Dictionnaire historique Juigné/6e éd., 1661/Platon
Articles de dictionnaires sur Platon
Platon Philosophe très-fameux, & Prince de la secte Academique, fils d'Ariston Athénien : fut ainsi appellé à cause de ses grandes espaules, grand front & grand corps, ou selon d'autres, pour l'amplitude de ses paroles, estant auparauant appellé Aristoclés, selon que l’escrivent Suidas & Laërce. Il nasquit vers la 88. Olympiade, le mesme iour qu'Apollon en Delphes. Ælian liv. 10. de sa diverse Hist. Pline &autres difent qu'estant encore au berceau, il se trouva un eflein d'Abeilles qui avoit pofé son miel dans sa bouche; ce qui prefageoit la douceur de son éloquence future. Eftant encore ieune, il s'exerça fort à la luicte & à la peinture i il compofa des Tragédies & autrcs Poèmes. Depuis, il fuiuit la dif- pline de Socrate, & en après il s'achemina en Italie pour entendre les Pythagoriciens Eurythe, & Philolaus, les Livres duquel il acheta 10000. deniers qui reuiennenc à peu prés de mille es-
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O O o o o o iij pluton estre non seulement superieur des Héros, mais égal aux Dieux mesmes, par ce que luy seul de tous les philosophes estoit entré au cabinet de la Diuinité supréme ; aussi les Mages luy sacrifioient comme à un Dieu. Ses opinions ont esté fortes & vigoureuses, & grandement approchantes de la verité Chrestienne : Carcil establissoit premièrement la vraye Philosophievau desir de la connoissance de la Diuine sagesse ; Tenoit l’ame estre immortelle, & qu’elle passoit de corps à autre sans relasche : Mettoit pour principe des choses, Dieu & la matière, celuy là comme l’esprit & la cause, & celle cy informe & infinie de laquelle font composées toutes choses : mais qu’il n’y avoit rien de fait témérairement, ains que tout estoit estably par ordre, que toutes les choses du monde estoient composées des quatre Elemens, qu’il y avoit un seul monde & non sans nombre, basty de Dieu, mais lequel estoit animé & immortel, ne pouvant estre réduit à néant & se dissoudre en ce qui n’estoit point, que les Dieux avoient le soin des choses humaines, & qu’il y avoit des bons & mauuais Anges. Le style Grec d’iceluy, selon Aristote, tient le milieu entre l’oraison soluë, & les vers & carmes, avec telle douceur & éloquence, que l’on disoit que si Iupiter eust voulu parler, il ne se fust point seruy d’autre discours que de celuy de Platon : ses escrits sont presque tous partis & divisez en dialogues esquels il introduit tousiours parlant son maistre Socrate, traittant de plusieurs diverses matières de toutes les parties de philosophie, physique, Morale, Logique, Oeconomique, politique, & generallement de tout ce que peut conceuoir l’esprit humain de haut &de releué. Ses Liures traduits de Grec en plusieurs langues font foy de sa dostrine & philosophie vrayment diuine, comme aussi plutarque en la vie de Dion. Laërce liv. 3 de la vie des Philosophes. Augustin liv. 8. ch. 4. de la Cité de Dieu, & autres infinis.