Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Remarques 2

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PRÉFACE
DE
M. BAYLE
Sur la seconde édition de ces Remarques critiques.

Il y a peu de livres d’une utilité aussi générale qu’un Dictionnaire historique. Le public en est tellement convaincu, qu’encore que personne n’ait ignoré que le Dictionnaire de Moréri, depuis même qu’on l’avait corrigé diverses fois, était plein de fautes, il s’en est vendu un très-grand nombre d’éditions. C’est donc rendre un fort bon service à la république des lettres que de contribuer à la correction de ce Dictionnaire : voilà pourquoi l’on a cru qu’il fallait réimprimer en ce pays-ci les remarques critiques qu’un anonyme a publiées à Paris sur la dernière édition du Moréri. Elles peuvent servir et à ceux qui l’ont acheté, et encore plus à ceux qui travailleront de nouveau à le corriger.

Cette dernière édition du Moréri aussi-bien que celle de Paris, 1699, ont été faites sur la révision de M. Vaultier, et sont sans doute beaucoup meilleures que les précédentes ; car outre que M. Vaultier est très-habile, la grande vivacité de son esprit ne l’empêche pas d’être fort laborieux et capable d’une très-longue et très-profonde application. Cette dernière qualité est absolument nécessaire à ceux qui corrigent un ouvrage aussi étendu et aussi défectueux que le Dictionnaire de Moréri ; mais en quelque degré qu’on la possède, il ne paraît point possible qu’un seul homme vienne à bout de perfectionner cet ouvrage, car il y a de petits soins qu’un grand esprit ne saurait prendre, ils sont trop au-dessous de lui, il ne s’applique volontiers qu’à la correction des défauts les plus répandus dans la masse de l’ouvrage ; et pendant qu’il donne sa principale attention à cela, peut-il remarquer une fausse date, un nom propre mal écrit, et plusieurs autres détails dont il faudrait laisser toute entière la révision à un homme doué de plus de patience et de critique vétilleuse que de vivacité de génie ? Ceux qui prendront garde à cela liront les remarques de l’anonyme sur l’édition 1704, sans diminuer les louanges que M. Vaultier a si justement méritées.

Dans l’édition que l’on donne ici de ces Remarques l’on a eu soin de corriger plusieurs fautes d’impression outre celles qui ont été indiquées dans l’Errata de l’édition de Paris. On n’a point tenu la même conduite à l’égard des fautes de langage, on les a laissées comme elles étaient ; mais, de peur que les étrangers, qui ont assez de disposition à se servir de ces phrases, ne vinssent à croire qu’elles sont bonnes, ou que l’usage ne s’est encore déclaré ni pour ni contre, on a fait des notes qui apprennent que ce sont des barbarismes de province. Il est sûr que nos grammairiens les plus indulgens s’accordent tous à rejeter de semblables expressions, comme des vices de terroir qui naissent au voisinage des Allobroges. Cela ne doit faire aucun préjugé ni contre l’esprit ni contre l’érudition du critique de M. Vaultier ; car il y a des provinciaux très-spirituels et très-savans qui ne s’aperçoivent que fort tard des mauvaises phrases de leur pays. Les autres notes qu’on a faites servent à rectifier ou à éclaircir le texte, ou à donner des ouvertures aux correcteurs du Moréri. On a cru qu’il fallait en user ainsi pour empêcher que les lecteurs ne se trompassent quelquefois en prenant toujours pour vraies les remarques de l’anonyme. Il est sans doute trop raisonnable pour trouver mauvais que l’on ait eu pis à cœur les intérêts du public que son intérêt particulier. Et comme il paraît disposé à continuer ses remarques, ce qui est un dessein très-digne d’approbation, et qui peut contribuer beaucoup à l’utilité publique, l’on a jugé qu’il exécuterait son dessein, et qu’il ferait valoir son talent avec plus de vigilance et d’une manière plus profitable aux éditeurs du Dictionnaire historique, si l’on critiquait quelquefois ses notes critiques. Je dis quelquefois, parce qu’il y a dans son ouvrage certaines choses sur quoi nous n’avons point fait de réflexion, quoique nous eussions pu les accompagner d’une remarque. En voici un exemple.

