Dictionnaire historique des personnages célèbres de l’antiquité/1e éd, 1806/Essai historique

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ESSAI HISTORIQUE


SUR


LES NOMS PROPRES.
ESSAI HISTORIQUE


SUR


LES NOMS PROPRES,


CHEZ LES PEUPLES ANCIENS ET MODERNES.



REFLEXIONS PRELIMINAIRES.



Le nom, en général, suivant la définition la plus ordinairement reçue, est le terme dont on a coutume de se servir pour désigner une chose ou une personne. Cette définition est fondée sur la valeur du mot nomen, que les étymologistes dérivent, ou du verbe nosco (1) [1], parceque, dit Cicéron (2) [2], il est la marque caractéristique qui fait connaître chaque chose, ou du mot grec ὄνομα, où Platon, par une décomposition un peu subtile, trouve ὃν μαίεσθαι, rechercher l’origine de l’être (3) [3].

Pythagore rapportait l’imposition des noms à une souveraine sagesse, et c’est en ce sens que Platon disait que c’était aux sages de les imposer aux choses.

Epicure, qui ne remonte pas si haut, convient au moins que les noms sont l’effet de la première idée que les hommes se sont faite des objets qu’ils désignent ; et quant à la diversité des langues, il l’explique par la diversité des impressions reçues en divers climats
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Nigidius, dans Aulugelle, en examinant cette question fameuse dans les écoles de la philosophie ancienne, si les noms sont naturels et fondés en raison, ou positifs et arbitraires, se déclare pour la première assertion (1) [4].

C’était aussi l’idée des Stoïciens, lesquels, aussi bien qu’Aristote, cherchaient dans la propriété des noms la vérité des choses.

Il est en effet assez probable que, lors de l’existence d’une nation et d’une langue primitive, les noms ont été imposés, non arbitrairement et par un effet du hasard, mais naturellement et avec connaissance de cause, et lorsqu’Adam donna le nom à toutes les créatures sublunaires, on en doit conclure qu’il possédait au plus haut degré la connaissance intime de tous les objets de la nature, de leurs propriétés et de leurs effets (2) [5], connaissance que l’homme ne perdit pas tout-à-fait après sa chute, comme semblent le prouver les noms des premiers patriarches.

On peut donc supposer qu’il a existé un temps où les noms étaient imposés avec assez de raison, pour que chacun d’eux exprimât la nature de chaque chose, et cela avec autant de précision que de justesse.

Mais la confusion des langues et la dispersion des premières familles, multipliées au point de former diverses peuplades, qui bientôt se subdivisèrent elles-mêmes en une infinité de rameaux ; la naissance de nouveaux besoins et de nouveaux rapports, produits nécessaires d’une société plus nombreuse ou plus avancée, toutes ces causes, et une foule d’autres, durent, en donnant lieu à la création de signes nouveaux, altérer la valeur des anciens, en faire perdre de vue les notions primitives, et introduire dans le langage le peu de convenance qui se trouve souvent entre le signe et la chose signifiée. De là vient qu’il y a peu de noms qui manifestent la nature des choses, que la plupart
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expriment rarement les propriétés du sujet ; et au lieu que dans l’origine ils furent adoptés par les chefs de familles conformément à une tradition établie, ou donnés par les sages d’après une analogie bien reconnue, ils ont fini par être soumis au caprice du peuple, qui les a assignés fortuitement et sans réflexion, et à mesure que le besoin s’en est fait sentir dans l’usage de la vie : de là la difficulté d’approfondir comment s’est faite l’imposition des noms, accidentellement ou d’une manière judicieuse.

Ce que je viens de dire des noms en général, peut s’appliquer aux noms propres, dont l’objet est, pour l’ordinaire, de distinguer les individus, ou de présenter à l’esprit des êtres déterminés par l’idée d’une nature individuelle. Mais, outre cette première fonction, sans doute que, dans le principe, ils eurent encore une autre destination. Chez les Hébreux, par exemple, les noms s’imposaient, ou d’après un ordre divin, ou conformément aux avantages désirés a la personne nommée, ou d’après les circonstances de la naissance des enfans. Platon n’a donc pas tort de soutenir, dans son Cratylus, qu'il y a souvent un rapport certain entre le nom propre et le personnage qui le porte ; et, partant de ce principe, de supposer qu'en général les noms n’ont pas été donnés au hasard et au gré d’un caprice aveugle, mais qu'ils eurent d’abord une analogie réelle avec le caractère, les vices et les vertus, la profession, etc. des individus qui les reçurent. Mais il va trop loin aussi, lorsqu'il leur reconnaît une sorte de vertu prophétique, une espèce de fatalité entraînante qui détermine la manière d’exister ; comme Agis, Agésilas, etc. « qui, dit-il, annonçaient d’avance le commandement, l’autorité dont ces princes ont été revêtus. »

Une opinion plus probable, c’est que les noms propres n’acquièrent une signification individuelle qu’en vertu d’un usage postérieur ; car on peut regarder comme un principe général, que le sens étymologique de ces mots est constamment appellatif. Peut-être en trouverait-on plusieurs sur lesquels on ne pourrait vérifier ce principe, parcequ’il serait impossible d’en assigner la première origine ; mais, par la même raison, l’on ne saurait prouver le contraire : au lieu qu’il n’y a pas un nom propre dont on puisse assigner l’origine, dans quelque langue que ce soit, que l’on n’y retrouve une signification appellative et générale.

