Dictionnaire historique de Feller/Nlle éd., Simonin, 1867/Zoroastre

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ZOROASTRE, philosophe de l’antiquité, que les uns font plus ancien qu’Abrabam,et que d’autres reculent jusqu’à Darius, qui succéda à Cambyse. Huet prétend qu’il n’est point différeot de Moise ; Grégoire de Tours croit qu’il est le même que Cham, et observe que Zoroastre signifie Etoile vivante ; l’abbé Banier conjecture que c’est Mesraïm ; Justin, dans son Abrégé de Trogue Pompée, le fait roi des Bactriens ; d’autres le disent disciple d’Elie ou d’Elisée ; enfin, plusieurs savants, tels que Pocock, Reland, Prideaux, l’abbé Tucher, et Hyde qui cite des éerivains orientaux, croient que Zoroastre fut juif, et qu’il fut disciple de Daniel, ou de quelque autre de ces Juifs qui, d’esclaves, étaient devenus ministres des Perses. Les sectateurs de Zoroastre subsistent encore en Asie, et principalement dans la Perse et dans les Indes. Ils ont pour cet ancien philosophe la plus profonde vénération, et le regardent comme le grand prophète que Dieu leur avait envoyé pour leur communiquer sa loi. Ils lui attribuent même un livre qui renferme sa doctrine. Cet ouvrage, apporté en France par Anquetil, a été traduit par le même dans le recueil qu’il a publié en 1771, sous le nom de Zend-Avesta, 3 vol. in-4. L’original a été déposé à la Bibliothèque royale. Si l’on en croit Meiners dans un Mémoire lu à l’académie de Gottingue, le 18 septembre 1779, cet original, rédigé à l'instance d’Anquetil par deux prêtres persans, ne mérite aucune confiance ; mais, quel qu’il soit, il ne contient rien de favorable à sa prétendue antiquité, et renferme des caraetères manifestes d’indien nouveau, de judaïsme et de christianisme. S’il est effectivement de Zoroastre, comme Anquetil le frétend, il y a bien à rabattre de l’idée qu'on veut nous donner de ce philosophe. Voltaire, quoique grand admirateur de ces vieilles marottes qu'on appelle à l’aide de celles de ce siècle, avoue que. c’est un fatras abominable dont on ne peut lire deux pages sans avoir pitié de la nature humaine. L’auteur, ajoute-t-il, est un fou dangereux. Nostradamus, et le médecin des urines, sont des gens raisonnables en comparaison de cet énergumène. Le nom de Gaure ou de Guebre que portent les soi-disant disciples de Zoroastre, est odieux en Perse ; il signifie en arabe infidèle, et on le donne à ceux de cette secte comme un nom de nation. Ils ont à Ispahan un faubourg appelé Gaurabard, ou la Ville des Gaures, et ils y sont employés aux plus basses et aux plus viles occupations. Les Gaures sont ignorans, pauvres, simples, patiens, superstitieux, d’une morale rigide, d’un procédé franc & sincère, et très zélés pour leurs rites. Ils croient la résurrection des morts, le jugement dernier et n’adorent qu’un seul Dieu ; ce qui pourrait faire croire que ce ne sont que des juifs ou des chrétiens dégénérés, dont la croyance est altérée par le mélange des opinions et les rites des anciens Perses. Quoiqu’ils pratiquent leur culte en présence du feu, en se tournant vers le soleil, ils protestent n’adorer ni l’un ni l’autre. Le feu et le soleil étant les symboles les plus frappans de la Divinité, ils lui rendent hommage en se tournant vers eux. On a sous le nom de Zoroastre des Oracles magiques ; Louis Tiletanus les publia à Paris en 1563, avec les Commentaires de Piéthon Gemistus. Ils ont été imprimés plusieurs fois depuis.