Dictionnaire des proverbes (Quitard)/bouche

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bouche. — Faire venir l’eau à la bouche.

C’est faire naître le désir d’une chose.

Cette expression, tout à fait conforme à celle des Latins, Salivam movere, est fondée sur la sensation qu’on éprouve dans les organes dégustateurs à la vue où à la pensée d’un mets délicieux. La bouche alors se mouille, et tout l’appareil papillaire, dit Brillat-Savarin, est quelquefois en titillation depuis la pointe de la langue jusque dans les profondeurs de l’estomac.

Qui garde sa bouche garde son ame.

Traduction littérale de ces paroles de Salomon : Qui custodit os suum custodit animam suam. (Prov., c. 13, v. 3.)

Bouche en cœur au sage, cœur en bouche au fou.

« La démangeaison de parler emporte le fou ; la circonspection mesure toutes les paroles du sage. L’un s’échauffe en discourant, et s’engage ; l’autre pèse tout dans une balance juste, et ne dit que ce qu’il veut. » (Bossuet.)

Ce proverbe est tiré de l’Ecclésiastique (chap. 21, v. 29) : In ore fatuorum cor illorum in corde sapientium os illorum. Ce qui revient à ces paroles de Salomon : L’insensé répand tout d’un coup tout ce qu’il a dans l’esprit ; le sage ne se hâte pas, et se réserve pour l’avenir.

Les Arabes disent d’une manière hardiment figurée : Le sage se repose sur la racine de sa langue, et le fou voltige sur le bout de la sienne.

Il arrive bien des choses entre la bouche et le verre.

Ce proverbe est tiré d’un vers grec qu’Aulu-Gelle a traduit par cet hexamètre latin :

Multa codunt inier calices supremaque labra.

Il signifie qu’il suffit d’un moment pour faire manquer une affaire par un accident imprévu.

On trouve dans le Roman du Renard :

Entre bouche et cuillier
Avient souvent grant encombrier.

Les Romains disaient, et nous disons aussi comme eux : De la coupe à la bouche il y a souvent bien du vin perdu. — Les Romains, lorsqu’ils prenaient leurs repas, étaient dans l’habitude de se coucher sur des lits garnis de coussins où ils appuyaient le coude gauche. Cette manière d’être à table, connue sous le nom de lectisterne, rendait très difficile l’ingestion des liquides ou l’action de boire, et elle exigeait une attention particulière pour ne pas répandre mal à propos le vin contenu dans les larges coupes dont on se servait alors ; de là le proverbe. Les Espagnols disent : De la mano a la boca se pierde la sopa, de la main à la bouche se perd la soupe.

Sa bouche dit à ses oreilles que son menton touche à son nez.

Phrase proverbiale et comique dont on se sert pour désigner une laide figure dont le menton et le nez sont rapprochés au-dessus d’une bouche très fendue qui semble, comme on dit, vouloir mordre les oreilles.