En hébreu, tous les noms propres de l’Ancien Testament sont dans ce cas : il en est de même chez les Grecs ; témoins Alexandros, brave défenseur ; Aristoteles, but excellent ;
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Philippos, qui aime les chevaux, etc ; et chez les Latins, Lucius, né au point du jour ; Servius, né esclave, etc. : observation qui peut se faire avec le même succès sur les noms propres des langues modernes (I) [6].

Ce serait, au reste, une conclusion fausse que celle par laquelle on inférerait de ces réflexions préliminaires que ce rapport entre les noms et les individus a toujours quelque chose de réel. Si l’on en trouve comme Alexandre, Démosthène (2) [7], etc., où ce rapport ne peut se méconnaître, combien en est-il d’autres qui, pour avoir une valeur déterminée, n’ont pas pour cela plus d’analogie avec les personnes ? Mais cette difficulté cesse d’en être une, lorsqu'on réfléchit que tel nom a convenu au premier qui l’a porté, et n’a pu convenir à ceux de ses descendans chez lesquels il s’est perpétué, soit par une suite de l’usage qui a dû s’introduire de bonne heure parmi les hommes de faire porter au fils le nom de son père, soit afin que ce fils trouvât dans le nom glorieux d’un de ses ancêtres un motif d’émulation. Ainsi, pour ne pas sortir de l’exemple allégué ci-dessus, supposons que, suivant la coutume des Athéniens, le fils de Démosthène eût donné au sien le nom de son aïeul y n’eût-il pas été extrêmement possible que la valeur de ce nom (force du peuple), tellement propre à cet illustre orateur qu'elle semble avoir été imaginée après coup, n’eût eu aucune convenance avec la vie, les inclinations et les talens du petit-fils ? C’est sans doute ce qui est arrivé plus d’une fois ; et voilà pourquoi les noms, de précis et de significatifs qu'ils ont été d’abord, sont devenus par la suite vagues, arbitraires et indéterminés, malgré les efforts de tous les peuples pour les rapprocher de leur destination première.

En effet, si l’on consulte l’histoire, on remarquera que toutes les nations ont attaché une grande importance à l’imposition des noms ; et peut-être est-il assez piquant d’observer que, dans les temps même où l’on faisait un crime aux enfans de s’appeler comme leurs pères, on n’a pas manqué d’aller chercher dans une antiquité très-reculée des appellations plus ou moins pompeuses, preuve que la vanité des noms peut fort bien s’allier avec les prétentions de la philo
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sophie, si toutefois ce n’est pas profaner ce terme auguste que de l’appliquer au délire et à la déraison.

Il est vrai que cette importance a pu quelquefois paraître ridicule aux jeux du bon sens ; mais il ne faut pas confondre l’abus avec la chose, et il n’est pas possible qu’un usage qui se retrouve chez tous les peuples ne repose pas sur des fondemens solides.

Au reste, mon objet n’est pas d’en rechercher les causes ; il ne s’agit ici que d’érudition, et non de raisonnement. J’ai promis des recherches, et non pas des discussions. C’est à l’homme d’état à méditer sur une question qui intéresse plus qu’on ne croit peut-être la reconstruction du corps social. L’érudit se borne à recueillir les faits, le philosophe tire les conséquences.

Contentons-nous donc de tracer d’une manière rapide l’historique des noms propres chez les peuples anciens et modernes, objet exclusif de ce modeste essai.


CHAPITRE PREMIER.
Des Noms propres chez les Hébreux,


CE n’est pas sans raison que je mets cette nation à la tête des autres ; presque tous les noms hébreux ont une valeur analogue aux qualités des personnes, ou aux circonstances dans lesquelles elles naissent, soit qu’ils soient le fruit d’une révélation particulière, soit qu’ils soient dus au choix libre des parens : c’est ce qu’on verra dans le cours de ce chapitre.

Dieu même, au rapport de saint Jérôme (I) [8], a dix noms qui ont été manifestés dans l’Ecriture.

Le premier est El, que les Septante interprètent, Etre Dieu.

Le second, Elohim, qui a la même signification.

Le troisième, Elod, qui dérive de El.

Le quatrième, Sabaoth, des armées ; titre que prend Dieu dans les prophètes Isaïe, Jérémie, Amos, Aggée et Malachie (2) [9].
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Le cinquième, Hélion, qui signifie Très-Haut (1) [10].

Le sixième a été révélé à Moise par une faveur spéciale : Ego sum qui sum (2) [11].

Le septième, Adonaï, qui signifie le Seigneur, et que Dieu défendit à Moïse de révéler au peuple Hébreu (3) [12].

Le huitième, Ia, pris de la dernière syllabe du mot Alléluia, qui veut dire : louez le Seigneur.

Le neuvième, Tetragrammaton, qui est écrit de quatre lettres, est ineffable. Philon remarque qu'il n’était pas permis de proférer ce nom hors du temple. Depuis la mort de Siméon le juste, on ne le prononça même plus dans le sanctuaire, de peur qu’une oreille profane ne le recueillît et les anciens ne le dirent à leurs enfans et à leurs disciples qu'une fois en sept ans, et partout on lui substitua le nom d’Adonaï. Quand on prononce ce nom, dit le Talmud, il faut que ce soit avec la plus grande précaution et dans un cas de nécessité urgente ; car celui qui le prononce met dans sa bouche le monde entier et toutes les créatures qui le composent.

Le dixième, Sidaï, c’est-à-dire, qui abonde en toutes choses.

David, parlant du nom de Dieu, l’appelle grand, saint et terrible (4) [13].

Dans Zacharie, le Seigneur Dieu des armées donne la qualité d’Orient au Messie son fils (5) [14].

Isaïe lui applique le nom d’Emmanuel, qui veut dire : Dieu avec nous ; et ailleurs il le traite d’admirable (6) [15].

