long des rivieres, ils vont se reposer sur des branches d'arbres qui avancent un peu sur l'eau, pour en gouster la fraischeur, en mesme temps qu'ils commencent à sentir la chaleur du Soleil, & alors sa stupidité est telle, que quoy qu'il soit tres-subtil, & viste à la course, il entend le bruit du canot qu'il voit approcher, sans quitter la branche où il


s'est mis. Il fait plus, il se laisse mettre la verge sur le dos & le laqs coulant sans s'en ébranler, & s'il arrive qu'il ait la teste trop serrée contre la branche, on n'a qu'à luy donner trois ou quatre petits coups sur la teste, il la leve incontinent, & s'ajuste luy-mesme le laqs dans le col ; mais lors qu'il sent qu'on le tire à bas, & que la corde luy serre trop le gosier, il embrasse promptement la branche & la serre si bien de ses griffes, qu'on ne l'en peut arracher qu'en le saisissant par le gros de la queuë, le plus prés des cuisses que l'on peut, parce qu'il a les costes disposées de telle sorte qu'il ne se peut plier qu'à moitié. Cela est cause qu'il ne sçauroit mordre celuy qui le tient par cet endroit. Vers le mois de May les femelles descendent de la montagne, & viennent pondre leurs œufs au bord de la mer, où la pluspart des masles les accompagnent. Ces œufs sont toûjours de nombre impair, depuis treize jusqu'à vingt-cinq, & elles les pondent tous à la fois. Ils sont tous de la grosseur des œufs de pigeon, mais un peu plus longs. Leur écaille est blanche & aussi souple que du parchemin moüillé. Tout le dedans de ces œufs est jaune, sans glaire ny blanc, & on a beau les faire boüillir, ils ne durcissent jamais, & sur tout quand on y a mis du beurre. Ils sont bien meilleurs que ceux des poules, & donnent un tres-bon goust à toutes sortes de sauces. Quand les femelles sont au temps de pondre, elles font un trou dans le sable, où elles se fourrent entierement, & aprés avoir pondu elles abandonnent ce trou qu'elles bouchent en sortant, & ces œufs se couvent d'eux-mesmes dans la terre. On appelle ces sortes de Lezards Amphibies, à cause qu'estant poursuivis des chiens, ils se jettent au fond des rivieres pour s'en sauver, & y demeurent long temps. Ils sont extrêmement difficiles à tuer, & on leur donne jusqu'à trois coups de fusil sans les abbatre. On les fait pourtant mourir sans aucune peine, en leur fourrant un petit baston ou un poinçon dans les naseaux, ou bien leur fichant un clou sur le milieu de la teste. Ils expirent sur le champ sans se debattre, mais on les peut garder vivant pendant trois semaines sans leur donner ny à manger ny à boire. Il suffit d'un bon Lezard pour rassasier quatre hommes. Les femelles sont toûjours plus tendres, plus grasses, & de meilleur goust que les masles. Il y en a qui asseurent que ces animaux ont dans leur teste de petites pierres, qui estant mises en poudre & prises dans quelque liqueur, dissolvent la pierre dans la vessie & font vuider le gravier des reins. L'Ethiopie produit des Lezards aquatiques qui sont aussi grands qu'un chat, mais un peu plus deliez. On les appelle Angueb en langage du païs, & en Italien Caudiberbera, parce que leur queuë est si forte & si aiguë, qu'ils peuvent couper presque tout d'un coup la jambe à un homme.

LEZARDE.

s. f. Crevasse qui se fait dans un mur de maçonnerie.

LIA

LIAIS.

s. m. Sorte de pierre tres-dure, blanche, & qui approche du marbre blanc. C'est pour cela qu'elle reçoit une espece de poly avec le grez, particulierement celuy de Senlis, qui ne se gaste ny à la gelée ny aux autres injures du temps. Il y a de differentes sortes de Liais, sçavoir le Franc Liais, & le Liais furaut, ou feraut. Ce dernier ne brusle point au feu comme la pluspart des autres pierres, ce qui est cause qu'on en fait les atres & les jambages des cheminées. On s'en sert aussi pour les fours & les fourneaux. Il y a encore le Liais rose, qui est le LIA LIB LIB 619

plus doux & reçoit un beau poly au grez. Il se tire vers saint Cloud, & on tire les deux autres d'une mesme carriere hors la porte S. Jacques. Toutes ces especes de Liais portent depuis six pouces jusques à huit de hauteur.

LIAISON.

s. f. Union, jonction de deux corps ensemble. Acad. Fr. C'est au si un terme de Fauconnerie, & il se dit des ongles & des serres des oiseaux de proye, & de la maniere dont ils lient le gibier lors qu'ils l'enlevent. Les oiseaux qui ont la liaison crochuë posent rarement sur les rochers, à cause que leurs crocs n'y peuvent prendre.

On appelle Maçonnerie en liaison, Celle où les pierres sont posées les unes sur les autres, & où les joints sont de niveau, mais de telle sorte que le joint du second lit pose sur le milieu de la pierre du premier.

La liaison de joint, n'est autre chose que le mortier ou le plastre détrempé qu'on employe à ficher & à jointoyer les pierres. On dit, qu'Une Liaison est à sec, quand les pierres en sont posées sans mortier, leurs lits estant polis & frotez au grez, comme on le remarque dans la construction de plusieurs bastimens antiques, qui ont esté faits des plus grands quartiers de pierre.

Les Paveurs appellent aussi Liaison de pavé, Les pavez qui sont disposez d'un certain sens, qui les fait resister aux rouës des chariots, des harnois & des carrosses.

LIAISONNER.

v. a. Terme de Maçonnerie. Arranger les pierres de telle maniere que les joints des unes portent sur le milieu des autres. On dit aussi Liaisonner, pour dire, Remplir de mortier les joints des pierres pendant qu'elles sont sur les cales.

LIARD.

s. m. Petite piece de monnoye blanche valant trois deniers, & qui avoit cours du temps de François I. Il y avoit d'un costé une croix entre deux lis & une couronne, & au revers un Dauphin avec ces mots pour legende. Sit nomen Domini benedictum. Par une Declaration du Roy, donnée en 1654. il fut ordonné qu'on fabriqueroit des liards de cuivre pur, & sans aucun meslange de fin, & on leur donna le nom de Liards de France, mais ils furent reduits à deux deniers quatre années aprés. Ils en valent trois presentement. On fait venir le mot de Liard de ce que cette monnoye se fabriquoit en Guienne du temps de Philippe le Hardy, & par corruption on luy donna le nom de Li hardis, comme estant une monnoye ordonnée par Philippe le Hardy. On disoit li pour le en ce temps-là.

LIARDE.

adj. Vieux mot, qui se trouve employé dans la signification d'une sorte de couleur.

Non pas morel contre morelle

Seulement, mais contre fauvelle,

Contre grise, ou contre liarde.

LIB

LIBAGE.

s. m. Gros moilon ou quartier de pierre mal fait dont il y a cinq ou six à la voye. Les Libages sont differens des carreaux en ce qu'ils se font du ciel des carrieres, & qu'une pierre qui est vraye pierre de taille, n'est jamais Libage que quand on n'en peut rien faire.

LIBELLATIQUES.

s. m. On nomma ainsi dans la primitive Eglise, certains timides Chrestiens, qui pour mettre à couvert leurs vies & leurs biens pendant le temps de la persecution, alloient trouver en secret les Magistrats, en presence desquels ils protestoient qu'ils renonçoient à la foy. S'ils


ne le faisoient pas par eux-mesmes, ils faisoient faire cette renonciation par quelque personne interposée, & les Magistrats gagnez par argent, ou les voulant bien favoriser, les dispensoient de la faire publiquement, comme le vouloit la Loy generale, & leur donnoient un billet qui attestoit que suivant les Edits des Empereurs, ils avoient sacrifié aux Idoles. L'Eglise d'Afrique ne recevoit à la communion des Fidelles ceux qui venoient confesser ce crime, qu'aprés leur avoir fait faire une longue penitence.

LIBERATORES.

s. m. Heretiques qui enseignoient que Jesus-Christ, en descendant aux Enfers, avoit délivré tous les impies qui avoient cru pour lors en luy. Ce mot est entierement Latin.

LIBERTINS.

s. m. Secte d'Heretiques qui ont eu Quintin, Tailleur d'habits, pour auteur. Il estoit de Picardie, & debitoit ses erreurs vers l'an 1525. dans la Hollande & dans le Brabant. Elles estoient abominables, puis qu'il enseignoit que tout le mal ou le bien que nous faisons, nous ne le faisons pas, mais l'Esprit de Dieu qui est en nous ; que le peché n'estoit qu'une opinion ; qu'en punissant ou reprenant les Pecheurs, nous punissions ou reprenions Dieu mesme ; que celuy-là seul estoit regeneré qui n'avoit point de remords de conscience, & celuy-là seul converty qui reconnoissoit qu'il n'avoit point fait de mal ; que l'homme peut estre parfait & innocent en cette vie ; que la connoissance que nous avons de Jesus-Christ & de la resurrection, n'a rien de réel, & que la Religion permet de feindre. Ainsi ils vouloient que l'on se dist Catholique avec les Orthodoxes, & Lutherien avec les Lutheriens. Ils méprisoient l'Ecriture, & nommoient saint Jean un insensé, saint Matthieu un peager, saint Paul un Vaisseau rompu, & saint Pierre un renieur de son maistre. Il y a encore des Libertins en Hollande, qui ont chacun leur sentiment particulier. La pluspart croyent qu'il y a un seul Esprit de Dieu qui est répandu dans tous les vivans, & qui vit dans toutes les creatures ; que la substance & l'immortalité de nostre ame n'est que cet Esprit de Dieu ; que Dieu luy-mesme n'est autre chose que cet Esprit ; que les ames meurent avec les corps ; que le peché n'est rien ; que ce n'est qu'une vaine opinion qui s'évanoüit pourveu qu'on n'en tienne point de compte ; que le Paradis n'est qu'une chimere inventée par les Theologiens, pour porter les hommes à embrasser ce qu'on appelle vertu, & l'Enfer un pur fantosme pour les empescher d'estre heureux en faisant ce qui leur plaist ; & qu'enfin les Politiques se servent de la Religion, pour obliger les peuples à se sousmettre aux Loix, & avoir par ce moyen une Republique bien policée, & un Estat bien reglé.

LIBERATION.

s. f. Terme de Jurisprudence. Décharge. On dit, qu'Un homme a obtenu la liberation d'une servitude qui estoit sur sa maison, la liberation d'une dette, pour dire, qu'Il a esté déchargé de cette servitude, de cette dette.

LIBERTÉ.

s. f. Terme de Peinture. Facilité. On dit, qu'Un Tableau est peint avec une grande liberté de pinceau, pour dire, Avec beaucoup de facilité. On dit aussi, qu'Il est dessiné librement, franchement. On dit dans le mesme sens, Liberté, franchise de burin.

Les Eperonniers appellent Liberté de langue, l'Ouverture qu'ils font au milieu de l'emboucheure, & qui sert non seulement à la fortifier, mais à donner place à la langue du Cheval.

LIBOURET.

s. m. Terme de Marine. Espece de ligne qui a deux ou trois petites cordes où s'attache

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l'hameçon. On s'en sert à pescher des maquereaux.

LIBRES.

s. m. Heretiques qui se donnerent ce nom pour ne se pas sousmettre au gouvernement Ecclesiastique & Seculier. Ils embrasserent les erreurs des Anabaptistes, & parurent dans le dernier siecle. Ils pretendoient que l'homme fust hors d'état de pecher aprés qu'il avoit receu le baptesme, & croyoient qu'il n'y avoit que la chair qui pechast. Ils avoient communauté pour les femmes, & les mariages qui se contractoient entre un frere & une sœur, estoient appellez par eux mariages spirituels. Quand les maris n'estoient pas de leur secte, ils défendoient à leurs Femmes de leur obeir.

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LICE.

s. f. Terme de Cordier. Baston qui est au haut du marchepied & qui sert lors que le Cordier fait de la sangle. Les Rubaniers nomment Lices plusieurs fils soustenus par un liceron.

LICERON.

s. m. Terme de Rubanier. Petit morceau de bois plat qui soustient les lices.

LICHARDER.

v. n. Vieux mot. Prendre les meilleurs morceaux de la table.

LICITATION.

s. f. Terme de Pratique. Enchere receuë en Justice dans la vente d'un immeuble, qu'il est malaisé de partager, & dont les Coproprietaires ne veulent point joüir par indivis. Ce mot vient du Latin Licitari, qui veut dire, Augmenter le prix de quelque chose.

LICORNE.

s. f. Sorte d'animal qui se trouve dans les montagnes de la haute Ethiopie, & qui est de couleur cendrée. La Licorne, comme elle est décrite dans Marmol, ressemble à un poulain de deux ans, excepté qu'elle a une barbe de bouc, & au milieu du front une corne de trois pieds, polie, blanche & rayée de rayes jaunes. Ses pieds ont de l'air de ceux de l'Elefant, & sa queuë tient quelque chose de celle du sanglier. Cet animal est si fin, & court d'une si grande vistesse qu'on ne le peut prendre. On pretend que sa corne serve de contrepoison. Il y a un animal que les Ethiopiens nomment Arvveharis, que le Pere Jerôme Lupo Jesuite croit estre la Licorne des anciens. Il est extremement viste, n'a qu'une corne, & ressemble à un Chevreüil. Force habiles gens ont cru qu'il n'y avoit point de Licorne, & que tout ce qu'on en disoit estoit une fable, fondez sur ce qu'on a dit qu'on ne la pouvoit prendre vivante, & qu'elle estoit composée de deux differentes natures, outre que plusieurs ne s'accordent point touchant la description de cet animal. Cependant Jean Gabriel Portugais asseure avoir veu dans le Royaume de Damot, une Licorne qui avoit une belle corne blanche au front, longue d'un pied & demy. Le poil de son col & de sa queuë estoit noir & court, & cet animal estoit de la forme & de la grandeur d'un cheval bay. Les Habitans témoignoient qu'il sortoit tres - rarement des forests, où il vivoit dans les endroits les plus reculez & les plus épais. Les Portugais que l'Empereur Adamat Sagnet avoit releguez sur une roche du territoire de Nanin au Royaume de Goiam, ont aussi asseuré avoir veu plusieurs Licornes qui paissoient dans les forests situées au dessous de cette roche. Vincent le Blanc rapporte qu'il a veu une Licorne dans le serrail du Roy de Pegu, dont la langue estoit toute differente de celle des autres bestes, sçavoir fort longue & raboteuse. Sa teste ressembloit plustost à un Cerf qu'à un Cheval. Il ajoûte qu'un Bramin luy avoit juré qu'il s'estoit trouvé à la prise d'une Licorne avec le Roy de Casubi ; qu'elle estoit toute blanche & fort vieille, en sorte que


comme les machoires luy pendoient, elle monstroit ses dents toutes décharnées, & qu'elle se défendit avec une si grande fureur, qu'elle rompit sa corne contre les branches d'un arbre. Elle fut prise, & on la lia pour la mener au Palais du Roy, mais elle ne voulut point manger, & ne vécut que cinq jours. Louis de Bartheme raconte dans ses Voyages qu'il a veu chez le Soldan de la Meque en Arabie deux Licornes qui luy avoient esté envoyées par un Roy d'Ethiopie. Elles estoient grandes comme un poulain de trente mois, de couleur obscure, & elles avoient la teste presque comme un Cerf, une corne de trois brasses de long, quelque peu de crin, les jambes menuës, le pied fendu, & les ongles d'une Chevre. Quelques-uns tiennent que la force de cet animal est dans sa corne, & qu'en tombant dessus lors qu'il se precipite du haut des rochers pour éviter les poursuites des Chasseurs, cette corne soustient si bien l'effort de sa cheute qu'il ne se fait point de mal.

Il y a aussi des Licornes de mer, & il s'en échoüa une en 1644. au rivage de l'Isle de la Tortuë, voisine de celle de saint Domingue, qui estoit prodigieuse. Elle poursuivoit un poisson mediocre avec une telle impetuosité, que ne s'appercevant pas qu'elle avoit besoin de plus grande eau pour nager, elle se trouva la moitié du corps à sec sur un grand banc de sable, d'où elle ne put regagner la haute mer, & où elle fut assommée par les habitans de l'Isle. Sa longueur estoit à peu prés de dix-huit pieds, & sa grosseur comme une barique. Elle avoit six grandes nageoires, d'un rouge vermeil, & faites comme le bout d'une rame de galere. Il y en avoit deux placées au defaut des oüyes, & les quatre autres estoient à costé du ventre dans une égale distance. Tout le dessus estoit couvert de grandes écailles de la largeur d'un écu, & d'un bleu qui sembloit tout parsemé de paillettes d'argent. Celles qu'on luy voyoit sous le ventre estoient jaunes, & elles estoient de couleur brune, & plus serrées auprés du col, ce qui luy faisoit une espece de collier. Sa peau estoit dure & brune, & comme les Licornes de terre portent une corne au front, cette Licorne de mer en avoit une parfaitement belle au devant de la teste, longue de plus de neuf pieds. Cette corne estoit entierement droite, & depuis le front où elle estoit attachée, elle alloit toûjours en diminuant jusqu'à l'autre bout, qui estoit tellement pointu, qu'estant poussée avec force, elle auroit percé les matieres les plus dures. Le gros bout qui tenoit avec sa teste avoit seize pouces de circonference, & de là jusques aux deux tiers, cette corne estoit façonnée en ondes comme une colomne torse, excepté que ses enfonceures alloient toûjours en amoindrissant, jusqu'à ce qu'elles fussent remplies & terminées par un adoucissement qui finissoit deux pouces au dessus du quatriéme pied. Toute cette partie basse estoit encroustée d'un cuir cendré, & couvert par tout d'un petit poil mollet de couleur de feüille morte, & court comme du velours, mais au dessous elle estoit extremement blanche. L'autre partie qui paroissoit toute nuë, estoit naturellement polie, d'un noir luisant, marqueté de quelques menus filets blancs & jaunes. Cette partie estoit tellement solide, qu'à peine la lime en pouvoit faire sortir quelque menuë poudre. Ce monstrueux & rare poisson n'avoit point d'oreilles élevées, mais deux grandes ouyes comme les autres poissons, avec des yeux aussi gros qu'un œuf de poule, & dont la prunelle estoit d'un bleu celeste émaillé de jaune, & entourée d'un cercle vermeil qui estoit suivi d'un autre cercle fort clair, & luisant comme cristal. Quantité de dents LIC LID LIE 621

garnissoient sa gueule, qui estoit assez fenduë. Celles de devant estoient pointuées & extremement tranchantes, & celles de derriere dans les deux machoires, larges & relevées par petites bosses. Il avoit une langue d'une épaisseur & d'une longueur proportionnée & couverte d'une peau rude & vermeille. Ce qu'il avoit encore de particulier sur sa teste, c'estoit une maniere de couronne faite en ovale, rehaussée de deux pouces par dessus le reste du cuir, & dont les extremitez aboutissoient en pointe. Plus de trois cens personnes de l'Isle, qui mangerent de sa chair en abondance, la trouverent d'un excellent goust & fort délicate. Elle estoit entrelardée d'une graisse blanche, & estant cuite, elle se levoit par écailles ainsi que la moruë fraische. Pour venir à bout de ce poisson, il fallut luy rompre l'échine à coups de levier. Il manioit & tournoit sa corne de toutes parts, avec une dexterité & une vistesse inconcevable, faisant des efforts prodigieux pour en percer ceux qui en vouloient à sa vie, mais le manque d'eau ne le laissoit pas en pouvoir de s'avancer. Aprés qu'on l'eut eventré, on trouva dans ses boyaux quantité d'écailles de poissons, ce qui fit connoistre qu'il se nourrissoit de proye.

On trouve en la mer du Nord une autre espece de Licornes, que les glaces poussent souvent aux costes d'Islande. Leur prodigieuse longueur & grosseur est cause que la pluspart des Auteurs qui en ont écrit, les mettent au rang des baleines. Leur peau est noire & dure comme celle du Lamantin, sans aucune écaille, & elles ont seulement deux nageoires aux costez avec une grande & large empennure sur le dos, qui estant plus étroite au milieu, fait comme une double creste, qui s'éleve en une forme tres propre pour fendre les eaux commodément. A la naissance de leur dos, il y a trois trous en forme de soupiraux, par où elles vomissent en haut les eaux superfluës qu'elles ont avalées. Leur teste se termine en pointe, & au costé gauche de la machoire d'enhaut, elle est munie d'une corne blanche par tout comme la dent d'un jeune Elefant. Cette corne, qui est torse en quelques endroits, & rayée par tout de petites lignes de couleur de gris de perle, s'avance quelquefois de la longueur de quinze à seize pieds hors de la teste. Les lignes qu'on y remarque ne sont pas seulement en la superficie, mais elles penetrent au dedans de la masse qui est creuse jusqu'au tiers, & par tout aussi solide que l'os le plus dur. Quelques-uns prennent cette prominence pour une dent plustost que pour une corne, à cause qu'elle ne sort ny du front ny du dessus de la teste comme celle des Taureaux & des Beliers, mais de la machoire d'en haut, dans laquelle le bout en est enchassé. Ce poisson s'en sert pour combattre contre les baleines, & pour briser les glaces du Nord, dans lesquelles bien souvent il se trouve enveloppé.

LICTEUR. s. m. Sorte d'Executeur qui marchoit devant les Magistrats Romains, portant des haches envelopées dans des faisceaux de verges. Les Licteurs furent instituez par Romulus, & ils estoient toûjours prests à délier leurs faisceaux, soit pour foüeter, soit pour trancher la teste à ceux que l'on avoit condamnez. Les Consuls ne marchoient jamais qu'ils n'en eussent douze. Les Proconsuls, & autres n'en avoient que six. Le nom de Licteur leur fut donné du mot Ligare, Lier, à cause qu'avant que d'executer les Criminels, ils leur lioient les mains & les pieds.

LID

LIDE.

s. m. Sorte d'ancienne machine de guerre. C'é-


toit une longue poutre retenuë par un contrepoids, qui estant lasché, luy faisoit jetter un tas de pierres dans les Villes assiegées. On a dit aussi Clide.

LIE

LIE.

adj. Vieux mot. Joyeux. On a dit aussi Lié dans le mesme sens, de l'Italien Lieto, formé du Latin Laetus. C'est de là qu'est venu le mot de Liesse, qui veut dire, Joye.

Madame seroit moult liée

Si elle estoit bien employée.

On a dit aussi Liement, pour, Joyeusement. On s'est encore servy autrefois du mot de Lie, pour dire, Costé, & pour signifier le pronom Elle.

LIÉ,

ée. adj. Terme de Blason. Il se dit non seulement des cercles des tonneaux quand l'osier qui les tient est d'un autre émail, mais aussi de toutes les choses attachées. D'or à deux masses d'armes en sautoir de sable liées de gueules.

LIEGE.

s. m. Arbre semblable en fruit & en feüilles à l'Yeuse, mais qui est moins haut. Il est toûjours vert, quoyque Theophraste dise le contraire, & a une écorce fort épaisse. On trouve quantité de ces arbres sur le grand chemin de Baccano à Rome, comme le témoigne Matthiole. Ils ne croissent pas neanmoins par toute l'Italie au rapport de Pline, & absolument il n'y en a point en France. Il s'en trouve de deux sortes, l'un à feüilles longues & pointuës, l'autre à feüilles courtes, & faites plus en arrondissant. Celles-là sont aussi dentelées & épineuses en quelques endroits. On en voit beaucoup de l'un dans la Romagne, & de l'autre, dans le Territoire de Pise. Cet arbre estant dépoüillé de son écorce, ne meurt pas comme font les autres arbres. Il a une seconde écorce qui est fort legere, & dont on se sert pour mettre sous des pantoufles & sous des patins. On s'en sert aussi pour soustenir les filets des pescheurs sur l'eau. Pline dit que le Liege produit un gland rare & spongieux qui ne vaut rien, & que son bois ne se corrompt que par un long-temps. L'écorce de Liege pulverisée, & bûë en eau chaude, a la vertu d'étancher le sang de quelque part qu'il vienne, & la cendre de cet arbre prise en breuvage avec du vin chaud, est un remede excellent pour ceux qui crachent le sang. Quelques-uns font venir le mot de Liege du Latin, Levis, Leger, à cause que l'écorce de cet arbre est extremement legere.

LIEGER.

v. a. Les Pescheurs disent, Lieger un filet, pour dire, Le garnir de morceaux de liege qui le tiennent suspendu dans l'eau par le haut.

LIEN.

s. m. Ce qui sert à lier une ou plusieurs choses. Acad. Fr. Les Charpentiers appellent Liens, des morceaux de bois qui ont un tenon à chaque bout, & qui estant chevillez dans les mortoises, entretiennent la charpenterie en tirant, de mesme que les Esseliers l'entretiennent en resistant. On appelle Liens, dans un Engin les bras qui sont posez par en bas aux deux extremitez de la sole, & par en haut dans un bossage qui est un peu plus bas que la sellette. Les liens dans une Gruë, sont aussi les bras qui appuyent l'arbre. Ils sont au nombre de huit, assemblez par le bas dans l'extremité des racineaux, & par le haut contre l'arbre avec tenons & mortoises avec abouts.

Lien de fer. Morceau de fer méplat qui est coudé ou cintré. Il sert à retenir une piece de bois dans un assemblage de Charpenterie, ou de Menuiserie.

Lien de verre. Terme de Vitrier. Paquet de six tables de verre blanc. Chaque table a deux pieds & demy de verre en quarré ou environ. Il y a vingt-cinq Liens à chaque balot de verre. Quand le ver-

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re est de couleur, le balot ne contient que douze Liens & demy, & il n'y a que trois tables à chaque lien. On appelle Liens de plomb, Le petit morceau de plomb dont est liée la verge de fer qui est le long du panneau, & qui pose de chaque costé sur le chassis.

Lien. Terme de Chapelier. Ce qui est au bas de la forme du chapeau, & où l'on met la ficelle lors qu'il faut l'enficeler.