Il trouve mauvais[a] que dans l’énumération des ouvrages de Jacques Almain on ait oublié celui qui regarde les laïques. Les circonstances mêmes du temps, ajoute-t-il, devaient engager l’éditeur à en parler avec un peu d’exactitude. On peut critiquer justement cette censure, car la plupart des lecteurs n’y comprendront rien. Un ouvrage qui regarde les laïques est quelque chose de si vague, que l’on s’en peut faire cent idées différentes. Les circonstances du temps ne sont pas à la vérité un objet si vague, mais néanmoins elles renferment plusieurs choses ; et ainsi un lecteur qui ne connaît pas précisément le caractère de cet ouvrage d’Almain, n’en pourra jamais deviner la relation au temps présent. Or comme un Dictionnaire historique doit servir de bibliothéque aux ignorans, il faut faire en sorte que les lecteurs y trouvent assez de clarté pour entendre sans d’autres secours ce qu’on y raconte. La même clarté se devait trouver dans les remarques de l’anonyme, puisqu’elles sont une espèce de supplément au Moréri, et un modèle de le corriger. C’est donc un défaut que d’indiquer un livre d’Almain d’une manière si obscure pour tant de lecteurs. On peut ajouter que pour se rendre commode aux éditeurs du Moréri, il faut leur épargner le plus de peine qu’il est possible, et les mettre sur les voies. C’est ce que l’on n’a point fait à l’égard de l’omission qu’on leur reproche concernant Almain, et c’est ce que l’on aurait fait si on leur avait bien marqué le caractère de l’ouvrage, le lieu et le temps de l’impression, etc. Je remédierais volontiers à ce défaut, si j’avais sur cela les lumières nécessaires ; mais tout ce que je puis conjecturer est que notre auteur a voulu dire qu’Almain écrivit un ouvrage où il traita de l’autorité du peuple, et de l’autorité de l’église, et qu’il soutint que comme la puissance du peuple représenté par l’assemblée des états du royaume est supérieure à celle du chef de la nation, c’est-à-dire à celle du roi, la puissance d’un concile représentatif de tout le corps de l’église est supérieure à celle du pape nonobstant la primauté du pape, et sa qualité de chef de l’église. Il est sûr que Jacques Almain, ayant appris de Jean Major, Écossais de nation, cette doctrine de l’autorité du peuple, la soutint vigoureusement, et qu’il l’employa comme une preuve de la supériorité des conciles sur le pape. L’énumération de ses livres donnée par M. de Launoi [b] contient ceci : Expositio circa decisiones quæstionum magistri Guillelmi Occam de potestate summi pontificis, liberque inscribitur de supremâ potestate ecclesiasticâ et laïcâ, ubi certa quædam est propositio quæ tunc, ut apparuit, tolerabatur, sed nunc tolerari desiit. Il y a eu toujours en France des docteurs qui ont soutenu la supériorité du pape sur le concile, et qui ont adroitement objecté que ceux qui font tant valoir les écrits d’Almain et de Major pour le sentiment contraire autorisent un dogme républicain tout-à-fait injurieux à la majesté royale. C’est ce qui contribua au renversement de la fortune du fameux docteur Richer sous le règne de Louis XIII. Car ce ne fut point par une pure complaisance pour la cour de Rome qu’on le persécuta ; on prévint la cour de France contre lui en montrant qu’il ne soutenait avec chaleur l’infériorité du pape que parce qu’il était fortement imbu de la maxime que les états du royaume sont supérieurs au roi, et le peuvent détrôner, chasser, encloîtrer, et châtier de telles autres manières que bon leur semble. On montra une thèse qu’il avait soutenue, l’an 1591, que les états étaient indubitablement au-dessus d’un roi, et que Henri III avait été justement poursuivi comme tyran.

Il me semble que si notre auteur avait voulu éclaircir ce qu’il ne propose qu’en énigme, et soulager les éditeurs du Moréri, en leur facilitans les moyens de rendre curieux l’article d’Almain, il aurait dit pour le moins en gros ce que je viens d’observer ; mais il eût été nécessaire, afin de se rendre bien intelligible, qu’il eût marqué le rapport qu’il trouve entre le livre de ce docteur et les circonstances du temps, car on n’agite point en France la question si l’autorité du peuple est supérieure à celle du roi ; et pour ce qui est de la question, si les conciles sont supérieurs au pape, elle fut de saison à Paris pendant le pontificat d’Innocent XI, mais depuis ce temps-là elle est tombée dans l’oubli, et quiconque affecterait de la remuer se rendrait odieux. Il n’est donc point facile de connaître que les circonstances du temps aient dû engager M. Vaultier à parler du livre d’Almain avec un peu d’exactitude.

Nous pourrions montrer par d’autres exemples que ce n’est pas sans raison que nous avons dit que nous aurions pu faire plus de notes que nous n’en avons faites. Nous ne laissons pas d’assurer que les Remarques critiques dont on donne ici une seconde édition méritent d’être lues : elles sont courtes et vives, et n’ennuieront personne. Si nous voulions prévenir en leur faveur l’esprit des lecteurs, nous nous prévaudrions de ce qu’on expose dans le privilége du roi qu’elles ont été approuvées par M. Pouchard. C’est le nom d’un critique redoutable et qui a désolé plus d’un auteur dans le Journal des savans. La société de ceux qui composent ce journal a fait par sa mort une grande perte : il donnait du relief à cet ouvrage par le sel qu’il répandait sur les articles qui lui échéaient, et que les connaisseurs discernaient sans peine, et il ne possédait pas dans un moindre degré que ses confrères le talent de donner en peu de pages une idée suffisante d’un gros livre. Ce talent est rare parmi les journalistes, dont il y en a qui fatiguent cruellement leurs lecteurs en les ramenant trois ou quatre fois de suite sur le même ouvrage quelquefois bien médiocre, et qui serait traité avec assez de complaisance pourvu que l’on en parlât une fois. Je pense que M. Pouchard se moquait bien d’eux, et avec plus de raison que de quelques autres livres ; car il faut avouer que sa critique était un peu trop sévère. On s’en est plaint publiquement : j’en vais donner une preuve. « Si l’on avait censuré autrefois les ouvrages d’esprit de la même manière que l’on fait aujourd’hui, l’empire des lettres se trouverait désert, et plusieurs de ceux dont les premiers ouvrages n’ont pas réussi auraient cessé d’écrire, et ne seraient point devenus l’ornement de la France et l’admiration de toute l’Europe, où leurs écrits se sont répandus. On en voit encore aujourd’hui qui n’ont commencé à paraître dans le monde que par de simples élégies, et qui sont devenus des lumières de l’église. Enfin l’église, le barreau et plusieurs compagnies du royaume sont remplis de savans dont les premiers ouvrages n’ont pas brillé [c]. »

Quel préjugé ne serait-ce pas pour les remarques sur la nouvelle édition du Moréri, que M. Pouchard les eût trouvées solides ! mais, comme nous ne voulons point surprendre les lecteurs, nous déclarons ici de bonne foi que l’approbation dont on parle dans le privilége ne consiste qu’en ce que M. Pouchard déclare qu’il les a lues par ordre de monseigneur le chancelier, et qu’il n’y a rien trouvé qui en puisse empêcher l’impression. Cela ne signifie autre chose sinon qu’elles ne contiennent rien contre la foi, ni contre les mœurs, ni contre l’état.

