Dictionnaire historique de l’ancien langage françois/1re éd., 1875/A (lettre)

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DICTIONNAIRE HISTORIQUE
de
L’ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS
ou
GLOSSAIRE DE L’ANCIENNE LANGUE FRANÇOISE
DEPUIS SON ORIGINE JUSQU’AU SIECLE DE LOUIS XIV


A


On peut considérer l’A comme lettre, ou comme mot. C’est comme lettre que nous le considérerons d’abord. Nous exposerons ensuite dans des articles séparés, ses diverses significations, lorsqu’il est employé comme exclamation, comme préposition, ou comme adverbe de lieu.

La lettre A, ayant un son plus ouvert et plus éclatant que les autres, nos anciens Poëtes François, surtout les Provençaux, l’ont employée par préférence dans leurs rimes, lorsqu’ils ont cherché à procurer plus de pompe à leurs vers, spécialement dans les récits des combats.

Les Grecs et les Latins leur en avoient donné l’exemple : leurs Poëtes ont affecté pareillement le retour fréquent de cette lettre, dans les vers qu’ils ont voulu rendre plus harmonieux.

On a dit proverbialement marqué à l’A, pour désigner un homme de probité éminente, proprement un homme de la principale, de la meilleure fabrique, par allusion aux monnoies ; celles qui se fabriquent dans l’Hôtel des monnoies de Paris, étant marquées de la lettre A. (Voy. Pasq. Rech. liv. VIII, page 696.)

L’A se trouve souvent employé à la tête de divers mots, soit à dessein, pour ajouter à leur signification, soit par abus et par ignorance, en réunissant mal à propos cette lettre avec le mot qui la suit, et dont elle devoit être séparée ; mais dans ces deux cas, elle est employée comme préposition. Nous en donnerons ci-après des exemples sous l’article A, préposition.