Aux yeux des Hébreux, ces noms étaient pleins de mystères ; aussi avaient-ils en telle vénération la science des noms, qu'ils la mettaient même au-dessus de la loi écrite. C’est ce qu'ils appelaient la Cabale. A les entendre, Dieu avait donné la connaissance de ces noms sacrés aux patriarches et à Moïse ; elle n’a point été écrite, mais gravée dans l’esprit des saints, et continuée, par une tradition non interrompue, entre les prophètes venus depuis eux. Les grands hommes d’Israël n’ont rien fait de merveilleux que par la force des noms divins ; et si l’on pouvait les assembler et les prononcer avec le respect et la pureté requis, on pro
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duirait des prodiges aussi admirables que dans les siècles passés. Aussi les Juifs contemporains de J. C. prétendaient-ils qu’il ne faisait des miracles que par la vertu puissante du nom ineffable Jehovah (Jaoa), dont il connaissait la véritable prononciation. C’est pour cela, disent les rabbins, que le nom d’Osée, fils de Nun, fut changé en Josuah, à cause de la lettre initiale du Tetragrammaton, chaque personnage distingué du vulgaire désirant insérer dans son nom un de ces divins caractères pour se rendre plus respectable ; c’est pour cela aussi que Josué, grâce à cette addition, fut mis par Moïse à la tête des explorateurs qui allèrent reconnaître la terre promise.

Cette opinion des Juifs semble avoir été partagée par les Pères de la primitive Eglise. Origène (1) [16] remarque qu’il y a une puissance secrète et miraculeuse dans quelques noms sacrés, et Eusèbe (2) [17] observe que, par un mystère merveilleux, le nom ineffable de Dieu comprend les sept voyelles dans les quatre élémens de grammaire dont il est composé.

Au commencement du monde, les individus n’eurent chez les Hébreux qu’un seul nom propre, qui exprimait ce que les parens desiraient à l’enfant, ou qui procédait de quelque occasion ou de quelque événement. Ainsi, Adam signifie homme de terre rouge, parcequ’il fut formé du limon de la terre ; Abel, rien ou vanité, parcequ’il n’eut point de lignée ; Seth, résurrection, car il fut choisi pour réparer la perte d’Abel ; Mathusaël, dieu de mort, toute sa génération étant dévouée au déluge Lameth, frappant, parcequ’il tua Caïn ; Noach, repos, etc.

Edom, qui veut dire sanguin et rouge, était un des noms d’Esaü, qui était roux. Jacob signifie qui supplante, ou tient par le talon, parcequ’il voulut ravir à son frère le droit d’aînesse ; Israël, autre nom de ce patriarche, voyant Dieu, pour avoir combattu toute une nuit contre l’Ange du Seigneur.

Dans le seizième chapitre de la Genèse, Ismaël s’interprète l’homme ayant entendu, parceque Dieu avait ouï les plaintes d’Agar dans le désert.

Ruben, premier fils de Jacob et de Lia, est interprété, fils de vision ; Siméon, leur second fils, audition ; Levi, troisième, addition ; Juda, quatrième, louange, Lia sa mère
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ayant rendu grâce à Dieu au moment de sa naissance (1) [18] ; Dan, cinquième, fils de Baala, jugement, comme chef de la tribu des Juges ; Nephthalim, sixième, il m’a converti : Jacob prophétisa de lui qu’il aurait un beau langage ; Gad, septième fils, issu de Zelpha, heureux ; Aser, huitième, gras, parceque son père prédit qu’il serait un pain gras et les délices des rois ; Issachar, neuvième, issu de Lia, mon loyer : son père le nomma Ane fort, parcequ’il eut beaucoup de peine à cultiver la terre qui lui échut en partage, et qui s’étendait près du Jourdain et du Mont Carmel ; Zabulon, dixième, habitation, son père ayant annoncé qu’il habiterait le rivage de la mer et le port des navires ; Joseph, onzième, fils de Rachel, accroissement ; et Benjamin, douzième, son frère de père et de mère, fils de la droite et de la vertu : interprétations qui ont donné lieu aux devises en forme d’armoiries, attribuées à ces douze patriarches.

Ces noms des douze enfans de Jacob, chefs des tribus d’Israël, étaient gravés, selon l’ordre de leur naissance, sur les douze pierres précieuses qui ornaient le rational (2) [19], et qui accompagnaient la pierre nommée Dabir (oracle), sur laquelle était gravé le nom de Dieu. Josephe nous apprend que ces douze pierres étaient appelées sardoine, topaze, émeraude, escarboucle, jaspe, saphir, lyncure, améthyste, agate, onyx, chrysolithe et béril.

Aaron s’explique par montagne ; Salomon par pacifique, à cause de la paix de son règne ; Phares, dont les Pharisiens descendirent, par division ; Daniel, par jugement, en mémoire du jugement célèbre qu’il rendit en faveur de l’innocence de Suzanne, contre les deux Vieillards ; Elie, par Dieu Seigneur, pour exprimer son zèle contre l’idolâtrie. Job, après son rétablissement, appela la première de ses filles Jemimah, jour, etc.

Cependant si tous les noms hébreux ont une valeur, on n’en peut conclure que cette valeur a toujours été analogue à quelque circonstance de la vie des individus. Il est arrivé sans doute chez ce peuple, comme chez tous les autres, que les noms, convenables peut-être aux chefs des familles, n’ont plus eu aucun sens, ou du moins aucun rapport avec leurs descendans.

