Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Clerselier

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CLERSELIER (Claude) mérite une place dans l’histoire des premiers développements du cartésianisme. Il était l’ami intime de Descartes ; après la mort du P. Mersenne, il devint à son tour le correspondant par lequel Descartes, pendant les dernières années de sa vie, du fond de la Hollande, communiquait avec le monde savant. Il a droit à la reconnaissance de tous les amis de la philosophie, par le zèle et le soin avec lesquels il recueillit et publia les ouvrages posthumes de Descartes. C’est Clerselier qui a réuni et publié, en un recueil de trois volumes, les lettres de Descartes, qui sont d’un si haut intérêt philosophique. C’est encore Clerselier qui fit imprimer le Traité de l’Homme, le Traité de la conformation du Fœtus, le Traité de la Lumière et le Traité du Monde. Il fut aidé dans ces diverses publications par Jacques Rohault et Louis de la Forge. Il contribua beaucoup à répandre le cartésianisme dans Paris, à cause de la force et de la sincérité de ses convictions philosophiques, et à cause de l’estime générale dont il était environné. Un fait rapporté par Baillet, l’historien de la vie de Descartes, prouve à quel point son zèle était grand pour la propagation de la philosophie nouvelle. Avocat au parlement de Paris, et d’une famille riche et distinguée, il maria néanmoins sa fille à Jacques Rohault, qui était pauvre et d’une famille bien inférieure a la sienne. Il voulut absolument ce mariage dans un intérêt purement philosophique, et par la considération seule de la philosophie de Descartes, dont il prévoyait que son gendre devait être un jour un puissant appui. Il ne fut pas trompé dans cette espérance, et Jacques Rohault, par son zèle, par son talent, fut un de ceux qui contribuèrent le plus puissamment à répandre les principes philosophiques de Descartes. Claude Clerselier mourut en 1686. Voy. Histoire de la philosophie cartésienne, par M. Bouillier, Paris, 1854, 2 vol. in-8.F. B.