Dictionnaire historique, tome 1/ABAFFI ou APAFFI

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Dictionnaire historique, critique et bibliographique, contenant les vies des hommes illustres suivi d’un dictionnaire abrégé des mythologies et d’un tableau chronologique des événemens les plus remarquables qui ont eu lieu depuis le commencement du monde (revu) par une société de gens de lettres
Ménard et Desenne (p. 12-13).

ABAFFI ou APAFFI (Michel), seigneur transylvain, fut élu prince par les états de son pays en 1661, sur le choix d’Ali Bassa, chef des armées du sultan Mohammed IV. En Hongrie, Jean Kimin, protégé par l’empereur Léopold Ier, cherchait à se rendre maître de ce pays ; mais le général des Impériaux, Montécuculi, ne jugeant pas à propos de combattre, Kimin, abandonné, perdit la vie dans une bataille contre les Turcs, près de Schesbourg en Transylvanie, le 23 janvier 1662. Abaffi joignait sa fortune et ses armes à celles des Turcs : et pendant la trêve conclue entre les deux empires, il régna paisiblement sous la protection de la Porte, et acquit même les villes de Clausembourg et de Zathmar. Il demeura fidèle à cette puissance tant que ses armes prospérèrent, c’est-à-dire jusqu’au siége de Vienne ; alors la fortune de cette puissance étant changée, Abaffi et ses états firent un traité avec l’empereur en 1687, par lequel il fut convenu qu’il aurait la même autorité, et conserverait la même puissance qui lui avait été accordée par le grand-seigneur et par les états, et qu’il y aurait entre les Impériaux et les Transylvains une alliance défensive. Michel Abaffi mourut à Weissembourg en avril 1690. Son fils Michel lui succéda, et fut reconnu par l’empereur pour prince de Transylvanie. Le comte Tékéli, aidé des Turcs, qui de leur côté l’avaient nommé, lui disputa cette principauté ; il s’empara de plusieurs places en 1690. Pendant la même campagne, le grand-visir Coprogli battit l’armée impériale, et reprit plusieurs places que l’empereur avait conquises sur eux, telles que Nissa, Widin, Sémendria, Belgrade et plusieurs autres. La désunion qui existait dans l’empire turc empêcha le comte Tékéli de conserver ses conquêtes en Transylvanie, et les Impériaux reprirent tout ce qu’ils avaient perdu dans cette principauté, qui leur demeura par la paix de 1699. Ce prince ayant épousé la fille de George Bethlem, comte de Transylvanie, contre la volonté de l’empereur, qui n’attendait qu’un prétexte pour le dépouiller, fut mandé à Vienne et contraint de céder tous ses droits de souveraineté, pour une pension de 45,000 florins et le titre de prince du Saint-Empire. Il mourut à Vienne le 1er février 1713, âgé de 36 ans. Depuis cette époque, la Transylvanie est restée sous la domination de la maison d’Autriche. Le temps a déjà consacré cette spoliation.