Dictionnaire historique de Feller/Nlle éd., Pérennès, 1848/Aristophane

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ARISTOPHANE, poète comique grec, Athénien de naissance, qui vivait l’an 427 avant J.-C, fit retentir le théâtre d’Athènes des applaudissemens que l’on donna à ses pièces. On lui décerna, par un décret public, une couronne de l’olivier sacré, en reconnaissance des traits qu’il avait lancés contre ceux qui étaient à la tête de la république, et qui paraissaient avoir besoin de cette correction. Il avait composé 54 comédies ; il ne nous en reste plus que 11. Ce qui le distingue parmi les comiques grecs, est le talent de la raillerie. Il saisissait les ridicules avec facilité, et les rendait avec vérité et avec feu. Platon a jugé favorablement ce poète, puisqu’il lui donne une place distinguée dans son Banquet, où il le fait parler suivant son caractère. On rapporte que le même Platon envoya à Denis le Tyran un exemplaire de cet auteur, en l’exhortant à le lire avec attention, s’il voulait connaître à fond l’état de la république d’Athènes. Les philosophes se sont déchaînés contre lui ; et la raison de cet acharnement, c’est qu’ils prétendaient que sa comédie des Nuées avait causé la mort de leur maître Socrate, qui fut condamné vingt-trois ans après. Voltaire est de tous ses critiques celui qui l’a le moins épargné ; car il a été jusqu’à dire que ce poète comique, qui n’est ni comique ni poète, n’aurait pas été admis parmi nous à donner ses farces à la foire Saint-Laurent. Une telle assertion devait soulever la colère des savans ; aussi M. Brunck, un des plus habiles critiques de nos jours pour la littérature grecque, n’a-t-il pu se dispenser de témoigner son indignation. Il prétend que jamais Voltaire n’avait lu Aristophane en grec ; qu’Aristophane ne voulait pas plus la mort de Socrate que celle d’Alcibiade, de Cléon, de Périclès, de Phryné, d’Euripide, et autres qu’il a joués, sans influer sur la mort des uns ni des autres. Le reproche le plus fondé qu’on puisse lui faire, ce sont les obscénités grossières, les plates et ordurières bouffonneries dont il a parsemé ses pièces. Julien l’Apostat, écrivant à un de ses pontifes, et lui indiquant les moyens de rapprocher les mœurs des païens de celles des chrétiens, ne manque pas de lui suggérer la défense de lire les ouvrages d’Aristophane. Ludolphe Kuster a donné une édition magnifique des comédies d’Aristophane, en grec et en latin, avec de savantes notes, Amsterdam, 1710, in-fol. L’édition de Kuster a été réimprimée à Leyde en 1760, en 2 vol. in-4o, par les soins de Burmann, cum notis variorum ; mais cette réimpression, quoique bien exécutée, n’a rien diminué du mérite de l’édition originale. Les comédies d’Aristophane sont : le Plutus, les Oiseaux, toutes deux contre les dieux et les déesses ; les Nuées, contre Socrate, où la vanité et le genre de fanatisme propres à ce philosophe ne sont pas mal joués ; les Grenouilles, les Chevaliers, les Arcaniens, les Guêpes, la Paix, les Harangueuses, les Femmes au sénat, et Lysistrate. Nous avons une traduction française du Plutus et des Nuées, par madame Dacier, et des Oiseaux, par Boivin de Cadet. M. Poinsinet de Sivry a donné le théâtre d’Aristophane traduit en français partie en vers, partie en prose, Paris, 1784, vol. in-4o et in-8o. M. A.-C. Brottier, neveu de l’éditeur de Tacite, a traduit en prose tout le théâtre d’Aristophane. On trouve sa traduction dans les tomes 12 et 13 de la nouvelle édition du Théâtre des Grecs.