Si l’on objecte à notre auteur qu’il devait communiquer ses remarques à l’éditeur de Paris, et non pas les publier, il pourra répondre qu’il a voulu qu’elles servissent aux éditeurs de Hollande, et aux traducteurs du Moréri en anglais et en allemand. Et après tout il n’y aura que ces critiques chagrins qui ne sauraient endurer que rien échappe à leur censure, qui puissent trouver mauvais qu’il ait publié ses découvertes, et qu’il veuille continuer de se rendre utile aux éditeurs du Dictionnaire historique ; car, comme je l’ai déjà dit, il importe extrêmement qu’un pareil ouvrage soit purgé de tous ses défauts. Il est surprenant qu’ayant passé tant de fois sous les yeux des réviseurs et des correcteurs d’imprimerie, il soit encore si plein de fautes grossières, que par exemple l’on y trouve encore que Postel, né vers l’an 1477, mourut l’an 1581, âgé de près de cent ans [1]. Il n’y a point d’ouvrage qui eût dû faire des progrès aussi rapides que celui-là vers l’exemption des mensonges, car il a été lu par plus de gens que la plupart des autres livres, et les lecteurs les plus ignorans sont capables d’y découvrir quelques fautes. La première chose qu’ils font c’est d’y chercher le pays de leur naissance, et les villes où ils ont fait quelque séjour. Les méprises du Moréri dans de tels articles ne sauraient leur échapper. Ils devraient donc en faire avertir les libraires, ce qui serait très-aisé ; et comme chaque lecteur peut découvrir dans les matières de son ressort les mensonges de ce Dictionnaire, il pourrait facilement en communiquer une liste qui servirait à la correction des nouvelles éditions. Il faut avouer que l’indolence des lecteurs a été bien prodigieuse, car ils ont négligé presque tous de faire savoir ce qu’ils avaient remarqué de faux. Comment se peut-il faire que de tant de gens qui avaient été à Brisach, et qui savaient que selon Moréri cette ville avait un pont de pierre sur le Rhin, il n’y en ait eu aucun qui ait eu la charité de dire ou de faire dire aux imprimeurs ou aux éditeurs qu’il fallait corriger cet endroit [2]. Je voudrais bien que ce reproche servit de remède à l’indifférence presque léthargique de la plupart des lecteurs.

Mais il ne suffirait pas que chacun fournît la liste des fautes qu’il aurait remarquées ; le travail de ceux qui se chargent ex professo de corriger le Moréri, ne laisserait pas d’être fort grand. On ne fera jamais une correction complète, si l’on ne prend la peine de visiter toutes les sources où M. Moréri a puisé. L’affaire est pénible, mais non pas aussi épouvantable qu’elle le paraît à ceux qui se mettent devant les yeux la multitude d’auteurs qu’il cite à la fin de plusieurs articles ; car il ne faut pas croire qu’il ait consulté tous ces auteurs-là. Je suis sûr qu’à l’égard des historiens grecs et latins il n’a guère consulté pour l’ordinaire que Vossius, et qu’à l’égard des matières et des écrivains ecclésiastiques il n’a guère consulté que Baronius, Sponde, Godeau, et le père Labbe. Pourquoi donc en a-t-il cité tant d’autres ? Je n’en sais rien ; mais il me semble qu’une telle affectation qui lui coûtait peu, puisqu’il ne faisait que marquer les auteurs que Vossius, etc., avait allégués, contribue beaucoup moins à l’utilité des lecteurs, qu’à leur persuader faussement qu’il feuilletait une infinité de livres. Il aurait pu se contenter de renvoyer à Vossius, etc. Ceux qui auraient eu Vossius, auraient connu en même temps tous les autres écrivains nommés à la fin des articles du Moréri. Je ne serais pourtant point d’avis que l’on retranchât ces citations qui ont tant duré, mais il faudrait les rendre toutes intelligibles. Il y en a qui ne le sont point, à cause que l’on a trop abrégé le nom des auteurs ou titre des ouvrages. On a fait bien pis quelquefois, car on a défiguré et le titre des livres et le nom des auteurs. Un livre de Venatione que Moréri avait cité, a été métamorphosé dans les éditions de Hollande en un livre de Veneratione. Il s’est si mal exprimé à la fin de l’article Calentio, que n’ayant voulu citer qu’un auteur il en cite deux, et qu’il défigure le nom du dernier. Cornelius Tollius, dit-il, in Append. Pierre Valère, de Infelicit. Litterat. Cela doit être rectifié de cette façon, Cornélius Tollius, dans l’Appendix du Traité de Piérius Valérianus de Infelicit. Litterat. [3].

