Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Amélia

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AMÉLIA, ville d’Italie. On l’appelait anciennement Améria. Elle est située entre le Tibre et la Néra. Caton débite qu’elle fut fondée neuf cent soixante-quatre ans avant la guerre de Persée[a] : si bien que cette guerre ayant commencé l’an 581 de Rome, il s’ensuivrait qu’Améria aurait été plus ancienne que Rome de trois cent quatre-vingt-trois ans. Festus donne le nom d’Amirus au fondateur de cette ville. Il paraît par des inscriptions, qu’elle devint une de ces villes que les Romains appelaient Municipium. Cicéron le confirme dans le beau plaidoyer qu’il fit pour Roscius Amérinus. Elle acquit le droit de colonie romaine sous Auguste [b]. Elle est située dans un terroir fertile, et les coteaux qui l’environnent ont de beaux vignobles [c]. Il n’est pas certain qu’anciennement on estimât les vignes d’Améria. Comme je ne fais cet article que pour rectifier celui de Moréri (A), je ne le fais pas fort long. Léandre Albert a besoin aussi d’être corrigé (B).

  1. Apud Plinium, lib. III, cap. XIV.
  2. Cluverii Ital. Antiq., lib. II, cap. VII.
  3. Leandri Alberti Descriptio Italiæ, p. 144.

(A) Je ne fais cet article que pour rectifier celui de Moréri. ] 1°. Il n’y a point d’auteurs qui aient écrit qu’Améria fut bâtie du temps de la guerre de Persée ; 2°. Pline ne soutient point qu’elle était bâtie 964 ans avant cette guerre. Il rapporte simplement que Caton avait dit cela ; 3°. Cicéron n’a point plaidé pour un comédien né en cette ville : le Roscius Amérinus, pour qui il plaida, était différent du Roscius comédien, pour qui il plaida aussi ; 4°. Ces paroles de Virgile :

Atque Amerina parant lentæ retinacula virti[1].


ne prouvent point que de son temps on estimât les vignes d’Amélia. Ce vers ne signifie autre chose, sinon qu’on trouvait au territoire de cette ville, quantité de branches souples comme l’osier, desquelles on se servait dans la culture des vignes : Virgas de quibus vites religantur ; quæ virgæ abundant circa Amerinum oppidum... alii genus salicis dicunt, dispari colore à cæterâ salice : nam est rubra et ad connectendum aptior, quia præter morem lenta est[2].

(B) Léandre Albert a besoin aussi d’être corrigé. ] Il impute à Caton d’avoir dit qu’Améria fut rétablie plus de 900 ans avant la guerre de Persée, et qu’elle fut bâtie premièrement par ceux de Veies, peuple de Toscane, sous la conduite d’Améroe, fille d’Atlas l’Italien, et de Pleione. Il suppose que Pline a dit qu’elle fut bâtie 964 ans avant la guerre de Persée, et il fait de Caton et de Pline deux chefs d’opinion. Ensuite, il travaille à les accorder, et voici la manière dont il s’y prend. La chronologie de l’un convient assez avec la chronologie de l’autre, dit-il[3]. Caton parle de plus de 900 ans avant la guerre de Persée : Pline en marque 964 avant cette même guerre. Il est donc aisé de les mettre d’accord ensemble. Que si l’un d’eux emploie le terme de rebâtir, et l’autre le terme simple de bâtir, il ne faut pas s’imaginer pour cela qu’ils assurent choses contraires ; car le mot condere dont se sert Pline, se prend indifféremment, et pour fonder, et pour réparer. Ces vaines et chimériques disputes tombent par terre, à la honte de cet auteur, dès que l’on consulte Pline ; car on voit qu’il ne forme pas de sentiment, et qu’il se contente de dire Ameriam... Cato ante Persei bellum conditam annis 964 prodidit[4].

  1. Virgil. Georgicor., lib. I, vs. 265. Ce vers a été très-mal rapporté par Moréri.

    Atque Amerina parent lenta retinacula viti.

  2. Servius in Virgil., ibidem.
  3. Leandri Alberti Descript. Italiæ, p. 144.
  4. Plinius, lib. III, cap. XIV, in fine.

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