En effet, si le nom de tribu se prenait d’un des douze fils

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de Jacob, celui de la famille tirait son origine de quelque neveu ou descendant célèbre de ces patriarches. Ainsi, les Nazaréens, descendus de Jonadab, fils de Rechab, portèrent le nom de Réchabites, qu’ils rendirent illustre par leur sobriété. Ainsi, tout juif du nom de Jean n’est pas pour cela plein de la grâce divine, et Absalon, inquiet, ambitieux, rebelle, ne fut rien moins que père de la paix.

On ne voit pas dans l’Ecriture que les Hébreux aient connu l’usage des surnoms. En général, il n’y avait chez eux, comme de tout temps chez les Arabes, qu’un moyea pour distinguer les familles, et ce moyen consistait à exprimer à la suite de son nom de qui l’on était fils. On disait : Saül, fils de Cis ; David, fils d’Isaï, etc.

Si dans la suite, comme le veulent quelques écrivains, entr’autres Philon, ils en prirent jusqu à trois, ce ne fut probablement qu’après leur commerce avec les nations étrangères, après la dispersion des tribus, et sur-tout lorsque la Judée devint une province Romaine, comme le prouvent les noms de Jude Thadée, Simon Barjone, Judas Barsabas : encore le rabbin Abravanel remarque-t-il que cette multiplicité de noms n’avait lieu qu’en faveur de ceux qui excellaient par leurs vertus ou leurs talens, et ne date-t-il cet usage que depuis la construction du second temple.

Les femmes ne paraissent également avoir porté qu'un nom propre ; mais il n’est pas toujours aisé de décider si ce nom a quelque rapport avec la personne nommée. En effet, si Agar (étrangère), par exemple, a une valeur propre, puisqu’elle était égyptienne, on ne peut apprécier également la convenance du mot Dalila (pauvre) avec la courtisane de ce nom ; de Débora (abeille), avec la prophétessé ainsi nommée, etc.

On peut appliquer aux noms de femmes les réflexions que nous avons faites sur les noms des hommes.

Chez les anciens Hébreux le nom se donnait à l’enfant lors de la circoncision, laquelle se faisait le huitième jour de la naissance : cette époque est choisie de préférence, disent les commentateurs qui ont le bonheur de tout expliquer, parceque cette opération mettant l’enfant en péril, et les parens n’ayant pas encore eu le temps de s’attacher à lui, la perte leur en serait moins sensible, s’il venait à mourir en ce moment. Il paraît par l’exemple de Zacharie (1) [20], que l’on imposait

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aux enfans le nom de leurs pères. Aussi voulait-il que son fils portât son nom, et non pas celui de Jean. La réflexion des parens : « Il n’y a personne dans votre famille qui soit ainsi nommé, « prouve aussi qu’on prenait quelquefois le nom d’une personne de la parenté.

L’addition d’une ou de plusieurs syllabes était regardée comme une preuve de noblesse. C’est ainsi que le père d’Isaac, qui s’appelait d’abord Abram (père d’une grande élévation) y reçut de Dieu même le nom d’Abraham (père d’une grande multitude), lorsqu’il lui fut promis que sa race égalerait le nombre des étoiles et celui des grains de sable sur les rivages de la mer.

On retrouve chez les Hébreux la même idée de l’importance des noms qu’on peut observer chez les peuples. Il leur était défendu de se marier hors de leur tribu, de peur que les biens affectés à une lignée ne passassent par alliance dans une autre, et que les noms ne fussent confondus et changés ; et les filles ne pouvaient entrer par mariage dans une autre lignée qu’autant qu’elles n’étaient pas héritières. C’est ainsi que Michol (parfait), fille de Saül, de la tribu de Benjamin, épousa David, issu de la tribu de Juda. Aussi l’Ecriture blâme-t-elle ceux qui laissent leur nom se perdre dans la mémoire des hommes, au lieu de se faire un bonheur de le voir perpétué par des enfans. C’est pour cette raison qu’il étoit ordonné à un frère de susciter semence à son frère mort, pour lai donner un successeur qui conservât son nom et sa gloire (1) [21]. C’est à cet esprit qu’on peut attribuer la constance avec laquelle les enfans d’Israël conservèrent dans leur intégrité les noms des familles, de même que leur langue et leurs vêtemens, pour être distingués des autres nations.

Chez les Juifs modernes, l’imposition des noms se fait, pour les mâles, le jour de la circoncision, c’est-à-dire le huitième jour de la naissance, par celui qui préside à la cérémonie, ou parrain, entre la première et seconde bénédiction, en présence de dix témoins, dont le moins âgé doit avoir plus de treize ans.

A la naissance d’une fille, les cérémonies sont beaucoup moins importantes ; ce n’est que six semaines après qu’on lui donne un nom. Le berceau de l’enfant est orné autant que le permettent les facultés de ses parens. De jeunes vierges prennent place autour, et le soulèvent de temps en
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temps ; celle qui se trouve à la tête remplit les fonctions de marraine : après quoi il se donne un grand repas, et tout le monde se livre à la joie.

Ces formalités varient selon les pays. En Italie, suivant Léon de Modène, il ne se pratique aucune cérémonie. Au bout d’un mois, la mère relevée de ses couches se rend à la synagogue et présente sa fille au chassan, ou chantre, qui récite sur sa tête une formule de bénédiction, et lui donne le nom que la mère désire.

En Allemagne, c’est le chassan qui âe rend à la maison de l’accouchée, et qui bénit la fille et lui donne un nom en levant en l’air une coupe remplie de vin.