En consultant les auteurs dont Moréri s’est servi, on trouvera qu’il a pris souvent leurs paroles de travers, qu’il n’a point choisi le meilleur, qu’il a estropié beaucoup de choses ; et ainsi la comparaison de la copie avec l’original ferait faire une très-bonne refonte.

Il y a des matières où cette comparaison ne serait pas suffisante. Moréri n’a presque point eu d’autre guide à l’égard des Pays-Bas que Louis Guicciardin, qui en a fait une très-bonne description ; mais, comme il est arrivé de grands changemens dans les villes de ce pays-là depuis l’an 1587, que Louis Guicciardin donna la dernière édition de cet ouvrage, il y a bien des choses qu’il affirmait véritablement, que l’on ne peut plus affirmer sans un gros mensonge ; et néanmoins on les affirme dans le Moréri tout comme on les avait lues dans Louis Guicciardin. En voici un exemple.

Il assure qu’il y a proche de Malines, un peu au delà de la porte Sainte-Catherine, sur le chemin d’Anvers, un très-ample monastère, bâti presque en forme de forteresse, dans lequel se trouve une maison consacrée à saint Alexis, où demeurent continuellement plus de quinze cents, et quelquefois même seize cents religieuses qui peuvent vaquer à leurs affaires, aller et venir deçà et delà, et même se marier si l’envie leur en prend. Moréri n’a pas manqué de copier cela. On voit, dit-il, dans le faubourg de Malines le monastère de Saint-Alexis, où il y a quinze ou seize cents religieuses qui ont la liberté de sortir, de se promener, de faire et recevoir des visites, et de se marier quand bon leur semble. Cet endroit du Moréri m’a toujours paru suspect, car y ayant eu de nos jours bien des armées qui ont campé dans le voisinage de Malines, et quantité d’officiers qui ont passé et repassé par la même ville, il me paraissait incroyable que personne ne parlât de ce couvent de quinze ou de seize cents chanoinesses : et que néanmoins il fût actuellement l’une des singularités de Malines. Mes soupçons se fortifiaient quand je faisais réflexion que lorsque des armées campent proche de Remiremont, ou de Maubeuge, etc., le public est presque toujours informé de l’assiduité des principaux officiers auprès des chanoinesses de ces lieux-là. Mais j’ai su enfin qu’il y a long-temps que ce monastère de Saint-Alexis ne subsiste plus : il fut démoli rez pied rez terre pendant les guerres civiles vers la fin du XVe. siècle. On voit donc que, pour rectifier le Dictionnaire historique en ce qui concerne les Pays-Bas, il ne suffit point de le confronter avec Guicciardin, l’original de Moréri ; il faut consulter des écrivains plus modernes [4].

Puisque l’occasion s’est présentée de marquer une grosse faute de l’article de Malines, laquelle a passé d’édition en édition jusqu’à la [d] première révision de M. Vaultier, 1699, inclusivement pour le moins ; j’ajouterai qu’une partie des autres fautes a été corrigée dans les éditions de Hollande ; mais qu’on y a laissé celles-ci : Les habitans de Malines sont francs de tous impôts à cause des bons services qu’ils rendirent à Charles le Hardi, comte de Flandre, au siége de Nans, sur le Rhin. Il fallait dire Nuis, et non pas Nans, et Charles le Hardi, duc de Bourgogne, et non pas comte de Flandre, car, quoiqu’il fût comte de Flandre, il n’était jamais caractérisé par ce titre-là. La première de ces deux fautes : a été corrigée dans l’édition de Paris, 1699, mais non pas la seconde [5]. On n’y a point corrigé non plus le nom de la rivière qui passe à Malines : elle s’appelle la Dile, et non pas la Dèle [6]. On n’a point observé que la seigneurie de Malines est l’une des dix-sept provinces du Pays-Bas, et que le grand conseil royal, institué l’an 1473, ne fut point fixé alors à Malines. Il fut ambulatoire (je veux dire qu’il suivait la cour du prince) jusques à ce que Philippe d’Autriche, passant en Espagne, l’an 1503, le rendit sédentaire à Malines [7].

Plus on descendrait dans les détails, plus convaincrait-on tous les lecteurs qu’une correction parfaite du Moréri ne saurait être l’ouvrage d’une seule personne. M. Vaultier seul pourrait fort bien être le directeur général, et le dernier réviseur de tout ; mais il lui faudrait des coadjuteurs, je veux dire des gens qui travaillassent sous lui selon les rôles qu’il leur partagerait. Il lui faudrait nommément un de ces critiques chagrins, bourrus, si l’on veut, et fantasques, à qui la moindre ombre d’irrégularité fait naître de grands soupçons qu’un auteur se trompe. Un tel critique n’aurait pas eu la patience de lire deux fois les premières lignes de l’article Madruce dans le Moréri, sans les avoir pour suspectes de servir de tanière à quelque bête sauvage. Il en eût été choqué du premier coup d’œil. Voici ces lignes.

