Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Donatus 1

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DONATUS (Jérôme) [* 1], noble Vénitien. J’ajouterai quelque chose à ce que Moréri en a dit. Il commandait dans Bresse l’an 1496, et il avait déjà publié sa traduction du livre d’Alexandre d’Aphrodisée de Animâ [a]. Deux ans après il commanda dans Ferrare [b]. Il mourut à Rome, après avoir réconcilié la république de Venise avec le pape Jules II, et avant que les Français fussent sortis d’Italie [c]. Ses enfans supprimèrent les écrits que les affaires d’état l’avaient empêché de perfectionner [d]. L’une des lettres qu’on a de lui contient une description du tremblement de terre qui arriva en Candie pendant qu’il y commandait [e]. Il a été mis par Piérius Valérianus dans la liste des savans malheureux (A). Nous verrons le jugement qu’Érasme faisait de lui (B).

  1. * Joly note, qu’outre Jérôme et Marcellus Donat dont parle Bayle, il y a eu un autre Donat, théologien de Raguse, suivant Philelphe qui en parle dans sa lettre XII du XXVe. livre. Philelphe n’en dit pas grand’chose ; et si Joly voulait rappeler un homonyme, il devait donner la préférence au grammairien du IVe. siècle et aux hérésiarques qui sont bien autrement célèbres.
  1. Petrus Bembus, epist. VI, lib. II, pag. 450.
  2. Idem, epist. VII, lib. II, pag. 451.
  3. Paulus Jovius, Elog. cap. LVI, pag. 132.
  4. Idem, ibid.
  5. Idem, ibid.

(A) Il a été mis..... dans la liste des savans malheureux. ] Et cela pour trois raisons : 1o. parce que ses domestiques lui obéissaient si mal, et lui causaient tant de chagrins, que s’il n’eût pas trouvé dans l’étude quelque consolation, il eût été le plus misérable de tous les humains ; 2o. parce qu’ayant eu mille peines à dévorer avec une patience incroyable, pour apaiser l’esprit de Jules II, il n’eut point la joie de jouir du fruit de tant de fatigues ; car il tomba malade le jour même qu’il avait conclu le traité entre ce pape et les Vénitiens, et sa maladie fut une fièvre si violente qu’elle l’emporta bientôt : de sorte que le bonheur qu’il procura à sa patrie, et qu’il arracha des mains d’une fortune très-opiniâtre, fut invisible pour lui ; 3o. parce que presque tous les ouvrages qu’il avait écrits en fort grand nombre, afin d’immortaliser son nom, demeurèrent ensevelis dans les ténèbres [1], ce qui, à l’égard des personnes doctes, est une disgrâce tout-à-fait indigne [2]. L’auteur qui dit tout cela observe que notre Danat n’ignorait aucune science, et qu’il était poëte, orateur, philosophe, théologien, mathématicien, dans un excellent degré.

(B) Nous verrons le jugement qu’Érasme faisait de lui. ] Il n’avait presque rien vu que les lettres de Donat, et il ne laissa pas de croire que c’était un homme qui eût pu venir à bout de toute entreprise littéraire, si les négociations d’état lui eussent permis de se consacrer tout entier à la culture des sciences : Epistolæ, quod penè solum illius (Hieronymi Donati) habemus, declarant illum quidvis præstare potuisse, si voluisset huc animum intendere, sed reip. negotia distraxerunt hominem ab otio literario [3].

  1. Quod eruditis indignissimum est œrumnarum genus. Pier. Valerian., de Litterat. infelic., lib. I, pag. 62 editionis Amst., 1647.
  2. Tiré de Piérius Valerianus, ibid.
  3. Erasm., in Ciceroniano, pag. m. 71, 72.

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