Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Almain

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ALMAIN (Jacques), professeur en théologie à Paris, dans le collége de Navarre, a fleuri au commencement du XVIe. siècle. Il était de Sens, et il s’acquit la réputation d’un des plus subtils dialecticiens et des meilleurs scolastiques de ce temps-là. Le grand attachement qu’il eut pour la doctrine de Scot et pour celle d’Occam et de Gabriel Biel, peut faire foi du caractère de son génie. Il enseigna la logique et la physique, avant que d’être agrégé, en l’année 1508, à la maison de Navarre, et il publia des Traités sur ces deux parties de la philosophie en 1505 et en 1508. Il fut reçu docteur en théologie, l’an 1511 ; et, l’année d’après, il expliqua, dans le collége de Navarre, le IIIe. livre des Sentences. Il fut employé en ce même temps à écrire pour le roi Louis XII contre le pape Jules II, et pour l’autorité des conciles contre un écrit du cardinal Cajetan. Le concile de Pise avait envoyé à la faculté de théologie de Paris le livre de ce cardinal[* 1], afin qu’elle le fit réfuter. Elle choisit Almain pour cette corvée[* 2], et n’eut pas sujet de se repentir de son choix. Ce docteur mourut assez jeune, l’an 1515. On fit une édition de toutes ses Œuvres (A) à Paris, deux ans après[a]. Ceux qui ont dit qu’il était moine se trompent (B).

  1. * Leclerc reproche à Bayle d’appeler cardinal, à occasion d’un livre publié en 1512, Cajetan qui n’eut la pourpre qu’en 1517.
  2. * Leclerc assure qu’Almain entreprit cette réfutation uniquement de son chef.
  1. Launoius, Histor. Gymn. Navarr., p. 611.

(A) On fit une édition de toutes ses Œuvres. ] Ce fut Olivier Lugduneus qui prit cette peine, et qui y joignit une Préface, où Almain est loué très-amplement. Les principaux de ses Ouvrages sont quatre Traités de Morale. Expositio circa decisiones quæstionum magistri Guillelmi Occam de potestate summi Pontificis. De auctoritate Ecclesiæ et conciliorum. Dictata super sententias magistri Roberti Holcot[1].

(B) Ceux qui ont dit qu’il était moine se trompent. ] Le père Labbe [2] accuse Gesner et son abréviateur Simler, d’avoir avancé faussement ce fait : M. Moréri n’a point manqué de copier en cela le père Labbe. M. de Launoi intente cette accusation à Gesner, mais un peu mieux circonstanciée ; car il le blâme d’avoir dit dans sa Bibliothéque, qu’Almain avait été de l’ordre des franciscains : il ajoute que Possevin, dans son Apparat, s’est contenté de le faire moine [3]. Le père Labbe n’a pas employé cette distinction : il a dit qu’Almain a été moine, selon Gesner ; mais que, selon d’autres, il a été de l’ordre de saint François. Je ne crois point que Gesner ait dit ce qu’on lui impute ; car je n’ai pu rencontrer aucun lieu dans sa Bibliothéque, où il soit parle d’Almain. J’y ai bien trouvé un bénédictin nommé Almannus ; mais on lui assigne pour le temps où il a vécu l’an 890. Quant à Simler, il est fort vrai qu’il a dit que Jacques Almain, moine, a fait un livre contre le cardinal Cajetan. Au reste, M. Moréri n’a pas bien su l’âge de cet écrivain : il florissait encore, dit-il, au commencement du XVIe siècle. Dites plutôt qu’il ne commença à fleurir qu’en ce temps-là.

  1. Launoius, Hist. Gymnas. Navar., p. 611.
  2. De Script. Eccl., tom. I, pag. 488.
  3. Launoii Hist. Gymnas. Navar., pag. 614.

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