Madruce ou Liber (Christofle), dit le cardinal de Trente, était fils de Jean Gaudence Liber, baron de Madruce. Il n’est pas impossible qu’une même famille s’appelle Madruce et Liber, et qu’ainsi les uns la nomment Madruce, et les autres Liber, et par conséquent qu’un auteur de dictionnaire, pour jouer au plus sûr, se serve de la disjonctive ou, sans tomber en faute ; mais il y a pourtant dans tout cela je ne sais quel vide de probabilité qui arrête et qui frappe un lecteur, soupçonneux et attentif. Il médite avant que de passer plus avant, et il peut conjecturer que Moréri, trompé par quelque écrivain français, ou n’entendant pas lui-même les auteurs latins qui ont parlé de ce cardinal de Trente, ait mal divisé Liber Baro, et qu’il ait pris le premier de ces deux mots pour le nom de la famille, au lieu de le prendre pour le caractère de la qualité de baron. On sait que les empereurs d’Allemagne créent des barons qui relèvent immédiatement de l’empire, et qui sont par-là distingués des barons vassaux de quelque autre membre de l’empire. Un baron qui relève immédiatement de l’empire, est appelé baron libre, Liber Baro. Il y a beaucoup [e] d’apparence que le premier de la famille de Madruce qui fut créé baron était de ces barons libres, et que de là vient que les écrivains latins qui ont parlé du cardinal de Trente et de son père, leur ont donné la qualité de Liber Baro. Si cela est, dans quelle bévue M. Moréri n’est-il pas tombé ? Et comment a-t-elle pu échapper si long-temps aux éditeurs [8] ?

Je les avertirai par occasion qu’il faut qu’ils corrigent une faute concernant le cardinal Louis Madruce. Il ne fut pas fait évêque de Trente après sa promotion au cardinalat, comme Moréri l’assure ; il était déjà évêque de Trente par la résignation de son oncle le cardinal Christofle Madruce, lorsque le pape Pie IV le gratifia du chapeau, l’an 1561, et le lui envoya même à Trente par une faveur particulière [9]. Il faut corriger outre cela l’alternative du temps de la promotion du cardinal Christofle Madruce : il en faut fixer la date à l’an 1542, et non pas la laisser vague comme fait Moréri entre l’an 1542 ou l’an 1544 [10]. Il est honteux d’ignorer le temps véritable de la création d’un cardinal du XVIe. siècle, et quand on corrige l’ouvrage d’un homme qui a ignoré cela, et qui a été assez paresseux pour ne point éclaircir le fait, on se devrait faire une obligation de ne pas tomber dans cette même paresse. Nous pouvons aussi avertir les éditeurs qu’ils feront bien de réparer quelques fautes d’omission. La terre de Madruce, érigée en baronnie, et située dans Le Trentin, demande un petit article géographique qui manque dans le Moréri [11]. La famille Madruce demande un article généalogique qui la mène depuis le temps où elle commença à être titrée, ou à faire figure, jusqu’au temps présent. Le cardinal Madruce, créature de Clément VIII, et qui monta à une telle considération qu’il fut regardé comme papable dans le conclave où Urbain VIII fut élu l’an 1623, demande aussi un article [12].

Il y a dans le Moréri une infinité d’endroits qui ont encore autant de besoin que l’article de Madruce d’être guéris, et des péchés de commission, et des péchés d’omission.

Je n’ignore pas qu’il y a des gens qui prétendront qu’il n’est d’aucune importance au public de savoir certainement si la famille Madruce s’appelait Liber, ou si Christofle Madruce parvint au cardinalat l’an 1542, et non pas l’an 1544 ; ou si Louis Madruce était déjà évêque de Trente lorsqu’il obtint le chapeau de cardinal. Les journalistes de Trévoux pourront faire cette objection ; car, après avoir traité de mince [f] la remarque qui a été faite par notre auteur que Gilles Boileau mourut en 1669, et non pas, comme on l’assure dans le Moréri, l’an 1671 [13], ils ajoutent, grand intérêt que prendra l’univers à cette erreur du Dictionnaire ! Mais les éditeurs du Moréri, s’ils sont sages, ne se règleront point sur ce faux goût des journalistes de Trévoux. Ils jugeront qu’il est du devoir de tout correcteur d’un livre d’en ôter tous les faits faux, et d’y substituer les faits véritables, et que si, sous prétexte qu’une erreur de fait ne préjudicie ni à la fortune ni aux bonnes mœurs de personne, il fallait la laisser dans un ouvrage, il n’y aurait guère de mensonges dans le dictionnaire historique qui ne dussent être épargnés et conservés soigneusement. Un bon esprit se plaît à savoir la vérité jusque dans les choses qui n’intéressent ni sa vertu ni le bien de sa famille ; et l’on doit tenir pour indubitable que si Fra Paolo, qui a tant parlé des cardinaux Christofle Madruce. et Louis Madruce, était tombé dans les méprises que j’ai marquées, Pallavicin son antagoniste l’en eût censuré, et que les journalistes de Trévoux ne condamneraient pas cette censure. Ils seraient eux-mêmes très-fâchés si on les convainquait d’une erreur semblable à celle qui concerne Gilles Boileau ; et si quelqu’un les accusait faussement d’une pareille méprise, ils s’en justifieraient avec beaucoup de vivacité. Ils ne se contenteraient pas de répondre que l’univers ne prend pas un grand intérêt à des erreurs de cette nature.

L’une des choses en quoi les éditeurs du dictionnaire historique ont le plus heureusement réussi, est qu’ils ont réduit à des bornes plus raisonnables les louanges excessives que Moréri avait prodiguées à une infinité de gens, et les médisances outrées qu’il avait répandues sur beaucoup de personnes. Il avait suivi l’esprit d’un déclamateur qui monte souvent en chaire, et ne s’était point souvenu qu’il se revélait du caractère d’historien. Mais sur ce chapitre même son ouvrage n’a pas été encore conduit à la perfection. Il y reste des flatteries et des injures, que l’on devra diminuer ; et il est sûr qu’en effaçant certains éloges l’on rendra un bon office à ceux à qui ils ont été donnés, et qu’on agira non-seulement par amour pour la vérité, mais aussi par un principe de charité fraternelle. J’en vais donner un exemple.

