Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Tabor

La bibliothèque libre.

Index alphabétique — T
Taboué ou Tabouet (Julien)  ►
Index par tome


TABOR (Jean Otton), célèbre jurisconsulte allemand, naquit à Bautzen [a], capitale de la haute Lusace, le 3 de septembre 1640. Il fit ses études de philosophie et de droit à Leipsic, et se rendit capable, avant l’âge de vingt ans, d’expliquer à ses camarades les Paratitles de Wésenbécius. Il passa de l’université de Leipsic à celle de Strasbourg, et puis il voyagea en France, au temps de la prise de la Rochelle. Il ne fut pas plus tôt de retour chez lui, qu’il s’engagea à voyager en Italie avec deux jeunes gentilshommes dont il était gouverneur ; mais il survint des obstacles à ce voyage. Il fut reçu docteur en droit à Strasbourg, le 10 de novembre 1631. Les guerres d’Allemagne lui ôtèrent une partie de son patrimoine, et réduisirent en cendres sa patrie, l’an 1634. Il y exerçait alors la charge d’avocat et de syndic de la ville. Il fut appelé peu de jours après ce désastre pour succéder à Joachim Cluténius, qui avait laissé vacante une chaire de professeur en droit à Strasbourg. Il suivit cette vocation, et se vit honoré bientôt du premier poste dans la faculté de droit. Il se fixa dans cette ville jusques en l’année 1656, quoiqu’on lui eût offert de divers endroits plusieurs charges très-honorables : mais enfin cette année-là il se sentit plus disposé à déménager. Le rétablissement de la paix, le regret d’avoir perdu une épouse avec laquelle il avait vécu vingt-deux ans, le dégoût qui lui prit du lieu où elle était morte, et quelques autres mécontentemens à quoi le grand mérite a accoutumé d’exposer [b], envoyèrent notre Tabor au pays de Mecklenbourg, pour y être chancelier du duc. Il quitta bientôt ce poste, pour se redonner tout entier à ses études ; mais avant que de retrouver le repos de son cabinet, il fut obligé d’aller à la cour de Saxe et à celle de l’empereur, pour les affaires de ce duc. Il se retira à Giesse en 1659, et y fut chancelier de l’université, et conseiller du landgrave de Hesse-Darmstad [c]. Diverses raisons l’obligèrent à déménager encore ; ce qu’il fit en 1667, pour se retirer à Francfort, où son fils était avocat. Il ne fut point là non plus qu’ailleurs exempt de chagrins. Il mourut le 12 de décembre 1674. Il avait publié en divers temps plusieurs livres sur des matières de droit, qui avaient eu beaucoup de débit : c’est ce qui faisait que les exemplaires en étaient devenus fort rares ; et de là vint qu’un professeur de Leipsic, nommé Mylius en fit un recueil le plus exact qu’il lui fut possible, qu’il publia en deux volumes in-folio [d], l’an 1688. M. Praschius, ancien bourgmestre de Ratisbonne et gendre de Tabor, mit sous la presse en 1675 un petit écrit contenant le narré de la vie de son beau-père [e](A).

  1. Budissina en latin.
  2. Restituta pax, erepta conjux, et hinc innatum loci tædium, tùm caussæ aliæ quæ insectari solent magnas virtutes. Mausol. Joh. Otton, Taboris.
  3. On lui donne ces qualités au titre de la nouvelle édition de ses Œuvres.
  4. Lipsiæ, apud Joh. Frider. Gleditschium.
  5. Il est intitulé, Mausoleum Joh, Ottonis Taboris J. G.

(A) M. Praschius… mit sous la presse... le narré de la vie de son beau-père. ] À certains égards le détail n’y pèche point par défaut ; mais sur les choses dont le public aurait pu avoir le plus de curiosité, on en demeure à des notions fort générales, et l’on se contente de nous dire, Si tantas virtutes aliquo vitiorum confinio læsit, si in vitâ nonnunquàm vel doctrinâ offendit, aut justam causam paulò aerius defendit, exemplo docuit illustri nihil in humanis rebus perfectum, aut superbiæ concessum esse, quo maneat Soli Deo gloria. C’est la conclusion de l’écrit de M. Praschius, dont j’ai tiré cet article.

Taboué ou Tabouet (Julien)  ►