Dictionnaire français de Pierre Richelet/1re éd., 1680/Dedicace

La bibliothèque libre.

A TRES-HAVT
TRES PVISSANT ET TRES-EXCELLENT
PRINCE,
FERDINAND,
evesque de munster
ET DE PADERBORN,
BURGGRAFF DE STROMBERG
Prince du Saint Empire, Comte de Pirmont,
Seigneur de Borkeloh, &c.




S

ONSEIGNEUR,

L’inclination que VOTRE ALTESSE SERENISSIME a pour la France, me fait croire que la Langue Françoise ne lui est peut être pas indiferente. C’est aujourdhui l’amour des Nations les plus polies ; & elle dispute de la beauté avec toutes les langues mortes. J’ofe, MONSEIGNEVR, dans cette créance, me flater que VOTRE ALTESSE SERENISSIME ne trouvera pas mauvais la liberté que je prens de lui dédier un Dictionnaire tiré de nos plus excellens Auteurs.

A qui peut-on MONSEIGNEVR, avec plus de justice, consacrer ses veilles qu’à un PRINCE, pour qui toute l’Europe intelligente a de l’admiration ? & qui n’admireroit pas la grandeur de Votre Esprit, la solidite de Votre jugement, la hauteur de Vos connoisances, Votre pénétration dans les choses les plus dificiles, l’étenduë de Vos lumieres dans les ténèbres de l’ancienne Histoire, & tous ces rares avantages qui porteront la gloire de Votre Nom jufqu’à la dernière posterite. Le Livre immortel qui a pour titre, MONVMENTA PADERBORNENSIA, est une preuve éclatante de la profonde érudition de VOTRE ALTESSE SERENISSIME. Que cet ouvrage est écrit d’une manière fine, & élégante ! Les honnêtes gens qui fous l’Empire d’Augufte expliquoient leurs penfées en prose, ne les exprimoient ni avec plus d’art, ni avec un plus beau tour Mais, MONSEIGNEUR, que dirai-je de votre génie, quand vous marchez sur les pas d’Horace & de Virgile en cette admirable Langue des anciens Romains ? les Muses ne regardoient point leurs plus chers favoris avec plus d’amour, & la Divinité qui preside à ces divines Filles de mémoire n’inspira jamais plus heureufement aucun Héros du Parnasse. Vous régnez, MONSEIGNEVR sur cette facrée montagne en généreux Souverain, Aussi les Poètes, les Orateurs, & tout le Monde savant publie avec joie les grandes & les rares qualitez de Votre ALTESSE SERENISSIME. Tout retentit du bruit de son éminenteVertu, de sa sincere pieté, de son ardente aplication à faire une fainte guerre au vice, & à l’erreur, & de son incomparable bonté pour ses sujets. Ce seroit ici le lieu, MONSEIGNEVR, de mettre en son jour cette noble & sage passion que vous avez pour leur repos ; & qui est si digne d’un Prince qui fuit les glorieufes traces de Iefus-Christ. Mais je n’ai pas dessein de renfermer dans une lettre toutes les merveilles de votre vie ; trop-heureux si je pouvois seulement ajouter une petite voix du doux concert de vos louanges, vous persuader par ces foibles marques de mon zèle, que je suis avec une profonde vénération,



MONSEIGNEVR,


DE VOTRE ALTESSE SERENISSIME,



Le tres-humble, tres-obéissant,
& tres-fidelle serviteur,


RICHELET.