On affirme dans le Moréri qu’un maréchal de France dont je tais le nom [* 1], a commandé les armées avec beaucoup de prudence, et de bonheur, et de gloire. Quelque distrait que soit un lecteur, et quelque envie qu’il ait de gagner chemin en courant, il s’arrêtera tout court à la rencontre d’un tel éloge, et il voudra réfléchir sur un objet si surprenant. Depuis plus de quinze années, se dira-t-il à lui-même, j’ai suivi pied à pied les gazettes, et les autres nouvellistes, et je ne me souviens d’aucune espèce d’événemens qui puisse fonder cette prudence, ce bonheur, et cette gloire que je trouve ici. Je puis marquer le lieu et le temps où les entreprises de ce guerrier ont été fort malheureuses ; mais non pas le lieu et le temps de leur réussite. Ses plus glorieuses campagnes sont celles où il n’a formé aucun projet, et où l’on n’a formé aucun projet contre lui. Il faut, ou que mes connaissances soient très-imparfaites, ou que ces éloges soient injustes, car ils ne peuvent être justes qu’en conséquence de quelques actions d’un succès si heureux et si brillant, qu’elles aient pu obscurcir les disgrâces fréquentes et éclatantes dont toute l’Europe est informée, et qui ont été l’objet de mille chansons satiriques qui ont couru par toute la terre. D’où peut venir que j’ignore ces actions si glorieuses ? Il faut que je parte de la main pour en demander des nouvelles.

On comprend qu’un tel lecteur priera tous ceux qu’il rencontrera de l’instruire, et qu’il ne trouvera personne qui en sache plus que lui, de sorte qu’il sera cause qu’une infinité de gens qui ne songeaient plus à ce maréchal, récapituleront toutes ses disgrâces. Ce sera donc lui rendre un très-bon service que d’effacer cet endroit du Dictionnaire. On ôtera par ce moyen une pierre d’achoppement, un fâcheux memento. Les lecteurs qui ne la trouveront pas en leur chemin passeront outre sans s’arrêter, et voilà bien des réflexions supprimées qui seraient désavantageuses à ce maréchal de France. Cet éloge n’est rien moins qu’un mensonge officieux, et ressemble beaucoup plutôt aux louanges que l’inimitié la plus maligne fait donner, Pessimum inimicorum genus laudantes. J’avoue pourtant qu’il n’a point été donné dans cet esprit-là.

L’éditeur ne pouvait pas ignorer le jugement de toute la France, et que si les souhaits de la nation eussent été considérés, le commandement des armées eût été bientôt ôté au guerrier dont nous parlons ; mais il semble que le prince ait voulu montrer en cela qu’il se croyait autant supérieur à ses sujets par les lumières de son jugement que par la dignité de son caractère. L’éditeur ne pourrait pas s’excuser sur un certain tour d’esprit que l’on remarque dans les Français, et qui a été assez bien représenté par un écrivain moderne : Les Français, dit-il, sont souvent fort incompréhensibles. Ils aiment leur roi et leur patrie, ils aiment l’honneur de leur nation, ils ont d’elle la plus haute opinion qu’on puisse avoir : cependant leur nation même ne fait rien dont ils soient contens : il leur semble toujours qu’il faudrait faire autre chose que ce qu’on fait. Les réponses les plus sages, les entreprises les plus heureuses, les mesures les mieux concertées évitent rarement leur censure. Ils louent les étrangers, ils vantent leurs ouvrages, leurs forces, ils admirent leurs conseils ; ils relèvent leurs succès. L’éloignement augmente le respect [g]. Ils méprisent et ils blâment tout ce que produit la France. Quelque grand que soit par tout le royaume le nombre de ceux à qui ce caractère convient, un auteur n’est pas pourtant obligé de ne louer ou de ne blâmer que ce qu’ils louent ou blâment ; mais comme ils n’ont pas été les seuls qui aient crié contre le général en question, et qu’au contraire ils n’ont fait que joindre leur voix à celle de tout le public, l’éditeur ne pourrait pas se disculper s’il n’alléguait point d’autre raison que celle-là. Que s’il voulait s’excuser sur ce que la faveur de celui qu’il loue a plutôt augmenté que diminué auprès de son maître, il se justifierait très-mal. Cela prouve bien que la fortune, qui ne l’a jamais suivi en campagne, lui a tenu une fidèle compagnie à la cour ; mais on ne peut tirer de cela nulle conséquence contre la notoriété publique ; et si un monarque se veut distinguer en faisant entrer dans son caractère un paradoxe de pratique aussi rare que l’est celui de récompenser magnifiquement les mauvais succès, un auteur n’a pourtant nul droit de donner des louanges dont tout le monde reconnaît la fausseté. Si au lieu de ces paroles, prudence, bonheur et gloire, on se fût servi des termes d’affection, de zèle, de bonne intention, on n’eût point scandalisé le public, ni rendu un aussi mauvais office au guerrier qu’on a loué. Mais, encore un coup, le mieux sera d’effacer l’éloge et de ne rien mettre à la place de ce qui sera effacé.

