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Dictionnaire hydrographique de la France/EURE

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EURE, riviere de quarante-cinq lieues de cours, qui prend ſa ſource dans le Perche, à cinq lieues Eſt de Mortagne, arroſe cette partie du Perche, entre dans le pays Chartrain, où elle baigne Pontgouin, reçoit ou plutôt fournit de l’eau au canal de Maintenon, arroſe Courville, Chartres[1] & Maintenon, où elle commence à porter bateau. Au-deſſus de cette ville eſt une bouche de ſon canal, & au-deſſous l’Eure qui reçoit à droite la Voiſe & l’Ouille, arroſe Nogent-le-Roi, traverſe une grande partie du Mantois, entre dans l’Iſle de France, où elle reçoit à gauche la Blaiſe, ſépare enſuite cette province de la Normandie, prend l’Aure à gauche & la Veſgre à droite, coule à Ivri[2] dans le pays d’Ouche, & continuant ſon cours, paſſe à Pacy, reçoit l’Yton, arroſe Louviers, & ſe jette dans la Seine au-deſſus du Pont-de-l’Arche. On a tiré une partie de ſes eaux qui paſſent dans l’aqueduc de Maintenon, & par un canal qui les porte à Verſailles ; c’eſt ce qu’on appelle la nouvelle riviere d’Eure.

Il y a encore une riviere du même nom dans le Berri, de dix-ſept lieues de cours, qui ſe forme de pluſieurs ruiſſeaux qui coulent de différens étangs, dont le principal s’appelle Leurette. Tous ces bras ſe réuniſſent & ne ſont qu’une riviere qui paſſe à Bourges, où elle prend le nom d’Eure, reçoit à la droite de cette ville le Collins & le Moulon, & plus bas à gauche l’Auron, arroſe Mehun, reçoit à droite le Barangeon, paſſe à Vierzon, & ſe jette enſuite dans le Cher.

  1. Bretigny, village près de Chartres, où fut conclu le traité de paix entre la France & l’Angleterre, le 7 mai 1360, par lequel traité le roi Jean, qui étoit priſonnier en Angleterre, devoit être délivré de ſa priſon, & le roi d’Angleterre, Edouard III, & le prince de Galles, ſon fils, renonçoient à porter dans leur écu les armes de France, & à tous les droits qu’ils prétendoient ſur la couronne.

    La ville de Chartres paſſe pour une des plus anciennes villes du monde. On dit que les Druides, prêtres des Gaulois, y avoient élevé un autel qu’ils dédierent à la Vierge qui doit enfanter. Cette ville fut enlevée aux Anglois ſous Charles VII, en 1432, par l’entremiſe de deux marchands & d’un religieux Dominicain, nommé Sarrazin, fameux prédicateur:tandis qu’il prêchoit, & que toute la ville étoit à ſon ſermon, les deux marchands, accompagnés de quelques ſoldats déguiſés en chartiers, ſe préſenterent à une des portes, avec deux chariots chargés de diverſes marchandiſes ; & pendant qu’ils amuſoient le corps-de-garde par des nouvelles qu’ils débitoient & par deux aloſes, dont ils leur firent préſent, les ſoldats, ayant tiré leurs armes, firent main-baſſe ſur les bourgeois qui compoſoient ce corps-de-garde; & ayant donné auſſi-tôt le ſignal à quelques troupes qui étoient en embuſcade, les royaliſtes, à la tête deſquels étoient le comte de Dunois, ſe rendirent maîtres de tous les quartiers.

    À quatre lieues de Chartres eſt le bourg d’Anneau, où les Reitres furent battus, en 1587, par le duc de Guiſe, ſous le regne de Henri II.

  2. Le bourg d’Ivry eſt remarquable par la bataille que gagna près de-là Henri IV ſur le duc de Mayenne, le 14 mars 1590, où à la tête de douze cents hommes ſeulement, il en mit en déroute ſeize mille.

    À trois lieues de la ville d’Evreux, eſt le village de Cocherel, ſur la riviere d’Eure, renommé par la bataille que du Gueſelin gagna ſur les troupes de Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, commandées par le captal de Buch, en 1364.