Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Alexandre d’aphrodise
par une société de professeurs et de savants
en latin, d’abord par Hugo Grotius dans l’ouvrage intitulé : Philosophorum sententiæ de fato (Amsterd., 1648), ensuite par Schulthess, dans le tome IV de sa Bibliothèque des philosophes grecs, et dans une édition séparée (in-8, Zurich, 1782). Il a été traduit en français par M. Nourrisson sous le titre suivant : de la Liberté et du hasard, essai sur Alexandre d’Aphrodisias, in-8, 1870. Quant aux commentaires d’Alexandre d’Aphrodise sur les œuvres d’Aristote ; il faudrait, pour en donner la liste, savoir distinguer avec une entière certitude ce qui est à lui et ce qu’on lui attribue par supposition. Or ce n’est pas ici que cette question peut être traitée. Nous nous contenterons de renvoyer à Casiri (Biblioth. arabico-hisp., t. I, p. 243 ; à l’édition de Buhle, t. I, p. 287 sqq. ; et enfin à la Bibliothèque grecque de Fabricius). — Alexandre d’Aphrodise a fait école au sein même de l’école péripatéticienne, et ses partisans, parmi lesquels on compte un grand nombre de philosophes arabes, ont été nommés les alexandristes.
ALEXANDRE d’Égée (Alexander Ægeus), philosophe péripatéticien qui florissait pendant le ier siècle de l’ère chrétienne. Il était disciple du mathématicien Sosigène et devint l’un des maîtres de l’empereur Néron. Il est compté parmi ceux qui ont restitué le texte du traité des Catégories, et il résulterait d’une citation de Simplicius (ad Categ., f° 3) qu’il a aussi composé sur cette partie de l’Organum un commentaire fort estimé. On a voulu également lui faire honneur de deux autres commentaires : l’un sur la Métaphysique, dont la traduction latine a été publiée par Sepulveda (in-f°, Rome, 1527 ; Paris, 1536 ; Venise, 1541 et 1561) ; l’autre sur la météorologie d’Aristote, publié en grec et en latin, sous le titre suivant : Comment, in Meteorol. græce edit. a F. Asulano (in-f°, Ven., 1527) ; Id. latine edit. a Piccolomineo (in-f°, Ven., 1540 et 1556). Mais il est loin d’être démontré qu’il soit réellement l’auteur de ces deux écrits, plus généralement attribués à Alexandre d’Aphrodise, bien que cette dernière opinion n’offre pas plus de certitude que la première. Voy. le tome I de l’éd. d’Aristote par Buhle, p. 291 et 292.
ALEXANDRE De Halès ou Alès (Alesius), ainsi appelé du lieu de sa naissance ou du nom d’un monastère du comté de Glocester, où il fut élevé, était déjà parvenu à la dignité d’archidiacre dans sa patrie, lorsqu’il résolut de venir en France, poussé par le désir de s’instruire. En 1222, des circonstances, qui ne sont pas bien connues, et sa vive piété le déterminèrent à prendre l’habit de franciscain. Cependant, malgré sa profession, l’Université de Paris lui conserva le titre de docteur, et bientôt même il devint un des maîtres les plus illustres de cette époque de la philosophie scolastique. Wading compte parmi ses disciples S. Bonaventure, S. Thomas et Duns Scot. D’après les auteurs de l’Histoire littéraire de France, cette opinion serait inadmissible, Alexandre ayant cessé d’enseigner en 1238, avant l’arrivée en France ou même avant la naissance de ses disciples prétendus. Cependant nous ferons remarquer que S. Bonaventure assure positivement avoir eu pour maître le philosophe qui nous occupe en ce moment. Alexandre de Halès mourut à Paris en 1245. Son principal ouvrage est une Somme de Théologie, divisée en quatre livres, où il donne le premier exemple de cette méthode rigoureuse et subtile, imitée depuis par la plupart des docteurs scolastiques, qui consiste à distinguer toutes les faces d’une même question, à exposer sur chaque point les arguments contraires, enfin à choisir entre l’affirmative et la négative, soit d’après un texte, soit d’après une distinction nouvelle, en ramenant le tout, autant que faire se peut, à la forme du syllogisme. Un grand nombre de ses décisions ont été re produites par saint Thomas, et en général il a obtenu au moyen âge une telle autorité, qu’on le surnommait le Docteur irréfragable et la Fontaine de lumières. La Somme de Théologie a eu plusieurs éditions (in-f°, Nuremberg, 1481 ; Venise, 1576 ; Cologne, 1622). Les autres ouvrages attribués à Alexandre de Halès ou n’offrent aucun caractère d’authenticité ou ne sont pas de lui, comme un Commentaire sur la Métaphysique d’Aristote, qui a été imprimé sous son nom (Venise, 1572), et dont l’auteur est Alexandre d’Aphrodise. Voy. Histoire littéraire de France, t. XVIII. C. J.