Depuis la dispersion des Juils, les principaux ont souvent affecté de faire précéder leurs noms de titres honorifiques, tels que Rab, Rabbi, Ribbi, Rabban (maître), Hacam (sage), Nasi (prince), Mar, Marenu, Gaon (écrivain), Theonim, etc. Ils se sont distingués aussi par des surnoms tirés de l’âge, de l’office ou de la profession. Exemple : Rabban, Gamaliel (Senior) ; R. Chanina (chef des prêtres) ; R. Johanan (cordonnier) ; Nahum (Scribe) ; A. Siméon (tisserand), etc.

Maimonide assigne trois rangs aux docteurs cités dans la Misna : les premiers ne sont précédés d’aucun titre, tels que Hillel, Schammaï, Abtalion, parceque les Prophètes n’ont ni titre ni surnom, et parcequ’aucun ne pourrait exprimer l’excellence de leur génie. Les sages d’un rang inférieur s’appellent Rabban ; et ceux du dernier ordre, Rabbi, ou Abba,

CHAPITRE II
Des Noms chez les Grecs.

ARISTOTE nous apprend que le nom se donnait le septième jour de la naissance, parceque c’était à cette époque seulement qu’on se flattait de conserver l’enfant, ou parceque le nombre septénaire était mystérieux et sacré. Suivant d’autres, les noms étaient imposés le dixième jour. C’était une fête de famille appelée Onomasteria, à laquelle étaient

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invités les parens et les amis en grand nombre. On la célébrait par des repas et des sacrifices, afin de consacrer en quelque sorte cette imposition des noms par l’intervention de la Divinité. Cette fête s’appelait aussi Amphidromie, de la principale cérémonie qui s’y pratiquait. Les femmes qui avaient aidé la mère à se délivrer, se purifiaient, et prenant l’enfant entre leurs bras, le portaient en courant autour du foyer ; et à l’occasion de cette fête, les parens et les amis de la maison faisaient de petits présens au nouveau-né.

Saint-Chrysostôme attaque une sorte de divination qui paraît avoir été un reste de paganisme : on allumait un certain nombre de cierges auxquels étaient attachés autant de noms ; celui qui brûlait le plus long-temps déterminait le choix, et le nom préféré semblait promettre une longue vie à l’enfant qui venait de naître.

A Athènes, une loi donnait au père le droit d’imposer le nom à son enfant : c’était assez souvent celui du grand-père que l’on choisissait, sur-tout s’il avait été illustre. Ce choix tenait à l’opinion des anciens, que les qualités, soit physiques, soit morales, passaient ordinairement de l’aïeul au petit-fils (1) [22]. Ils avaient observé que souvent le fils d’un athlète vigoureux et robuste était remarquable par sa mollesse, et que la goutte franchissait également la première génération pour s’attacher à la seconde. On donnait au fils aîné le nom de l’aïeul paternel ; au second, celui de l’aïeul maternel, et ceux qui les suivaient portaient le nom de l’agnation et de la cognation.

Quelquefois on choisissait le plus illustre des ancêtres ; d’autrefois l’amour-propre des parens aimait à retrouver dans le nom des enfans des faits honorables à la famille. On empruntait aussi le nom des divinités locales, persuadés apparemment que c’était un moyen de participer au courage, à la force ou à la beauté de celle dont on prenait le nom, ou d’avoir un titre spécial à sa protection. Assez souvent enfin les noms imposés marquaient les heureuses espérances que les pères et mères avaient conçues de leurs enfans, ou exprimaient les vœux faits pour leur bonheur.

Les femmes n’étaient pas admises à l’honneur de donner
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le nom (1)[23] ; une loi d’Athènes le leur défendait même formellement : usage qui fut depuis imité par les Romains. C’était le contraire chez les Lyciens ; le fils y prenait le nom de sa mère, parceque la succession passait aux filles. Le nom d’Athénée était interdit aux femmes, parceque c’était celui de Pallas, et que c’eût été manquer de respect à la déesse. Souvent les nouvelles mariées en prenaient un nouveau avant d’entrer dans la maison de leur époux.

On désignait aussi les individus par un nom patronymique ; c’est-à-dire par le nom de leur père, comme Pelides, Achille, fils de Pelée ; de leur aïeul ou bisaïeul, comme Acrisiades, Persée, petit-fils d’Acrisius, etc. : usage qui s’est reproduit chez les nations modernes, comme ou le verra au chapitre des Noms patronymiques.

Au reste, la terminaison en ides ou ades n’est pas toujours patronymique chez les Grecs ; elle a servi quelquefois à exprimer une grandeur ou une qualité plus élevée que celle qui serait désignée par le nom primitif. C’est à cet usage que Lucien fait allusion, lorsqu’il introduit dans son dialogue du Coq, un savetier qui, devenu riche, se fait appeler Simonide, de Simon qu’il était avant d’être enrichi, et qui se plaint amèrement de ceux qui ne l’appelaient que Simon, comme si ce n’eût été qu’une mutilation du nom de Simonide, faite à dessein de l’insulter ; en quoi il n’avait pas tout-à-fait tort. Il savait que l’on avait affecté, presque de tout temps, de ne donner que des noms d’une ou deux syllabes aux esclaves et aux autres personnes viles, et que ceux de quatre ou cinq syllabes n’étaient que pour les personnes d’un rang plus relevé. Aussi, dit Lucien, de dissyllabe qu’il avait été dans la bassesse de sa première condition, il devint quadrisyllabe après le changement de sa fortune (2) [24].

En effet, il paraît que cette abréviation de noms n’avait lieu qu’à l’égard des valets et des petits enfans. C’est au mépris pour les uns et à la familiarité caressante envers les autres, qu’Eustathe attribue la liberté que les Grecs se

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donnaient de raccourcir la plupart des noms propres. Ainsi, Démas n’est qu’un diminutif de Démétrius ; Menas, de Ménélaüs ; Bacchon, de Bachylide ; Amphis, d’Amphiaraüs ; Artémon, d’Artémidore ; Alexas, d’Alexandre ; Theudas, de Théodore ; Antipas, d’Antipater ; Cléophas, de Cléophile, etc.