Pour parler encore une fois de la peine qu’une bonne correction du Moréri oblige de prendre, je remarquerai que les premières éditions de ce Dictionnaire, quoiqu’elles soient plus défectueuses que celles de Hollande, peuvent néanmoins servir très-utilement à les corriger. Il faudrait donc que les éditeurs eussent toujours sous les yeux ces premières éditions, et les comparassent ligne à ligne avec les suivantes. De plusieurs exemples qu’on pourrait donner des corruptions qui se sont glissées dans celle-ci, on en marquera seulement un. M. Moréri avait dit dans l’article de Gilles le Maître, que le duc de Mayenne et les autres chefs de la Ligue nommèrent Jean le Maître président au parlement de Paris à la place de Barnabé Brisson, et qu’en cette qualité on les députa aux prétendus états du royaume, tenus à Paris en 1593 ; que le légat y proposa la publication du concile de Trente sans réserve ni modification ; que l’affaire était assez délicate d’elle-même ; que le Maître, et du Vair alors conseiller, eurent ordre de l’examiner, etc. Il y a là une faute qui a été corrigée dans les éditions de Hollande, où l’on a mis on le députa, au lieu de on les députa ; mais on y a gâté un autre endroit, car au lieu de le Maître, et du Vair alors conseiller, on a mis le Maître et du Vair, alors conseillers. Cette faute se trouve dans l’édition de Paris, 1699. Et cela fait voir que l’attention des éditeurs est quelquefois bien relâchée, car en lisant le mot conseillers ils ne se sont point souvenus que deux ou trois lignes auparavant ils avaient lu que le Maître avait été député en qualité de président [14]

La dernière chose que je veux observer est qu’il se glissera toujours de nouvelles fautes dans les éditions du Moréri malgré toute l’attention et l’habileté des réviseurs, s’ils ne prennent eux-mêmes la peine de corriger exactement toutes les épreuves, ou s’ils ne les font corriger par des gens fort éclairés et fort attentifs. C’est par la négligence du correcteur d’imprimerie que l’on trouve dans l’édition de Paris, 1699, à l’article Lodrin, une faute bien grossière qui avait été corrigée dans les éditions de Hollande. Voici cet article selon l’édition de Lyon, 1688.

Lodrin, ville et golfe d’Albanie, dans la Grèce. Il ne faut pas la confondre avec Lodron, seigneurie du pays de Trente en Italie, proche du Braslan.

Tout cela se trouve dans l’édition de Paris, 1699 ; mais dans l’édition de Hollande dont je me sers, qui est celle de l’an 1698, on a mis comme il fallait Bressan, au lieu de Braslan, et l’on a retenu la ligne suivante qui est,

Lodron. Voyez Lodrin.

Elle a été retranchée dans l’édition de Paris ; mais il aurait mieux valu la conserver, parce qu’il y a beaucoup de lecteurs qui ne trouvent point ce qu’ils cherchent dans un dictionnaire, s’il n’y paraît alinéa. Le meilleur moyen de corriger était d’effacer ces paroles, il ne faut pas la confondre avec, et de mettre la suite alinéa. Ce sont des paroles qui, sans qu’on en avertisse personne, apprennent assez aux lecteurs qu’il ne faut point confondre Lodron avec Lodrin [15]. On peut aussi avertir les éditeurs qu’ils feront bien d’allonger l’article Lodron, et en géographes et en généalogistes. Ils doivent savoir que la curiosité des lecteurs s’augmente beaucoup pour des lieux mêmes assez obscurs, dès que les gazettes en parlent souvent. Tel qui ne s’était jamais soucié de savoir où est l’Oglio et l’Adda, ce que c’est que Salo, Dezenzano, Gavardo, Montechiaro, etc., s’est plaint mille fois depuis quatre ou cinq ans de ne trouver pas dans le Moréri des articles fort détaillés sur la source et le cours de ces rivières, et sur la situation et les qualités de ces villes. On est présentement dans la même curiosité par rapport à Lodron. D’ailleurs ce n’est point une simple seigneurie ; c’est une ancienne comté, et il y a long-temps que les comtes de Lodron ont fait parler d’eux. La suite de leur généalogie peut faire un digne article dans le Moréri [16]. Les savans s’y intéresseront, à cause que Joseph Scaliger à prétendu que sa grand’mère Bérénice ou Véronique de Lodron, était fille du comte de Lodron. Scioppius dans son Scaliger Hypobolimæus a traité cela de faux, et a cité plusieurs faits qui pourront servir de matériaux aux éditeurs.

Je ne fais point excuse de la longueur de cet avertissement que j’ai joint à la seconde édition des Remarques critiques publiées à Paris. Chacun connaîtra que ceci leur peut servir de supplément.