ALEXANDRE de Tralles (Alexandere Trallensis ou Trallianus) est un médecin philosophe du vie siècle de l’ère chrétienne. Outre quelques ouvrages purement médicaux, on lui attribue aussi les deux livres intitulés : Problemata medicinalia et naturalia, que l’on compte plus généralement parmi les écrits d’Alexandre d’Aphrodise.
ALEXANDRE Numenius, qu’il ne faut pas confondre avec Numénius d’Apamée, florissait pendant le iie siècle de l’ère chrétienne. On ne sait rien de lui, sinon qu’il a écrit sur les figures de la pensée (περὶ τῶν τῆς διανοία σκημάτων) un ouvrage très-peu digne d’intérêt, publié en grec et en latin par Lorence Normann (in-8, Upsal, 1690).
ALEXANDRE Peloplato (de πέλας, proche, et Πλάτων, Platon), ainsi nommé à cause de sa soumission à toutes les doctrines platoniciennes, sur lesquelles d’ailleurs il n’a répandu aucune nouvelle lumière. Né en Séleucide, il eut pour maître Favorinus, et vivait pendant le iie siècle de l’ère chrétienne.
ALEXANDRE Polyhistor, c’est-à-dire qui sait beaucoup. On ne saurait dire avec précision à quelle époque il vivait. On sait seulement par Diogène Laërce (liv. VIII, ch. xxvi) qu’il faisait partie de la nouvelle école pythagoricienne, et qu’il admettait, comme un élément distinct du soleil, un feu central, principe générateur de toutes choses et véritable centre du monde.
ALEXANDRIE (École d’). L’école d’Alexandrie prend naissance vers le temps de Pertinax et de Sévère, et se continue jusqu’aux dernières années du règne de Justinien, embrassant ainsi une période de plus de quatre siècles. Son fondateur est Ammonius Saccas, dont les leçons remontent à 193 après J.-C. Plotin, son disciple, est sans contredit le plus grand métaphysicien et le premier penseur de l’école ; il en est le véritable chef. Toute la doctrine qui se développa plus tard en se rattachant à la philosophie d’Orphée, de Pythagore et de Platon, est en germe dans ses écrits ; et elle y est avec plus de force et d’éclat, quoique avec moins de subtilité et d’érudition que dans la plupart de ses successeurs. De Plotin, l’école tomba entre les mains de Porphyre et de Jamblique, égaux ou supérieurs à Plotin en réputation et en influence, mais esprits d’un ordre inférieur qui mirent l’école d’Alexandrie sur la voie du symbolisme, préférèrent la tradition à la dialectique, et commencèrent cette lutte impuissante contre le christianisme qui devait absorber les forces vives de l’école, et finalement amener sa ruine complète. Le fameux décret de Milan, qui changea la face du monde, est de leur temps (312). L’école prit, à partir de ce moment, un caractère tout nouveau ; elle représenta le monde grec, le paganisme, la philosophie, contre les envahissements du christianisme ; et telle était la rapidité des progrès de