La plupart des diminutifs grecs paraissent confirmer ce qu’on vient de dire ; car ils s’emploient, ou à l’égard des femmes publiques, comme Gymnasium, Glycerium, Philématium, etc., ou à l’égard des esclaves, comme Syriscos pour Syros ; ou des enfans et autres personnes que l’on traite avec familiarité, comme Parménisque pour Parmenon, Cyrille pour Cyrus, etc. Dans ce dernier cas, ils s’appellent hypocuristica, flatteurs.

Les terminaisons en idion, asion, arion, illos, iskos, illos, ullos, illa, inna, ulla, ion, etc., paraissent affectées à ces sortes de diminutifs. On en verra plusieurs exemples dans le Dictionnaire.

Les grammairiens distinguent encore les dénominatifs, qui sont dérivés des noms appellatifs, comme Philon, de philos, ami ; Leœna, de leo, lion ; Stomylus (babillard), de στόμα, bouche, etc. ; et les verbaux, qui viennent des verbes, tels qu’Ida, Idœus, Idicus, qui se forment du verbe eidein, voir.

L’usage de porter deux noms remontait à la plus haute antiquité ; on en trouve divers exemples dans Homère, et entr’autres celui du fils d’Hector, dont le nom ordinaire était Scamandrius, et que son père avait appelé Astyanax, comme destiné au trône ; de Pâris, qui s’appelait Alexandre ; d’Andromaque, qui ne prit ce nom qu’après être devenue l’épouse d’Hector, etc.

Les surnoms se divisaient en surnoms proprement dits, et en sobriquets.

Les premiers se tiraient pour l’ordinaire d’une action mémorable, de l’éclat des victoires, de la supériorité de courage ou de lumières, de quelqu’avantage corporel, d’une prospérité marquée, etc., comme Soter, Eudémus, Eucnémus, Evergètes, Nicanor, Poljcrate, Aquila, Poljhistor, Aristobule, etc.

Qant aux seconds, on sent que chez un peuple aussi spirituel et aussi railleur que l’étaient les Grecs, ils durent être extrêmement prodigués : c’est ce qu’on aura lieu d’observer presqu’à chaque page de ce Dictionnaire (1) [25].
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On peut ranger dans la classe des surnoms, les noms que les grammairiens appellent gentilitia, et qui se tirent, tantôt du lieu natal, tantôt de la ville ou l’on a reçu le droit de cité. Vossius cite pour exemple Phérécyde, qu’on appelait à la fois Lérien et Athénien ; Denys, surnommé le Thrace, natif d’Alexandrie, et connu sous le nom de Denys le Rhodien ; Apollonius d’Alexandrie, qui tirait également sou surnom de Rhodes, où il avait établi sa résidence.

Enfin, les Grecs employèrent jusqu’aux lettres de leur alphabet pour désigner divers personnages. En voici quelques exemples : Eratosthène, de Cyrène, disciple du poète Callimaque, contemporain des Ptolémée, Evergète et Philopator, jouissait d’une grande réputation comme grammairien, philosophe, poète et géomètre ; mais comme il n’était pas du premier ordre des littérateurs de son temps à qui l’on avait donné le nom d’Α, Alpha, il fut appelé Β, Bêta, de la deuxième lettre de l’alphabet. Pythagore fut surnommé Γ, Gamma ; Anténor, historien de Crète, Δ, Delta, du dorique Cretois Deltos, brave homme, bon citoyen. On nomma Ε, Epsilon, Apollonius, ceièbre astronome, qui vivait du temps de Ptolémée Philopator, pour avoir fait des recherches curieuses sur la figure de la lettre Ε, qui tourne avec la lune. Satyre, ami d’Aristarque, fut appelé Ζ, Zêta, des soins qu’il prit d’approfondir la nature des choses ; zêtein, chercher. Ésope fut dit Θ, Thêta, par son maître Idmon, parcequ’il réunissait les qualités d’un serviteur adroit et fidèle, thês, thêkos, serviteur à gages. La mère de Cypsèle fut nommée Λ, Lambda, par Apollon, parcequ’elle avait les pieds tournés en dehors. Saint-Pacôme, dit Sozomène, distribua ses religieux en vingt-quatre classes, et donna à chacun le nom d’une lettre grecque, selon qu’il la jugeoit convenable à leur humeur et à leur caractère.

Chez une nation aussi féconde en grands hommes que le fut long-temps la Grèce, il dut y avoir des noms qui furent plus particulièrement l’objet de la vénération publique. De ce nombre furent, chez les Athéniens, ceux d’Harinodius et d’Aristogiton, meurtrier du tyran Hippias, un des fils de Pisistrate. Ces noms étaient tellement respectés, qu’une loi défendait expressément de les donner aux esclaves. A cet exemple, Domitien, par une imitation aussi ridicule que barbare, punit de mort Métius Pomposianus, pour avoir avili les noms de Magon et d’Annibal, en les faisant porter par deux de ses esclaves ; excès de sévérité qui n’eût été excusable qu’à Carthage.

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Cyrus, Alexandre, étaient aussi des noms très-révérés, et qui, par cette raison, devaient souvent être donnés par les pères à leurs enfans. Mais pour obvier à la confusion qui aurait pu résulter de cet emploi fréquent des mêmes noms ou de la généralité de la signification primitive des noms propres, et pour conserver la distinction individuelle, objet principal de cette espèce de nomenclature, les Grecs individualisaient le nom propre par le génitif de celui du père. Ainsi, ils disaient : Alexandros o Philippou, en sous-entendant uios, fils : Alexandre, fils de Philippe.

