Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Achmet

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ACHMET, fils de Seirim. On a un livre de sa façon qui contient l’interprétation des songes, selon la doctrine des Indiens, des Perses et des Égyptiens. Il fut traduit du grec en latin, environ l’an 1160, par Léon Tuscus[a], qui le dédia à Hugues Échérien (A). On le publia en latin, l’an 1577[b], sur un manuscrit fort mutilé qu’on trouva dans la bibliothéque de Sambucus[c] ; mais on le donna comme un ouvrage d’Apomasares[d]. Le docte Leunclavius fit savoir lui-même cette méprise au public dans ses Annales des Turcs[e]. M. Rigault est le premier qui a publié cet ouvrage en grec. Il le joignit, à cause de la conformité des matières, avec l’Artémidore qu’il fit imprimer à Paris en l’année 1603. Il ne changea rien à la traduction latine de Leunclavius, et ne fit point de notes sur le texte[f]. Il croit qu’Achmet, fils de Seirim, n’est point différent de celui dont Gesner a fait mention. Celui de Gesner était fils d’Habramius et médecin, et a composé un ouvrage divisé en sept livres, et intitulé Peregrinantium viatica, qui était en grec dans la bibliothéque de don Diégue Hurtade de Mendoza, ambassadeur à Venise de la part de l’empereur, lorsque Gesner composait son livre[g]. Jean-Antoine Sarrazin possédait le même ouvrage [h], comme il l’assure dans ses notes sur Dioscoride. Les deux exemplaires grecs de la bibliothéque du roi de France, sur lesquels M. Rigault publia le livre des Songes, ne portent point que l’auteur se nommât Achmet, fils de Seirim. Il est vrai que, comme le commencement y manque, on peut soupçonner que, lorsqu’ils étaient entiers, le nom de cet auteur y paraissait à la tête. Mais enfin ce ne sont que des conjectures qui peuvent être fortifiées par une autre considération : c’est qu’on a écrit d’une main plus fraîche le nom d’Achmet sur l’un des deux exemplaires. Ce nom ne paraissait pas dans l’exemplaire dont Léon Tuscus se servit au XIIe. siecle pour faire sa traduction : c’est ce qu’on infère de la version italienne que l’on a de cet ouvrage, composée par Tricasso[i]. M. Rigault en a tiré le prologue, et l’a donné en latin, quoiqu’il estime que ce n’est point Achmet même, mais Léon Tuscus qui l’a composé[j]. Barthius avait la traduction de ce Léon, et il croit que son exemplaire fut écrit au temps même de ce traducteur[k]. Les échantillons qu’il en donne font voir qu’on n’avait point traduit à la lettre, et qu’on avait retranché bien des choses. Ce qu’il y a de considérable, c’est que le nom d’Achmet et celui de Seirim sont au titre du manuscrit avec ceux de Syrnacham, de Baram et de Tarphan. Le premier de ces trois derniers personnages[l] était interprète des songes à la cour du roi des Indes, et le second l’était à celle de Saanisan, roi de Perse ; et le troisième à celle de Pharao, roi d’Égypte[m]. Barthius conjecture de là qu’Achmet et Seirim étaient aussi deux interprètes de songes dans quelque cour barbare. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage a été compilé par un chrétien, car l’auteur le commence au nom de la Sainte Trinité [n]. M. Rigault ne regarde le texte grec que comme une ancienne traduction de l’ouvrage. L’original était en arabe.

Lambécius fait fleurir Achmet au IXe. siècle, à la cour de Mamoun, calife de Babylone. M. du Cange n’est pas de ce sentiment. Voyez son Glossaire grec, au mot Μαμοῦν.

  1. Rigaltii Præf. libri Achmetis.
  2. Leunclavius, à Francfort, in-8.
  3. Barthius, Advers. lib. XXXI, cap. XIV.
  4. Id est Abumasher seu Albumasar. Vide Catal. Oxouiens. pag. 35.
  5. Rigaltii Præf. in Achmet.
  6. On le dit pourtant dans le Catalogue d’Oxford, pag. 5,
  7. Gesn. Biblioth. folio 2, verso.
  8. Rigalt. Præf. in Achmet.
  9. Patrice Tricasso des Ceresars, Mantuan. Voyez la Bibliothéque de Du Verdier. pag. 940.
  10. Ex Præfat. Rigalti.
  11. Barthii Adversar. lib. XXXI, cap. XIV.
  12. Syrbacham, in editione Rigaltii.
  13. Cela paraît par le commencement du IIe., du IIIe. et du IVe. chapitre du livre.
  14. Voyez la fin du chap. II.

(A) Hugues Échérien. ] Barthius le nomme Hugonem Eteriarium, et dit que c’était un excellent auteur, scriptorem œvo suo luculentum[1]. Il y a une faute d’impression dans Barthius anssi-bien que dans ces paroles de M. Rigault, Hugoni Echeriano dedicavit. Il fallait dire Hugonem Eterianum, Hugoni Eteriano. Allatius, au chapitre XI du livre II de Perpetuo consensu Ecclesiæ Occidentalis et Orientalis, écrit mal Hugo Ætherianus. Baronius, Bellarmin, et plusieurs autres écrivent Hugo Etherianus ; mais Eterianus est plus correct. C’est le nom d’un auteur ecclésiastique du XIIe. siècle. Ceci m’a été communiqué par M. de la Monnaie.

  1. Barth. Advers. lib. XXXI, cap. XIV.

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