LIENES.

s. f. On appelle ainsi dans les Isles de l'Amerique certaines especes de bois qui rampent par terre, & qui s'attachant aux arbres, empeschent souvent qu'on ne traverse facilement les forests. Il y a de ces Lienes en forme de gros cables de navire, & d'autres qui portent des fleurs de differentes couleurs. On en voit mesme qui sont chargées de grosses siliques tannées, longues d'un pied, larges de quatre ou cinq pouces, & dures comme l'écorce du chesne. Ces siliques contiennent ces fruits curieux, appellez Chastaignes de mer, qui ont la figure d'un cœur, & dont on se sert souvent, aprés les avoir vuidez de leur poulpe, pour conserver du tabac pulverisé, ou quelque autre poudre de senteur. Les Habitans appellent Pommes de Lienes, Un fruit qui croist sur une sorte de Vime, qui s'attache aux gros arbres, comme fait le lierre. Ce fruit est de la grosseur d'une bale de jeu de Paume, & couvert d'une coque dure & d'une peau verte, contenant au dedans une substance, laquelle estant meure, a la figure & le goust de groseille. Le Pere du Tertre parlant des Antilles, dit qu'ayant veu un certain fruit dont le dedans estoit blanc, solide & de mesme goust que les avelines, gros comme une chastaigne, & qui luy estoit assez semblable, excepté que l'écorce en estoit noire, & avoit beaucoup de rapport à celle qui couvre le pignon d'Inde, il avoit long-temps cherché l'arbre qui portoit ce fruit, & avoit enfin trouvé une plante ligneuse & rampante par dessus les autres arbres, qui avoit quelques feüilles vertes & polies comme celles du Laurier, mais deux fois aussi longues, & que de cette plante pendoient des pommes jaunes, grosses comme celles de rambour. Dans le milieu de chacune de ces pommes, appellées dans les Isles Pommes de Lienes ou de Lianes, il y avoit quatre de ces fruits, enfermez chacun dans une cellule particuliere, faite de la substance de cette pomme, qui n'est autre chose qu'une chair spongieuse & insipide.

LIENTERIE.

s. f. Terme de Medecine. Devoyement dans lequel on rend les alimens comme on les a pris, ou à demi digerez. Il vient de ce que le levain de l'estomac manque entierement, ou est émoussé, ou parce que le pylore est tellement relasché, & les autres parties du ventricule en mesme temps si fort irritées, qu'il laisse sortir les alimens au lieu de les retenir. Cela arrive sur tout quand l'irritation de l'estomac est jointe avec la relaxation du pylore. On a veu une Lienterie tres-opiniastre qui avoit esté causée par un ulcere du ventricule. Non seulement cet ulcere avoit corrompu le levain de l'estomac & affoibli la digestion, mais il irritoit incessamment ce viscere & l'empeschoit de rien retenir. L'ulcere fut gueri, & par consequent la Lienterie. L'excez de la boisson peut causer ce mal en relaschant trop l'estomac, & particulierement le pylore, dont les fibres estant relaschées ne se peuvent resserrer suffisamment pour retenir les alimens, ce qui fait qu'ils sortent avant qu'ils ayent esté digerez. La Lienterie accompagne d'ordinaire le Scorbut. Cela vient de ce que les scorbutiques ayant leurs gencives pleines d'ulceres, la salive de ces ulceres qui descend dans l'estomac luy doit causer de l'irritation, outre que les alimens dans la masti-


cation ayant esté empreins de cette mesme salive, ne peuvent pas ne luy en point causer de leur costé, desorte que ces alimens passent outre au moindre relaschement du pylore. La Lienterie qui survient à de grandes maladies aiguës ou chroniques, est difficile à guerir à cause de l'abbattement des forces qu'il faudroit reparer par des alimens. Ce mot est Grec leionteria, de leios, Poli, & de enteron, Intestin.

LIER.

v. a. Mot du vieux langage. Perceval l'employe dans la signification de Laisser.

LIERNE.

s. f. Terme de Charpenterie. Piece de bois qui sert à faire les planchers en galetas. Ces sortes de pieces s'assemblent sous les faistes d'un poinçon à l'autre. On appelle Lierne ronde, Une piece de bois courbée selon le pourtour d'une coupole. Quand il y en à plusieurs assemblées de niveau, elles forment des cours de Liernes par étages, & reçoivent à tenons & à mortoises les chevrons courbes d'un Dôme. On dit aussi Lierne de palée. C'est une piece de bois, qui estant boulonnée avec les fils de pieux d'une palée, sert à les lier ensemble. On s'en sert pour le mesme usage lors qu'on fait des bastardeaux. Elle n'a point d'entaille pour accoler les pieux, & c'est en quoy elle est differente de la Moïse. On appelle encore Liernes, Certaines nerveures dans les voutes Gothiques qui font une maniere de croix, & qui se joignent à la clef par un bout, & par l'autre aux tiercerons.

LIERNER.

v. n. Terme de Charpenterie. Attacher des Liernes.

LIERRE.

s. m. Sorte de plante, qui rampe ou à terre ou contre les murailles, ou autour des arbres. Acad. Fr. Quoy qu'il y ait plusieurs especes de Lierre en particulier, dont Theophraste fait mention, Dioscoride parle seulement de trois. L'un est blanc, l'autre noir, & le troisiéme se tient agraffé aux arbres & aux murailles. Le blanc porte son fruit blanc, & le noir le porte noir ou jaune. Cette espece s'appelle communément Dionysia. Quant au Lierre des murailles, il ne produit point de fruit, & a de petits tendons ou filets fort deliez. Ses feüilles sont petites & anguleuses. Tout Lierre, dit le mesme Dioscoride, est acre & astringent, & affoiblit & blesse les nerfs. Sa fleur prise en breuvage avec du vin deux fois chaque jour, & autant que trois doigts en peuvent tenir, est un singulier remede pour ceux qui ont la dysenterie. Matthiole, sans s'arrester aux differentes sortes de Lierres de Theophraste, n'en connoist que deux, le grand, & le petit. Le grand, qu'il appelle Arbre, ne vient pas seulement dans les forests, où il embrasse si bien les grands arbres qu'il les fait mourir, mais aussi aux vieux édifices, murailles & sepulcres qu'il fait enfin tomber en ruine. D'abord il jette une feüille longuette & semblable à celle du poirier, laquelle par succession de temps devient de forme triangulaire. Du reste, elle est lissée, grosse, & attachée à une longue queuë, ayant un goust entremeslé d'acuité, d'aigreur & d'amertume. Le grand Lierre fleurit sur la fin de l'Automne, & ses fleurs sont moussuës & pasles. L'Hiver il en sort des raisins, un peu plus grands que ceux de Trœsne, & verds au commencement, puis noirs vers le mois de Janvier, quand ils ont atteint leur maturité. Le petit qu'on appelle Helix, est sterile, & ne monte guere sur les arbres. Il se traine ou par terre, ou sur les pierres, hayes, ramparts ou vieilles masures, ayant toûjours sa feüille triangulaire, & marquetée de petites taches. Les Serpents aiment fort le Lierre à cause qu'ils se cachent dedans en Hiver, & qu'ils s'entretiennent par sa chaleur. Le jus des feüilles pris en gros vin est bon LIE LIE 623

aux enflures de la rate. Ceux qui ont des cauteres y mettent des feüilles de Lierre, à cause de leur proprieté particuliere à attirer l'humeur qui y distille, & que d'ailleurs elles sont fort bonnes à consolider la playe. Matthiole dit qu'en Italie les femmes en mettent de petits chapeaux sur la teste de leurs enfans quand ils y ont des pustules, & qu'elles en ostent par là toute l'inflammation. Ce mot vient du Latin Hedera, qui veut dire Lierre. On a dit d'abord Hierre, & en y joignant l'article le, on a dit L'hierre, dont insensiblement on a fait Lierre, à quoy on a ajousté un nouvel article, en disant le Lierre.

Il y a aussi un Lierre qu'on nomme Lierre terrestre. C'est une herbe qui se traîne fort loin par terre, par petites cordes quarrées, d'où sortent des feüilles rondes, crespuës & dentelées. Elle fleurit au mois d'Avril. Sa fleur est petite. Elle tire sur le pourpre, & sort du lieu mesme d'où sortent ses feüilles. Ses racines sont fort minces, & se jettent des nœuds des tiges, qui par ce moyen demeurent jointes à terre. Cette herbe vient aux lieux ombragez auprés des murailles des Villes, & quelquefois elle croist dans les jardins. Elle a un goust fort amer ; ce qui luy donne une vertu purgative. Son jus meslé avec du verd de gris est bon aux ulceres caverneux. L'huile que l'on fait du Lierre terrestre, en y détrempant de ses feüilles fraîches, & les laissant long-temps secher au Soleil pendant l'Esté, est fort singuliere pour la colique ; soit prise en breuvage, soit clisterisée.

LIEUE.

s. f. Espace de terre, consideré dans sa longueur, servant à mesurer le chemin & la distance d'un lieu à l'autre, & contenant plus ou moins de pas geometriques selon le different usage des Provinces & des Pays. Acad. Fr. La Lieuë commune de France est de deux mille quatre cens pas geometriques, la petite de deux mille, & la grande de trois mille, & en quelques endroits de trois mille cinq cens. La Lieuë commune de Suede, de Dannemarck & de Suisse, est de cinq mille, & la Lieuë commune d'Espagne d'environ trois mille quatre cens vingt-huit. M. Ménage, aprés Pasquier veut que Lieuë vienne de Leuca, ou leuga, vieux mot Gaulois, & Nicod dit qu'il semble venir du Grec leukê, Blanche, à cause que les intervalles des lieux estoient autrefois marquez par des pierres blanches ; d'où vient que les Latins ont dit, Ad primum, secundum, tertium, &c. ab urbe lapidem, id est, milliare.

LIEVE.

s. f. Extrait d'un papier terrier d'une Seigneurie, qui contient le nom des terres, des tenanciers, & la qualité de la redevance. Cette Lieve sert de memoire au Receveur pour demander le payement des cens & rentes & autres droits Seigneuriaux. On fait quelquefois de nouveaux terriers sur les anciennes Lieves, quand les titres ont esté perdus par le ravage des guerres, ou par le malheur de quelque incendie.

LIEURE.

s. f. Les Voituriers par terre appellent Lieure, Le cable d'une charrette, qui sert à lier dessus, les balots & autres fardeaux dont on la charge. Lieure, se dit aussi en termes de Charpenterie. Ce sont des pieces de bois courbes par un bout qui servent à élever les bords d'un bateau foncet avec les clans. On appelle, en termes de mer, Lieure de beaupré, Plusieurs tours de cercle qui tiennent l'aiguille de l'éperon avec le mast du beaupré.

LIEVRE.

s. m. Petit animal de la taille d'un lapin, mais plus gros, qu'on chasse avec des chiens dans les plaines. Il a le poil gris & les oreilles longues & droites. Cet animal est extrémement timide ; ce


qui fait qu'il dort les yeux ouverts, comme si la nature luy avoit appris à ne se fier qu'à la vistesse de ses pieds. Aristote dit que de toutes les bestes à quatre pieds, il n'y a que le Lievre seul qui ait du poil dans la bouche & sous les pieds, & qu'entre les animaux qui ont des dents dessus & dessous, & qui n'ont qu'un ventricule, il est le seul qui ait un caillé. Ce caillé, que l'on appelle Coagulum leporis, est un excellent remede contre les piqueures des bêtes venimeuses. Il sert aussi à faire dissoudre le sang caillé. Archelaüs & plusieurs autres disent que tous les Lievres sont hermaphrodites, & que les masles peuvent engendrer aussi-bien que les femelles. Matthiole rejette cette opinion, à laquelle l'abondance qu'on trouve de Lievres a pû donner quelque fondement. Il dit que cette abondance ne provient que de ce que les femelles cherchent les masles si-tost qu'elles ont fait leurs petits ; ce qui les fait porter tous les mois ; outre que, selon le sentiment d'Aristote, elles ne laissent pas de retenir quoy qu'elles soient déja pleines ; de sorte qu'elles ne font pas leurs petits tout à la fois comme les autres animaux, mais en divers temps, selon les differens jours qu'elles ont esté couvertes. Pline dit qu'aux environs de Brilet, Therne & Cherronese prés de la Propontide, les Lievres ont double foye, & que quand ils changent de pays, un de ces foyes est aussi-tost consumé. Il dit aussi qu'il y a des Lievres blancs qui se tiennent dans les Alpes & dans les montagnes, & qu'en celles d'Ananie on y en trouve un tres-grand nombre, sur tout quand elles sont couvertes de neige, mais qu'ils ne sont ny si grands ny de si bonne venaison que les autres. Ils ne gardent cette couleur blanche qu'autant que la neige demeure sur les montagnes, & lors qu'elle fond ils deviennent roussastres ; ce qui arrive de la mesme sorte dans tous les Lievres de la Laponie & autres pays Septentrionaux, qui tous les ans changent de couleur, commençant aprés l'équinoxe d'Automne à poser leur couleur grise & à blanchir quand les premieres neiges tombent. On en prend mesme quelques-uns vers ce temps-là qui sont moitié gris & moitié blancs, mais au milieu de l'hiver ils sont blancs entierement, comme si c'estoit un soin de la nature d'empescher que ces foibles animaux ne soient apperçus facilement au milieu des neiges par la diversité de leur couleur ; ce qui feroit peut-estre que la race en seroit exterminée par les hommes & par les bestes sauvages. On dit que si une femme porte sur soy les fumées d'un lievre, elle ne concevra point. La chair de cet animal est difficile à digerer, & engendre un sang grossier, épais & melancolique. Son foye estant sec & pris en breuvage est fort bon à ceux qui ont mal au foye. Le Lievre entier mis en un four dans un pot de terre bien bouché, jusqu'à ce qu'il soit tout-à-fait reduit en cendres, sert beaucoup aux difficultez d'urine, faisant sortir le gravier hors de la vessie comme hors des reins. La cervelle du Lievre, soit cuite ou brûlée, est aussi fort bonne pour fortifier les nerfs.

Lievre-marin. Poisson venimeux qui naist dans la mer & dans les étangs fangeux. On l'appelle ainsi à cause de quelque ressemblance qu'il a avec le Lievre terrestre. Pline dit que celuy qui vient dans la mer des Indes, est venimeux seulement à le toucher, & qu'il cause aussi-tost un vomissement & un dévoyement d'estomac ; mais que celuy qu'on prend dans nos mers est comme une piece de chair sans os, & qu'il est semblable au lievre seulement en la couleur. Celuy des Indes est plus grand de corps que le nostre. Il a aussi le poil plus rude, & on ne le prend jamais vif. Lors qu'Elian décrit le Lievre 624 LIE LIE LIG

marin, il le fait semblable à un escargot écorché & hors de sa coquille. Il est de couleur rousse noirâtre sur le dos. Sa teste est extrémement difforme. Il y paroist d'un costé un trou par lequel il tire & retire si souvent une petite pellicule carneuse, qu'elle semble luy tenir lieu d'une langue. Au milieu est la fente de sa bouche qu'il a sur le dos, comme la Seche, mais plus petite & plus tortuë. Il jette de sa teste deux petites cornes molles, ainsi que les escargots. Il les a pourtant plus courtes, & est fait entierement comme le petit Calemar, tant pour le dedans que pour le noir. Il y en a d'une autre espece plus grande, qui ont un peu plus bas que la bouche deux cornes plus courtes que l'autre, & toutefois plus aiguës. Ceux-là n'ont aucun os sur le dos. Du reste ils sont comme la Seche, & quant au dedans comme le petit Calemar. Le Lievre marin est si dangereux, qu'il fait mourir la personne qui en mange. Sa simple veuë fait avorter les femmes enceintes. Il a une mauvaise & puante odeur, qui vient de ce qu'il aime à estre toûjours dans la fange. Il y a, selon Albert le Grand, une troisiéme sorte de Lievre marin. Celuy-là est de la commune grosseur des poissons, & bon à manger. Il ressemble assez au lievre par la teste, & a le dos roux. Quelques-uns reprouvent cette opinion, à cause que le Lievre marin est fort difficile à digerer & qu'il rend les personnes ladres. Dioscoride ne luy attribuë aucune autre proprieté, que de faire tomber le poil si on s'en frotte ; mais Pline asseure qu'outre cela il guerit des écroüelles, estant appliqué & osté aussi-tost aprés. Marcellus l'Empirique dit que son sang broyé avec de l'huile empesche le poil arraché de revenir, ou que s'il revient, il sera si mal, que venant à tomber, on ne pourra plus le faire revenir.

LIEUTENANT.

s. m. Ce mot dans sa signification generale signifie un Officier qui exerce en la place d'un autre. On appelle Lieutenant Civil à Paris, le Lieutenant du Prevost qui est le Juge des Causes Civiles ; Lieutenant Criminel, Celuy à qui le jugement des Causes criminelles appartient ; & Lieutenant de Police, Celuy qui a soin de toutes les choses qui regardent la police. Dans les Provinces le President est appellé Lieutenant General Civil & Criminel. Il y a des Lieutenans Particuliers, tant Civils que Criminels dans tous les Presidiaux des Lieutenans de la Connestablie, & des Eaux & Forests de l'Amirauté, & des Lieutenans dans presque toutes les Justices Royales & subalternes. Autrefois les Baillis & Senéchaux d'épée rendoient la justice eux-mesmes ; mais ils ont insensiblement laissé usurper ce droit, par des Lieutenans qu'ils ont commis pour l'exercer en leur place. On appelle Lieutenant Criminel de robe courte, Un Lieutenant du Prevost de Paris qui porte l'épée. Il connoist des cas royaux comme les Prevosts, & juge presidialement comme eux, & quelquefois aussi à la charge d'appel.

Lieutenant, se dit en termes de guerre, de plusieurs Officiers qui servent dans les armées du Roy en differentes qualitez. On appelle Lieutenant General, Un Officier qui tient le second rang aprés le General de l'armée. Il commande une des ailes dans une bataille & un détachement ou un camp volant, quand les Troupes marchent. Il a le commandement d'un quartier dans un siege, & s'il est de jour, il a celuy d'une des attaques. Le Lieutenant des Armées Navales du Roy, est un Officier qui commande sous l'Amiral. Il precede les Chefs d'Escadre, & leur donne l'ordre qu'ils distribuent ensuite aux Officiers inferieurs. Il y a aussi un Lieutenant General de l'Artillerie. C'est celuy qui sous le Grand-Maistre commande tout ce qui regarde les feux d'artifice & le canon, & qui a soin de choisir les postes, qui sont propres à dresser des batteries.

Lieutenant de Roy. Officier qui commande dans une Place en l'absence du Gouverneur.

Lieutenant Colonel. Premier Capitaine d'un Regiment tant de Cavalerie que d'Infanterie, qui le commande en l'absence du Colonel. Il n'y avoit des Lieutenans Colonels de Cavalerie que dans les Regimens de Cavalerie Etrangere, mais depuis quelques années, le Roy en a creé dans nostre Cavalerie, où cette charge estoit suppleée auparavant par celle de Major. Il y a aussi un Lieutenant Colonel dans chaque Regiment de Dragons. On appelle Lieutenant de Cavalerie ou d'Infanterie, Un Officier creé par le Roy dans chaque Compagnie de Cavalerie ou d'Infanterie, pour la commander en l'absence du Capitaine. On appelle aussi Lieutenant de la Colonelle, le second Officier de la Compagnie Colonelle de chaque Regiment d'Infanterie. Le Lieutenant de la Colonelle du Regiment des Gardes Françoises, joüit de la commission de Capitaine, & a rang du jour que sa Commission est dattée. Tous les autres Lieutenans des Compagnies Colonelles des Regimens d'Infanterie, quand mesme ils n'auroient point de Commission, ont rang de derniers Capitaines, non seulement dans le corps où ils sont, mais aussi à l'égard des autres Regimens d'Infanterie. On appelle Capitaines Lieutenans, Les Capitaines des Compagnies d'Ordonnance ou des Mousquetaires, à cause que le Roy en est le vray Capitaine.

Lieutenant reformé. Lieutenant dont la place a esté supprimée, & qui ne laisse pas d'estre entretenu à la suite d'une Compagnie maintenuë sur pied, dans laquelle il demeure toûjours avec l'avantage d'estre conservé dans son rang d'ancienneté, ce qui le met en estat de monter aux charges selon la datte de la Commission qu'il a obtenuë. On appelle Lieutenant en second, Un Lieutenant dont la Compagnie a esté licentiée, mais qui sert dans une autre que l'on a tirée d'une plus nombreuse, en sorte que d'une Compagnie on en a fait deux, en faveur de quelques Officiers reformez.

LIEX.

s. m. Vieux mot. Lieu. De liex en liex s'arrestant.

LIG

LIGAMENTEUX,

euse. Terme de Fleuriste. On appelle Plantes Ligamenteuses, Celles qui ont leurs racines comme de menus cordages ou ligamens, & beaucoup plus grosses que les fibreuses.

LIGATURE.

s. f. Terme d'Imprimeur. Caractere de plomb, qui joint deux lettres ensemble, comme st, ff.

LIGE.

adj. Terme de Coustume. Il se dit du Vassal tenant une certaine sorte de fief, qui le lie envers son Seigneur dominant d'une obligation plus étroite que les autres. Quelques-uns font venir ce mot de Ligare, & disent qu'il vient de ce qu'on lioit le pouce au Vassal, ou de ce qu'on luy serroit les mains entre celles du Seigneur lors qu'il luy rendoit la foy & hommage, pour luy faire entendre qu'il estoit lié par son serment. D'autres le tirent de la mesme source que Leudis ou Leodis, qui signifioient Loyal, fidelle. Fauchet le fait venir de Leodium ou Leude, Ville de Liege, habitée par les Leudes, gens obligez à suivre & à soustenir leur. Seigneur par tout. Du Cange pretend qu'on disoit autrefois Litgium servitium, & qu'on écrivoit Litge, ce qui le fait estre du sentiment de ceux qui croyent que Lige

vient IG LIG 625

vient de Litis, espece de serfs attachez de telle sorte au service de leur Maistre, à cause des heritages qu'ils tenoient de luy, qu'ils ne pouvoient se dispenser de luy rendre toutes sortes de services. L'hommage lige, mettoit le Vassal dans l'obligation de servir son Seigneur envers tous & contre tous, excepté contre son Pere. On appelle Seigneur lige, Le Seigneur immediat dont on releve nuëment, ligement, & à ligence, ce qui veut dire, Sans moyen. On dit Homme lige, hommage lige, fief lige, garde lige, en parlant du serment qui oblige le Vassal à garder la personne ou le chasteau du Seigneur. On a dit autrefois Protection lige, puissance lige, & foy lige, pour dire, Entiere, totale.

Lige, se dit aussi d'un droit de relief qui est deu au Seigneur dans une mutation de fief. Il y a des lieux où il est fixé à dix livres pour plein Lige. En d'autres, ce n'est que la moitié ou le quart de cette somme, ce qui s'appelle Demi-lige, ou Quart de lige.

Voicy ce que Nicod dit sur Lige. Lige ne se dit pas sans adjection de l'un de ces deux mots, à sçavoir Hommage ou Homme. Ainsi dit - on, Tel Duc, Marquis ou Comte est homme lige du Roy, c'est à dire, Vassal au debvoir & service d'homme lige, & tel doit faire hommage Lige. On dit aussi, Il est homme lige de la terre du Roy. Nicole Gilles en la vie du Roy Philippe Dieu-donné, dit, les Vicomtes de Thoüars & Limoges estre hommes Liges de la terre d'Angleterre, c'est à dire, de la Couronne d'Angleterre, & ce est dit ainsi, parce que les Fiefs ne meuvent point de l'homme qui est Seigneur feodal, ains de la Seigneurie d'iceluy, pour laquelle raison on dit le Vassal tenir à tel hommage d'aucun Seigneur, à cause de tel sien Chastel ou Seigneurie. On dit aussi Un Vassal se faire homme lige de tel Duché ou Comté à quelque Seigneur, quand il fait hommage lige à iceluy. Ledit Nicole Gilles en la mesme vie de Philippe. Artus, Comte de Bretagne, au mois de Juillet mil deux cens & deux, se fit homme lige audit Roy Philippe, des Comtez de Bretaigne, d'Anjou & de Poictou, promettant le servir envers & contre tous qui peuvent vivre & mourir.

LIGNE.

s. f. Terme de Geometrie. Longueur sans largeur. C'est ce que les Ouvriers appellent un trait qui va d'un point à un autre. Il y en a de plusieurs especes. Les lignes droites sont les plus courtes de celles qui ont les mesmes extremitez, & les courbes, celles qui s'écartent de leurs extremitez. Celle qui est tracée d'un centre comme la circulaire & l'elliptique, s'appelle Ligne courbe reguliere, & celle qui est cherchée & décrite par des points, Ligne courbe irreguliere. On appelle, Ligne de niveau, Une Ligne qui dans ses extremitez est également éloignée du centre de la terre ; & Ligne à plomb, Celle qui est perpendiculaire à la Ligne de niveau. Lignes en rayons, se dit de celles qui partant du centre d'une figure, vont terminer à ses angles ou à sa circonference. Ce que l'on appelle Ligne de direction, est une ligne qui passe par le centre de gravité de quelque corps. Tel est l'axe d'une colomne bien à plomb. On appelle Ligne de pente, dans l'appareil des pierres, Une Ligne qui est inclinée, suivant une pente donnée, comme la Ligne de la montée d'un pont, & la Ligne rampante d'un fer à Cheval, par rapport à la Ligne de niveau, tirée sur le mesme plan.

La Ligne perpendiculaire à une autre Ligne, est celle qui rencontre cette autre Ligne, & qui à l'égard de cette mesme Ligne, ne panche pas plus d'un costé que d'autre, & on appelle Ligne perpendiculaire à un plan, Celle qui est perpendiculaire à toutes les Lignes qu'on peut tirer dans ce plan. Celles qui estant continuées sur un mesme plan, sont


toûjours également éloignées entre elles, sont appellées Lignes paralleles, & celle qui rencontre ce plan sans qu'elle luy soit perpendiculaire, est dite Ligne inclinée à un plan. On appelle Lignes inclinées, Celles qui estant prolongées se coupent en sorte que l'une va d'un costé & l'autre de l'autre. La Ligne Conique, est la ligne courbe qui borne une section conique, ou bien c'est la section d'un plan & de la superficie d'un cone qui n'est pas coupé par son axe. Cette Ligne est nommée Ligne Parabolique, Ligne Hyperbolique, ou Ligne Elliptique, selon qu'elle represente la circonference d'une Parabole, d'une Hyperbole, ou d'une Ellipse.

