Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Bonciarius

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BONCIARIUS (Marc-Antoine)[* 1], disciple de Muret, a écrit fort poliment en latin. Il était d’une très-basse condition (A), et il régenta toute sa vie à Pérouse. Il était né à six milles de cette ville, le 9 de février 1555[a]. Il eut pour disciple son propre père, qui, voulant devenir jésuite à l’âge de quarante-sept ans, fut obligé d’acquérir quelque érudition, ne voulant pas être simple frère lai. Bonciarius devint aveugle[b], et fut fort tourmenté de la goute [c]. Il mourut le 9 de janvier 1616[d]. Il avait eu le cardinal Ubaldin pour patron[e]. Ses Lettres furent imprimées à Marpourg, l’an 1604. On y trouve la méthode dont il se servit pour instruire son père en peu de temps[f]. On a d’autres livres de sa façon, tant en vers qu’en prose (B). Il n’a point publié tous ceux qu’il avait dessein de publier (C).

  1. * Joly renvoie pour cet article au tome XXXII des Mémoires de Niceron : mais il pense que cet auteur a tort de fixer à 1605 la mort du père de Bonciarius, dans sa soixante-cinquième année ; il n’aurait eu que quatorze ans lors de la naissance de son fils.
  1. Oldoïn., in Athen. Augusto, pag. 225.
  2. Voyez Lancelot de Pérouse Hogg., part. II, pag. 451, et Oldoïni in Atben. Augusto, pag. 227.
  3. N. Erith. Pinacoth. I, pag. 98, 99.
  4. Oldoïni, Athen. Aug., pag. 228.
  5. Du Sauss. cont. Bellarm., de Script. eccl., pag. 78.
  6. Morhof., Polybistor., pag. 287.

(A) Il était d’une très-basse condition. ] Il apprend lui-même au public, qu’il était fils d’un cordonnier, et petit fils d’un corroyeur. Hic Perusii, à vulgaribus, ut ipse de se fatetur, opificibus ortus, cujus quippè avus coriariam, pater sutoriam in adolescentiâ fecerat, generis obscuritatem sui litteraram splendore illustravit[1].

(B) On a divers livres de sa façon, tant en vers qu’en prose. ] Il a fait un Traité de Arte Grammaticâ, un poëme intitulé, Triumphus Augustus, sive de Sanctis Perusii translatis, qui contient IV livres ; Seraphidos libri tres [2]. Je ne trouve point qu’il ait publié aucune grammaire grecque, et je ne sais d’où M. Moréri a tiré cette prétendue grammaire. Il eût eu plus de raison de lui donner un Traité de Rhéthorique, encore que Nicius Érythréus, le seul auteur qu’il ait cité, n’en parle point. Voyez la remarque suivante.

(C) ... Il n’a point publié tous ceux qu’il avait dessein de publier. ] Il dit dans ses lettres, qu’il s’était chargé de la commission d’écrire la vie de tous ceux qui depuis quatre cents ans avaient fleuri à Pérouse, ou dans les armes, ou dans les sciences[3]. Dans le Catalogue de ses Œuvres, à la fin de sa Rhétorique, il témoigne qu’il a fait un livre intitulé, Epicurus, sive Dialogus de antiquâ Philosophiâ, où il montrait qu’aucun ancien philosophe ne s’était plus approché de la vérité qu’Épicure, ni moins que les stoïciens. Gassendi et Naudé n’avaient jamais vu ce livre-là, ce qui faisait croire à Gassendi que peut-être il n’était pas imprimé. M. Antonius Bonciarius Parisiensis Professor [4],.…. in Catalogo Operum suorum [5] se composuisse librum testatur, cui titulum fecerit Epicurus, sive Dialogus de antiquâ Philosophiâ, in quo efficacibus argumentis et doctorum virorum testimonis probatur, neminem ex priscis philosophis accessisse propiùs ad veritatem, quàm Epicurum ; contrà, nullos ab eâ longiùs recessisse, quàm stoïcos. Tametsi iste quoque liber nunquàm fortassis editus, nec nobis est visus nec amico nostro, quem vix tamen ulli rarissimi fugiunt[6]. Gassendi fait là une lourde faute. Bonciarius a toute sa vie enseigné à Pérouse. Il était donc Perusinus Professor : de Perusinus on a fait facilement Parisinus ; et de Parisinus, encore plus facilement Parisiensis. Qu’on aille dire, après cela, que les fautes d’impression ne sont pas de conséquence par rapport aux habiles gens.

  1. Nicios Erythræus, Pinacoth. I, pag. 98.
  2. Idem, ibidem, pag. 99, 100.
  3. Là même, pag. 99.
  4. Voyez la fin de cette remarque.
  5. Gassendi met en marge in fine Rb.
  6. Gassendus, de Vitâ et Moribus Epicuri, lib. VII, cap. VII, pag. 224.

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