Dictionnaire des antiquités grecques et romaines/ABSIS

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ABSIS ou, sous une forme moins latine, APSIS. — C’est la transcription du mot grec άψίζ, ίδοζ, qui, venant de άπτω, ajuster, exprime proprement l’assemblage, la connexion de plusieurs pièces, se tenant l’une par l’autre, comme les différentes parties d’une roue qui s’arcboutent réciproquement 1[1]. Or, en architecture, ce principe est celui même de toutes les constructions voûtées, et trouve son application la plus complète dans les voûtes hémisphériques que nous appelons coupoles. Aussi, quand on voit le mot άψίζ employé non-seulement par les écrivains de l’époque romaine pour désigner un arc de triomphe 2[2], mais déjà par Platon 3[3], pour exprimer la forme de la coupole céleste, ne peut-on douter que ce ne fût dans la langue des architectes grecs un terme technique, que les Romains leur empruntèrent avec une signification toute faite. Ils l’appliquèrent, par exemple, à une chambre formant rotonde, construite en saillie sur un corps de bâtiment, de manière à recevoir toute la journée les rayons du soleil : Adnectitur angulo cubiculum in absida, quod ambitum solis fenestris omnibus sequitur 4[4].

Dans un sens plus restreint, c’était une grande niche demi-circulaire, voûtée en cul-de-four, comme celles qui terminaient les deux cellae adossées l’une à l’autre, où étaient placées les images de Vénus et de Rome, dans le temple qui leur était commun. La figure 21 reproduit une de ces absides encore debout, d’après une aquarelle de M. Vaudoyer 5[5]. On en voyait ordinairement une semblable à l’extrémité des basiliques. Assignée d’abord à l’usage du préteur, qui y tenait son tribunal, puis conservée dans les basiliques chrétiennes, comme la place
Fig. 24. Abside du temple de Vénus à Rome.
d’honneur de l’évêque et de son clergé, elle est devenue l’abside de nos églises 6[6].

La figure 25, empruntée à un sarcophage romain 7[7], offre des exemples de constructions de formes diverses ; quelques-unes sont couvertes de coupoles et de demi-coupoles auxquelles convient le nom d’absis.

Le même mot paraît avoir été employé par extension chez les Romains pour exprimer toutes sortes d’objets ayant une

Fig. 23. Bâtiments accompagnés d’absides.

forme courbe. Pline 8[8] s’en sert en parlant de la courbe que décrivent les astres dans leur cours. On le trouve dans le Digeste 9[9] pour désigner des bassins d’argent. L. Heuzey.

  1. ABSIS. 1 Hesiod. Op. 424 ; Herodot. IV, 72.
  2. 2 Dio Cass. XLIX, 15 ; LIII, 22 et 26.
  3. 3 Phoedr. p. 247 ; cf. Hieronym. lib. II Epist. ad Ephes.
  4. 4 Plin. Epist. X, 17.
  5. 5 Restaur. du temple de Venus et Rome, à la bibliothèque de l’École des Beaux-Arts.
  6. 6 Isid. Orig. XV, 3 ; Paulin. Nol. Ep. XXXII, 17.
  7. 7 Bottari, Pitt. c Seult. l, tav. 34.
  8. 8 Plin. Hist. Nat. XV, 16, 17.
  9. 9 XXXI V, 2, 19, § 6.