On appelle Ligne apparente, en termes de Geometrie pratique, Celle qui est décrite sur le papier ou avec de l'ancre, ou avec le crayon ; Ligne blanche ou Ligne occulte, Celle qui est marquée sur le papier avec la pointe du compas ; Ligne ponctuée, quand elle est marquée par des points. Celle qui contient ou suppose une longueur necessaire, est nommée Ligne finie, & celle qui n'a aucune longueur precise, Ligne indéfinie. On appelle, Ligne quarrée, Un quarré, dont chaque costé est d'une Ligne courante, que l'on nomme aussi Ligne de long, qui est la douziéme partie d'un pied de long ; Ligne de pouce quarré, Une surface qui contient douze pouces quarrez ; Ligne cube ou cubique, Un cube dont chaque costé est d'une Ligne de long, & Ligne de pouce cube, Un solide qui contient cent quarante-quatre Lignes cubes.

La Ligne horisontale, est une Ligne droite parallele à l'horison. On appelle aussi Ligne horisontale, dans la perspective, La commune section du plan horisontal, & de celuy du tableau, & dans la Gnomonique, La commune section de l'horison & du plan du Cadran.

On appelle dans la Theorie de la Lune, Ligne Synodique, Une Ligne droite tirée par le centre de la terre & par celuy du Soleil, Lignes des vrayes Sysygies, la Ligne Synodique prolongée de l'autre costé, & Ligne des moyennes Sysygies, Une Ligne droite tirée par le centre de la terre, & par le lieu moyen du Soleil.

Ligne. Terme de Perspective. On appelle Ligne de terre, la Ligne droite, dans la quelle le plan geometral & celuy du tableau s'entrecoupent ; Ligne de station, La commune section du plan vertical & du plan geometral ; Ligne verticale, La commune section du plan vertical & du tableau ; Ligne objective, la Ligne d'un objet de laquelle on cherche l'apparence dans le tableau ; Ligne de front, Une Ligne droite quelconque, parallele à la Ligne de terre ; Ligne fuyante, Une Ligne droite quelconque, qui est en effet, lors qu'elle est dans le plan geometral, ou en apparence, quand elle est dans le tableau perpendiculaire à la Ligne de terre, & Ligne Geometrale, Une Ligne droite quelconque tirée dans le plan geometral.

Ligne, est aussi un terme de Gnomonique, & on appelle Lignes horaires, Les communes sections des cercles horaires, Ligne soustylaire, Une Ligne droite, qui represente un cercle horaire perpendiculaire au plan, & Ligne equinoctiale, La commune section du cercle équinoctial, & du plan du Cadran.

On appelle dans la Mecanique, Ligne de direction, la Ligne droite dans laquelle un corps pesant, ou une puissance tend à se mouvoir. Le poids ou la puissance qui tire ou qui pousse un certain point, tire ou pousse pareillement tous les autres points qui sont dans la Ligne de direction.

Ligne, se dit en termes de guerre, de la disposition d'une Armée rangée en bataille, qui fait la 625 LIG LIG longueur d'une Ligne droite, autant que le terrain le permer. Nos Armées ont accoustumé de se mettre sur trois Lignes. La premiere est l'avantgarde, qui se divise en plusieurs Bataillons & Escadrons posez sur le devant. La seconde Ligne est ce qu'on appelle le Corps de Bataille, & il faut laisser entre l'une & l'autre cent cinquante pas de terrain pour se rallier. La troisiéme Ligne est le Corps de reserve ou l'arriere-garde, & on doit laisser environ trois cens pas de distance entre cette troisiéme Ligne & la seconde.

Ligne, en termes de Fortification, signifie Un trait tiré d'un point à un autre quand on travaille à faire un plan sur le papier. Il est pris sur le terrain, quelquefois pour un fossé bordé de son parapet, & quelquefois pour un arrangement de gabions ou de sacs à terre, qui s'étendent en longueur sur le terrain, afin de s'épauler ou de se couvrir contre le feu des ennemis. On appelle Ligne de défense, Une Ligne qui represente le cours de la bale des armes à feu, sur tout du mousquet, selon la situation où il doit estre pour défendre la face du bastion. On la distingue en Ligne de défense fichante, qui est une Ligne tirée de l'angle de la courtine jusqu'à l'angle flanqué du bastion opposé sans toucher la face de ce mesme bastion, & en Ligne de défense rasante ou flanquante. Cette derniere est une Ligne, qui estant tirée d'un certain point de sa courtine, va raser la face du bastion opposé. On appelle Ligne d'approche, ou Ligne d'attaque, Le travail que font les assiegeans, pour gagner à couvert le fossé & le corps de la place. Ce travail est de differente nature, selon la qualité du terrain où l'on s'attache. On dit encore, Ligne de circonvallation, & Ligne de contrevallation. La premiere est une Ligne ou un fossé que les Assiegeans font à la portée du canon de la place, & qui regnant autour de leur camp, en assure les quartiers contre les secours des Assiegez. L'autre est un fossé bordé d'un parapet, dont les Assiegeans se couvrent du costé de la place, afin d'arrester les sorties que pourroit faire la garnison. Le fossé qui est vers la Place pour empescher ces mesmes sorties, est appellé Lignes en dehors, & celuy qui est vers la campagne pour empescher le secours, s'appelle Lignes en dedans. Il y a aussi des Lignes de communication. Ce sont celles qui vont d'un ouvrage à l'autre, & la Ligne de communication, est le fossé continuel dont une circonvallation ou une contrevallation est entourée, & qui communique par tous les forts, redoutes & tenailles de cette mesme circonvallation ou contrevallation. On appelle Ligne de base, la Ligne droite qui joint les pointes de deux bastions les plus proches.

Ligne. Terme de Marine. Disposition des postes d'une Armée Navale, le jour d'un combat. L'Avantgarde, le Corps de Bataille, & l'Arrieregarde se mettent sur une mesme Ligne, quand les Escadres ou les Divisions sont unies. Cela se fait autant que l'on peut, non seulement pour conserver l'avantage du vent, & afin que tous les Vaisseaux courent un mesme bord ; mais parce que s'ils estoient mis par files les uns derriere les autres, ceux qui ne seroient point au premier rang, ne pourroient tirer leurs bordées que sur les Vaisseaux de leur party.

On appelle Ligne du fort, L'endroit du costé du Vaisseau où il est le plus gros, & Ligne de l'eau, Celuy du bordage où l'eau se vient terminer quand le bastiment a sa charge, & qu'il flotte.

Ligne de sonde. Cordeau non goudronné, & long de cent à six vingt brasses, auquel on attache une petite masse de plomb qui est ordinairement du poids


de dix-huit livres, & qu'on fait descendre dans la mer pour en sonder le fond, lors qu'on est prés de la terre.

Lignes d'amarrage. Petites cordes de fil goudronnées, qui servent à amarrer d'autres cordes. Elles arrestent le cable dans l'arganeau, & renforcent & asseurent les hansieres & les manœuvres.

Ligne de foy. Petit fil d'argent le plus delié qu'on puisse trouver, & que l'on applique sur le verre d'une lunette, posée sur un niveau, pour faire de plus justes observations, soit au Ciel, soit sur la terre.

Ligne. Terme d'Escrime. On dit, Estre dans la Ligne, sortir de la Ligne, & cette Ligne est celle qui est droitement opposée à l'Ennemy, dans laquelle doivent estre les épaules, le bras droit & l'épée, & sur laquelle sont aussi posez les pieds à la distance de dix-huit pouces l'un de l'autre.

Ligne. Terme de Chiromance. Il se dit des traits ou incisures marquées dans la main. On appelle Ligne de vie, ou Ligne du cœur, ou Ligne de l'âge, La Ligne qui est au dessous du pouce. Celle qui passe par le milieu de la paume de la main, & qui la coupant en travers va jusqu'au mont de la Lune, s'appelle Ligne hepatique, ou Ligne du foye, & on appelle Ligne mensale ou thorale, ou Ligne de Venus, Celle qui va dans le mesme sens, & qui luy est parallele. Elle prend depuis l'indice jusqu'à l'autre bout de la main.

On appelle en termes de Manege, Ligne du banquet, Une Ligne imaginaire que les Eperonniers tirent le long du banquet en forgeant un mords. Ils prolongent cette Ligne de part & d'autre de haut en bas, pour déterminer la force ou la foiblesse qu'ils veulent donner à la branche, afin de la rendre hardie ou foible.

Ligne blanche. Terme de Medecine. Terminaison des muscles de l'épigastre continuée depuis le cartilage scutiforme jusqu'à l'os pubis. Sa couleur luy a fait donner le nom de blanche, ce qui vient aussi de ce qu'il n'y a point de parties charneuses ny au dessus ny au dessous d'elle.

Ligne. Vieux mot. Cellier à tenir du bois. Il vient du Latin Lignum. On l'appelle encore un Legué en Languedoc, & l'on y dit Un Legnas, pour dire, Une buche.

LIGNER.

v. n. Terme de Chasse. Il se dit d'un Loup qui couvre une Louve.

LIGNEUL.

s. m. Espece de cordon dont les Cordonniers se servent à coudre la semelle des souliers. On a dit autrefois Lignivol, & on l'appelle encore aujourd'huy Lignol en Languedoc. Il est fait de plusieurs fils attachez ensemble par de la poix, & on fait venir ce mot de Lin, à cause qu'on employoit anciennement du lin ou du fil fort délié à cet ouvrage.

LIGNEUX,

euse. adj. Epithete que l'on donne à la partie solide des plantes ou des arbres qui forme le bois. On a remarqué que la tissure du corps Ligneux est plus serrée que l'écorce.

LIGUE.

s. f. Union, confederation de plusieurs Princes ou Etats, pour se défendre ou pour attaquer. Acad. Fr. On appelle Ligue grise, Une Ligue qui a donné le nom aux Grisons, Peuples d'Allemagne dans l'ancienne Rhetie, vers les sources du Rhin & de l'Inn, à cause que ceux qui l'habitoient avoient accoustumé de porter des écharpes grises. Ils se liguerent entr'eux en 1471. & vingt ans aprés avec les Suisses. Ils vivent en Republique, & sont divisez en six parties, qui sont la Ligue Grise, la Ligue de la Maison de Dieu, la Ligue des DroituLIL LIM LIM 627

res, la Valtoline, & les Comtez de Chiovena & de Bormio. On a aussi appellé Ligue Hereditaire, Celle que firent les Suisses avec l'Archiduc Maximilien. On fait venir le mot de Ligue de Liga, qu'on a dit dans la basse Latinité, comme estant une confederation par laquelle un Estat est lié avec un autre.

LIGUSTICUM.

s. m. Plante qui croist abondamment en Ligurie, d'où elle a tiré son nom, & sur tout au mont Apennin, voisin des Alpes. Les gens du Pays l'appellent Panaces, à cause que sa racine qui est blanche & odorante est semblable à celle du Panaces Heracleotique, & qu'elle a les mesmes proprietez. Le Ligusticum croist aux montagnes aspres & hautes, aux lieux ombragez, & principalement auprés de quelque ruisseau. Il produit une petite tige noüée, mince, & semblable à celle d'Aneth, & qui est environnée de feüilles faites à peu prés comme celles du Melilot. Elles sont pourtant plus molles, & plus odorantes, & aussi plus gresles & plus déchiquetées vers la cime de la tige ; au dessus de laquelle sont des manieres de bouquets qui portent une graine noire, ferme, longuette, odorante, & presque semblable à la graine du fenoüil. Elle a un goust acre, mordant & aromatique. On se sert de la graine & de la racine de cette plante dans les medicamens maturatifs, & dans ceux qui penetrent legerement. Elle est de bon goust, & tient lieu de poivre aux gens du Pays. Le Ligusticum n'est point la Levesche. Matthiole en fait voir la différence en ce que le Ligusticum a ses feüilles semblables au Melilot, & que le Levisticum, qui est la Levesche, les a comme l'Ache de marais, plus grandes pourtant & plus épaisses, outre qu'il jette une tige haute, grosse, creuse & noüée. Galien parlant du Ligusticum qu'il appelle Libysticum, dit que sa racine & sa graine sont chaudes, ce qui les rend propres à provoquer le flux menstrual, à faire uriner, & à resoudre toutes sortes de ventositez.

LIL

LILAS.

s. m. Sorte d'arbre qui porte des fleurs odoriferantes en gros bouquets. Il y a des Lilas rouges, blancs & violets, appellez ainsi selon la diversité de la couleur de leurs fleurs. Celuy qu'on appelle Lilas de Perse, est plus petit que les autres, & a ses feüilles coupées & dentelées.

LIM

LIMACE.

s. f. Machine, par le moyen de laquelle on fait monter les liqueurs en descendant. Elle est composée d'un canal qui tourne en forme de vis autour d'un cylindre, appellé Noyau. On luy donne un peu de pente, & on place l'une de ses extremitez dans l'eau qu'on veut élever. On peut en puiser beaucoup avec cette machine, qu'on appelle aussi La vis d'Archimede, mais on ne peut la faire monter bien haut, à cause de la pente que l'on donne à la machine. On en peut voir la construction dans le Vitruve de M. Perrault.

LIMAÇON.

s. m. Petit insecte qui est enfermé dans une coquille & qui jette une humeur gluante & luisante. Il a quatre cornes, deux petites & deux autres plus grandes dont il se sert pour se conduire. Le Limaçon sort d'un œuf, & il y en a de blancs, de noirs, de grands, de petits, & de moyens. Ils ont tous mesme nature, & la difference qui s'y trouve ne vient que des lieux où ils vivent. Ceux qui sont nourris au Soleil & de bonnes herbes, ont le goust beaucoup meilleur que les Limaçons des marais ou qui viennent dans des lieux ombragez. Ces derniers ne sentent que la bourbe & le limon. Les Limaçons à coquille s'appellent aussi Escargots. Pline dit qu'anciennement on en estoit si friand qu'on les nourrissoit dans des garennes ou viviers propres à cela, & qu'on les separoit espece par espece pour en mieux sçavoir le goust. Ceux qu'on nommoit Solitans, estoient les plus estimez de tous ; on faisoit aussi grand cas de ceux d'Afrique, à cause qu'ils faisoient beaucoup de petits. On leur donnoit à manger, & on les apastoit de toute sorte de


bled cuit avec du vin. Les Limaçons paroissent en quantité aprés la pluye. On tient que si on coupe la teste à un Limaçon, on y trouve une petite pierre qui estant liée au bras, sert de remede à la fievre tierce. Pline dit encore, que cette pierre liée au col ou au bras des petits Enfans, fait que les dents leur viennent plustost & plus aisément. Ce que cet insecte a de singulier, c'est qu'il rejette son excrement par le col, & qu'il respire par là. Toutes les parties propres à la generation y sont renfermées, & chaque Limaçon est masle & femelle tout ensemble. Ceux qui sont sans coquille s'appellent proprement Limas, ou Limasses, du Latin Limax. Elles rafraischissent & humectent, incrassent, consolident, & sont tres-bonnes pour les nerfs & les poumons. Cela est cause qu'on s'en sert interieurement contre la toux, la phtisie, le crachement de sang, & pour guerir la colique & les incommoditez du foye. Estant appliquées cruës exterieurement, soit seules, soit avec du sang de Taureau, elles font suppurer, & ouvrent mesme l'Anthrax. Si on les broye avec leurs coquilles, & qu'on les applique sur quelque partie, elles ont la proprieté de tirer dehors ce qui peut estre nuisible. La cendre de leur coquille, si on s'en frotte les dents, est fort propre pour les nettoyer & pour les blanchir.

Limaçon ou Limace, se dit aussi de toute voute spherique, ronde ou ovale, surbaissée ou surmontée, dont les assises sont conduites en spirale, depuis les coussinets jusques à la fermeture. Voute en Limaçon. On appelle Escalier en Limaçon, Un escalier fait en forme de vis, dont les marches sont rangées autour d'un cylindre de pierre ou de bois.

LIMACE.

s. f. Machine, par le moyen de laquelle on fait monter les liqueurs en descendant. Elle est composée d'un canal qui tourne en forme de vis autour d'un cylindre, appellé Noyau. On luy donne un peu de pente, & on place l'une de ses extremitez dans l'eau qu'on veut élever. On peut en puiser beaucoup avec cette machine, qu'on appelle aussi La vis d'Archimede, mais on ne peut la faire monter bien haut, à cause de la pente que l'on donne à la machine. On en peut voir la construction dans le Vitruve de M. Perrault.

LIMAIRE.

s. m. Nom qu'on donne au Ton, lors qu'il commence à grossir un peu, car on ne l'appelle Ton, que quand il passe un pied de grandeur.

LIMANDE.

s. f. Sorte de poisson de mer. Il est plat, & a la chair molle & humide. Sa figure est à peu prés celle du carrelet.

Limande. Terme de Charpenterie. Piece de bois de sciage, plate, & peu large, & qui n'est pas fort épaisse. On appelle Limandes, Les pieces qui servent à tenir & à lever les palles d'un moulin.

LIMBE.

s. m. On appelle ainsi en termes d'Astronomie, le bord du Soleil, ou de la Lune, qui apparoist lors qu'une éclipse centrale en cache le disque. Selon les Medecins botaniques, la bordure des plantes, & celle de leurs fleurs & de leurs feüilles s'appellent aussi Limbe.

LIMBES

au pluriel se dit du Lieu, où selon la commune opinion de l'Eglise, estoient les ames de ceux qui estoient morts en la grace de Dieu avant la venuë de Nostre Seigneur. Acad. Fr. Il signifie aussi le lieu destiné à recevoir les ames des Enfans morts sans baptesme, qui n'ayant point merité l'Enfer parce qu'ils n'ont point peché, ne peuvent aussi entrer en Paradis à cause du peché originel. Les saints Peres l'ont nommé Limbes, selon du Cange, eo quod sit Limbus inferorum.

Tome III KKkkij 628 LIM LIM LIN

LIME.

s. f. Outil, Instrument de fer ou d'acier, qui a par tout de petites pointes en forme de dents, & qui sert ordinairement à polir, ou à couper le fer. Acad. Fr. Il y a des Limes de toutes sortes de grandeurs & de grosseurs selon leur usage. Les Serruriers se servent de Limes quarrées, pour ouvrir des trous quarrez ; de Limes à dossier, pour fendre ; de Limes rondes, pour aggrandir des trous (on les appelle autrement, Queues de rat ; ) de Limes demy rondes, pour limer les pieces en demy rond ; de Limes triangulaires ou en tiers point, pour faire des vis, des tarots & autres pieces ; de Limes à bouter, pour dresser les panetons des clefs & les scies à fendre en long.

Il y a aussi des Limes carlettes, des limes coutelles, des limes à potence, en ovale, en cœur, & autres figures. Ces petites Limes servent à vuider les anneaux des clefs, les écussons, les couronnemens &c. On se sert des Limes fenduës par le milieu pour limer les embases, & pour épargner un filet sur les moulures, vases, balustres, & autres ouvrages. Il y a aussi des Limes qui ne sont fenduës que d'un costé pour le mesme usage. Les Limes faites en dos de carpe, servent à fendre des compas ; celles qui ne sont point taillées sur les costez, à fendre & à dresser les rateaux des clefs, & les Limes coudées, sont propres à couper & à dresser les clouds à fiche.

On appelle Lime douce, Celle qui a la taille fort fine & le grain menu. Elle sert à polir & à adoucir les ouvrages. La Lime à pignon, est celle qui ronge les pignons. Elle est taillée comme un couteau. Celle qu'on appelle Lime quarreau, est quarrée & la plus grosse de toutes. La Lime sourde, autrement Lime de refend, fait l'effet d'une scie. On l'envelope tout à fait de plomb & le manche mesme, ensorte qu'on n'en laisse que la partie qui scie découverte. Elle sert à couper les plus gros barreaux de fer sans faire aucun bruit, mais il faut pour cela que ces barreaux soient aussi envelopez de plomb, sans qu'on y laisse rien de découvert que ce qui est necessaire pour l'action de la lime.

On appelle Limes en termes de Chasse, les deux dents inferieures du Sanglier, que l'on appelle aussi Dagues, & plus communément Deffenses.

Lime. Petit fruit rond, qui est plein de jus comme un citron. Il est extremement doux.

Lime de la mer. Nom que donnent quelques-uns à une certaine ligne qui paroist autour des costes où la mer a laissé des herbes en se retirant.

LIMON.

s. m. Terme de Charpenterie. Piece de bois qui sert à porter les marches d'une montée ou d'un escalier.

Limon. Sorte de fruit semblable au citron. Il n'a pas l'écorce si grosse, & il est un peu plus long, & plus plein de suc. Ce suc est aussi plus aigre que celuy des citrons communs.

LIMONIUM.

s. m. Plante qui croist aux marais & parmy les prez, & qui a ses feüilles semblables à la Bete, mais plus longues & plus menuës. Elle jette ordinairement dix feüilles, & quelquefois plus. Sa tige est menuë & droite, & de la hauteur du lis. Elle est chargée d'une graine rouge qui est astringente au goust. Dioscoride qui en a fait cette description, dit que sa graine pilée & prise en vin au poids d'un acetabule, est bonne aux dysenteries, & aux fluxions de l'estomac.

LIMOSINAGE.

s. m. Terme de Maçon. Il se dit de toute maçonnerie qui est faite de moilon à bain


de mortier, & que l'on dresse au cordeau avec des paremens brutes. On l'appelle ainsi à cause qu'on employe ordinairement des Limosins à y travailler dans les fondations. On dit aussi Limosinerie.

LIMPIDE.

adj. Terme dogmatique, fait du Latin Limpidus, qui veut dire Clair & net. Il ne se dit guere que de l'eau. Ce mot a fait celuy de Limpidité, qui signifie la qualite de ce qui est Limpide. Il ne se dit guere aussi que de l'eau.

LIN

LIN.

s. m. Vieux mot. Lignée, race.

Entrez, est el temple Apolin,

Paris, & plusieurs de son lin.

LIN.

s. m. Sorte de plante qui jette de petites tiges rondes. Son écorce est pleine de filets dont on fait de la toile déliée. Elle a ses feüilles longues & aiguës, & porte ses fleurs au haut de ses tiges. Aprés ses fleurs il se forme de petites testes rondes & larges où sa graine est renfermée. Cette plante a peu de rameaux, & n'est guere haute. Il n'y a que sa graine qui soit en usage dans la Medecine. Dioscoride luy donne les proprietez du Senegré. Cuite en miel, huile, & un peu d'eau, elle mollifie & resout toutes inflammations du dedans & du dehors. Cruë, elle oste les taches & les rousseurs du visage, & enduite avec nitre & cendre de figuier, elle dissipe les duretez qui viennent derriere les oreilles. Sa decoction est fort utile pour lascher le ventre. L'huile qui se fait de cette graine, est bonne aux spasmes, à mollifier les duretez des nerfs, & à rendre souples les jointures des os. C'est aussi un remede exquis dans toutes les maladies du fondement, hemorroïdes, fentes, apostumes, ou autres douleurs de cette partie. Lavée en eau de nenuphar, ou eau rose, elle est fort propre aux brûlures. Cette huile est aussi d'usage pour les Peintres, Maçons, Menuisiers, Graveurs & Serruriers. Comme elle resiste plus au feu que l'huile d'olive, on s'en sert encore pour s'éclairer.

Matthiole fait mention d'une autre plante qui a grand rapport au Lin, tant dans sa tige & ses feüilles, que dans la figure de ses fleurs, quoy qu'elle les ait de couleur d'or. Il la nomme Lin sauvage, tant pour ce rapport, que parce qu'on la reduit en filaces que l'on file. La decoction de cette plante avec ses fleurs resout toutes tumeurs, appaise les inflammations, adoucit les duretez des jointures, & sert à la guerison des phlegmons qui s'engendrent aux aines.

LINAIRE.

s. f. Herbe qui produit plusieurs rejettons noirs, menus, pliables, & fort malaisez à rompre. Elle pousse ses feüilles quatre à quatre, cinq à cinq, & quelquefois six à six. Elles sont noires au commencement, rougeastres ensuite, & semblables à celles du Lin, ce qui luy a fait donner le nom de Linaire. On l'appelle autrement Osyris. Elle jette quantité de fleurs dés le milieu de sa tige. Ces fleurs ressemblent à celles du Cumin sauvage de la seconde espece, excepté que les fleurs de la Linaire sont jaunastres, & que les autres sont purpurines. La decoction de cette herbe prise en breuvage est bonne pour la jaunisse. Galien dit qu'elle a une qualité amere, & qu'elle est propre à desopiler le foye.

LINÇOIR.

s. m. Terme de Charpenterie. Piece de bois qui soustient les chevrons au droit des bées ou passages des cheminées & des lucarnes.

LINGE.

adj. Vieux mot. Foible.

Car son sens est trop nud & linge.

Si me contrefait comme un singe. LIN LIO LIO LIP 629

LINGOTIERE.

s. f. Terme de Potier d'étaim. Moule où l'on jette l'étaim, pour en faire des Lingots. Les Vitriers appellent aussi Lingotiere, Le Moule dont ils se servent pour fondre le plomb qu'ils employent aux vitres. Ils y versent du plomb fondu, & le retirent ensuite par petits Lingots qu'ils font passer dans le tireplomb où il s'allonge, & forme des verges, qui estant fenduës des deux côtez, servent à enfermer & à recouvrir les pieces de verre. Il n'y a que le milieu de ces verges qui demeure solide.

LINGUET.

s. m. Terme de Marine. Piece de bois qu'on attache sur le tillac, & qui sert à arrester le cabestan, ensorte qu'il ne puisse détourner ny devirer.

LINIERE.

s. f. Terre semée de graine de Lin.

LINOTE.

s. f. Petit Oiseau de couleur de terre, qu'on nourrit en cage, & dont le chant est fort agreable. On l'appelle en latin Ligurinus. Il y a des Linotes qui vivent cinq ou six ans. M. Menage fait venir ce mot de Linaria, à cause que les Linotes vivent de graine de Lin.

LINTEAU.

s. m. Terme d'Architecture. Piece de bois qui sert à fermer le haut d'une croisée ou d'une porte sur ses piedroits. On appelle Linteau de fer, Une barre pour porter les claveaux d'une platebande. Sa grosseur doit estre proportionnée à sa charge.