Les noms des athlètes vainqueurs étaient insérés dans les fastes publics, accompagnés de l’épithète honorable Nicéphore, qui a remporté la victoire.

CHAPITRE III.


Des Noms propres chez les Romains,


LES Romains, comme tous les autres peuples, n’eurent vraisemblablement dans le principe, qu’un seul nom propre. Ils ne commencèrent, suivant Eutrope, à en prendre deux qu’après leur mélange avec les Sabins ; époque où le traité de paix entre les deux nations porta que, pour ne faire qu’un même peuple, ils emprunteraient réciproquement les noms les uns des autres, que le Romain ajouterait au sien celui d’un Sabin, et le Sabin celui d’un Romain.

Appien prétend que l’usage de porter deux noms fut d’abord particulier aux Romains, et qu’ils en donnèrent le premier exemple. Cette assertion n’est pas fondée ; il est constant qu’avant la fondation de Rome, les Albains portaient deux noms. La mère de Romulus s’appelait Rhéa Sylvia ; son aïeul, Numitor Sylvius ; son oncle, Amulius Sylvius. Les chefs des Sabins qui vivaient à peu près dans îe même temps, en avaient aussi deux, tels que Titus Tatius, Métius Suffétius. Romulus et Remus qui semblent n’en avoir eu qu’un, en avoient deux en effet : Romulus et Remus étoient des prénoms, et leur nom propre étoit Sylvius. 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Ainsi, les Grec» écrivirent les noms des sept Sages sur un cercle, ne voulant pas déterminer quel était le plus sage des sept. Les Ro-* mains écrivaient de même sur un cercle les noms de leurs esclaves , afin qu’on ne sût point ceux auxquels ils se propo- saient de donner la liberté , et pour qui ils avaient plu» d’inclination. Un pape ayant commandé aux Cordeliers de lui nommer trois de leurs religieux , dans le dessein d’élever l’un d’eux à la pourpre , les moines écrivirent sur un cercle les noms des trois plus habiles de leur ordre , afin que Sa Sainteté ne jugeant pas qu’ils eussent plus de pen- chant pour l’un que pour l’autre , elle choisît qui lui plairait. Cicih’on observe que les philosophes qui écrivaient sur le mépris de la gloire, avaient pourtant soin de mettre leur nom à la tête de leurs ouvrages. Le désir d’immortaliser son nom , qui porta Hérostrate à brûler le temple d’Ephèse , comme Alexandre à entreprendre la conquête du monde , est com- mun aux héros et aux philosophes , et les anciens tenaient à grand honneur de voir le leur figurer dans les monumens publics. Alexandre-le-Grand offrit des sommes immenses aux Ephésiens , pour que le sien fût placé dans l’inscription du temple de Diane qu’ils rebâtissaient, et ne pût pour- tant obtenir qu’ils lui cédassent cette gloire. Trajan poussait ce désir jusqu’à la manie (i). Les courtisanes mêmes ont souhaité d’immortaliser leur nom par quelque monument illustre , et ont offert beaucoup d’argent pour y parve- nir. Phryné proposa de rebâtir à ses frais la ville de Thè- hes , à condition qu’on éterniserait sa générosité par cette inscription : « Alexandre a renversé les murailles deThèbes, » et Phryné les a relevées. » On faisait des Inscriptions même pour les cuisiniers et pour les plus vils artisans , à plus forte raison pour les ar- tistes. On a trouvé à Florence celle d’un sculpteur qui sa- vait remettre des yeux aux statues , ce qui les faisait paraître en quelque sorte plus animées. Du temps de la république , c’était une marque d’estime de nommer chacun par son nom. en le saluant. C’est pour cela que les candidats , dans l’impossibilité de savoir le nom de tous les Romains qui donnaient leurs suffi’ages , menaient

(i) Voy. PjI-riétaiee,
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avec eux des esclaves qui, n’ayant eu toute leur vie d’autre occupation que d’apprendre les noms des citoyens, les connaissaient parfaitement, et les disaient à voix basse aux candidats. Ces esclaves étaient appelés Nomenclateurs.

Cependant il y avait une espèce de gloire à se passer de nomenclateurs. C’est ce qui donna lieu à la belle réponse que fit Scipion l’Africain à Appius Claudius son collègue dans la censure, qui se vantuit de n’avoir pas besoin de ce secours : « J’ai pris plus de soin, dit-il, de faire connaître mon nom

» que d’apprendre les noms des autres. »

Cet usage changea sous les Empereurs. On voit par plusieursépigrammes de Martial (1) [26], qu’on se servait souvent des mots Dominus, Rex, pour saluer ou pour adresser la parole à quelqu’un de considérable, comme chez nous du mot Monsieur. Dans la suite, l’usage prévalut de nommer les supérieurs du nom de leur dignité, comme on disait en France, Monsieur le Duc, Monsieur le Président, et de n’appeler par leur nom que ses inférieurs ou ses intimes amis.

Les Romains avaient encore d’autres nomenclateurs ; c’étaient des esclaves chargés de faire placer à table les convives.

Dans les festins, on buvait autant de coups qu’il y avait de lettres dans le nom du prince, d’un ami, de la femme qu’on aimait ; c’est ce que prouve l’épigramme de Martial (2) [27],

Nœvia sex cyathis, septem Justina bihatur, etc.

