Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Eurydice 3
EURYDICE, dame illyrienne. Plutarque la loue et la propose en exemple, parce que encore qu’elle fût d’un pays barbare, et avancée en âge, elle se mit à étudier afin de se rendre capable d’instruire elle-même ses enfans [a]. Elle consacra aux muses une inscription qui faisait foi de cela [b], et que Plutarque nous a conservée [c]. On y apprend qu’il y avait dans l’Illyrie, une ville nommée Hiérapolis [d], dont les géographes ne parlent pas. Un commentateur de Plutarque a commis quelques bévues (A).
(A) Un commentateur de Plutarque a commis quelques bévues. ] Il était recteur du collége de Hambourg, et s’appelait Pierre Westhusius. Son livre, imprimé à Hambourg, l’an 1665, est intitulé Plutarchi Chæronensis de puerorum educatione libellus analysi logicâ, grammaticâ, ethicâ, politicâ et historicâ illustratus. On y trouve [1] que l’Eurydice dont il est ici question était reine, et peu après [2] qu’elle était femme d’Orphée. Ces deux qualités ne s’accordent pas ensemble [3] : et d’ailleurs la femme d’Orphée n’eût pas eu besoin de faire leçon elle-même à ses enfans : car leur père, qui était habile, l’eût déchargée de cet emploi. S’il était mort avant elle, ma remarque serait fausse ; mais chacun sait qu’elle mourut jeune, avant son mari [4]. Le commentateur [5] avance sans aucune preuve, qu’elle était née dans l’Illyrie. À quoi s’amuse-t-il de remarquer qu’Hiérapolis, ville d’Asie, était située vis-à-vis de Laodicée ? S’agit-il de cette Hiérapolis dans ces paroles de Plutarque Εὐρυδίκη Ἱεραπολιῆτις, Eurydice Hierapolitana ? N’est-ce point une femme d’Illyrie qui parle ? Ce qu’il fallait faire là-dessus était de tâcher de déterrer cette ville des Illyriens, ou en tout cas il fallait dire que les géographes ne l’ont point connue.
- ↑ À la page 404.
- ↑ À la page 405.
- ↑ En vain alléguerait-on les auteurs qui semblent dire qu’Orphée régna.
- ↑ Virgile, Georg., lib. IV, vs. 458, la nomme puella.
- ↑ Pag. 405.