LIO

LION.

s. m. Animal furieux, & dont la couleur tire sur le roux. Il a le devant de la teste quarré, le museau plat & gros, les yeux affreux, l'ouverture de la gueule grande, le cou gros, grand, couvert d'une criniere, & fort roide, quoy qu'il soit composé de plus d'un os. Sa langue, qu'il a semblable à celle d'un chat, aussi-bien que les pattes, les dents & les yeux, est herissée d'un fort grand nombre de pointes, dont la matiere est fort dure & pareille à celle des ongles. Ces pointes sont creuses à leur base, recourbées vers le gosier, & longues de deux lignes. Il a la poitrine large, le ventre gresle, les cuisses fortes & nerveuses, cinq ongles à chaque pied de devant, & quatre à ceux de derriere, avec une grosse & grande queuë. Sa vessie est fort petite, à cause qu'il boit fort peu, & ses intestins ont prés de vingt-cinq pieds de long. Le Lion passe pour le plus fier, le plus cruel & le plus courageux des animaux, & on le fait combattre dans les spectacles contre les plus fortes bestes. Il apprehende le feu, & comme il y en a de furieux qui se tiennent sur le sommet des Montagnes du Pays des Cafres, & qui vont chercher leur proye au clair de la Lune, le plus souvent autour du Fort du Cap, les Gardes y allument de grands feux pour les empescher d'en approcher. On tient que cet animal en mene avec soy un autre, appellé Lakhals par les Hollandois, qui ressemble à un Renard & qui ayant l'odorat extremement fin, découvre de loin où est la proye, & y mene le Lion, qui luy en fait part aprés l'avoir prise. On dit aussi qu'il a peur du Coq & que son chant le fait fuir, mais on a veu le contraire par experience. Le Lion dort les yeux ouverts & remuë la queuë pendant qu'il dort. Il jette son urine en arriere, & s'accouple de mesme avec la Lionne, qui ne differe du masle, qu'en ce qu'elle n'a point de longs poils autour du cou. Les Lions entrent en amour en hiver, & alors il est dangereux de les rencontrer. On appelle Lionceaux les petits de la Lionne.

Il y a aussi des Lions marins, & on en a veu un au Cap de bonne Esperance, auquel on donna la


chasse, & que l'on tua. Il avoit dix pieds de long, & quatre de large, de gros yeux affreux, des oreilles courtes, & une barbe herissée & fort épaisse. Sa teste estoit aussi grosse que celle d'un veau d'un an, & ses dents sortoient d'un demy pied hors de sa gueule. Son ventre touchoit presque à terre, ses jambes estoient courtes. Il se retiroit à la mer aprés qu'il s'estoit saoulé dans le bois.

Le Lion dans le Blason a differentes épithetes. Il est appellé pour l'ordinaire Rampant & Ravissant, & quand sa langue, ses ongles & une couronne qu'on luy met sur la teste, ne sont pas du mesme émail que le reste de son corps, on dit qu'Il est armé, couronné & lampassé. On dit aussi Lion issant & Lion naissant. Le premier est celuy qui ne monstre que la teste, le cou, les bouts des jambes & les extremitez de la queuë contre l'écu, & l'autre est celuy qui ne faisant voir que le train de devant, la teste & les deux pieds, semble sortir du champ entre la face & le chef. On appelle Lion brochant sur le tout, Celuy qui estant posé sur le champ de l'écu, chargé déja d'un autre blason, en couvre une partie. Le Lion mort-né, est un Lion, qui est sans dents & sans langue, & le Lion diffamé, celuy qui n'a point de queuë. Lion Dragonné, se dit d'un animal qui a le derriere de serpent & le devant de lion, & Lion Leopardé, d'un Lion passant qui montre toute la teste comme fait le Leopard,

Lion. Espece de Monnoye d'or qui valoit cinquante trois sous neuf deniers & avoit cours en France sous le regne de François I. Elle pesoit trois deniers cinq grains, & sa figure estoit un Lion. Il y avoit pour legende Sit nomen Domini benedictum.

LIONNÉ,

ée. adj. Terme de Blason. Il se dit du Leopard rampant. D'or au Leopard Lionné de gueules.

LIOUBE.

s. f. Terme de Marine dont se servent quelques Charpentiers, pour signifier, L'entaille qu'il faut faire, sur ce qui est resté debout d'un mast rompu par la violence de quelque tempeste, afin d'y enter un autre bout de mast qui le remette en son entier.

LIP

LIPOTHYMIE.

s. f. Terme de Medecine. Affection dans laquelle, outre le pouls petit & foible plus ou moins à proportion que la Lipothymie est plus ou moins dangereuse, les sens internes & externes, & le mouvement animal, tant volontaire que naturel, sont abolis en quelque façon. La respiration mesme est fort obscure ou imperceptible. Ce mot est Grec leipothumia, Défaillance des esprits. Il est fort important d'observer que les commencemens de la Lipothymie ressemblent à un assoupissement & à une envie de dormir. Ainsi les femmes hysteriques paroissent fort assoupies dans les grands accez quand elles vont tomber effectivement dans la Lipothymie. Celles que le travail de l'accouchement a assoupies semblent vouloir dormir, & cela vient de la Lipothymie qui les menace. Les grandes saignées & les autres évacuations excessives de sang, causent un certain assoupissement qui est le commencement de la Lipothymie.

LIPPITUDE.

s. f. Maladie propre des yeux que l'on appelle autrement Chassie. Il y a deux especes de Lippitude, l'une sanguine, & l'autre sereuse. La premiere est l'inflammation de la conjointe, qui est la tunique exterieure de l'œil avec rougeur, ardeur, tumeur & écoulement de larmes. La seconde est une distillation continuelle & abondante de larmes, avec plus ou moins de douleur à l'œil, de picotement, d'ardeur, de rougeur. Celle-là est appellée

KKkkiij 630 LIQ LIS LIS

proprement Epiphora. Le mot de Lippitude, est latin Lippitudo. Quelques-uns le font venir du Grec lips, Pierre d'où dégoutte l'eau, à cause que l'humeur dégoutte de mesme des yeux d'un chassieux.

LIQ

LIQUIDAMBAR.

s. m. Huile, ou resine oleagineuse qui distille d'un arbre fort beau & fort haut que les Indiens nomment Ocoscol. Elle est composée de deux parties, l'une seche & l'autre liquide. La partie la plus liquide estant recuëillie separement ou tirée par expression, porte le nom de Liquidambar, qui veut dire, Ambre liquide, à cause de son odeur qui estant tres-forte, est aussi tres-agreable.

LIQUIDATION.

s. f. Terme de Pratique. Action par laquelle on regle à une certaine somme les dépens, les interests, ou les dommages & interests. On dit Faire la Liquidation des dépens, pour dire, Arrester au bas de la Declaration ou du Memoire la taxe des frais qu'on a esté obligé de faire pendant la poursuite d'un procez.

LIQUIDATION.

s. f. Terme de Pratique. Action par laquelle on regle à une certaine somme les dépens, les interests, ou les dommages & interests. On dit Faire la Liquidation des dépens, pour dire, Arrester au bas de la Declaration ou du Memoire la taxe des frais qu'on a esté obligé de faire pendant la poursuite d'un procez.

LIS

LIS.

s. m. Plante qui jette de longues feüilles toûjours verdoyantes, lissées, grasses, & semblables à celles du Pancratium. Sa tige est de la hauteur de deux coudées, ronde, droite, lissée, ferme, grasse & revestuë de feüilles depuis la racine jusques à la cime ; il en sort trois ou quatre branches qui portent de petites testes, longuettes, vertes, qui avec le temps deviennent d'une blancheur merveilleuse, & d'une excellente odeur, rendant la fleur de Lis en maniere de panier, ridée par dehors & ayant ses bords renversez. Du milieu de cette fleur s'élevent de petites languettes jaunes & poudreuses qui ont une autre odeur que la fleur, & du milieu de ces petites languettes sort un festu avec un bouton à sa cime de couleur verte. Sa racine est bulbeuse, blanchastre, & toute écaillée comme la Joubarbe ; ses écailles sont un peu grosses & pleines de jus. Pline qui parle amplement des Lis, dit qu'il y a une autre fleur qui luy est assez semblable que l'on appelle en latin Convolvulus ; qu'elle croist parmy les hayes sans aucune odeur, & sans aucuns filamens jaunes au dedans, mais ayant seulement la blancheur du Lis, desorte qu'il semble que ce soit le coup d'essay de la nature, lorsqu'elle a voulu former cette Fleur. Il ajoûte qu'on trouve aussi des Lis rouges que les Grecs appellent krinon, & dont quelques-uns nomment la fleur kunorrhodon, Rose de Chien ; qu'il y a de ces Lis rouges qui produisent quelquefois deux tiges, quoy qu'ils n'ayent qu'un seul oignon, mais plus gros & plus charnu que les autres, & que pour en avoir de cette couleur, il faut au mois de Juillet, lorsque les tiges du Lis commencent à estre seches, les couper avec la fleur & les mettre ensuite secher à la fumée. Vers le mois de Mars suivant, quand tous leurs nœuds & toutes leurs jointures sont denuées, on met détremper ces tiges dans de la lie de gros vin pour leur donner la couleur, aprés quoy on les enterre & on les couvre de lie, ce qui les fait venir rouges. Pour faire fleurir les Lis en differentes saisons, il faut planter leurs oignons les uns plus avant en terre que les autres, & cela est cause qu'ils fleurissent en divers temps. On se sert de la racine de Lis dans les decoctions émollientes & dans les cataplasmes, soit pour amollir, soit pour faire venir quelques abscez à suppuration. Les fleurs échauffent, digerent & amolissent aussi-bien que


les racines. On en fait aussi de l'huile, appellée Oleum Liliorum, qui sert à adoucir & à digerer les humeurs qui causent de la douleur à la poitrine, à l'estomac, à la matrice, dans les reins, & dans la vessie.

Dioscoride fait aussi mention d'un Lis jaune, qui a sa tige & ses feüilles semblables au Lis & vertes comme un porreau. Ses fleurs qui sortent à trois ou quatre à la cime de la tige, sont divisées & comparties de mesme que celles du Lis. Quand elles commencent à s'ouvrir, elles sont fort pasles. Sa racine est grosse & bulbeuse, & a plusieurs costes. Estant appliquée sur les brusleures, elle les soulage. Ses feüilles broyées appaisent les inflammations des mammelles des nouvelles accouchées, & servent pour toutes sortes d'apostumes d'yeux. Les Grecs l'appellent hêmerokallis, qui veut dire, Dont la beauté ne dure qu'un jour, & le peuple d'Italie luy donne le nom de Lis sauvage. Matthiole dit que cette sorte de Lis y croist en abondance dans les prez & parmy les bleds, tant aux montagnes que dans les collines, & que ceux qui prennent le Muguet pour l'Hemerocallis se trompent fort.

On trouve dans les Isles de l'Amerique deux sortes de Lis, l'un blanc & l'autre orangé. Le blanc ressemble à nos Lis pour l'oignon & pour les feüilles, au milieu desquelles l'oignon pousse une tige verte, creuse & haute d'un pied & demy, chargée de cinq ou six petites fleurs blanches, longuettes, fort delicates, & qui jusqu'au haut sont assez semblables à celles de nos Narcisses, si ce n'est que le tuyau du milieu est environné de cinq petites feüilles, & qu'il se divise en un pareil nombre d'autres fort estroites, & longues comme le doigt. Du milieu de ces fleurs qui ont une odeur fort penetrante, & aussi agreable que celle de la Tubereuse, sortent quelques petits filets blancs longs comme le doigt, & qui ont de petites languettes jaunes. L'autre sorte de Lis produit au haut de sa tige cinq ou six fleurs comme de petites Tulipes de couleur orangé pasle à fond blanc par dedans. Les feüilles de cette derniere espece de Lis, sont beaucoup plus minces & plus delicates que celles de nos Tulipes. Ces Lis ont cinq petits filets à languettes jaunes, mais ils n'ont point de bouton comme les tulipes. Cette fleur est fort belle, mais sans nulle odeur.

Lis. Sorte de Monnoye d'or & d'argent, dont la fabrication fut ordonnée sur la fin de l'année 1655. Les Lis d'or valoient sept francs, & avoient d'un costé deux manieres d'Anges qui soustenoient un Ecusson où estoient trois fleurs de lis, & pour legende du mesme costé, Domine, elegisti Lilium tibi. Ils avoient de l'autre costé une croix cantonnée de quatre fleurs de lis & pour legende Ludovicus decimus quartus, Dei gratia Franciae & Navarrae Rex. Ils furent decriez par une Declaration du 28. Mars 1679. Les Lis d'argent valoient vingt sols, & le Roy en deffendit le cours dés l'année 1656.

Lis. Ordre militaire de Navarre, nommé autrement Nostre-Dame du Lis. Il fut étably par Garcias IV. Roy de Navarre en 1048. dans la Ville de Nagera, en reconnoissance de ce qu'estant tres-malade, il fut guery inopinément dans le temps que l'on trouva une Image de la Vierge sortant d'une fleur de Lis. Il fit bastir exprés une Eglise pour y placer cette Image avec un Monastere où il mit des Religieux de Cluni, aprés quoy, il fonda l'Ordre des Chevaliers de Sainte Marie de la Fleur de Lis, dont il se fit le Grand-Maistre. Leur nombre fut de trente - huit. Ils promettoient par serment qu'ils hazarderoient leurs biens & leurs vies pour la conservation du Royaume de Navarre, d'où ils chasseroient les Maures. Ils portoient une fleur de Lis LIS LIT LIT 631

d’argent en broderie sur la poitrine, & une double chaine d’or jointe ensemble, avec la lettre M. pour signifier Marie. Au bout de la chaine pendoit une fleur de lis d’or émaillée de blanc portant la mesme lettre couronnée.

LISOIR.

s. m. Terme de Charron. Piece de bois qui est au dessus des essieux du carrosse, & sur laquelle posent d’autres pieces, appellées Moutons. On appelle Lisoir de chariot, La piece de bois sur laquelle pose le brancard. Il y a le Lisoir de devant, & le Lisoir de derriere.

LISSE.

s. f. Terme de Marine. Assemblage de longues & grosses pieces de bois qu’on met bout à bout l’une de l’autre dans le corps du bordage d’un Vaisseau. C’est une maniere de ceinture que l’on appelle autrement Ceinte, Chainte, Carreau, ou Perceinte, qui sert à lier les membres & les pieces de Charpenterie dont le corps du bastiment est formé. On appelle Lisse de Hourdy, Une longue piece de bois, qui fait l’affermissement de la pouppe, & qui lie le haut du Vaisseau par son couronnement. On luy donne aussi le nom de Barre d’arcasse. Ce qu’on nomme Lisses de porte hauban, sont de longues pieces de bois plates que l’on fait regner le long des porte-haubans, & qui servent à tenir dans leurs places les chaines de hauban.

LISTEL.

s. f. Petite bande ou espece de regle qui est dans les moulures de l’architecture, & que les Menuisiers appellent souvent Mouchette Listel, se dit encore de l’espace plein qui est entre les cannelures des colomnes. Ce mot vient de l’Italien Listello, Ceinture. On dit aussi Listeau.

LIT

LIT.

s. m. Meuble dont on se sert pour y coucher, pour y reposer, pour y dormir. Acad. Fr. Les Maçons se servent du mot de Lit, en parlant de la situation naturelle d’une pierre quand elle est dans la carriere. Les pierres y ont deux lits. Celuy de dessus s’appelle Lit tendre, & celuy de dessous Lit dur. C’est ce qui oblige à renverser les pierres, & à mettre le Lit le plus dur dessus, quand on les employe à découvert, comme pour couvrir des terrasses, & pour faire des dales. On appelle aussi dans une muraille, Lit de pierre, Une assise, un estage de pierre. On appelle, Lit de voussoir & de claveau, Le costé qui en est caché dans les joints, & Lit de pont de bois, Le plancher du pont qui est composé de poutrelles & de travons avec son conchis.

On dit, Lit de reservoir, pour dire, Le fond d’un reservoir qui est fait de sable, de glaise, de pavé, ou de ciment & de cailloutis.

On appelle en termes de Marine, Lit de marée, Un courant qui se trouve en certains lieux de la mer. On dit, Tenir le Lit du vent, estre au Lit du vent, pour dire, Cingler à six quarts de vent prés du rumb d’où il vient.

LITEAU.

s. m. Terme de Chasse. Lieu où le Loup se couche & se repose durant le jour.

LITHARGE.

s. f. Plomb meslé avec les vapeurs ou la crasse de l’argent. La Litharge se fait quand les Affineurs fondent l’argent avec le plomb pour l’épurer à force de soufflets. Le plomb se subtilise alors de telle sorte, qu’il surnage à l’argent & se mesle avec sa crasse ; & en continuant le feu, cette crasse & le plomb se separent à costé, & sortant par une ouverture faite exprés, ils degenerent en Litharge estant refroidis. Les Anciens faisoient de trois sortes de Litharge, l’une appellée κρουσιτηζ, à cause de sa couleur d’or ; l’autre αργυριτηζ, à cause


qu’elle paroissoit meslée de paillettes d’argent ; & la troisiéme μελιβδιτηζ, qui estoit faite de la veine du plomb cuite au feu. Aujourd’huy on n’en fait que de deux sortes ; l’une appellée Litharge d’or, parce qu’elle paroist pleine de paillettes d’or, & l’autre, Litharge d’argent, à cause qu’elle semble estre meslée de petits brins d’argent. Les divers degrez de feu leur donnent cette diversité de couleur, de sorte que celle qui est plus cuite & plus digerée acquiert une couleur d’or. Elle est preferable à l’autre, & c’est de celle-là qu’on entend parler lors qu’on dit simplement Litharge. Dioscoride dit qu’anciennement on la bruloit, aprés quoy on la lavoit comme on fait la calamine. Presentement, on ne fait que la broyer doucement dans un mortier, en versant de l’eau fort claire par dessus, & l’agitant ensuite. Cela fait, on la met dans un autre vaisseau, où l’on verse de l’eau nouvelle, & on la remue comme auparavant. Quand cette eau est trouble, on la mesle parmy la premiere, & cela se reitere jusqu’a ce que le plomb, & les ordures demeurent au fond, & que tout ce qu’il y a de meilleur ait esté tiré avec l’eau. On laisse reposer cette eau, afin qu’aprés l’avoir jettée, la Litharge pure qui se trouve au fond foit ramassée, & on la passe par dessus le marbre afin qu’elle ne soit plus aspre à la langue. La Litharge est astringente & dessiccative comme le sont toutes choses minerales, & tous medicamens de pierres & de terres. Elle rafraischit, deterge, remplit les cavitez des ulceres, & les cicatrise. Matthiole dit, aprés Dioscoride, que la Litharge prise par la bouche en quelque maniere que ce soit, est venimeuse & fort dommageable à la personne. Il parle amplement des accidens qu’elle cause & des remedes que l’on y peut apporter. On l’appelle en Grec λιθάργυροζ, de λιθοζ , Pierre, & de άργυροζ, Argent. Les Vitriers se servent de Litharge d’argent, quand ils peignent sur le verre.

LITHONTRIBON.

s. m. Sorte de poudre propre à briser la pierre, dont l’Auteur est incertain, & que Salernitanus décrit en son Antidotaire. Elle est composée de quarante & un ingrediens, sans le miel & le sucre, & Nicolaus Praepositus y ajouste encore la semence d’Ameos, d’Amomum, & de Levesche avec la racine d’Iris ; mais comme la pluspart des quarante & un ingrediens que nomme Salernitanus sont astringents, que quelques-uns nuisent à faire jetter la pierre dehors, & qu’il y en a d’autres qui sont trop chers & trop rares, en sorte qu’on ne les peut avoir que falsifiez, du Revon, fameux Medecin de la Faculté de Paris, rejette cette poudre, & décrit un autre Diatribon qui casse la pierre, la fait sortir, & remedie aux autres incommoditez des reins & de la vessie. Il y fait entrer le sang de Bouc preparé, le sang de Lievre bruslé, les semences de Milium solis, d’Alkenkenge, & de Saxifrage, les racines de Cyclamen, de Soucher, d’Ononis, d’Eryngium, d’Iris de Florence, & de Rubia tinctorum ; les coques d’œuf, les pierres d’éponge, & la tunique interieure de l’estomac d’une poule ; les bayes de Genevre, la Cannelle, le Cardamome, le Macis ; les semences d’Asperges, de Carvi, de Persil, de Mauve sauvage, d’Ache, de Pepons, de Melons, de Seseli, de Cirron, de Coriandre, de Daucus, de Pimprenelle, & de gomme de Cerisier. Cette poudre qui provoque puissamment les urines, se doit prendre pour la pierre & la gravelle des reins avec un peu de vin blanc, ou avec de l’eau de parietaire ou de rave. Bauderon qui enseigne comment il faut faire le meslange de tous ces ingrediens, dit que cette poudre appaise les douleurs des lombes, chasse le sable des reins & de 632 LIT LIT LIV

la vessie, soulage la douleur nephretique, & la difficulté d’uriner, & diminuë la pierre, mais qu’on ne s’en doit servir qu’aprés les purgations universelles, & seulement le matin, plus ou moins selon les pays, les saisons, l’âge & le sexe. Le mot de Lithontribon, vient de lithos, Pierre, & de tribein, Broyer.

LITHONTRIPTIQUES.

s. m. Medicamens qui brisent la pierre & la convertissent en gravelle. Plusieurs Medecins d’un fort grand poids doutent qu’il y ait des remedes qui puissent dissoudre & comme broyer en petites particules la pierre qui est une fois coagulée & bien endurcie. La chose est tres-difficile, à cause que la pierre ou le calcul est une concretion saline salée, composée de l’acide & de l’alcali, & qui estant rassasiée de l’un & de l’autre, ne sçauroit estre dissoute ny par l’acide ny par l’alcali, de sorte que si l’on peut trouver un remede capable de briser le calcul, il faut necessairement qu’il soit d’une nature qui participe à l’acide & à l’alcali, afin de penetrer dans les petits pores du calcul coagulé, où s’insinuant il dissolve les particules salines incorporées ensemble. Pour s’asseurer par l’experience, on jette un calcul dans de certaines liqueurs, afin de connoistre quelle liqueur le brisera & plustost & mieux ; & cette liqueur estant trouvée, on croit qu’on la peut donner pour resoudre le calcul dans les reins & la vessie ; mais ce principe est faux, puis que l’esprit de nitre qui brise presque toûjours le calcul humain exterieurement, ne fait pas la mesme chose, lors qu’il est pris interieurement. Cela vient de ce qu’il prend une nouvelle efficacité & une autre nature, en perdant toute sa force dans l’estomac, par l’alteration que le levain stomachal luy donne, par l’alteration du sel volatile de la bile & du suc pancreatique acide, ou tirant sur le salé ; enfin dans les reins par l’alteration de l’urine. Ainsi les remedes pour briser la pierre, se doivent plustost faire dans le corps humain par le meslange des sucs differens de nostre corps, que de les pretendre tels hors de nostre corps. Cela fait voir que ce n’est point la corrosiveté de ces remedes qui brise le calcul, puis qu’ils ne peuvent parvenir aux reins sans avoir esté alterez, mais que cela arrive par la proportion qui est entre les parties du calcul, & les pores du corps à dissoudre. On doit conclure de là, qu’on peut briser le calcul dans le corps humain, sans qu’il soit besoin de corrosif, pourveu qu’on prenne le soin de preparer des liqueurs & des menstruës que l’on puisse prendre, & qui entrant sans violence dans les pores du calcul, en dissolvent le coagulum.

LITHOPHAGE.

s. m. Petit ver qui se trouve dans l’ardoise, & que l’on appelle ainsi du Grec lithos, Pierre, & de phagesthai, Manger, parce qu’il mange de la pierre & qu’il s’en nourrit. Il est couvert d’une petite coquille fort tendre & fragile, qui est de couleur cendrée & verdastre. Cette coquille est percée à ses deux bouts. Le ver rend ses excremens par l’un de ses trous, & il passe sa teste & ses pieds par l’autre. Ce petit insecte est noirastre, & il a son corps composé d’anneaux, avec six pieds, trois de chaque costé, qui ont chacun deux jointures qui s’articulent ensemble par charniere. On apperçoit dans les couches de l’ardoise les traces de ce ver ; ces traces sont les chemins qu’il se creuse lors que la pierre est encore molle. C’est avec sa reste qu’il marche, car la tirant & la faisant sortir par le petit trou qui est au devant de sa coquille, c’est un point fixe qui luy sert pour avancer, tandis que le reste de son corps s’appuye sur ces petits pieds. Il a quatre machoires qui luy servent de dents. De sa gueule sort un filet dont il bastit sa coquille. Il a


dix petits yeux de couleur noire, cinq de chaque costé, qui sont rangez les uns contre les autres en forme de croissant. On ne sçait pas quelle nouvelle forme cet insecte prend dans la suite, mais il demeure constant qu’il se métamorphose, & que c’est dans sa coquille que se fait ce changement. Un curieux ayant rencontré la nymphe de ce petit ver, en vit sortir plus de quarante vers, tous vivans. Ils avoient la teste noire ; leurs pieds estoient fort visibles, & leur corps estoit jaune en quelques endroits, & rouge en d’autres.

LITISPENDANCE.

s. f. Terme de Pratique. Engagement d’un procez dans une Cour ou Jurisdiction. Ainsi quand on est assigné par devant un Juge, pour une affaire qui a quelque connexité avec une autre qui est pendante ailleurs, on propose la Litispendance, comme une cause legitime d’évocation. Ce mot vient de Lis, Procez, & de Pendere, Pendre.