  1. * Tout le monde reconnaîtra le maréchal de Villeroy, qui avait perdu la bataille de Ramillies le 23 mai 1706 ; mais le Moréri de 1704 ne va pas cependant jusqu’à parler de sa gloire : on y lit seulement qu’il a commandé avec beaucoup de prudence et de bonheur ; la phrase se retrouve encore dans l’édition de 1712. L’édition de 1725 porte simplement : qu’il s’est signalé dans les guerres suivantes où il a commandé ; c’est aussi ce qu’on a laissé dans le Moréri de 1759 ; de sorte que, quoique l’on ait retranché les mots que Bayle critique, sa remarque n’en subsiste pas moins quant au fond de l’article. Cette manière de transiger avec la vérité, au moins aussi commune de nos jours, se colore du nom de convenances, ou de chapitre des considérations : bassesse et flatterie seraient les mots propres.
  1. Ci-après à l’article Almain, pag. 396.
  2. Pag. 613 de l’Histoire latine du collége de Navarre.
  3. Mercure Galant de janvier 1706, pag. 226, dans l’endroit où il parle de la mort de M. Pouchard, qui condamnait presque tous les ouvrages d’esprit.
  4. Je parle ainsi parce que je n’ai point vu celle de 1704.
  5. Je m’exprime ainsi n’ayant pas les auteurs latins cités par Moréri.
  6. Dans les Mémoires de juin 1706, pag. 948.
  7. E longinquo reverentia major.
  1. M. Bayle a relevé ci-dessous une semblable bévue, au sujet de M. de Sallo. Voyez ses remarques sur la Conclusion de notre auteur.

    Dans la dernière édition du Moréri, imprimée à Paris en 1725, on dit que Postel mourut le sixième septembre de l’an 1581, âgé de soixante et seize ans trois mois et neuf jours. Cette date est prise des Mémoires de Littérature de M. Sallengre, tom. I, pag. 24, qui l’a tirée de l’Histoire du Prieuré de Saint-Martin-des-Champs, par Martin Marrier, religieux et prieur claustral de ce monastère, où Postel a été enterré : Regalis Monasterii Sancti Martini de Campis, Parisiensis, Ordinis Cluniacensis Historia ; Parisiis, 1637, in-4o. Nouvelles Observations.

  2. Voyez ci-après la préface de l’auteur des Remarques critiques, Nouv. Observ.
  3. Dans l’édition de Moréri, faite à Paris en 1712, on changea Pierre Valère en Petr. Valerius ; dans celle de 1725, on a corrigé cette faute, et mis Pierius Valerianus ; mais on a laissé le reste comme il était, de sorte que l’on continue à citer deux auteurs, quoiqu’on n’en veuille citer qu’un. Nouv. Observ.
  4. Cette faute avait passé dans l’édition de 1707 ; et le réviseur de celle de 1712 ajouta seulement que ces religieuses étaient appelées Béguines. Dans l’édition de 1725, (article Malines), elle est corrigée ainsi : On voyait dans le faubourg le Saint-Alexis, où il y avait quinze ou seize cents religieuses, appelées Béguines, qui avaient la liberté de sortir, de se promener, de faire et recevoir des visites, et de se marier quand bon leur semblait ; mais ce monastère fut entièrement démoli pendant les guerres civiles vers la fin du XVIe. siècle. Nouv. Observ.
  5. Cette seconde faute se trouvait encore dans les éditions de 1707 et 1712. Dans celle de 1725, on a mis que les habitans de Malines sont francs de tous impôts, à cause des bons services qu’ils rendirent à Charles le Hardi, duc de Bourgogne et comte de Flandre, au siége de Nuis sur le Rhin. Nouv. Observ.
  6. L’édition de 1707 avait encore la Dèle ; celle de 1712 dit la Deule ; et dans celle de 1725 on a mis la Dile. Nouv. Observ.
  7. Dans l’édition de 1725, on remarque que le grand conseil royal, institué ambulatoire par Charles, duc de Bourgogne, l’an 1473, fut fixé à Malines en 1503. On n’a point observé que la seigneurie de Malines est l’une des dix-sept provinces du Pays-Bas ; on dit seulement qu’elle est enclavée dans l’unes des dix-sept provinces, dans le Brabant. Cependant au mot Pays-Bas, on la compte parmi les dix-sept provinces. Nouv. Observ.
  8. Cette faute avait passé dans les éditions de 1707 et 1712. Dans celle de 1725 on trouve :

    « Madruce (Christophle), dit le cardinal de Trente, fils de Jean Gaudence, libre baron de Madruce, etc. »

    On remarques que le pape Paul III lui donna le chapeau de cardinal l’an 1542. Nouv. Observ.

  9. Cela est corrigé dans l’édition de 1725. Nouv. Observ.
  10. Voyez ci-dessus, note (8). Nouv. Observ.
  11. Cet article géographique se trouve dans l’édition de 1725, au mot Madruzzo ou Madruce. On l’a tiré du Dictionnaire de Maty. Nouv. Observ.
  12. Dans l’édition de 1725, on a ajouté trois ou quatre lignes touchant Charles Madruce, créé cardinal par le pape Clément VIII. Nouv. Observ.
  13. Voyez ci-dessous au mot Boileau. Nouv. Observ.
  14. Dans l’édition de 1707 et suiv., on trouve un article séparé de Jean le Maître, où au lieu de on les députa, on a mis le deputèrent ; et on a effacé alors conseiller. Nouv. Observ.
  15. Voici comment-on trouve cet article dans les dernières éditions :

    Lodrin, ville et golfe d’Albanie dans la Grèce, ne doit pas être confondue avec Lodron, ancien comté du pays de Trente en Italie, proche du Bressan.

    Ainsi on a continué de faire un seul article de Lodrin et de Lodron, au lieu d’en faire deux, suivant la rem. de M. Bayle. Nouv. Observ.

  16. On n’a point encore donné dans le Moréri de description géographique de Lodron, ni de généalogie de ses comtes. Nouv. Observ.
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