Les Grecs et les Romains se nommaient toujours les premiers dans les lettres qu’ils écrivaient, de quelque condition que fussent les personnes auxquelles ils écrivaient. Cet usage subsistait encore du temps d’Ausone. Ce poète s’étant nommé après Paulin au commencement d’une lettre, s’en excuse sur la nécessité du vers.

Les anciens Romains, dans leurs lettres, appelaient par leurs noms les personnes les plus éminentes. Quî fit, Mœcenas, non quià, Mæcenas. Novum crimen, Cai Caesar ; patres conscripti, et tu, Cæsar. Chez les modernes, un évêque se voulant délivrer de la cérémonie des titres, prit le parti d’écrire au cardinal de Richelieu en latin : Latine ad te scribo, Armande Cardinalis, ut majestate linguœ libèrent me à formulis servitutis.
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On a fait honneur à Cyrus et à Mithridate de connaître de nom tous les soldats de leur armée, exagération qui doit, je crois, souffrir quelques réductions. Il n’est pas douteux que ce ne soit un mérite dans un général, et c’est une connaissance qui n’est pas inutile à un prince. L’empereur Adrien avait une telle mémoire, qu’il redressait souvent les erreurs de ses nomenclateurs. Brantôme assure qu’il n’y avait grande maison dans le royaume que Catherine de Médicis ne connût, à l’exemple de François Ier, qui savait les généalogies de toutes les familles illustres de France ; et de Henri II son mari, à qui il suffisait de voir une fois un homme pour ne plus oublier ni ses traits ni sa réputation.

Les Espagnols ont eu de tout temps la manie de porter beaucoup de noms ; ce qui fait dire à Arlequin, en parlant d’un homme de cette nation qui en avait une litanie : « Il faut que cet homme-là ait eu bien des pères, puisqu’il porte tant de noms. »

On conte à ce sujet qu’un Espagnol, surpris par la nuit, se présenta à la porte d’une hôtellerie de village. L’hôte met la tête à la fenêtre et demande qui frappe à cette heure. « Ouvrez, dit l’Espagnol, à dom Alonzo, etc. » et il se mit à défiler une kirielle de noms. « Oh ! dit l’hôte, en refermant brusquement la fenêtre, je n’ai pas assez de lits pour tant de monde, » et l’Espagnol resta à la porte avec tous ses nobles aïeux.

  1. (1) Noscimen, novimen, notamen, notimen.
  2. (2) Quod rei nota est. Cic.
  3. (3) Une troisième étymologie est ὄνίομαι, être utile, parce que son usage sert à faire connaître les choses ; et une quatrième, νέμειν, distribuer, νόμοζ, loi, le nom donnant à chaque chose sa valeur, comme la loi à chacun ce qui lui appartient.
  4. (1) Φύσει τά ὂνοματα sint ἢ θέσει, lib. X, cap. 4. Le passage de Nigidius ressemble un peu à la scène du Bourgeois Gentilhomme, prenant sa leçon de grammaire.
  5. (2) Les Rabbins ont travesti à leur manière cet endroit de la Genèse : « Sammaël, disent-ils, le prince des anges, et quelques autres de son parti, étonnés que Dieu prît tant de soin de ce premier homme, lui demandèrent de quel usage ce soin pourrait être, et quelle en serait l’utilité ? Dieu répondit que l’excellence d’Adam surpassait celle des anges, fit venir des quadrupèdes et des oiseaux, pourvoir s’ils pourraient les nommer. Sur quoi ils avouèrent leur ignorance. Adam, au contraire, ne fut pas plutôt interrogé sur leurs noms, qu'il répondit : Celui-ci est un bœuf, celui-là un lion, cet autre un aigle, etc.»
  6. (I) Voyez le chapitre des Noms propres chez les nations modernes.
  7. (2) Voyez dans le Dictionnaire, les articles Adraste, Agamemnon, Priam, etc.
  8. (I) Epist. ad Marcell. 136.
  9. (2) Isaïe, cap. 54. Jerem. 1, Amos, 5 ; Agg. 1 ; Malach, 2.
  10. (1) Ps. 90.
  11. (2) Exod., cap. 13.
  12. (3) Exod., cap, 6.
  13. (4) Psalm, 98 et 110.
  14. (5) Cap. 6.
  15. (6) Cap. 7 et 9.
  16. (8) Homil. 5, contra Celsum.
  17. (9) Proepar, evangel. L. XI, cap. 6.
  18. (1) Gènes, c. 9.
  19. (1) Ornement en fornne quarrée, que portait sur sa poitrine le grand-prêtre de la loi ancienne.
  20. (1) S. Luc, cap. I.
  21. (1) Deuteron., 25. 5.
  22. (1) La même opinion avait peut-être lieu chez les Carthaginois ; Annibal portait le nom de son aïeul, tandis que son père s’appelait Amilcar. Brantôme remarque que ceux qui portent le nom de leur aïeul, lui ressemblent volontiers ; et cela à l’occasion de l’Empereur Ferdinand, qui ressemblait en tout à son grand-père.
  23. (1) Cet usage n’avait pas toujours existé en Grèce. On voit dans Homère que les enfans recevaient leur nom de leur mère, au moment de leur naissance.
  24. (2) Démosthènes reproche à Eschine d’avoir métamorphosé en Atromite le nom de son père Tromès. On voit dans l’Anthologie une épigramme contre un homme qui, de pauvre devenu riche, voulut s’ennoblir par la même voie, et de Stephanus se transforma tout d’’un coup en Philostéphanus.
  25. (1) Voyez le chapitre XI des Sobriquets.
  26. (1) Liv. I, epig. 113. Liv. V. epig. 57. Liv. VI. epig. 58.
  27. (2) Liv. I. epig. 7a.