LIV

LIVRE.

s. f. Terme de compte. Monnoye imaginaire qui se prend en France pour vingt sols. L’origine de ce mot vient de ce qu’anciennement chez les François, la Livre estoit un poids sur lequel la taille de leur monnoye se regloit, & on l’arresta de vingt sols à la Livre. Elle devint dans la suite Livre de compte. Ainsi on appella Livre tout ce qui valoit vingt sols. Les marchez & les contrats ont esté faits, dés le temps de Charlemagne, sur le pied de cette monnoye imaginaire, quoyque les sols ayent changé de poids & d’aloy. Depuis on fabriqua des pieces d’or qui valoient vingt sols, & en 1575. sous Henry II. on en fabriqua d’argent de mesme valeur. On les nomma Francs, ce qui fit que cette monnoye imaginaire devint réelle. On dit en termes de Palais, que les Creanciers seront payez au marc la Livre, au sou la Livre, pour dire, qu’Ils seront colloquez sur des effets mobiliaires à proportion de leur deu. On dit Livre à livre, en termes de Marine, pour dire, Au sou la Livre. Dans les vieux titres on appelle Soixante & douze témoins, Une Livre de témoins, & on a aussi appellé Soixante & douze ans, Une Livre d’années. La raison est que la Livre que l’on appelloit Libra accidua, estoit alors partagée en Soixante & douze sols, ou monnoyes d’or.

Nicod s’est expliqué en ces termes sur le mot de Livre. En fait de poids commun, duquel on use en toutes marchandises debitées au poids, fors que de l’or & de l’argent, la Livre vaut seize onces, & se partit en deux demi-Livres, puis en quatre quarterons, puis en huit demi-quarterons, puis en seize onces, puis en trente-deux demi-onces, puis en soixante-quatre seizains, puis en cent vingt-huit treseaux, puis en deux cens cinquante-six gros, qui s’appellent aussi demitreseaux, puis en cinq cens douze demi-gros, qui est en telles marchandises la derniere espece de poids, mais en fait d’argenterie ou orfavrerie & de monnoyes, la Livre, pesant neanmoins seize onces, se partit en deux marcs, puis en seize onces, puis en six-vingt-huit gros, puis en trois cens quatre-vingts-quatre deniers, puis en neuf mil deux cens seize grains, puis en cent dix mille cinq cens quatre-vingts & douze Karobbes, qui est la derniere espece de tel poids.

Il y a de vieux titres où l’on trouve Livre de terre, C’est un arpent de terre, selon quelques-uns. D’autres veulent que ce soit autant de terre qu’il en falloit pour faire le revenu d’une Livre en argent, suivant la monnoye qui couroit alors dans le Pays. LOB LOC LOF LOG 633

Dans la Mechanique, l'estimation de toutes les forces mouvantes se reduit à la Livre, & on trouve que dans une certaine distance du centre, une Livre contrepese à cent autres. Il y a aussi des Livres de legereté. C'est quand on enferme de l'air dans des outres ou dans des vessies, autant qu'il en est besoin, pour contrepeser un corps qui enfonce dans l'eau, & pour le tenir en équilibre, ou plus élevé.

Livre, est aussi une mesure du poids des corps graves que l'on pese. Elle est differente selon les lieux. Celle d'Avignon, de Provence & de Languedoc est de treize onces. La Livre de Paris, est de seize onces ; & parmy les Medecins, elle est seulement de douze.

LOB

LOBE.

s. m. Terme de Medecine. Piece molle & un peu plate de certaines parties des animaux, specialement du poumon & du foye. Acad. Fr. La separation que les Lobes font d'une partie du poumon d'avec une autre, sert à le dilater, à luy faire recevoir plus d'air, & à empescher que sa chair ne soit foulée quand on plie le dos.

Lobe, se dit aussi de la partie de l'oreille, appellée Tendon de l'oreille, qui est plus grasse & plus charnuë, & qui pend au dessous de l'aileron.

On appelle Lobes de feves, Les deux parties dont le corps de la feve est compose, & au milieu desquelles est le germe. Toutes les autres graines jusqu'aux plus petites, se divisent aussi en deux Lobes ou parties égales.

Lobe. Vieux mot. Mépris, mocquerie.

Un Autor qui ot nom Macrobes,

Ne tenoit pas songes à lobes.

On a dit aussi Lober, pour, Se mocquer.

Les ames chuent & lobent

Par fausses adulations.

LOC

LOCHE.

s. f. Petit poisson qu'on trouve dans les petites rivieres, & qui est long environ comme un Eperlan. Il est rond & charnu, & a le bec assez long, le corps jaunastre, & marqué de petites taches noires. Loche, selon M. Menage, est aussi une sorte de Limaçon.

LOCHIES.

s. f. p. Grand flux de sang qui arrive aux femmes aprés l'accouchement Les Lochies sont appellez par quelques-uns Le sang des couches ou les vuidanges de la matrice. Ce sang n'est pas pur, & on voit sortir avec luy au bout de trois jours une gelée sereuse qui rend le sang aqueux, & semblable à des laveures grasses de chair. Dans la suite il n'y a qu'une matiere visqueuse & une espece de mucilage qui sort avec peu ou point de sang. Les Lochies consistent en ces trois liqueurs, sçavoir en sang-pur, qui coule ordinairement pendant trois jours avec abondance ; en laveures de chair, qui selon les circonstances coulent quatre jours ou environ, & le mucilage en dure cinq, six ou sept. La suppression des Lochies est fort dangereuse, & cause quelquefois l'apoplexie, & on a mesme l'exemple d'une accouchée, que la purgation insuffisante de ses Lochies fit tomber en phrenesie ; mais si cette suppression est à craindre, le flux immoderé des Lochies l'est encore plus. Il arrive souvent aprés les moles ou le fœtus mort, & particulierement dans les avortemens, & dans les accouchemens avant le terme, ou mesme dans le temps legitime, quand l'arrierefaix est trop fortement atta-


ché à la matrice. Les causes de cet excez sont, tantost le sang trop abondant, ramassé pendant la grossesse dans les jeunes femmes d'un grand embonpoint, tantost le sang trop sereux, aqueux & fluide, & tantost les remedes spiritueux & salins, donnez pour avancer l'accouchement un peu difficile. Ces remedes estant agitez, & fermentant ensuite avec le sang, le font sortir avec plus d'impetuosité & d'abondance. Le mot de Lochies est Grec, ta lokhia.

LOF

LOF.

Terme de Marine. Il se dit d'une moitié du Vaisseau, qu'une ligne tirée de prouë à pouppe, diviseroit en deux parties égales, dont l'une seroit à stribord du grand mast, & l'autre à bas bord. On dit, Aller au Lof, pour dire, Aller au plus prés du vent ; Tenir le Lof, pour dire, Serrer le vent, prendre le vent de costé ; & Estre au Lof, pour dire, Estre sur le vent pour se maintenir. Au Lof est un terme de commandement pour faire mettre le gouvernail de telle sorte, qu'il fasse venir le Vaisseau vers le Lof, c'est à dire, vers le vent. On dit aussi Lof pour Lof, pour dire, Virer vent arriere en mettant au vent un costé du Vaisseau pour l'autre.

LOG

LOGARITHME.

s. m. Terme d'Arithmetique. Il se dit des nombres rangez selon la proportion arithmetique, & qui sont joints & servent d'exposans à des nombres rangez selon la proportion geometrique. Les Logarithmes par l'addition & par la soustraction font faire avec beaucoup de facilité diverses supputations, qu'on ne feroit que tres difficilement par la multiplication & par la division. Jean Neper, Ecossois, Baron de Marchiston, les a inventées. Le mot de Logarithme vient de logos, Discours, raisonnement, & de arithmos, Nombre.

LOGEMENT.

s. m. Les dedans d'un Logis qu'on habite. Acad. Fr. En termes de guerre Logement se dit d'un campement, que fait une armée. Il se dit aussi du retranchement qu'on fait pour se mettre à couvert, quand on a gagné la contrescarpe ou quelque autre poste. Logement est encore la place qu'un homme de guerre occupe chez les Bourgeois ou dans des huttes, des baraques, des casernes & des tentes. Quand les Troupes campent, on donne soixante & dix pieds de front & deux cens pieds de hauteur, au terrain où se fait le logement d'une Compagnie de cent Maistres, & on en donne cinquante-cinq de front, & deux cens de profondeur pour le Logement d'une Compagnie de cent Fantassins. On appelle Logement d'une attaque, Le travail qu'on fait pendant les approches d'une Place, dans un poste dangereux, où l'on a besoin de se couvrir contre le feu des Assiegez, soit sur un chemin couvert, soit sur une breche ou dans le fond du fossé. Cela se fait par des bariques & des gabions de terre, par des palissades, des balots de laine, des mantelets, des fascines, & enfin par tout ce qui peut couvrir des soldats qui cherchent à conserver un terrain qu'ils ont gagné.

LOGISTIQUE.

s. f. On appelle ainsi la partie des regles de l'Algebre, de l'addition, soustraction &c. Ce mot vient de logismos, Supputation.

LOGOGRIPHE.

s. m. Petite Enigme que l'on donne à deviner aux Ecoliers, & qui consiste en quelque allusion équivoque ou mutilation de mots qui leur déguise la chose signifiée. Le Logogriphe

Tome III. LLII 634 LOI LOM LOM LON

tient le milieu entre le Rebus & l'Embleme. Ce mot est fait de logos, Mot, parole, & de griphos, qui se prend pour une question enigmatique qu'on propose aux conviez dans un repas.

LOI

LOIDORER.

v. a. Vieux mot. Injurier. Il vient du Grec loidorein, qui signifie la mesme chose. On a dit aussi Lœdorer.

LOIÉ,

ée. adj. Vieux mot. Lié.

J'ay a nom Pierre Gentien,

Qui sui loié de tel lien,

Dont nus ne me puet déloier.

LOIER.

Vieux mot. Loger.

LOIMIER.

s. m. Vieux mot. Limier, sorte de chien.

LOIR.

s. m. Sorte de petit animal qui dort pendant tout l'hiver, & qui s'engraisse dans le creux d'un arbre. Le Loir est mis au rang des Souris. Il a le museau & les oreilles aiguës, la queuë grande, le ventre un peu gros, & les costez d'une couleur qui tire sur la couleur de cendre, & qui quelquefois est rougeastre. Il vit de glands & de noix, & nourrit son pere & sa mere, lors qu'estant vieux ils ne peuvent plus chercher dequoy vivre. On tient que les Loirs nourris en une mesme forest s'entreconnoissent si bien, que si quelques Loirs d'un autre forest ou d'un lieu qui soit separé par une riviere, viennent se mesler dans leur troupe, ils ne cessent point de les combattre jusqu'à ce qu'ils les ayent chassez. Ils rajeunissent en dormant pendant tout l'hiver. On en trouve en abondance dans la Carniole, la Stirie, la Carinthie, & dans les Montagnes de Goritie, où l'on en prend un grand nombre quand la faine est meure. La chasse s'en fait la nuit en parfumant les arbres où ils ont leur giste, ce qui leur oste le sentiment. On les écorche, & on les sale pour les garder dans des barils ainsi qu'on fait le poisson. Leur chair est bonne pour ceux qu'on ne peut saouler. Elle est si remplie de graisse qu'elle oste tout appetit. Elle engendre des humeurs froides & visqueuses, & est de tres-difficile digestion, ce qui fut cause, au rapport de Pline, que les Censeurs défendirent à Rome que l'on en servist à table. La chair du Loir écorché, cuite avec du miel dans un pot de terre neuf, où l'on met un peu de lard, est bonne pour les fievres tierces. C'est aussi un remede singulier pour les douleurs des oreilles. On dit que les excremens du Loir guerissent de la gravelle si on les boit dans quelque liqueur, & que sa graisse fait dormir lors qu'on s'en frotte la plante des pieds.

LOIRRER.

v. a. Vieux mot. Dérober.

Car amour loirre

Les cœurs, comme Faucon en loirre.

Ce dernier mot Loirre, veut dire, Leurre.

LOIST.

Vieux mot. Il est loisible, permis. On a dit aussi Loit.

Qui prend a d'autre lieu provende

Loit il de luy en faire autant ?

On a dit aussi, Loisoit, pour, Il estoit permis, & qu'Il loise, pour, qu'Il soit loisible.

Ja je ne cuid que mentir m'en loise.

LOISER.

Ce mot se trouve en terme de Marine dans la signification d'Eclairer.

LOM

LOMBAIRE.

adj. Terme de Medecine. On appelle Veine lombaire, Une veine qui sort du tronc descendant de la veine-cave, & qui est un des cinq


rameaux iliaques. Elle a plusieurs branches, & arrose les vertebres des lombes & de la moüelle de l'épine.

LOMBES.

s. m. p. Les Anatomistes appellent ainsi les cinq vertebres de la partie inferieure de l'épine du dos, situées entre les autres vertebres de la mesme épine du dos, & l'os sacrum. Le corps de ces cinq vertebres est plus gros que celuy des autres & a force trous.

LOMBIS.

s. m. Terme de Rocailleur. Grosse coquille vermeille. On l'appelle aussi Lambis.

LON

LONCHITIS.

s. m. Dioscoride dit que c'est une plante qui croist aux lieux secs & aspres, & dont les feüilles sont semblables aux Porreaux. Elles sont neanmoins rouges & plus larges. Cette plante en jette plusieurs, mais il y en a peu autour de la tige, & celles qui sont prés de sa racine sont comme rompuës & recourbées contre terre. Les fleurs de ses tiges sont des manieres de petits chapeaux faits en façon de masques noirs, qui tirent une langue blanche contrebas. Sa graine est contenuë dans une espece de bourre, & est faite à triangle en forme de fer de lance, d'où elle a pris son nom, le mot Grec logkhê, signifiant une Lance. Sa racine ressemble au Daucus. Il y a une autre Lonchitis, appellée par quelques-uns Lonchitis aspre, qui a ses feüilles semblables au Cetrach, plus aspres, plus grandes, & plus déchiquetées. Matthiole ne connoît point la premiere sorte de Lonchitis, & dit que la Lonchitis aspre a sa feüille semblable à celle du Scolopendrion, mais plus longue & plus dentelée. Elle ne produit ny tiges, ny fleurs, ny graine, & vient en quelques lieux d'Italie, humides & marescageux. Galien dit que la Lonchitis qui a sa graine en façon d'un fer de lance, est propre à faire uriner, & que les feüilles vertes de celle qui les a semblables au Cetrach, sont bonnes à souder les playes ; il dit aussi que ces feüilles estant seches & bues en vinaigre, elles guerissent la rate endurcie.

Il y a un Arbrisseau dans les Indes nommé Lonchitis, dont Dioscoride dit que l'on fait le Lycium d'Inde. Cette plante est épineuse, & a ses branches droites & grandes au moins de trois coudées. Elles sont plus grosses que celles de la ronce, & sortent en quantité de la racine. L'écorce est rousse quand on la rompt, & ses feüilles sont semblables à l'olivier. On dit qu'estant cuites en vinaigre, elles guerissent les inflammations de la rate & la jaunisse. Sa graine prise en breuvage au poids de dix drachmes, purge le flegme, & sert de contrepoison.

LONDRE.

s. m. Espece de Galiote, plus forte de bois, qui est sans rambade & couradoux, & qui au lieu de chasteau de prouë & de rambade, a un parapet pliant que l'on oste quand on veut. Il y a des Londres à vingt-cinq bancs par bande. Ils sont mastez comme les Galeres, & different des Marsilianes & des Saïques dont les voiles sont quarrées, en ce qu'ils ont des voiles latines. On ne s'en sert qu'à porter des marchandises. Ils ont pourtant une espece de parapet qui est percé en sabords, pour des pierriers ou de petites pieces de canon.

LONGE.

s. f. Terme de Fauconnerie. Cordelette que l'on attache aux pieds de l'oiseau, quand il n'est pas asseuré.

LONGER.

v. a. Terme de Chasse. On dit d'une beste, qu'Elle longe le chemin, pour dire, qu'Elle l'enfile. Longer, se dit aussi des bestes qui menent la chasse loin. LON LOO LOQ LOR 635

LONGIMETRIE.

s. f. Art de mesurer les longueurs, soit accessibles, comme une chaussée ou quelque chemin, soit inaccessibles, comme un bras de mer, une riviere. Ce mot est fait du Latin Longus, Long, & du Grec metron, Mesure.

LONG-JOINTÉ.

adj. Terme de Manege. Cheval long-jointé. est un Cheval qui a le pasturon long, éfilé & pliant.

LONGITUDE.

s. f. Terme de Geographie. Distance du Meridien d'un certain lieu jusques au premier Meridien. Cette distance se compte par les degrez de l'Equateur d'Occident en Orient, jusqu'à trois cens soixante degrez, & on la marque dans les cartes par les meridiens dont l'Equateur est coupé. Les Pilotes comptent la longitude depuis le Meridien du Port d'où ils partent. On la compte en France depuis le premier Meridien qui passe en l'Isle de Fer, l'une des Canaries. Les Espagnols ont mis ce premier Meridien aux Isles des Açores.

Longitude, est aussi un terme d'Astronomie, & on compte la longitude des Etoiles sur l'ecliptique, depuis la section vernale, selon l'ordre des Signes, jusqu'à la section de l'Ecliptique, & d'un grand cercle tiré par les poles du Zodiaque & par l'Etoile. Cela est cause que l'on nomme aussi le mouvement propre des Etoiles, Mouvement en Longitude. Cette Longitude se compte aussi sur un cercle parallele a l'Ecliptique, & on la divise en Longitude veritable, qui est l'arc de l'Ecliptique terminé par la section vernale, & par l'intersection de l'Ecliptique, & d'un grand cercle tiré par un des poles de l'Ecliptique & par le lieu veritable de l'Etoile ; & en Longitude apparente. Cette derniere est l'arc de l'Ecliptique terminé par la section vernale, & par l'intersection de l'Ecliptique, & d'un cercle tiré par les deux poles de l'Ecliptique, & par le lieu apparent de l'Etoile.

LONG-PAN.

s. m. Le plus long costé d'un comble, qui a le double de sa largeur ou quelque chose de plus.

LONGUEUR.

s. f. Etenduë de ce qui est long. Acad. Fr. On dit en termes de Manege, Passeger un Cheval de sa longueur, pour dire, Le faire aller en rond, de deux pistes au pas ou au trot sur un terrain si étroit, qu'il manie toûjours entre deux talons, sans que la croupe échappe, en sorte que quand ses hanches sont au centre de la volte, la Longueur du Cheval en soit à peu prés le demi-diametre.

On dit en termes de Mer, Longueur d'un cable, pour dire, Six-vingt brasses de long. On appelle Longueur de l'estrave à l'estambot, La distance en ligne droite qu'il peut y avoir de l'un à l'autre.

LOO

LOOCH.

s. m. Terme de Pharmacie. C'est un Medicament qui se fait pour remedier aux incommoditez du poumon & de la trachée artere. Il est un peu plus épais que le miel, & on le prend en lechant. Les Apothicaires ont un Looch pro clysteribus, appellé le Looch de casse. C'est un Electuaire fort liquide, mais pourtant plus épais qu'aucun syrop, & qui prend son nom de ce qu'il emprunte la couleur & la vertu de la casse. Nicolaus Praepositus en est l'Auteur. On l'appelle aussi Diacassia. Il est composé d'une livre de decoction de violettes, de Mauve, de Mercuriale, de Parietaire, de Bete & d'Absynthe, avec autant pesant de poulpe de casse & de miel écumé. Ce Medicament qu'on fait pour mettre dans les lavemens, est fort benin. Il purge doucement, appaise l'ardeur du mesentere,


lasche le ventre, & humecte sa secheresse. On le croit pourtant venteux. C'est ce qui fait que plusieurs tirent la poulpe de la casse à la vapeur d'une decoction d'anis ou de fenoüil, & que d'autres y ajoustent un peu de canelle. Le mot de Looch est Arabe. Les Latins le rendent par celuy de Linctus, & les Grecs par ellegma, qui vient du verbe elleikhein, Lescher.

LOOM.

s. m. Oiseau de la Laponie où il s'en trouve en grand nombre de la mesme espece, qui sont un peu differens les uns des autres. Son bec qu'il a fort pointu & nullement long, empesche qu'on ne le mette au rang des canards. Il vole ou nage sur l'eau, & ne peut jamais marcher sur terre, à cause qu'il a les pieds tellement courts à proportion du reste du corps, & si fort sur le derriere, qu'il ne se peut soustenir dessus, ce qui luy a fait donner le nom de Loom, qui dans le langage du Pays signifie, Boiteux, qui ne peut marcher.

LOQ

LOQUET.

s. m. Sorte de fermeture fort simple, & qui s'ouvre en haussant. Acad. Fr. Il se dit en termes de Marine, Des barres qui servent à fermer les écoutilles, cabannes, & autres choses semblables. M. Menage fait venir Loquet de Lukuettus, diminutif de Lucus.

LOR

LOR.

Vieux mot. Leur.

Lor hiaumes ont en lor chief mis.

LOREINS.

s. m. Vieux mot. Resnes.

Sor son Cheval donc li loreins

Valoit cent livres de Chartains.

LORES.

Vieux mot. Alors.

LORIOT.

s. m. Oiseau de la grandeur d'un Merle, & dont le plumage est de couleur jaune tirant sur le vert. Il vit dans les bois, & ne laisse pas de frequenter le bord des ruisseaux.

Loriot, se trouve chez nos vieux Poëtes, dans la signification de quelque ornement de femme.

Femmes porteront des loriots

Et les hommes de grands poriaux.

LORMIER.

s. m. Titre que prennent les Eperonniers, & les Selliers dans leurs Lettres de Maistrise. Il signifie, qui travaille en petites choses de fer. On disoit autrefois Lorimier.

LORRÉ,

ée. adj. Terme de Blason. Il se dit des nageoires des poissons. D'azur au Dauphin couronné d'or, lorré de gueules.

LOS

LOSANGE.

s. f. Figure à quatre costez égaux, ayant deux angles aigus, & deux autres obtus. Acad. Fr. On appelle Losanges curvilignes, Celles dont des lignes courbes forment les costez, & Losanges de couverture, Des tables de plomb qui sont disposées d'une maniere diagonale, & jointes à couture pour couvrir la fleche d'un clocher. On dispose quelquefois en Losange le bois qui fait la charpente des maisons. Les Vitriers appellent Losanges, Les carreaux de verre, dont ils font les panneaux de vitres, & qui finissent en pointe par haut & par bas. Quelques-uns font venir le mot de Losange du Grec loxos, Oblique, & de gônia Angle. Scaliger, veut qu'il ait esté dit au lieu de Lauranges, à cause que les Losanges semblent imiter la figure d'une feüille de Laurier.

Losange. Terme de Blason. Figure de quatre poin-

Tome III LLllij 636 LOS LOT LOT LOU

tes, dont deux sont un peu plus étenduës que les autres, & qui est assise sur une de ces pointes. Les Filles portent leur écu en Losange. Ce mot a fait Losangé, qui se dit de l'écu, & de toute figure couverte de Losanges. Losangé d'or & de gueules.

Losange. Vieux mot. Tromperie. On s'est servy aussi de Losanger, pour dire, Tromper. On pretend que ces mots ont esté faits de l'Italien Lusingare, Flatter, & en ce sens il vient du vieux mot Los, parce que la flaterie est une fausse loüange. On a dit aussi Losangier & Losangeur, pour dire, Flateur, Trompeur.

Amours est cruel losangier,

Tels losangeurs tout pleins d'envie.

LOT

LOTE.

s. f. Poisson qui se pesche dans les lacs & les rivieres, sur tout dans l'Isere & dans la Saone. Il a le corps rond, épais & glissant comme la lamproye, & couvert de petites écailles tirant sur le roux & sur le brun. Sa queuë est faite en forme d'épée.

LOTION.

s. f. Terme de Pharmacie. Preparation d'un Medicament dans quelque liqueur pour le purger ou de ses ordures ou de ses mauvaises qualitez. Ainsi il y a deux sortes de Lotions : l'une superficielle, qui oste les saletez qui sont à la superficie du Medicament, & l'autre interieure. Cette derniere en lave le dedans & le dehors, & en penetre toute la substance. On fait cette Lotion non seulement pour corriger & emporter une qualité nuisible, comme à la graine d'ortie, l'acrimonie, & à la pierre d'azur ainsi qu'à la pierre Armenienne leur faculté vomitive, mais aussi pour rendre une qualité plus vigoureuse, comme à l'aloës lavé dans la decoction des aromatiques ou dans celle du Turbith, ou pour affoiblir une vertu, comme encore à l'aloës, qui purge moins quand il est lavé dans l'eau de chicorée. Il y a plusieurs choses à considerer dans chaque Lotion particuliere ; si la chose qu'on veut laver doit estre pilée auparavant, fonduë, ou brûlée, s'il faut que la liqueur où on lave soit de l'eau simple ou composée, ou tirée des animaux ou des plantes, & si les vases doivent estre de terre, de bois, ou de verre. Il faut encore examiner s'il faut laver une seule fois comme les racines & les fleurs, ou plusieurs fois, comme les herbes, la Terebenthine, la pierre d'azur & le Pompholix, & enfin s'il faut que ce soit au Soleil comme les Metalliques, ou à l'ombre.

On appelle aussi, Lotion, Un remede qui tient le milieu entre le bain & la fomentation. Il y a des Lotions rafraischissantes & de somniferes pour les Febricitans. Elles se font de plusieurs feüilles, fleurs & racines boüillies, dont on lave les pieds & les mains de ceux pour qui on les fait, les envelopant dans des linges trempez en la mesme decoction jusqu'à ce qu'ils se dessechent. On fait encore une Lotion avec de la cendre de sarment. Elle sert pour la teste & les cheveux. Il s'en fait d'autres pour les faire croistre, & pour les maladies du cuir.

LOTUS.

s. m. Dioscoride parle de deux sortes de Lotus, l'un domestique, & l'autre sauvage. Il dit que le jus du domestique que quelques-uns appellent Trefle, & qui croist dans les jardins, enduit avec du miel resout toutes sortes de tayes des yeux, & que le Lotus sauvage que l'on nomme Petit Trefle, & qui croist dans la Lybie en grande abondance, produit ses tiges de deux coudées de haut & quelquefois plus, ayant plusieurs ailes. Ses feüilles ressemblent à celles du trefle des prez, & ses fleurs sortent de certaines petites testes. Elles sont


de couleur celeste, & contiennent une graine semblable à celle du Senegré, excepté qu'elle est beaucoup moindre, & qu'elle a un goust aromatique. Galien parlant de l'un & de l'autre, dit que le Lotus domestique a une vertu moyenne pour digerer & pour dessecher, & que la graine du Lotus sauvage est chaude au second degré, & quelque peu abstersive.

