Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Alypius 3

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ALYPIUS, évêque de Tagaste, sa patrie[a], fut un des bons amis de saint Augustin. Il fut baptisé à Milan avec lui, l’an 388. Il fit un voyage dans la Palestine cinq ans après ; et si d’un côté le grand bien qu’il dit de saint Augustin à saint Jérôme servit de ciment à l’amitié de ces deux pères, il semble de l’autre qu’à son retour en Afrique, il refroidit un peu le cœur de saint Augustin. On croit que ce fut en lui rapportant le mal que disaient de saint Jérôme les adversaires qu’il avait à Jérusalem. Alypius ne parvint à l’épiscopat de Tagaste qu’en 394, un an après son voyage de Palestine. Il assista l’an 403 au concile de Carthage, où l’on chercha les moyens de faire rentrer les donatistes dans l’unité. Les grands biens que fit Pinianus à l’église de Tagaste lorsqu’il y alla en 409, accompagné des deux Mélanies et d’Albine sa belle-mère, exposèrent Alypius à la médisance ; comme si, par ses beaux discours et par son adresse, il avait trop extorqué de ces bonnes et charitables personnes. Les habitans d’Hippone murmurèrent furieusement contre lui, parce qu’ils le regardèrent comme la cause qui leur avait fait manquer la proie qu’ils croyaient avoir entre les mains. Ils avaient obligé Pinianus, bon gré malgré qu’il en eût, à promettre qu’il embrasserait la prêtrise dans leur ville : ses grands biens les avaient portés à lui faire cette violence. Dès le lendemain, il sortit d’Hippone et s’en retourna à Tagaste. Il ne se crut point obligé par une promesse aussi forcée que l’avait été la sienne. Alypius fut l’un des sept prélats catholiques qui disputèrent en 411 avec sept évêques donatistes, dans la fameuse conférence de Carthage. Il fut député, en 419, à Honorius, par les églises d’Afrique. Le pape Boniface le reçut avec mille marques d’amitié, et le chargea d’envoyer à saint Augustin quelques lettres artificieuses que les pélagiens répandaient par les églises. On souhaitait que saint Augustin, la meilleure plume du temps, les réfutât. Il n’y manqua point : il employa toutes ses forces[b] ; mais Alypius réfuta encore plus fortement cette hérésie, par les arrêts sévères qu’il obtint à la cour d’Honorius contre les pélagiens (A). Nous connaîtrions mieux ses actions et son mérite, si nous avions l’ouvrage que saint Augustin promet là-dessus dans une lettre qu’il écrit à saint Paulin (B). Au reste, il s’en fallut peu qu’Alypius ne se mariât. Voyez la remarque (B) de l’article de saint Augustin.

  1. C’est une ville d’Afrique.
  2. Tiré des Annales de Baronius, aux années qu’on a marquées.

(A) Il obtint... des arrêts sévères contre les pélagiens. ] Baronius n’affirme point que les églises d’Afrique aient envoyé Alypius à l’empereur, pour lui seule l’usage du bras séculier contre les sectateurs de Pélage : il se contente de le conjecturer, et de fonder sa conjecture sur les ordres qui furent expédiés en la même année par l’empereur Honorius contre les pélagiens d’Afrique. Mais M. Maimbourg ne parle point de ceci comme d’une chose douteuse, puis qu’après avoir comparé odieusement la conduite des ministres avec celle des pélagiens, il ajoute[1] : « Ce qui a comblé de joie toute la France, est qu’une ordonnance si juste a été bientôt après suivie de ce grand Édit d’octobre, qui a donné le dernier coup fatal à l’hérésie, en défendant l’exercice public de la prétendue réformée, renversant tous ses temples, et bannissant ceux d’entre ses ministres qui ne voudraient pas renoncer à leurs erreurs. Et c’est là justement ce que l’empereur Honorius fit contre les pélagiens, à la requête du clergé d’Afrique, présentée par Alypius. Car, par l’édit que ce prince lui accorda pour le bien de toute l’église, cette hérésie fut exterminée de l’empire : on défendit à tous ceux qui pouvaient encore en être suspects de s’assembler, et l’on chassa de leurs siéges ces faux évêques, qui ne voulurent pas souscrire à sa condamnation. »

(B) Saint Augustin avait promis la vie d’Alypius dans une lettre écrite à saint Paulin. ] Comme ce qu’il dit dans cette lettre[2] peut donner une idée générale du mérite d’Alypius, il est bon de le rapporter ici : Est etiam aliud quo istum fratrem ampliùs diligas, nam est cognatus venerabilis et verè beati episcopi Alypii quem toto pectore amplecteris et meritò : nam quisquis de illo viro benignè cogitat, de magnâ Dei misericordiâ et de mirabilibus Dei muneribus cogitat. Itaque cùm legisset petitionem tuam quâ desiderare te indicâsti ut historiam suam tibi scriberet, et volebat facere propter benevolentiam tuam, et nolebat propter verecundiam suam, quem cùm viderim inter amorem pudoremque fluctuantem, onus ab illo in humeros meos transtuli : nam hoc mihi etiam per epistolam jussit. Citò ergò, si Dominus adjuverit, totum Alypium inseram præcordiis tuis : nam hoc sum ego maximè veritus, ne ille vereretur aperire omnia quæ in eum Dominus contulit, ne alicubi minùs intelligenti (non enim abs te solo illa legerentur) non divina munera concessa hominibus, sed seipsum prædicare videretur, et tu qui nosti quomodò hæc legas, propter aliorum cavendam infirmitatem, fraternæ notitiæ debito fraudareris.

  1. Maimbourg, Histoire du Pontificat de saint Léon, liv. I, pag. 35, édit. de Hollande.
  2. C’est la XXXIIe.

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