Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Métrodore de lampsaque
par une société de professeurs et de savants
MÉTRODORE de Lampsaque. Diogène Laërce mentionne ce philosophe parmi les plus célèbres disciples d’Épicure (liv. X), et il ajoute que, parmi les amis d’Épicure, Métrodore fut le premier, et qu’il ne s’en sépara jamais, hormis un séjour de six mois qu’il alla faire dans son pays, et d’où il revint trouver bon maître.
Plusieurs historiens, entre autres Jonsius (Script. hist. philosoph., lib. I, c. xx, estiment que Métrodore était originaire d’Athènes, mais qu’il passa pour être né à Lampsaque, à cause du séjour qu’il y fit, et que ce fut en cette ville qu’il connut Épicure. Mais Strabon (liv. XIII) et Diogène Laërce disent très-positivement qu’il eut Lampsaque pour patrie. Ce dernier historien lui donne pour frère Timocrate, homme, dit-il, d’un esprit brouillon, qui fut aussi un des disciples d’Épicure, mais qui devint ensuite son ennemi. C’est ce Timocrate qui, au rapport de Diogène, s’attacha, dans ses livres intitulés de la Joie ou du Plaisir, à calomnier les mœurs de son maître et même celles de son frère.
Diogène, se fondant sur le témoignage d’Épicure, nous représente Métrodore comme un très-honnête homme, et comme un caractère d’une inébranlable fermeté, intrépide même contre les atteintes de la mort. Il mourut dans la cinquantième année de son âge, sept ans avant Épicure. Celui-ci, en plusieurs endroits de son testament, rapporté par Diogène Laërce, parle du soin qu’il veut qu’on prenne des enfants laissés par Métrodore : « Amynomaque et Timocrate, dit-il, prendront soin de l’éducation d’Épicure, fils de Métrodore, et des fils de Polyæne, tant qu’ils demeureront ensemble chez Hermachus, et qu’ils prendront ses leçons. Je veux aussi que la fille de Métrodore soit sous leur conduite, et que, lorsqu’elle sera en âge d’être mariée, elle épouse celui d’entre les philosophes qu’Hermachus lui aura choisi. Je lui recommande d’être modeste, et d’obéir entièrement à Hermachus. » Parmi les nombreux écrits d’Épicure, cinq avaient pour titre Métrodore, et un autre ouvrage, sous le titre d’Euryloque, lui était également dédié. Ces circonstances, réunies aux dispositions testamentaires que nous venons de rapporter, témoignent du profond attachement d’Épicure pour celui qui fut son disciple et son ami.
Métrodore avait composé plusieurs ouvrages, dont voici les titres rapportés par Diogène Laërce : Contre les médecins, en trois livres ; — des Sens, à Timocrate ; — de la Magnanimité ; — de la Maladie d’Épicure ; — Contre les dialecticiens ; — Contre les sophistes ; — du Chemin qui conduit à la sagesse ; — de la Vicissitude des choses ; — des Richesses ; — Contre Démocrite ; — de la Noblesse. C’est probablement dans l’un de ces écrits que se trouvait cette phrase, rapportée par Sextus Empiricus (Adv. Mathem., lib. I), et attribuée par lui à Métrodore : Μηδεμίαν άλλην πραγματείαν ἐμπειρίαν τò ἐαΰτης τέλον συνορᾷν, ἣ φιλοσογΐαν, phrase qui, à travers son obscurité, mal dissipée par Gassendi, paraît vouloir dire « qu’aucune autre science que la philosophie n’a devant elle un but pratique ». Or, ce but pratique, quel est-il pour la philosophie épicurienne ?
Le bonheur, à la condition de la tranquillité de l’âme.
C. M.