Le mesme Dioscoride parle d'une autre espece de Lotus qui croist en Egipte dans les champs qu'arrose l'inondation du Nil. Il porte son fruit en une teste comme fait la feve, à laquelle il est assez semblable, quoy qu'il soit moindre & plus gresle. Ses fleurs qui sont en grand nombre, & entassées l'une prés de l'autre, sont blanches, & ont leurs feüilles aussi étroites que celles du lis. Elles se serrent, & plongent la teste en l'eau lors que le Soleil se couche, & quand il se leve elles commencent à s'épanoüir, & à élever leur teste au dessus de l'eau. Cette teste est grosse comme celle du pavot, & dechiquetée de la mesme sorte. Sa graine ressemble à celle du Millet. On tient que dans le fleuve Euphrate, cette herbe plonge si profondement ses fleurs & ses testes jusques à minuit, qu'il est impossible d'y toucher avec la main, & que le jour s'approchant elle se redresse peu à peu, sans se monstrer neantmoins sur l'eau, qu'aprés que le Soleil est levé. Alors elle épanoüit ses fleurs, qu'elle a tenuës profondement abaissées dans l'eau pendant la nuit. Les Egiptiens font un grand amas de ces testes dont ils font pourrir les gousses, aprés quoy ils les lavent dans le Nil, & en separent la graine qu'ils font secher pour faire du pain. La racine de cette plante est ronde & grosse comme une pomme de coing, & a une écorce noire comme la chastaigne. La chair du dedans est blanche, & bonne à manger cuite ou crüe. Si on la fait cuire sous la cendre ou boüillir dans l'eau, il s'y forme une maniere de glaire qui a les qualitez du moyeu d'un œuf.

Lotus. Arbre qui croist aussi en Egipte, & dont le fruit est si doux & d'un goust si agreable, qu'il fait perdre aux Etrangers qui en mangent l'envie de retourner en leur patrie, ce qui a donné lieu au proverbe Grec lôton phagein pour ceux qui se plaisant dans un pays Etranger, perdent la memoire de celuy où ils sont nez. Le Lotus est de la grandeur du poirier, & a ses feüilles toutes découpées. Son fruit est de la grosseur d'une feve, & de couleur de safran. On tient que ceux qui mangent ce fruit guerissent du mal de ventre. On a appellé Lotophages, Les Habitans du lieu où cet arbre croist.

LOU

LOUCHET.

s. m. Sorte de hoyau dont on se sert pour fouir la terre. Il ressemble à une pelle, & est plat & tiré en droite ligne avec son manche.

LOVER.

v. a. Terme de Marine. On appelle Lover un cable, quand on met un cable en rond en maniere de cerceaux, afin de le tenir prest à le filer pour le moüillage.

LOUIS.

s. m. Piece de Monnoye d'or dont la fabrication fut ordonnée en 1640. par le Roy Loüis XIII. au titre des pistoles d'Espagne pour avoir cours sur le pied de dix livres, le double loüis, & le demy-loüis à proportion. On y éleva d'un costé la teste du Roy avec son nom, & de l'autre, une croix cantonnée de quatre couronnes & de quatre fleurs de lis, avec cette Legende, Christus regnat, vincit, imperat. On fabriqua aussi des Loüis d'argent l'année suivante, les uns valant soixante sols, & les autres trente, quinze, & cinq sols. On y éleva de mesme LOU LOU 637

la teste du Roy d'un costé, & de l'autre l'écusson des Armes de France, avec ces mots pour Legende, Sit nomen Domini benedictum. Les Loüis d'or & d'argent ont esté exposez pour differens prix en divers temps, & on en a plusieurs fois changé la marque, ensorte que les Loüis d'or ont cours aujourd'huy pour quatorze francs, & ceux d'argent pour soixante & douze sols.

Il y a un Ordre Militaire, appellé De saint Loüis, que le Roy Loüis le Grand a estably en faveur de ses Officiers de terre & de mer, & dont il s'est declaré Chef Souverain, Grand Maistre & Fondateur, par son Edit de Creation du mois d'Avril 1693. en ayant uny & incorporé la Grande Maistrise à la Couronne, sans qu'elle en puisse estre jamais separée par quelque occasion que ce soit. On n'y peut estre receu que l'on n'ait servy avec distinction pendant dix années. Cet Ordre de saint Loüis est composé de huit grands Croix, de vingt-quatre Commandeurs, & d'un nombre indeterminé de Chevaliers selon qu'il plaist à sa Majesté d'y en admettre. Dans le mesme temps de son Institution, Elle en nomma cent vingt-huit, outre les grands Croix, & les Commandeurs, ausquels est distribuée tous les ans par pensions inégales la somme de trois cens mille livres, dont l'Ordre a esté dotté en biens & revenus purement temporels. Ils portent tous une croix d'or, sur laquelle l'Image de saint Loüis est attachée, mais les grands Croix la portent attachée à un large ruban couleur de feu & en écharpe, & ont une croix en broderie d'or sur le Juste-au-corps & sur le manteau. Les Commandeurs portent aussi le ruban couleur de feu en écharpe, mais sans croix en broderie d'or sur le Juste-au-corps ny sur le manteau, & les simples Chevaliers ont seulement la croix d'or attachée sur l'estomac avec un petit ruban couleur de feu. Il y a presentement plus de quatre cens Chevaliers de saint Loüis, le Roy en ayant encore nommé un fort grand nombre au mois de Février 1694. lesquels auront part aux pensions, à mesure que la mort des premiers en laissera quelqu'une vacante. En ce cas, les grands Croix ne pourront estre tirez que du nombre des Commandeurs, ny les Commandeurs que du nombre des Chevaliers, le tout par choix, & comme sa Majesté jugera à propos, sans qu'elle s'oblige d'observer l'ordre d'ancienneté.

LOUP.

s. m. Animal farouche qui vit dans les bois, & ressemble à un gros mastin. Il a les yeux bleus & étincelans, les dents rondes, inégales, aiguës & serrées, l'ouverture de la gueule grande, & le col si court qu'il ne le peut remuer, ce qui l'oblige à tourner tout son corps quand il veut regarder de costé. Il a l'odorat exquis, & ont tient que sa cervelle croist & decroist selon le cours de la Lune. Quand le loup est dégousté, il se purge avec de l'herbe ou du bled en vert. La terre glaise luy sert aussi de remede, comme quelquefois elle luy sert d'aliment. C'est le plus goulu & le plus carnassier des animaux. Ainsi les loups se mangent l'un l'autre quand la faim les presse. Ils vont à la chasse sur le soir durant les broüillards, & s'ils ont quelque riviere à passer, ils la traversent à la file se prenant par la queüe avec les dents, de peur que la force du courant ne les entraine. Lors qu'ils ont receu quelque blesseure qui les fait saigner, ils se veautrent dans la boüe, & par ce moyen arrestent leur sang. Ils sont gris quand ils sont jeunes, & deviennent blancs dans leur vieillesse. Le nombre des ans les rend sujets à la goute & à la rage. Il n'y a point de loups en Angleterre, mais les regions Septentrionales en sont pleines, & ils y sont beau-


coup plus méchants que dans les autres pays. On leur donne le nom de Loups blancs dans la Laponie à cause que leur couleur tire davantage sur le blanc. Ils ont aussi le poil plus épais, plus gros & plus long. Les Rennes privez qu'ils vont attaquer, se deffendent contre eux avec leurs cornes, & ce qu'il y a de fort singulier, c'est que le Loup qui est tres soupçonneux & tres défiant, & qui prend tout ce qu'il voit pour un piege, ayant remarqué que les Lapons ont accoustumé d'attacher les Rennes à des pieux quand ils les veulent traire, n'approche point d'un Renne attaché ainsi avec une corde, dans l'apprehension où il est que quelqu'un ne se soit caché pour le tuer, mais si-tost qu'il le trouve délié, il se jette dessus & le devore. Les Loups recherchent sur tout les petits enfans & les femmes prestes d'accoucher, qu'ils reconnoissent à l'odeur, & cela est cause que les Lapons font toûjours escorter les femmes par quelque homme armé. Les jeunes Loups se peuvent forcer, mais non pas les vieux, qui ont une vigueur merveilleuse, & qui peuvent courir trois jours & trois nuits pourveu que l'eau ne leur manque pas. Il y a des Loups mastins, qui ne vivent que de charogne, & d'autres appellez Loups levriers, à cause de leur legereté. Ils sont tous deux fort grands & rablez, & ont une gueule épouvantable à double rang de crocs qui tranchent comme l'acier. Ils sont plus rusez qu'aucun animal, & vont d'ordinaire deux ensemble. Le plus fort frappe de sa queüe les portes des paysans pour faire sortir les chiens, & prend la fuite aussi-tost, pendant que le Loup levrier est au guet pour les attraper dans le temps qu'ils sortent.

Loup cervier. Animal sauvage qui a la veuë tres-bonne, ce qui l'a fait prendre par quelques-uns pour le linx. Il ne vit que du gibier qu'il surprend. Il habite ordinairement dans les Montagnes, & est plus grand qu'un Renard. Borel donne au Loup cervier la figure d'un loup tacheté comme un Leopard, & dit qu'anciennement on l'appelloit Raphius, ce que Bochart fait venir de l'Hebreu Rhaam, qui signifie Affamé. Selon Nicod, c'est un Chat sauvage aussi grand qu'un Leopard. Il a les pieds divisez comme les Lions, les Ours, les Tigres, & la langue couverte de pointes comme celle des chats & des lions. Ses oreilles qui sont tout-à-fait semblables à celles d'un chat, ont au haut une houpe d'un poil fort noir. Il a le dos roux avec des taches noires, & le ventre & le dedans des jambes d'un gris cendré, marquetez des mesmes taches, mais plus separées & plus grandes. On a remarqué que chaque poil est de trois couleurs dans sa longueur. Sa racine est d'un gris brun, sa partie du milieu presque rousse, & son extremité blanche. Leurs especes sont differentes, ainsi que leur poil, selon les lieux d'où ils viennent.

Loup Garou. Esprit dangereux que le Peuple croit courir la nuit dans les ruës ou par les champs. Ce n'est en effet autre chose qu'un fou mélancolique, & quelquefois furieux qui court la nuit dans les routes, & bat tous ceux qu'il rencontre. Quelques-uns pretendent qu'il y ait de vrais Loups garous, sçavoir des Loups qui sont extremement furieux, & qui s'acharnant contre les hommes, ne se nourrissent plus que de chair humaine. Ils veulent aussi que le nom de Loup garou leur soit donné, à cause que c'est un Loup dont on a besoin de se garer.

Loup de mer. Poisson parsemé de taches, & qui est grand, gras, épais, & couvert de moyennes écailles. Il a le dos blanc & bleu, & une longue teste avec une grande ouverture de gueule. Il y a aussi un Loup d'étang. Sa grandeur est à peu prés 638 LOU LOU

de trois coudées. C'est un poisson gras, & qui passe pour le meilleur de tous ceux qui entrent dans les étangs. Il y a des Voyageurs qui parlent de Loups Marins, les uns ayant quatre pattes & les autres deux. On en trouva un jour vingt ou vingt-cinq endormis sous des arbres assez proches de la mer, dans la petite terre de la Guadeloupe. Ils ronfloient si fort qu'on les entendoit de trente pas. Ils estoient velus, gros comme des veaux, ayant huit à dix pieds de longueur, & seulement deux pattes avec lesquelles ils se trainerent vers la mer tout en grondant. On leur frappa sur le mufle avec des leviers & des pinces, & le moindre coup faisoit ruisseler le sang. Ils en mouroient aussi-tost aprés. Leur chair n'estoit presque que du lard qui se fondoit tout en huile. La fressure de ces animaux n'estoit pas mauvaise.

Loup. Sorte de masque de velours noir, qui sert aux femmes à leur couvrir le visage. Elles ne l'attachent point, & le tiennent seulement avec un bouton dans la bouche. Ce masque differe des masques quartez dont elles se servoient auparavant, & qui avoient une mentonniere, en ce qu'il prend depuis le front jusque sous le menton. Comme il a fait peur d'abord aux petits enfans, on l'a nommé Loup.

Les Libraires appellent Loup, Un instrument de bois fait en forme de triangle, dont ils se servent pour dresser les paquets de Livres quand ils sont cordez.

Loup, se dit aussi d'une espece de maladie qui vient aux jambes. C'est une tumeur, ou une maniere d'ulcere chancreux.

Les Enfans appellent Loup, Un petit morceau de latte, au bout duquel ils attachent une corde longue environ d'une demy aune. Ce petit morceau de latte qu'on fait tourner en l'air par le moyen de la corde, fait un certain bruit qui tient quelque chose de celuy que fait un Loup en heurlant, & c'est delà qu'ils luy ont donné le nom de Loup.

LOUPE.

s. f. Excrescence de chair qui vient sous la peau, & qui s'éleve en rond, & s'augmente plus ou moins selon la disposition des parties où elle s'attache. Acad. Fr. Cette excrescence se forme d'une matiere qu'envelope une petite bourse ou tunique, qui est tantost comme du suif, tantost comme de la boüillie ou du miel, & tantost aussi dure qu'une pierre ou un petit os. Il croist quelquefois sur le pericrane une tumeur qui s'estend plus en large qu'en long à cause de l'épaisseur de la peau. On la nomme Loupe taupiere ou Tortuë. Quand la matiere qui est contenuë dans cette tumeur, est d'une nature fort acre, elle corrode le crane. Si la tumeur est située justement sur les sutures du cerveau, ensorte qu'elle paroisse tirer son origine des fibres de la dure mere qui passent par les sutures, les funestes accidens qui en sont à craindre doivent empescher que l'on n'y touche. Si elle se trouve en un autre endroit, il faut resoudre la matiere ou la faire suppurer de quelque maniere, ouvrir la tumeur suivant la coustume, & consumer la membrane.

Loupe. Terme d'optique. Verre rond enchassé en forme de Lunettes pour grossir les objets. Il sert aux Graveurs & aux Ouvriers pour leur faire découvrir les moindres parties des choses sur lesquelles ils travaillent quand l'ouvrage est delicat. Les Joüailliers appellent Loupes de saphir, de rubis, & d'émeraudes, certaine masse mal cuite & indigeste qui se trouve quelquefois en ces sortes de pierres, comme si-la nature n'avoit pû les achever. On dit aussi, Loupes de perles. Ce sont proprement des nacres de perles, où il y a quelque endroit relevé


& à demy rond, que les Lapidaires ont l'adresse de scier.

Loupe de bois. Terme d'Eaux & Forests. Bosse ou gros nœud qui s'éleve sur l'écorce des arbres.

LOURDOIS.

adj. Vieux mot. Sot, desagreable.

Plus je connois que mon parler lourdois.

LOURE.

s. f. Vieux mot, que Borel dit avoir signifié autrefois une grande Musette. On l'a appellée ainsi, non pas de Lyra, mais à cause du son que rendoit cet Instrument. On a aussi appellé Lourour ou Loureur, celuy qui en joüoit, ce qui fait appeller les hautbois en Languedoc des Toro loros.

LOUTRE.

s. m. & f. Animal amphibie à quatre pieds, qui vit d'herbes, de fruits, & principalement de poissons, qu'il attrappe & prend avec adresse. Son poil est court & épais ; & tire sur la couleur de chastaigne. Il a la teste & les dents presque comme un chien de chasse, & la queuë ronde, grosse & qui se termine en pointe. Ses oreilles sont petites comme celles du castor, avec lequel il est confondu par quelques-uns, mais son poil n'est pas la moitié si long. Le Canada produit des Loutres d'une grandeur extraordinaire. Leurs peaux servent aux Sauvages à faire des robes, qui estant portées & engraissées & de leur sueur & des graisses qu'ils manient, servent à faire de meilleurs chapeaux que ceux que l'on fait du seul poil de castor, qui estant trop sec est fort difficile à mettre en œuvre sans aucun meslange. Quelques-uns font venir le mot de Loutre du Grec loutrôn, Bain, lavoir, à cause que cet animal ne se plonge jamais que dans de l'eau douce propre à faire un bain ; ce que ne fait pas le castor, qui va dans la mer & dans les rivieres.

LOUVE.

s. f. Femelle d'un loup. La Louve porte seulement deux mois, & fait cinq, six ou sept petits à la fois, que l'on appelle Cheaux aussi-bien que Louveteaux. Ils sont aveugles en venant au monde, & elle les aime si éperduëment, qu'elle ne les quitte point qu'ils ne voyent clair. Le loup qui l'a couverte luy apporte à manger pendant ce temps-là.

Louve. Terme de Maçon. Piece de fer taillée quarrément, mais plus large en bas qu'en haut. On s'en sert à élever les pierres de taille, en l'attachant à la corde d'une gruë.

Louve. Terme de mer. Baril défoncé qu'on met sur l'une des écoutilles dans les Navires de Terre-neuve. C'est par ce Baril que passent & tombent les moruës, lors qu'elles sont habillées.

Louve. Terme de Pescheur. Sorte de filet rond, qui est une maniere de petite rafle, avec quoy on prend force poissons.

LOUVER.

v. a. Terme de Maçon. On dit, Louver une pierre. pour dire, Y faire un trou, afin que la louve y entre, & qu'elle puisse élever la pierre.

LOUVETEAU.

s. m. Le petit d'un loup qui est encore sous sa mere.

Louveteau. Terme de Maçon. Espece de coin de fer qu'on met de chaque costé d'une louve. Ces coins servent à la resserrer, & empeschent qu'elle ne puisse sortir, lors qu'on vient à la tirer avec le cable qui est attaché au bout.

LOUVETER.

v. n. Il se dit de la louve quand elle fait ses petits.

LOUVETIER.

s. m. Officier chez le Roy, qui a la surintendance de la chasse du loup. Le Grand Louvetier de France a sous luy un Lieutenant & un Sous-Lieutenant de la Louveterie. Il y a aussi plusieurs Lieutenans particuliers de Louveterie dans les Provinces.

LOUVETTE.

s. f. C'est, selon Nicod, Une petite bestelette qui vit ayant la teste fichée dans le sang LOX LOY LOY 639

des bestes, & n'ayant point de trou par où s'en aille la viande, elle se creve.

LOUVEUR.

s. m. Ouvrier qui fait les trous dans les pierres, & qui y place les louves.

LOUVIER.

v. n. Terme de Marine. Courir au plus prés du vent, tantost à stribord, tantost à basbord. Cela se fait pour ne pas s'éloigner de la route qu'on veut tenir, & pour maintenir un Vaisseau dans le parage où il est, quoy qu'on ait le vent contraire. Il faut pour cela porter quelque temps le cap d'un costé, & ensuite le porter de l'autre en revirant. Quand on conduit un navire sur un air de vent, éloigné du vent de la route par un intervalle d'onze traits ou pointes de compas, cela s'appelle, Louvier sur onze pointes. On dit aussi Louvoyer.

LOUVIERE.

s. f. Vieux mot. Taniere ou contrée à loups. Il a aussi signifié une robe ou un manteau fait de peaux de loups.

LOX

LOXODROMIE.

s. f. Science qui par un calcul geometrique enseigne à faire sur mer une plus seure estime & un plus exact pointage que celuy des Cartes marines, de sorte qu'en donnant pour fondement du calcul les rumbs de la route, & le chemin qu'a fait le Vaisseau, on trouve en quel lieu il est arrivé. Ce calcul se fait par des supputations distribuées en plusieurs colomnes, où l'on met en teste les rumbs de vent, la longitude, la latitude & le chemin qui a esté fait par le Vaisseau. Ce mot a esté fait de loxos, Oblique, & de dromos, Course.

LOXODROMIQUE.

adj. On appelle Tables loxodromiques, les Tables de la loxodromie qui servent à resoudre promptement & facilement les problemes principaux de la navigation. Quand la route que fait un Vaisseau en suivant un des trente-deux Vents marquez sur la Boussole, ne se fait pas en ligne droite, cette ligne est appellée Ligne loxodromique. Cela arrive toûjours dans les grandes navigations, a cause que les lignes des rumbs qui sont marquez sur la boussole, representant les cercles verticaux, dont elles sont les communes sections avec l'horison, le rumb que l'on prend quand on part d'un certain lieu pour aller à un autre qui est un peu éloigné, & qui fait un angle avec la ligne meridienne du lieu d'où le Vaisseau part, ne peut faire le mesme angle avec la ligne meridienne de celuy où l'on a dessein d'aller quand ce lieu se trouve dans une distance considerable, de sorte qu'en suivant le mesme vent marqué dans la boussole, il est impossible que l'on marche en ligne droite.

LOY

LOY.

s. f. Constitution, écrit qui ordonne ce qu'il faut faire, & qui défend ce qu'il ne faut pas faire. Acad. Fr. Il y a une Loy naturelle que Dieu a inspirée aux hommes ; & que la nature leur a enseignée par raison. Elle suffisoit dans les premiers temps pour leur servir de regle, parce que vivant dans une simplicité exempte de toutes les passions qui causent les differends, c'estoit assez qu'ils creussent que ce qui venoit de leur travail leur appartenoit, & qu'ils devoient avoir soin d'élever leurs enfans. Si-tost qu'ils commencerent à se rendre sociables, ils furent contraints pour le bien commun d'établir la Loy civile ou politique. qui est un droit publié & commandé aux Peuples par l'autorité des Puissances Souveraines. Les premieres Loix Romaines que Romulus établit lors qu'il se fut apperceu que le nombre de ses Sujets augmentoit, furent appellées Loix Royales ou Curiales, parce qu'elles estoient émanées du Prince par le conseil des Senateurs qu'il avoit


choisis, & qu'elles eurent l'approbation du Peuple, qui estoit divisé en trente Curies. Servius Tullius fit assembler les Loix de Romulus & de Numa Pompilius par Papirien ; & c'est ce qu'on appelle Droit Papirien, du nom qu'il portoit. Tarquin le Superbe, qui voulut avoir une puissance arbitraire, abrogea toutes les Loix sans consulter ny le Senat ny le Peuple, & la puissance Royale ayant esté abbatuë par son exil, les Consuls par qui la Republique estoit gouvernée, firent observer les Loix Royales pendant dix-sept ans, & on ne cessa de s'y soumettre qu'aprés que Brutus, Tribun du Peuple, en eut fait publier une pour les supprimer. Alors le petit Peuple, persecuté par les Grands, se retira sur le Mont sacré, & n'en descendit que lors qu'on luy eut permis de choisir tous les ans cinq Tribuns, ausquels cinq autres furent ajoustez peu de temps aprés, avec pouvoir de le proteger contre les entreprises du Senat. D'un autre costé les Senateurs faisoient des Loix qu'on appelloit Senatusconsultes, & les Tribuns en faisoient de leur costé, que l'on nommoit Plebiscites. Pour remedier à ce desordre, les deux Partis convinrent que l'on iroit chez les Grecs chercher des Loix qui rendissent le Droit certain & universel. Il y eut dix Envoyez, qui à leur retour proposerent celles qu'ils avoient recueilliës, & qui estoient composées en partie des Loix de Lacedemone & d'Athenes, & en partie de celles des Rois. L'approbation qu'elles receurent obligea de les graver sur des Tables d'airain, que l'on posa aux endroits les plus apparens de la Place publique. L'année suivante ces mesmes Envoyez firent assembler le Peuple, & on ajoûta deux Tables aux dix premieres. C'est ce qu'on a appellé Loix des douze Tables. L'obscurité qu'on trouva dans les termes de ces Loix ayant donné lieu à un fort grand nombre de questions que le stile serré des douze Tables ne decidoit point, porta le Senat à faire des Loix qui furent approuvées par une Ordonnance que le Dictateur fit publier, que les Senateurs recevroient aussi les Plebiscites. Le changement qui arriva dans la Republique par l'ambition de Jule Cesar qui rendit la Dictature perpetuelle & par celle d'Auguste qui prit le nom d'Empereur, fut cause que les Empereurs qui luy succederent, firent des Constitutions qu'ils voulurent que l'on observast dans toute l'étenduë de leur Empire. On en composa trois Codes, appellez le Gregorien, l'Hermogenien & le Theodosien, & enfin l'an de salut 529. l'Empereur Justinien les fit réduire en un volume qui fut appellé Le Code Justinien. Quatre années aprés les plus belles decisions qu'on trouva dans deux mille volumes des anciens Jurisconsultes en furent tirées, & on en composa les cinquante livres du Digeste. Le mesme Empereur composa ensuite les quatre livres des Institutes, & fit faire une seconde édition de son Code, où il apporta quantité de changemens. C'est le Code qui nous est resté. Comme les Empereurs contraignoient les Provinces tributaires à suivre les Loix Romaines, tant que les Gaulois ont esté Sujets du Peuple Romain, les Constitutions des Empereurs leur furent des Loix inviolables ; mais lorsque les Francs eurent passé dans les Gaules, les Rois de la premiere Race établirent un autre Droit. Pharamond y fit publier la Loy Salique, qui porte qu'il n'y a que les masles qui ayent droit de succeder en la terre Salique, à l'exclusion des femmes. Ainsi l'ancien Droit de France estoit composé d'une infinité de Loix, de Capitulaires & d'un Usage appellé Coustume, qui estoit particulier à chaque Province. L'étude des Loix Romaines demeurant permise, les Rois n'empeschoient point que les Juges n'y cherchassent des raisons pour 640 LU LUC LUE LUG

decider en de certains cas ce qu'on n'avoit point encore prévû. Ces Loix Romaines ont esté conservées en Languedoc, en Provence, en Dauphiné & dans le Lionnois, où l'on suit le Droit écrit, à cause que ces Provinces ayant esté les premieres conquises par les Romains, & les dernieres à obéïr aux François, on n'a pas voulu troubler l'ordre gardé si long-temps dans les familles, de sorte qu'on s'est contenté d'assujettir ces Provinces aux Ordonnances sans changer leurs anciennes mœurs. On appelle Loy Gombette, une Loy de Gondebaud Roy des Bourguignons, qu'on a autrefois observée en France, où l'on n'en reçoit aucune qui ne soit émanée du Prince, & on appelle Loix Ripuaires, Un ancien Droit des François qui n'a plus d'usage. Ce qu'on appelle Loix Ecclesiastiques, n'est autre chose qu'une collection de preceptes tirez de la sainte Ecriture, des Conciles, des Decrets & Constitutions des Papes, des sentimens des Peres, & de l'usage receu par tradition. Ces preceptes, dont on appelle la collection, Droit Canonique, établissent les regles de la Foy & de la Discipline Ecclesiastique.

