Dictionnaire historique de Feller/Nlle éd., 1818/Elien (claudius aelianus)

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ELIEN (Claudius Ælianus), rhéteur et philosophe, vit le jour à Preneste, aujourd'hui Palestrine. Quoique né en Italie, et n'en étant presque jamais sorti, il fit de si grands progrès dans la langue grecque, qu'il ne cédait pas aux écrivains athéniens pour la pureté du langage. Il enseigna d'abord la rhétorique à Rome ; mais dégoûté bientôt de cette profession, il se mit à composer plusieurs ouvrages. Ceux que nous avons de lui sont : 1° 14 livres intitulés, Historiæ variæ, qui ne sont pas venues entières jus-


qu'à notre siècle. La meilleure édition est celle qu'Abraham Gronovius publia à Leyde en 1731, 2 vol. in-4, avec de savans Commentaires. La variété de ces histoires est effectivement fort grande. On y apprend des choses tout-à-fait incroyables, quelquefois plaisantes par l'excès d'absurdité. Comme lorsqu'on voit les cochons devenir les fondateurs de l'agriculture; car ce sont eux, suivant Elien, qui nous ont appris le labourage. « Moïse, dit un auteur qui a

» sagement raisonné là-dessus, nous
» en découvre une plus noble ori-
» ine, lorsqu'il nous dit (Gen. III,
» p. 23) que Dieu lui-même en im-
» posa la loi. Il faut convenir, ajoute
» t-il, que les philosophes de tous les
» temps nous ont appris effective
» ment d'étranges choses : mais ce
» qui est particulièrement remarqua
» ble, c'est la prédilection qu'ils ont
» toujours eue pour les cochons. Tan-
» dis qu'Elien nous les donne pour
» les fondateurs de l'agriculture, Pyr-
» rhon en fait le modèle des sages
» (voyez son article). Que dire de la
» plus nombreuse et de la plus fa-
» meuse secte philosophique, dont
» les membres s'efforçaient avec tant
» d'ardeur et de succès d'être Epi-
» curi de grege porcus. »

2° Une Histoire des animaux, en 17 liv., Londres, 1714, 2 vol. in-4. L'auteur mêle à quelques observations curieuses et vraies, plusieurs autres triviales ou fausses. Il est aussi menteur que Pline; mais Pline avait une imagination qui embellissait les fables, et les lui fait pardonner. Ces deux ouvrages sont certainement d'Elien. On y voit le même génie dans l'un et dans l'autre, et la même variété de lecture. Elien, selon l'usage des philosophes, débitait de très-belles maximes; il peignait la cour des princes comme le séjour de la corruption et l'écueil de la sagesse; mais peut-être eut-il, comme tant d'autres, changé d'opinion, si on l'y avait invité et accueilli. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'était pas indifférent sur ce qui s'y passait. Il publia un livre contre Héliogabale, dans lequel il se déchaînait vivement contre la conduite insensée de ce prince, sans le nommer. Elien florissait vers l'an 222 de J.-C. Il était, selon Suidas, grand-prêtre d'une divinité dont nous ignorons le nom. Il mourut âgé de 60 ans, sans avoir été marié. On a publié à Paris, en 1772, in-8, une bonne Traduction française de ses Histoires diverses, avec des notes utiles, par M. Dacier. On lui a attribué un Traité sur la Tactique des Grecs, publié à Amsterdam, 1750, in-8; mais cet ouvrage, qui est effectivement ancien, paraît appartenir à un autre Elien.