Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Arnisæus

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ARNISÆUS (Henningus), natif d’Halberstad, et professeur en médecine dans l’académie de Helmstad, a été un philosophe et un médecin fort estimé vers le commencement du XVIIe. siècle. On fait beaucoup de cas de ses ouvrages de politique, où il établit un dogme directement opposé à celui d’Althusius (A). Il fut appelé en Danemarck, et s’y transporta, et y eut le grade de conseiller et de médecin du roi [a]. L’académie de Helmstad perdit beaucoup par cette retraite (B). On a débité faussement qu’il fut professeur à Iène (C), et qu’il laissa sa bibliothéque à l’académie de ce lieu-là. On aurait pu dire, sans se tromper, qu’il fit des leçons dans l’académie de Francfort-sur-l’Oder, avant que d’en faire dans celle de Helmstad [b]. Il avait voyagé en France et en Angleterre [c]. Il mourut au mois de novembre 1635 [d]. Je donne les titres de plusieurs de ses ouvrages (D).

  1. Witte, in Diario Biogr. ad ann. 1635.
  2. Arnisæus, præf. lib. de Jure Majestatis.
  3. Idem, ibid.
  4. Witte, Diarium Biograph. ad annum 1635.

(A) Il établit dans ses ouvrages de politique un dogme directement opposé à celui d’Althusius [1]. ] Car il soutenait que l’autorité des princes ne doit jamais être violée par le peuple. Voyez son livre de Authoritate Principum in Populum semper inviolabili, imprimé à Francfort, l’an 1612. Voyez aussi ses trois livres de Jure Majestatis, imprimés au même lieu, l’an 1610, et ses Relectiones Politicæ, imprimées aussi à Francfort, l’an 1615. Il n’acheva point ce dernier ouvrage, qui d’ailleurs a paru très-beau. Opus præclarum, sed imperfectum [2]. Il a donné un catalogue de ceux qui ont soutenu que la souveraineté appartient au peuple, dogme qui, au jugement de Boeclerus, est très-pernicieux, et le pivot des rébellions : A fatali hoc et pestilenti errore.…….. suspensa est omnis illa rebellandi licentia quam variis vocabulis præscribunt [3]. Boeclerus ajoute que c’est une chose déplorable qu’il y ait de très-grands hommes dans cette liste ; et il marque les différentes passions qui les ont poussés de ce côté-là : Patronos et præcones nefariæ philosophiæ recensuit Arnisæus principio libri de Auctoritate Principum in Populum semper inviolabiii. Fuisse in illis magnos viros, dolendum : quorum aliquos animus arrogans, elatus, indomitus, ad fingendum et pingendam libertatem stoïco supercilio fortè impulerit : alios metus oppressionis et tyrannidis eo evibraverit, ut potestatem civilem benè constitutam negarent, nisi populo subjiciatur : nonnullis commentitiæ sapientiæ species placuerit, ut tali tanquàm terriculamento reges, ne intyrannidem elaberentur, retentatos cuperent [4]. Si l’on faisait un tel catalogue la présente année 1699, il serait beaucoup plus long ; car le dogme de la supériorité du peuple est devenu à la mode depuis quelque temps. Grotius loue beaucoup un ouvrage politique d’Arnisæus [5].

(B) L’académie de Helmstad perdit beaucoup par la retraite d’Arnisœus. ] C’est ce que témoigne Conringius, qui le qualifie æternum Juliæ academiæ et incomparabile ornamentum [6]. Vir incomparabilis, dit-il en un autre livre [7], à quo civilis philosophia in academiâ Juliâ ut alibi nusquàm, fuit exculta, et simul imperii quoque ut aliarum rerumpublicarum veterum recentiumque historia, etiamsi sparsìm quidem, accuratè tamen satis est inculcata..., illius in Daniam discessu simul utrumque hoc studiorum genus fuerit heic quasi consepultum.

(C) On a débité faussement qu’il fut professeur à Iène. ] Cela se trouve dans une édition d’un écrit de Bosius de Comparandâ Prudentiâ civili. Mais cette édition fut désavouée par la veuve de Bosius. Voyez l’avertissement qu’elle fit mettre au-devant du même livre, quand elle le fit imprimer exempt des fautes qui le défiguraient dans l’édition précédente.

(D) Voici les titres de plusieurs de ses ouvrages. ] Outre les traités de politique dont j’ai déjà fait mention [8], il fit un livre de Subjectione et Exemptione Clericorum ; un autre de Potestate temporali Pontificis in principes ; un autre de Translatione Imperis romani ; un autre de Republicâ ; un autre de Jure connubiorum [9] ; un autre qui a pour titre Doctrina politica in genuinam methodum quæ est Aristotelis, reducta, et ex probatissimis quibusque philosophis, oratoribus, jurisconsultis, historicis, etc.. breviter comportata et explicata. J’ai vu cet ouvrage de l’édition d’Amsterdam, en 1643 : il est très-docte et très-solide. Il écrivit aussi sur la médecine : ses Observationes aliquot anatomicæ furent imprimées à Francfort, l’an 1610, in-4o. Sa dispute de Lue venereâ cognoscendâ et curandâ, le fut à Oppenheim, en la même année, in-4o [10]. Je ne sais point la date de la première édition de ses Disquisitiones de partûs humani legitimis terminis, ni de ses livres de Præservatione à peste, de hydropum Essentiâ et Curatione, de Apoplexiâ et Epilepsiâ cognoscendis et curandis [11]. Quant à ses écrits de philosophie, il faut savoir qu’il fit des Notes sur la Logique de Crellius ; Epitome metaphysices ad mentem Aristotelis, de Constitutione et partibus metaphysicæ ; Vindiciæ pro Aristotele de subjecto metaphysicæ et naturâ entis ; Disputationes viii metaphysicæ ; Epitome doctrinæ physicæ.

  1. Voyez l’article d’Althusius.
  2. Bosius, de Comparandâ Prudentiâ civili, num. 20.
  3. Boeclerus in Grot. de Jure Belli et Pacis, lib. I, cap. III, num. 8, pag. 236.
  4. Idem, ibid.
  5. Grotius, de Imperio summar. Potestat. circa sacra, cap. III, num. 8.
  6. Conring., de civili Prudentiâ, cap. XIV.
  7. Idem, in Dedicat. Exercitat. de Repub. Imperii German.
  8. Dans la remarque (A).
  9. Voyez le Diarium Biograph. de Witte, ad ann. 1635.
  10. Voyez Lindenius renovatus, pag. 390.
  11. Witte, Diarum Biograph. ad ann. 1635.

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