Loy, en termes de Monnoye, est pris pour le titre ou le carat auquel les monnoyes doivent estre fabriquées. C'est ce qu'on appelle autrement, Le fin & la bonté interieure de l'or & de l'argent. On appelle Remede de loy, La permission que le Roy accorde aux Maistres de ses Monnoyes de tenir la bonté interieure des especes d'or & d'argent, moindre que le titre qui a esté ordonné, par exemple, vingt-un Karats trois quarts pour les loüis d'or, au lieu de vingt-deux Karats ; c'est un quart de Karat de remede que l'Ordonnance permet

LOYAL,

ale. adj. Qui est de la condition requise par la Loy, par l'Ordonnance. Acad. Fr. On appelle, en termes de Manege, Cheval loyal, Un cheval qui ne se deffend point de faire les maneges qu'on luy demande, & qui employe toute sa force pour obéïr. On dit aussi d'un cheval, qu'Il a la bouche loyale, pour dire, qu'Il l'a excellente, & de la nature de celles que l'on nomme, A pleine main.

LU

LU.

s. f. Vieux mot. Lumiere.

LUC

LUC.

s. m. Vieux mot. Luth.

LUCARNE.

s. f. Ouverture ou sorte de fenestre que l'on pratique au dessus de l'entablement des maisons pour donner du jour aux chambres en galetas ou aux greniers. Il y en a de diverses sortes, les unes rondes ou en ovale, appellées en O, les autres quarrées avec frontons au dessus, d'autres cintrées par le haut, & d'autres couvertes quarrément. On appelle celles-là Lucarnes Flamandes, & celles qui portent sur les chevrons & qui sont couvertes en triangle ou en contrevent, ont le nom de Lucarnes demoiselles. Il y en a de couvertes en croupe de comble qu'on nomme Lucarnes à la Capucine. Celles qui sont fermées en portion de cercle, sont des Lucarnes bombées ; & on appelle Lucarne faistiere, Celle qui est recouverte d'une tuile faistiere.

LUCIFERIENS.

s. m. Schismatiques qui suinoient les erreurs de Lucifer, Evesque de Caralivanum en Sardinie, qui vivoit au commencement du quatriéme siecle sous Julien l'Apostat. Ils enseignoient avec les Cerinthiens & Marcioniens que ce Monde avoit esté fait par le diable, que les ames des hommes estoient corporelles, & qu'elles recevoient leur estre par production. Ils refusoient tou-


te sorte de reconciliation aux personnes Ecclesiastiques qui pechoient, & ne rétablissoient point les Evesques dans leur dignité, s'il arrivoit qu'ils tombassent dans quelque heresie, quoy qu'ensuite ils se fussent convertis. Ils s'accordoient en cela avec les anciens Novatiens & Meletiens. On les nomma aussi Homonymiens, à cause que dans leurs disputes ils se servoient du mot de chair en deux significations differentes. Ce schisme duroit encore sur la fin du regne de Theodose le Grand, & aprés cet Empereur on n'en trouve presque plus rien dans les Auteurs qui en ont écrit.

LUCULENTEMENT.

adv. Vieux mot. Comme il faut.

LUE

LUENCH.

adv. Vieux mot. Loin.

Ia d'autres amours non jausiray,

Sieu non jau dest amour de luench.

LUES.

adv. Vieux mot. Aussi-tost que, aprés que. Il peut venir de l'Espagnol Luego, Aussi tost, incontinent.

LUETTE.

s. f. Petite glande suspenduë au palais à l'entrée de la gorge. Il y a une membrane lasche qui l'envelope, & dans laquelle elle est pendante comme dans une bourse, non pas couverte : car outre cela elle a sa membrane propre. Il suinte de cette petite glande une humeur salivale propre dans la membrane percée, & de là dans le palais. Quand cette humeur est visqueuse, la membrane s'encroûte & le cours de la liqueur est arresté ; ce qui produit la relaxation & la distension de la membrane. Le levain detrempé avec l'esprit de vin, & appliqué au sommet de la teste, guerit l'allongement de la Luette. Dans le mesme temps on fait un gargarisme avec la decoction de fleurs de trœsne, le nitre & le sel de prunelle. Dans l'inflammation de la Luette, la decoction de l'herbe ou de la racine de dent de lion est excellente.

LUG

LUG.

s. m. Vieux mot. Corbeau. Bochart le fait venir de l'Arabe Lukcha, qui veut dire la mesme chose.

LUI

LUISANT.

s. m. Petite figure que les Rubaniers font sur un certain galon de livrée.

LUISSEL.

s. m. Vieux mot. Peloton de fil. Cest luissel de fil à coudre. On a dit aussi Luisseau & Luisselet.

LUITES.

s. f. p. Terme de Chasse. Il se dit des testicules d'un Sanglier.

LUM

LUMBRICAL,

ale. adj. Les Medecins appellent Muscles lumbricaux, quatre Muscles qui font mouvoir les doigts de la main. Ils leur ont donné ce nom à cause qu'ils ont la forme de vers, que les Latins nomment Lumbrici. Il y a un pareil nombre de muscles aux pieds.

LUMIERE.

s. f. Clarté, Splendeur, ce qui éclaire, ce qui rend les objets visibles. Acad. Fr. La Lumiere consiste dans un certain mouvement elastique, ou dans une effervescence tres-rapide des particules tres-subtiles & grasses apparemment, moyennant quoy d'autres particules tres-subtiles de mesme nature qui sont en fort grande abondance dans l'Atmosphere, sont poussées de tous costez en droites lignes, ce qui fait les rayons, qui en se continuant penetrent les corps fluides & solides, mais inégalement

poreux, LUM LUM 641

poreux, jusqu'à ce qu'ils tombent sur un corps qui ne leur donne point de passage. Alors ils s'étendent en forme de lumiere sur la superficie de ce corps, d'où ils sont repercutez puissamment jusqu'à ce que le mouvement que cause le corps lumineux se rallentisse, & que toute la Lumiere disparoisse. La Lumiere est proprement dans le corps lumineux & dans l'objet illuminé, & le rayon est dans l'Atmosphere. On demande si la qualité que l'on appelle Lumiere, est telle, qu'afin qu'elle puisse estre transmise du corps lumineux, estre répanduë dans le milieu, mouvoir l'œil & faire la vision, elle doive estre quelque écoulement substantiel, c'est-à-dire, quelque contexture corporelle qui sorte du corps lumineux, ou quelque autre chose. Comme il faut necessairement que la substance lumineuse que la Lumiere répand, ou demeure, ou s'aneantisse quand la Lumiere s'esteint, & qu'on ne peut dire qu'elle s'aneantisse, on conclut de-là qu'elle reste materiellement, mais qu'elle est dépoüillée de l'action formelle d'illuminer, c'est-à-dire, que la forme de la lumiere consiste dans un mouvement tres-prompt rectiligne, & qui se fait spheriquement. Lorsque ce mouvement cesse, l'illumination cesse en mesme temps, & lors qu'il vient à estre rétabli par quelque Lumiere qui communique un semblable mouvement de la mesme substance, l'illumination paroist de nouveau dans le mesme instant. Empedocle a cru que la Lumiere estoit un écoulement, & que l'air, l'eau & les autres corps transparens, ont de petits pores invisibles proportionnez, par lesquels se fait le trajet de cet écoulement jusques à l'œil, afin que la vision se fasse. Aristote dit expressement que la Lumiere n'est ny feu ny corps, ny l'écoulement d'aucun corps, mais l'acte du transparent en tant que transparent. Comme cette définition paroist obscure, on conjecture de ce qu'en ont dit ses Interpretes, que son opinion a esté qu'il y a une certaine substance corporelle répanduë par tout, dont les pores de l'air & des autres corps transparens sont toûjours remplis, & qui sert comme d'instrument au Soleil pour faire impression sur l'œil qui est éloigné. Descartes qui avec d'autres Modernes a eu la mesme pensée, compare cette substance à une longue verge continuë, & qui est tenduë depuis la surface du Soleil jusques à nos yeux. Ce qu'il a de particulier dans son sentiment, c'est qu'il détermine la figure des parties de cette substance, les faisant spheriques, & concevant les rayons comme autant de longues files de petites boules contiguës, qui se suivent en droite ligne, depuis le corps lumineux jusques à nos yeux. Gassendi convient avec Aristote, en ce que depuis le corps lumineux, comme depuis le Soleil jusques à nos yeux, il doit y avoir quelque chose de répandu qui soit comme l'instrument de la vision, & il est persuadé que ce doit estre quelque chose de corporel, à cause que les rayons de lumiere se reflechissent ou se courbent, s'écartent ou se rassemblent, deviennent plus forts ou plus foibles, échauffent, bruslent & resolvent, ce qui dépend absolument du corps, & ne peut s'attribuer qu'à des corps. Il conçoit aussi avec Descartes que les premiers principes de Lumiere doivent estre spheriques, comme ceux du feu, parce que la Lumiere n'est qu'une flamme tres-rare & tres-subtile, mais il est different de l'un & de l'autre qui n'admettent point de vuides dans la nature, en ce qu'il soustient qu'il y en a de répandus dans tous les corps transparens, dans l'air, dans l'eau, dans le verre, & mesme dans le reste des corps sensibles, sans lesquels vuides, le mouvement & l'action de la Lumiere seroient impossibles & inconcevables.


Il croit aussi que la Lumiere est un écoulement de petits corps, qui sortent continuellement du corps lumineux. La Lumiere que le corps lumineux cause, est receuë immediatement dans l'œil, comme quand nous regardons le Soleil, ou mediatement, comme quand un corps opaque modifie diversement la lumiere. Il y a deux sortes de modification, la refraction, qui arrive quand la Lumiere passe par des milieux differens ou de differente consistance, & la reflexion qui se fait lorsque la Lumiere est reflechie par un objet opaque, qui ne luy donnant point de passage la renvoye de mesme qu'un mur renvoye une balle exactement, suivant l'angle d'incidence. Si le corps reflechissant est poli, il reflechit la Lumiere à peu prés suivant la ligne d'incidence, & paroist resplendissant. S'il n'est point poli, s'il a diverses avances, differentes configurations de pores ou enfoncemens, la Lumiere qui s'y modifie diversement, est interrompuë par des ombres, & souffre plusieurs sortes de refractions & de reflexions, en sorte qu'elle n'arrive jamais à l'œil telle qu'elle est naturellement, mais de toute autre maniere, & alors elle est appellée couleur, & l'objet qui la reflechit ainsi modifié, est dit coloré, la couleur n'estant en effet rien autre chose que la Lumiere diversement modifiée dans le corps où elle tombe, c'est-à-dire, dont le mouvement a esté changé par la refraction & par la reflexion, avant que de parvenir à l'œil. Ainsi les differentes modifications de la Lumiere resultent des differentes avances, pores & enfoncemens de la grandeur ; de la figure, & de la tissure des particules qui composent les superficies des corps, & elles constituent toutes les differences des couleurs tant apparentes que réelles, toutes les couleurs dépendant, & de la Lumiere, & de l'ombre qui se remarquent dans les petits pores d'un corps opaque. C'est de-là que viennent les couleurs principales & moyennes. Les premieres, comme le blanc & le noir, viennent de la reflexion simple qui se fait ou ne se fait pas, & les secondes, comme le bleu & le jaune, viennent de la reflexion & de la refraction conjointement des rayons & de la modification du mouvement lumineux. Toutes les autres couleurs se forment de ces quatre principales, le vert, du jaune & du bleu ; le rouge du jaune concentré ; le gris du blanc & du noir ; & le cramoisi du bleu & du rouge. Tout cecy est d'Ettmuller dans ses Institutes de Medecine. Pour donner jour à tout ce qu'il dit de la Lumiere, il considere celle du feu & du bois pourri, dont l'un jette une Lumiere chaude, & l'autre une Lumiere froide. Il y a dans le feu, dit-il, une dissolution actuelle d'un soufre, ou d'une substance grasse acide, qui renferme un sel volatile caché. Le choc mutuel & l'effervescence de ces particules, & des particules nitreuses de l'air allumées dans cette dissolution, produisent les principaux phenomenes du feu. L'acide agité trop violemment fait la chaleur. La partie graisseuse qui combat avec l'acide fait la Lumiere, & en faisant une explosion vehemente avec l'alcali, cette action pousse en droite ligne & de tous sens, les particules de l'air contiguës, & répand presque en un instant des rayons & de la Lumiere. Le bois pourri est lumineux par le mouvement de la dissolution du mixte, lequel mouvement de pourriture, estant de sa nature exposé à la fermentation, donne moyen à l'alcali de s'exalter, & d'agir contre l'acide & le gras joints ensemble, & en les dissolvant il leur donne un mouvement semblable à celuy du feu qui meut pareillement les autres petites particules de l'atmosphere & pousse des rayons.

Tome III MMmm 642 LUM LUN LUN

On appelle Lumiere Originaire, ou Primitive, ou Premiere & Radicale, Celle qui est dans les corps lumineux & qui éclairant d'elle-mesme, produit immediatement son effet. Telle est la Lumiere du Soleil & celle du feu. On appelle Lumiere empruntée, Lumiere seconde, ou Lumiere derivée, Celle des corps qui ne luisent pas immediatement par eux-mesmes, comme celle de la Lune & des autres Planettes qui reçoivent leur Lumiere du Soleil, ou celle des autres corps opaques qui la reçoivent du feu.

Lumiere. Dans un canon se dit du trou par où le feu se communique à la piece.

Lumiere. Terme de Faiseur d'Instrumens à vent. Trou qui est au dessus de l'emboucheure de l'Instrument, comme dans les flageolets, les flustes & les hautbois. On dit, Lumiere d'un tuyau d'Orgues, pour dire, Le trou par où le vent entre.

Lumiere. Terme de Marine. Trou en chaque membre d'un Vaisseau audessus de la quille. On fait passer une corde à travers ces trous, afin d'empescher qu'ils ne se bouchent, & pour entretenir la communication de l'eau qui est necessaire aux pompes. On appelle Lumiere de pompe, l'ouverture qui est au costé de la pompe, & par laquelle l'eau sort pour entrer dans la manche.

Lumiere. Terme d'Architecture. Trou dans lequel on met le mammelon d'un treüil.

Lumiere. Terme de Peinture. Il se dit des parties qui sont les plus éclairées dans un tableau. C'est une habileté dans la Peinture de sçavoir bien répandre la Lumiere sur tous les corps, & en éclairer toutes les parties selon les differens degrez de Lumiere.

LUN

LUNAISON.

s. f. Periode d'environ vingt-neuf jours douze heures & quarante quatre minutes, qui est l'espace de temps que la Lune employe depuis l'instant de sa conjonction avec le Soleil jusqu'à l'autre conjonction. Dans cet espace de temps la Lune se change en toutes ses faces, croissante, cornuë, demy-pleine, bossuë, pleine, & decroist pareillement jusqu'à ce qu'elle perde entierement sa Lumiere.

LUNARIA.

s. f. Petite herbe qui est presque de la hauteur d'un palme, & que quelques-uns appellent Lunaria grappuë, à cause de sa graine qui est disposée en grappe. Elle ne jette qu'une tige ronde, gresle & pliante du milieu, de laquelle sort d'un costé une branche seule faite en maniere de coste. Cette branche à sept feüilles de chaque costé, entassées l'une sur l'autre, & faites comme un croissant. Elles sont épaisses & fermes ainsi que celles du chou marin ; ses fleurs sont à la cime de sa tige, & sa graine est rousse & grande. Toute la plante est singuliere à souder les playes. Elle sert à toutes rompures tant internes qu'externes, & remedie aux descentes de boyaux des petits enfans. Estant seche & reduite en poudre, elle est excellente pour les dysenteries, & pour restreindre les fleurs des femmes, tant rouges que blanches. Matthiole qui en parle ainsi l'appelle Lunaria Minor, & c'est sans doute à la difference d'une Plante que les Italiens appellent Sferra cavallo, soit parce qu'elle a la vertu de déferrer les chevaux qui passent par dessus, ou à cause que sa graine est faite en façon de fer à cheval. Elle est mise par les Alchymistes entre les especes de Lunaria, & appellée Lunaria major, par quelques-uns. Cette Plante est rare, & vient aux montagnes, ayant ses feüilles petites, semblables à la petite securidaca. Elles sont cavées à la cime en façon de cœur, & mi-parties par une ligne


courbe. Elle a des gousses longuettes, plates, divisées en la partie d'embas par des inciseures courbes, comme si elles estoient pleines de trous. Leur circonference est élevée de tous costez, en façon de fer à cheval. La graine qui en sort est faite en croissant. On trouve une autre herbe, aux bords des fossez & le long des grands chemins où il y a de l'eau, à laquelle on donne encore le nom de Lunaria minor. Elle se traine par terre, & produit ses branches menuës comme joncs & de la longueur d'une coudée de mesme que la Pervenche. D'espace en espace depuis sa racine jusques à la cime, elle jette des deux costez, le long de ses branches, des feüilles grassettes & rondes comme la monnoye, ce qui fait que quelques-uns la prennent pour Nummularia, mais Matthiole n'est point de leur sentiment.

LUNATIQUE.

adj. On appelle en termes de Manege, Cheval Lunatique, Un cheval qui selon le cours de la lune a la veuë plus ou moins foible. Quoyque ses yeux, qui au declin de la lune sont chargez ou troublez, s'éclaircissent quand elle est nouvelle, il ne laisse pas d'estre toûjours en danger de perdre la veuë.

LUNE.

s. f. Planete qui éclaire pendant la nuit, & qui est plus proche de la terre que toutes les autres. Acad. Fr. Son corps est spherique, dense & opaque, & n'a de lumiere que celle qu'il reçoit du Soleil. On appelle Nouvelle Lune, Quand la Lune estant en conjonction avec le Soleil, & se rencontrant au mesme degré du zodiaque, ne nous fait voir aucune lumiere, à cause qu'elle n'est éclairée que du costé que nous ne voyons pas. La Lune est pleine, Quand se trouvant opposée au Soleil, dont elle est éloignée alors de cent quatre-vingt degrez qui font la moitié du Zodiaque, elle nous montre toute sa partie éclairée, & nous paroist toute lumineuse.

Lune. Terme de Bastier. Plaque de metal ronde qu'on met au devant & aux costez de la teste des Mulets des grands Seigneurs, & où sont gravées les armes de ceux à qui ils appartiennent.

Lune. En termes de Chymie, se prend pour l'argent dont on fait diverses preparations.

Lune. Ordre Militaire, dont les Chevaliers furent establis en 1464. par René Duc d'Anjou quand il eut le Royaume de Sicile. Ils portoient une Demy Lune d'argent sur leur bras, & s'obligeoient de n'avoir jamais entr'eux aucun differend, & de se deffendre les uns les autres en toutes sortes d'occasions.

Lune. Sorte de Poisson qui se trouve dans les Antilles de l'Amerique, & dont il y a de deux ou trois sortes. Les uns ont ce nom à cause de la rondeur de leurs corps ou des petites écailles qui font autant de petites Lunes jaunes sur une couleur bleuë, & les autres à cause de leur queuë qui se termine en croissant. Ce Poisson est presque rond, & n'a guere plus d'un pied de large, & tout au plus deux ou trois pouces d'épais. Sa chair est blanche, ferme, & a le mesme goust que la Perche.

LUNEL.

s. m. Terme de Blason. On appelle ainsi quatre Croissans appointez en forme de rose à quatre feüilles. Ils ne sont en usage qu'en Espagne.

LUNETTE.

s. f. Terme d'Optique. Verre taillé de telle sorte, qu'il sert à conserver & à aider la veuë. Acad. Fr. On appelle Lunette d'approche, ou de Longue veuë, Une sorte de Lunette en forme de tuyau, qui à chaque bout & quelquefois au milieu, a un petit verre qui sert à faire voir les objets de loin. C'est la mesme chose que Lunette de Galilée, & Lunette de Hollande. Il y a aussi des Lunettes à facettes. Ce sont des Lunettes taillées en pointes de diamans. On les met au nez, & en multipliant un mesme objet elles le font voir ramassé ou écarté. Cette sorte de Lunette s'appelle aussi Lunette Polyedre. La Lunette à Puces, est un Microscope, fait en forme de petite bouteille, dans laquelle on regarde par un petit trou, au travers d'un verre qui grossit extraordinairement les objets qui sont dans la bouteille.

Lunettes de cheval. Terme de Manege. On appelle ainsi deux petites pieces de feutre, arrondies & concaves qu'on met sur les yeux d'un cheval qui ne veut point se laisser monter. Lunette, se dit aussi d'un fer de cheval, dont on a retranché la partie qui est vers le quartier du pied. Cella s'appelle Ferrer à Lunettes. On donne cette sorte de fer aux chevaux qui ont des seimes.

Lunette. Terme d'Horloger. Partie d'une Montre dans laquelle on met le cristal.

Lunette. Terme de Menuiserie. Planche de bois percée en rond, dont on fait le siege d'un privé. On appelle aussi Lunette, l'ouverture qui est au derriere d'un soufflet, & qui se ferme en dedans par la soupape. C'est par cette ouverture qu'il reçoit le vent.

Lunette. Terme d'Architecture. Petite fenestre que l'on fait dans les toits ou dans une fleche de clocher pour donner un peu d'air & de jour à la charpente. On dit, Voutes à lunettes, quand sur les côtez, ou dans les flancs du berceau d'une voute, on fait des ouvertures en arc, ou d'autres ouvertures qui ne vont pas jusques au haut de la voute pour y pratiquer des jours. On appelle cette sorte d'ouverture Lunette biaise, quand elle coupe obliquement un berceau, & on la nomme Lunette rampante, quand son centre est corrompu comme sous une rampe d'escalier.

Lunettes. Terme de Tourneur. Pieces de bois ou de fer qui s'enclavent comme les poupées entre les deux membreures d'un Tour, mais qui sont moins épaisses, & qui au lieu de pointes, ont un trou fort rond, contre lequel on appuye le bout de l'ouvrage, si on ne le passe dedans. Il y a de ces Lunettes de differentes grandeurs. Elles servent particulierement pour des vases que l'on veut creuser, ou pour d'autres sortes de pieces.

Lunettes. Terme de Fortification. Envelopes qui se font au devant de la Courtine, de la largeur de cinq toises, dont le parapet en a trois. On les construit d'ordinaire dans les fossez remplis d'eau, où elles font l'effet d'une fausse-braye. Ces Lunettes ou envelopes sont composées de deux faces qui forment un angle rentrant ; & leur terre-plein, large seulement de douze pieds, est un peu élevé au dessus du niveau de l'eau.

LUP

LUPERCALES. s. f. p. Festes que les Romains avoient accoustumé de celebrer tous les ans dans le mois de Février a l'honneur de Pan dans un lieu qui luy estoit consacré au Mont Palatin, & qu'on appelloit Lupercal. On croit qu'elles ont esté instituées par Evandre, & que ce mot Lupercal a esté tiré de Lycæus, Montagne d'Arcadie appellée ainsi de lukos, Loup, à cause que Pan, qu'on y reveroit, garantissoit les troupeaux des Loups. Quelques-autres veulent que Romulus les ait establies, à cause qu'une Louve l'avoit nourry en ce lieu-là. Pendant le jour que l'on celebroit ces festes, les Prestres de Pan appellez Luperques, couroient tout nuds par la ville, & frapoient avec une peau de


chevre le ventre & le dedans de la main des femmes, qui s'imaginoient que cette ceremonie les rendoit fecondes, & les faisoit accoucher plus facilement. Servius voulant expliquer pourquoy les Luperques couroient ainsi nuds, dit que c'estoit pour imiter Romulus, qui pendant qu'il estoit attentif à cette Feste avec tous ceux qui la celebroient, avoit appris que des voleurs s'estoient servis de l'occasion & avoient emmené tout leur bestail, & que pour courir plus viste aprés eux, il s'estoit dépoüillé de ses habits comme toute la jeunesse, ce qui luy avoit reüssi si heureusement que pour en conserver la memoire, il avoit esté resolu que les Prestres de Pan seroient nuds à l'avenir dans la feste des Lupercales.

LUPIN. s. m. Sorte de legume dont la substance est dure & terrestre. Il est bon à manger cuit aprés qu'on l'a fait tremper quelque-temps dans l'eau pour luy faire perdre son amertume. Il vient d'une plante qui n'a qu'une seule tige, & qui produit une feüille molle, veluë, quelque peu blanche, & divisée en sept portions. Elle a ses fleurs blanches, & des gousses resserrées, dentelées tout à l'entour, tirant sur le blanc, & longuettes comme les gousses des feves. Celle-cy enferme cinq ou six grains dans de petites pellicules. Ces grains sont ronds excepté vers le milieu, de couleur blanche, jaunastre, & d'une grande amertume. Sa racine tire quelque peu sur le jaune, & est fort écarquillée. Son fruit sort du milieu de la tige. On seme les Lupins en Toscane, tant pour les manger que pour engraisser les terres. Outre ceux qu'on seme, on y en trouve beaucoup de sauvages, qui jettent au mois de May une fleur rouge incarnate. Le Lupin est aperitif, lithontriptique & emplastique. Il digere, déterge & desseche sans mordacité. Sa farine a aussi la vertu de dessecher.

LUS

LUSTRATIONS. s. f. Especes de Sacrifices qui estoient en usage chez les anciens, quand ils vouloient purifier une ville, une maison, un champ, ou une personne. Il y en avoit dont on ne pouvoit se dispenser, comme les lustrations des maisons où il estoit mort quelqu'un, ou qui avoient esté infectées de peste. On faisoit tous les cinq ans, les Lustrations publiques. La victime estoit conduite trois fois autour du Temple, de la Ville ou d'un autre lieu, & l'on y brusloit les meilleurs parfums. Les Lustrations d'un champ avant que de couper les bleds, estoient appellées Ambarnalia, & celles d'une Armée, Armelustria. Il y avoit des soldats choisis & couronnez de laurier, qui conduisoient trois fois une Brebis, une Truye & un Taureau autour de l'Armée rangée en bataille dans le champ de Mars, aprés quoy ils sacrifioient à ce Dieu les trois Victimes, ce qui estoit suivy de grandes imprecations contre leurs ennemis. Quand un Berger vouloit faire la Lustration de son troupeau, il l'arrosoit avec de l'eau pure, brusloit du laurier, du souphre & de la sabine, & aprés avoir fait trois fois le tout de sa Bergerie, il sacrifioit à la Déesse Palés, avec du lait & du vin cuit, du gasteau & du milet. On purifioit les Maisons particulieres avec de l'eau & des parfums de laurier, de sabine, d'olivier & de genievre, à quoy on ajoustoit quelquefois une victime, qui estoit presque toûjours un petit cochon. Les Lustrations pour les Personnes soüillées, ou par quelque crime, ou par l'infection d'un cadavre, estoient proprement appellées Expiations, & on nommoit la Victime Piacularis. Il y avoit aussi un jour de Lustration pour les Enfans. C'estoit pour les Filles le huitiéme jour aprés leur naissance, & le neuviéme pour les Garçons. Cette ceremonie se faisoit avec de l'eau pure, ou avec de la salive.

LUSTRE. s. m. Composition dont les Pelletiers se servent pour rendre les manchons luisans. Ils y font entrer de l'alum de Rome, de la couperose, & autres drogues. Les Chapeliers rendent aussi les chapeaux luisans avec une eau qu'ils appellent Lustre. Elle est preparée avec du bois d'Inde, du phyllon, de la graine de lin & du vert de gris.

LUT

LUT. s. m. Terme de Chymie. Paste, ciment, ou enduit qui sert, tant à bastir des fourneaux, qu'à mettre autour des vaisseaux de terre ou de verre qui ont à éprouver un feu violent. Cette sorte de ciment se fait de terre grasse, de sable de riviere, de fiente de cheval, de la poudre des pots à beurre cassez, de la teste morte du vitriol, du machefer, du verre pillé, de la bourre des Tondeurs, tout cela meslé avec du sang de bœuf, ou de l'eau salée. On se sert d'un autre Lut pour reparer les fentes de vaisseaux, ou pour lutter les chapes avec les cucurbites ou recipiens. Celuy-là se fait avec de l'amidon cuit, ou de la colle de poisson dissoute dans l'esprit de vin & des fleurs de souphre, du mastic, & de la chaux éteinte dans du petit lait. Ce que l'on appelle Lut de sapience, est le sceau hermetique. Il se fait en fondant le bout d'un matras de verre au feu de lampe, & en le tortillant avec la pincette.

LUTH. s. m. Instrument de Musique du nombre de ceux dont on jouë en pinsant les cordes. Acad. Fr. Il est composé de la table, qui est de sapin ou de cedre ; du corps, fait de neuf ou dix éclisses ; du manche qui a neuf touches marquées par des cordes de boyau qui les divisent, & de la teste où sont les chevilles, qui estant tournées font monter les cordes au ton qu'on veut leur donner. Elles sont attachées à un chevalet qui est au bas de la table & par l'autre extremité elles portent sur un morceau d'ivoire où il y a de petites entailles, & qui est au bout du manche. Le son sort par une rose qui est au milieu de la mesme table. On pinse les cordes de la main droite, & on se sert de la gauche pour appuyer sur les touches. Le Luth n'a eu au commencement que six rangs de corde, & presentement il en a onze.

LUTHÉE. adj. fem. Ce mot n'est en usage qu'en cette phrase. Mandore Luthée. C'est celle qui ayant plus de quatre rangs de cordes, approche le plus prés du luth.

LUTHERIENS. s. m. Heretiques qui suivent les erreurs de Martin Luther, Moine Augustin, qui en a infecté toute l'Allemagne, & qui s'estant couché aprés s'estre gorgé de vin & de viandes, fut trouvé mort dans son lit le lendemain 18. Février 1546. De tous les Sacremens de l'Eglise, ils n'admettent comme luy que le Baptesme & l'Eucharistie, disant mesme que le Baptesme n'efface point le peché, & que quant à l'Eucharistie, le pain & le vin demeurent aprés la consecration avec le Corps & le Sang de Jesus-Christ. Les Lutheriens de Hollande different de ceux qui sont en Allemagne, dans le Dannemarck & dans la Suede, en ce qu'ils rejettent la Confession auriculaire, qu'ils n'ont ny Images ny Autels dans leurs Eglises ; que leurs Ministres sont sans habits Sacerdotaux, & qu'ils n'ont point l'ordre de Prestres, de Diacres, d'Archidiacres & de Super-Intendans ou Evesques, comme


ils l'ont presque par tout ailleurs. Ils ont l'exercice de leur Religion libre par tout le Pays, & la permission de bastir des Temples entre les maisons pour se distinguer des Réformez. A l'égard de l'Allemagne, les Lutheriens y sont de deux sortes, sçavoir les Lutheriens Puritains, qui suivent la pure doctrine de Luther, telle qu'il l'a établie, & les Lutheriens de la Confession d'Ausbourg, qui ont esté tolerez par l'Edit & l'Interim de l'Empereur Charles-Quint. Ceux-cy sont les plus puissans, cette reformation du Lutheranisme faite à Ausbourg, ayant attiré à leur secte plusieurs Princes & Etats de l'Empire. Ils ont leurs Eglises parées de mesme que les autres, & les mesmes marques du Christianisme, mais ils ne celebrent pas la Messe Lutherienne en la forme des Interimistes. A certaines heures, le Pfarher ou quelque Helffer monte en chaire, revestu de son surplis, & aprés avoir presché, il s'approche de l'Autel, puis se tourne vers le peuple & prie tout haut en disant quelque forme de Messe. Il ne porte point de chappe, ne fait dire ny Epistre ny Evangile par les Diacres, mais les dit luy mesme. Lors qu'il a finy ses Oraisons, il recite l'Institution de la Cene en langue vulgaire, & consacre les Hosties, aprés quoy ceux qui ont envie de communier viennent à l'Autel, où le Sur-Intendant ou Pfarher, tenant une patene d'or sur laquelle sont les petites Hosties, fait le signe de la Croix, & met une Hostie dans la bouche du premier qui se presente, en disant : Prens, mange, cecy est le vray Corps de Jesus-Christ, qui a esté offert pour toy. Ensuite le Diacre donne le Calice, & dit : Prens & boy ; cecy est le vray Sang de Jesus-Christ, qui a esté répandu pour toy. Ceux qui reçoivent la Communion, prient devant & aprés comme font les Catholiques. Lors que quelque Feste solemnelle approche, les Prescheurs exhortent à se preparer à la Confession, & à recevoir le Corps du Seigneur. Les Eglises sont ouvertes pour cela le jour precedent, & on trouve auprés des Autels le Surintendant & les Helffers, prests à entendre les Confessions. Ceux qui se confessent parlent à l'Helffer debout. Si c'est pour s'instruire, trois ou quatre autres s'approchent de luy dans le mesme temps, & si c'est pour declarer ses pechez, il parle seul, demande pardon à Dieu, & reçoit l'absolution de l'Helffer. En quelques lieux, le Penitent se met à genoux, & personne ne se marie sans s'estre confessé & avoir communié. Quand quelque Malade souhaite recevoir le Sacrement, le Pfarher le va trouver, & porte une Hostie non consacrée. On le laisse seul avec luy, & quand il a entendu sa confession, on dresse une table, couverte d'une nape, sur laquelle il pose le calice & la patene. Il recite les paroles de l'Institution de la Cene devant tout le monde, qui alors a la liberté d'entrer. Chacun se met à genoux, & le Pfarher ayant consacré le pain & le vin de la mesme sorte qu'il fait dans le Temple, il s'approche du lit du Malade auquel il donne l'Hostie & le vin, en prononçant les paroles ordinaires, & faisant le signe de la Croix. Ils ne reservent jamais d'Hosties consacrées, sur ce que Luther a dit que hors la communion, le corps ne peut subsister. Ils disent Vespres en quelques lieux comme les Interimistes, & mesme dans le Duché de Wittemberg, ils les chantent tous les Samedis. Ils ont aussi des orgues qui répondent alternativement au chant des Pseaumes, & des Enfans de chœur, qui chantent des Motets comme dans l'Eglise Catholique. Les cloches sonnent par tout comme avant le Schisme, au point du jour, à midy, & au soir. Il y a des lieux où leur Messe se dit en Latin, & en d'autres c'est tié Latin, & moitié langue vulgaire. Les uns élevent l'Hostie, ce que ne font pas les autres. Quelques-uns ont des Chantres au chœur, & tout le monde chante en d'autres endroits. Les Enfans, & mesme quelquefois des femmes, lisent l'Ecriture au pupitre. Tous les Lutheriens d'Allemagne chomment la pluspart des Festes designées par leur souverain Pontife Luther ; celles de la Vierge, des Apostres & des Martirs. Le Jeudy Saint en est une fort grande pour eux. Ils se confessent, & communient ce jour-là, & celebrent aussi le Vendredy Saint avec une tres - grande devotion, mais ils ne les chomment que suivant l'ancien Calendrier, c'est à dire, dix jours aprés nous, rejettant la reformation du Calendrier Gregorien, par l'aversion qu'ils ont pour le Pape. Quant au Baptesme, ils portent les Enfans aux Fonts baptismaux, & aprés que le Ministre a recité l'Institution de ce Sacrement, il absout l'Enfant qu'on luy presente du peché originel, en faisant trois fois le signe de la Croix sur luy. Ils observent les ceremonies Catholiques pour le mariage, & s'abstiennent de viande les Vendredis & les Samedis. Ils gardent aussi le Caresme, & tiennent leurs Cimetieres comme lieux sacrez. Aux Obseques, on envoye des Chantres avec des Enfans de chœur, qui marchent devant le corps, & chantent les Pseaumes en langue vulgaire. Plusieurs croyent le Purgatoire, & prient pour les Morts. Tous les Pfarhers & Helffers portent le surplis, & en quelques lieux des chapes dans le temps qu'ils officient, les Lutheriens ayant toûjours voulu conserver quelque ancienne coustume de l'Eglise, contre les Calvinistes qui n'ont aucune apparence ny aucune forme de Religion. Quand ces Ministres sont hors du Temple, les uns ont des habits conformes à la profession ecclesiastique, & les autres en portent de populaires.

On a appellé Luthero-Zuingliens, Une secte des Disciples de Martin Bucer, qui tenant de la doctrine de Luther & de celle de Zuingle, s'accorderent ensemble sous ce nom pour ne se pas détruire les uns les autres par la diversité de leurs sentimens.

LUTTER. v. a. Terme dont se servent les Bergers, pour dire, que le Belier a couvert une Brebis.

LUX

LUXATION. s. f. Terme de Chirurgie. Deboitement des os hors de leur jointure, de leur assiette naturelle. Acad. Fr. La Luxation se fait d'ordinaire par un effort violent & externe, comme cheute, estrapade, question. Elle a aussi quelquefois une cause interne, & cette Luxation est ordinaire à ceux qui sont sujets à la goutte, à cause de l'acide contre nature qui s'amasse dans le corps par la faute de l'estomac. Ceux qui ont la sciatique, ont souvent cette espece de Luxation au femur, & elle leur vient d'un souphre coagulé. La Luxation est dite parfaite, quand l'os est entierement déplacé & hors de sa boëte, & on l'appelle imparfaite, quand il n'est pas tout à fait hors de sa cavité. La Luxation du femur est la plus difficile à guerir de toutes, à cause qu'elle ne peut arriver que par une cause extremement violente, l'os femur estant attaché avec un fort ligament dans la cavité de l'os de la cuisse, qui empesche, ainsi que les muscles considerables d'alentour qui forment les fesses & les cuisses, que cet os ne puisse estre deboisté que par un effort tres-violent. La Luxation de l'os du talon ou de la plante du pied, est tres-dangereuse, à cause de sent os qui le composent & de l'abondance des tendons


qui s'y rencontrent, & de l'articulation mesme qui s'y trouve construite de telle maniere, que si elle est une fois démise, il est malaisé de la remettre ; mais cette sorte de Luxation est rare. Il arrive quelquefois que l'os est disloqué & fracturé par une mesme cause externe, ce qui est un mal tres-fâcheux, & qui veut en mesme temps une double cure, & pour la fracture, & pour la Luxation. Cette cure se doit faire avec l'extension & la remise de l'article dans le mesme moment, estant impossible d'étendre le membre que la partie disloquée & fracturée ne soit remise en mesme temps. Quand la Luxation des maschoires arrive, il est malaisé de les remettre, si toutes les deux sont disloquées. S'il n'y en a qu'une, il suffit pour tout remede d'un soufflet donné.

LUZ

LUZERNE. s. f. Sorte de foin qui fleurit violet, & qu'on fauche ordinairement trois fois l'année. On seme la Luzerne presque toûjours avec le trefle, & elle est excellente pour les chevaux. On appelle aussi Luzerne, ou Luyzerne, Une espece de graine jaune, qui tire sur le millet.

LUZIN. s. m. Terme de Marine. Menu cordage à deux fils, plus gros que celuy que l'on appelle Merlin. On s'en sert à faire des enflechures.

LY

LY. s. m. Sorte de mesure itineraire de la Chine, qui n'a que deux cens quarante pas geometriques. Il faut dix Lys pour faire le Pu, qui en contient deux mille quatre cens.

LYC

LYCANTHROPE. s. m. C'est proprement ce que le peuple nomme Loup-Garou, c'est à dire, Un fou melancolique & furieux, qui court la nuit dans les ruës & dans les champs, & qui frappe tous ceux qu'il rencontre. Ce mot est composé de lukos, Loup, & de anthrôpos, Homme, comme qui diroit, Un homme loup. La maladie dont ces sortes de foux sont agitez, & qui leur cause une espece de hurlement, s'appelle Lycanthropie.

LYCE. s. f. Chienne de chasse, qui dans l'ordinaire fait deux portées tous les ans, ce qui fait que l'on appelle Lyces portieres, Celles qu'on nourrit dans la bassecour afin d'avoir de leur race, sans que l'on s'en serve pour chasser. Ce mot vient de Lycisca, qui veut dire, Une chienne engendrée par l'accouplement d'un loup & d'une chienne, du Grec lukis, Petite louve.

Lyce. Terme dont on s'est servy autrefois, & dont quelques-uns se servent encore presentement pour signifier Une femme débauchée.

Ribaude, ordevis, pute, lyce.

LYCÉE. s. m. Nom de la fameuse école où Aristote enseignoit la Philosophie à Athenes en se promenant, ce qui fut cause que ceux de sa secte s'appellerent Peripateticiens, du verbe Grec peripatein, Marcher tout autour. Cette maison, selon Pausanias, avoit esté auparavant un temple consacré à Apollon, & basty par Lycus fils de Pandion, d'où il avoit esté appellé Lycée. Selon d'autres, c'estoit un College qui avoit esté commencé par Pisistrate, & finy par Pericles. Ce Lycée estoit composé de portiques & d'arbres plantez en quinconces.

LYCHNIS. s. f. Sorte de Plante que Dioscoride dit avoir la fleur rouge & semblable a celle du violier blanc. Il parle ensuite d'une Lychnis sauvage faite entierement comme celle des jardins, & dit que la graine de l'une & de l'autre prise en breuvage avec du vin, est bonne contre les piqueures des scorpions. Matthiole dit que si Dioscoride n'a fait aucune description des tiges & des feüilles de la Lychnis, c'est apparemment parce que c'estoit une herbe fort connuë en ce temps-là, non seulement à cause qu'on en faisoit des bouquets comme il le rapporte, mais encore parce qu'on avoit accoustumé de s'en servir dans des lampes au lieu de mesche. Il ajouste qu'il a veu en Goritie & auprés de Trente, une herbe qu'il tient pour la vraye Lychnis. Elle a ses fleurs rouges & semblables au Violier, sans aucune odeur, & ses feüilles cotonnées, longues & blanches. Sa tige est veluë, & haute de plus d'une coudée. Il ajouste qu'au Val d'Ananie, il a trouvé l'autre plante, qui est la Lychnis sauvage, tout à fait semblable à l'autre, sans aucune difference entre l'une & l'autre que celle des lieux où elles croissent. Il croit que les Anciens n'ayant point l'usage du coton, usoient de certaines herbes veluës comme celle-cy & le Boüillon, au lieu de meche dans leurs lampes, ce qui l'a fait appeller Lychnis, du mot λύχνοζ, Lampe. Pline dit qu'il y a une espece de Rose, appellée communément Rose de Grece, & par les Grecs λύχνιζ, qui ne croist qu'aux lieux humides, grande comme la fleur du Violier, sans nulle odeur, & n'ayant jamais plus de cinq feüilles.

LYCIUM. s. m. Arbre épineux dont les branches ont au moins la longueur de trois coudées. Il a quantité de feüilles semblables à celles du boüis. Son fruit est lissé, noir, amer, massif, & semblable au poivre. Il jette beaucoup de racines qui sont courbes & d'une matiere dure, & croist en abondance en Lycie d'où il a tiré son nom. Le jus du Lycium se tire en pilant ensemble les branches & les petites racines, qu'on met ensuite pendant plusieurs jours infuser dans l'eau ; aprés quoy on cuit le tout ensemble, puis on oste le bois, & on fait recuire la decoction jusqu'à ce qu'elle soit épaisse comme miel. L'écume qu'on en oste pendant qu'elle cuit, sert aux medicamens que l'on prepare pour le mal des yeux. On fait aussi le Lycium en épreignant son fruit, & faisant secher le jus au Soleil. Le meilleur est celuy qui brûle, & qui estant éteint donne apparence d'une écume rouge. Il doit estre roux au dehors, & noir au dedans quand on le rompt, n'avoir aucune mauvaise odeur, mais une astriction jointe à quelque amertume, & tirer à la couleur de saffran. Le Lycium des Indes est de cette sorte. Aussi est-il le plus estimé de tous. On tient qu'il se fait de l'Arbrisseau nommé Lonchitis. C'est en ces termes qu'en parle Dioscoride. Matthiole dit que le Lycium des Apothicaires est tout à fait different de celuy qu'on apporte de Lycie ; qu'il n'est ny roux dedans ny amer au goust, & ne brûle point quand on le presente au feu. Les uns disent que ce Lycium des boutiques est fait de grains de Troesne, les autres, de grains de Matrisylva, & d'autres de ceux de Virga sanguinea. Il y en a qui croyent qu'il est fait du jus de toutes ces sortes de grains qu'on laisse secher au Soleil. Galien parlant de l'Arbre appellé Lycium, ou Pixacanthon, dit qu'on en fait le Lycium, qui est un medicament liquide dont on se sert pour les meurtrisseures, pour les inflammations aiguës du fondement & de la bouche, & qu'on l'applique aux oreilles fangeuses, aux ulceres pourris & malaisez à guerir, aux écorcheures de l'entredeux des cuisses, & lors que la peau tombe des doigts. LYCOPSIS. s. f. Plante dont les feüilles sont sem-

blables à la laituë, mais plus longues, plus larges, plus aspres & plus épaisses. Sa tige est longue, droite & aspre, & jette plusieurs branches aspres de la longueur d'une coudée, qui produisent de petites fleurs rouges. Elle croist parmy les champs, & est appellee Anchusa par quelques-uns. Sa racine, qui est rouge & astringente, estant enduite avec de l'huile, est bonne à guerir les playes ; & avec de la farine d'orge, c'est un remede au feu S. Antoine. Si on s'en frotte avec de l'huile, elle provoque à suer. Galien met cette plante au nombre des Orchanettes. On l'appelle Lycopsis, de λύκοζ, Loup, & de όψιζ, Face, à cause que par l'aspreté de ses feüilles & de sa tige, elle semble avoir quelque rapport à la peau d'un loup.

LYM

LYMPHATIQUE. adj. Terme d'Anatomie. On appelle Veines lymphatiques, Certains vaisseaux qui contiennent une espece de liqueur assez semblable à l'urine. C'est une humeur aqueuse qui s'engendre dans de petites glandes répanduës dans tout le corps, & que ces petits conduits font passer dans le coeur & dans les veines.

LYMPHE. s. f. Liqueur naturellement aqueuse, tenuë, spiritueuse & un peu acide, c'est-à-dire, empreinte d'une aigreur temperée. La matiere qui la compose n'est autre chose que le serum, empreigné du suc nourricier des parties spermatiques ou nerveuses, lequel se ramasse dans les glandes & est emporté de là dans le sang par les vaisseaux lymphatiques. Ce serum reçoit dans les veines conglobées une liqueur subtile, volatile & acide, ou acide salée que Sylvius croit que le sang arteriel y laisse. La Lymphe est portée à certaines cavitez du corps pour quelques usages particuliers, ou à la masse du sang vers la veine axillaire gauche pour un usage universel. On ne sçait pas encore bien certainement quel est cet usage de la Lymphe qui se mêle au sang dans la veine axillaire. Comme elle se jette proche du coeur dans le sang qui y revient de tout le corps, & qu'elle entre d'abord dans le ventricule droit, puis dans les poumons & le ventricule gauche, Ettmuller presume de là qu'elle sert à reparer la vigueur vitale du sang dans la poitrine. Selon Charleton, c'est pour delayer le sang, pour le rendre plus fluide, plus propre à fermenter, & plus difficile à se coaguler, à cause que celuy qui descend de la teste est dépoüillé d'esprits, & que celuy qui remonte des parties inferieures a perdu beaucoup de serum. La separation de la Lymphe, on son infusion des glandules dans les parties, est vitiée dans sa generation quand elle est trop copieuse, ou trop acide, ou trop salée ; ce qui engendre aussi-tost les caterres ; ou bien elle est vitiée dans son cours par les vaisseaux lymphatiques, soit que son état soit naturel, ou contre nature, & cette seconde depravation de la Lymphe engendre les hydropisies. La Lymphe qui suinte continuellement de la trachée artere pour l'humecter & la rendre capable de former la voix, a sa source dans les glandes qui sont proche de la fente du Larynx ; & si cette Lymphe est trop abondante ou trop épaisse, la voix devient aspre. Que si dans une affection caterreuse elle est trop acide, estant portée à la tunique interieure de la trachée artere, il est impossible qu'elle n'en soit irritée & ne fasse une toux opiniâtre. On fait venir le mot de Lymphe du Grec numphê, Nymphe, en changeant le n Grec en l Latine ; de sorte que comme les Nymphes representent les fontaines, ainsi l'eau qui coule est appellée Lymphe.

LYN

LYNCURIUM. s. m. Espece d'ambre qui par une proprieté particuliere attire les plumes, comme l'ambre jaune attire la paille. Matthiole fait voir qu'il y a grande difference entre le Lyncurium qui a la vertu de briser la pierre, & ce que les Lapidaires appellent Pierre de Lynx ou d' Once, qui n'a aucune proprieté pour faire uriner & rompre ou diminuer la pierre des reins & de la vessie, & que quelques-uns pretendent faire passer pour le vray Lyncurium, disant que c'est une pierre en laquelle se congele l'urine de l'Once aprés avoir uriné. Il refute Encelius, qui a dit que le Lyncurium jaune se faisoit de l'urine de l'Once masle, & le Lyncurium blanc de celle de l'Once femelle. Dioscoride dit que le Lyncurium, sorte d'ambre qui attire les plumes, & que pour cela les Grecs appellent πτέρυγοφορόν, estant beu avec de l'eau, est bon aux fluxions du ventre & de l'estomac.

LYNX. s. m. Animal qui, selon les Anciens, a la veuë tellement subtile, qu'il voit à travers les murailles. Elian luy donne une houpe sur le bout des oreilles, pareille à celle qu'a le loup cervier, que Scaliger dit estre le Lynx masle. Appian parle de deux Lynx, l'un grand qui chasse aux cerfs, & l'autre petit qui chasse aux lievres. La pluspart des Modernes estiment que cet animal est fabuleux. Cependant Jonston ne laisse pas d'en faire la description, & dit que le Lynx est une beste sauvage qui a la teste petite, les yeux fort étincelans, la veuë admirable, l'air gay, les oreilles courtes, la barbe comme celle d'un chat, les pieds fort velus, le fond du ventre blanc avec quelques taches noires, & les extremitez du poil de dessus le dos tirant sur le blanc, avec des mouchetures sur tout le corps. Il ne vit que de chair de bestes & de chats sauvages, se cachant quelquefois sur des arbres, d'où il se jette sur des cerfs & autres gros animaux à quatre pieds, dont il mange la cervelle & suce le sang. On tient que si-tost qu'il a pissé, son urine se congele, & qu'il s'en forme une maniere de pierre luisante que l'on a appellée Pierre de Lynx. Les Grecs luy ont donné le mesme nom de λύγξ.



LYR

LYRE. s. f. Instrument de musique qui se touche avec un archet, & qui n'est different de la viole que parce qu'il a son manche & ses touches beaucoup plus larges. Il est couvert de quinze cordes, dont les deux plus grosses sont hors du manche. Son chevalet est aussi plus long, plus bas & plus plat. On ne se sert guere de cet instrument en France, quoy qu'il soit fort propre pour accompagner la voix. Le son en est extrémement languissant, & semble exciter la devotion. La Lyre ancienne estoit presque circulaire, & avoit un petit nombre de cordes au milieu tenduës comme celles de la harpe, & que l'on pinsoit avec les doigts. Quelques - uns disent que la Lyre des Grecs a esté nostre guittarre, & d'autres que c'estoit un instrument fait d'une coquille de tortuë qu'Hercule vuida & perça, aprés quoy il la monta de cordes de boyau. Cette sorte de Lyre fut nommée χέλυζ, & en Latin, Testudo.

LYS

LYSIMACHIA. s. f. Herbe dont les tiges sont menuës, branchuës, hautes d'une coudée, & quelquefois plus. Elle produit ses feüilles noeud par noeud, & les a menuës & semblables à celles du saule. Le goust en est astringent, & sa fleur est rouge ou jaune. Elle croist aux lieux aquatiques & marécageux. Le jus de ses feüilles arreste les crachemens du sang, & clisterisé ou pris en breuvage, il sert aux dysenteries. Si on bouche ses narines de cette herbe, elle étanche le sang du nez. Elle étanche aussi le sang des playes, & comme son odeur est forte & puante, elle chasse les serpens & fait mourir les mouches. Pline dit qu'elle a pris son nom du Roy Lysimachus, qui fut le premier qui s'en servit, & que sa vertu est telle, qu'en la mettant sur le joug des boeufs, ou d'autres bestes attelées qui ne s'accordent pas à tirer, elle les rend paisibles. Ruellius prend la Corneole, dont les Teinturiers font leur verd, pour la Lysimachie ; Matthiole fait connoistre qu'il se trompe.


FIN DU TROISIEME TOME