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Dictionnaire hydrographique de la France/LOIRE

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LOIRE, (la) le plus conſidérable des quatre fleuves du royaume, dont le cours, en ſuivant les ſinuoſités de ſon lit, a environ deux cents vingt lieues, prend ſa ſource dans le Vivarais, ſur les frontieres du Velay qu’il traverſe, avoiſine le Puy qu’il laiſſe à gauche, prend la Boine qui vient de cette ville, reçoit à gauche le ruiſſeau d’Arzou, paſſe à l’oueſt de la Roche & de Beauzac, prend le Lignon à droite, entre enſuite dans le Forez qu’il ſépare du Velay, reçoit à ſon entrée dans ce pays l’Ance, qui ſe jette à la gauche de Moniſtrol, paſſe à Aurée & à Nereſtan, reçoit à droite au-deſſous de cette ville la Semene, s’approche de Saint-Rambert, où elle commence à porter bateau, reçoit à droite le Furand qui vient de Saint-Etienne, & plus bas la Coïſe, prend à gauche la Mure, & au-deſſous à droite la Toranche, s’approche de Feurs, où elle reçoit l’Oiſe, enſuite le Lignon qu’elle prend à gauche, & au-deſſous l’Yſable, entre dans le Rouanois, paſſe à Rouane, où eſt ſa pleine navigation, & où elle reçoit à gauche la Renaiſon, & à droite le Rhin, plus bas le Somin, ſort du Lyonnois, ſépare enſuite la Bourgogne du Bourbonnois, arroſe Digoin, où elle prend au-deſſus de cette ville à droite l’Arconce, & au-deſſous l’Arroux, reçoit encore à gauche l’Odée, le Roudon & la Besbre, & à droite la Somme & l’Arroux. Ce fleuve entre enſuite dans le Nivernois, où il arroſe Déciſe, y reçoit l’Aron, & au-deſſous à gauche l’Acolin, avoiſine Nevers, où elle prend la Nievre, & au-deſſous à gauche reçoit l’Allier, paſſe enſuite à la Charité, après avoir pris à gauche l’Aubois, arroſe Pouilly, reçoit à gauche la Vaumoiſe, paſſe à Coſne, où elle reçoit à droite le Nouain, ſort enſuite du Nivernois pour entrer dans l’Orléanois qu’elle ſépare du Berri, arroſe Bonny & Briare, où ſe trouve à droite la bouche du canal de communication de la Loire avec la Seine, confine toujours le Berri, baigne Gien, quitte les frontieres du Berri, arroſe Sully & Château-neuf, reçoit enſuite l’eau de la bouche du canal d’Orléans, paſſe ſous le beau pont de cette ville[1], baigne enſuite Meun, Beaugenci, Saint-Dié & Bloi, prend au-deſſous de cette ville à gauche le Coſſon, & enſuite le Beuvron, entre dans la Touraine, arroſe Amboiſe en paſſant ſous ſon pont, prend à droite la Ciſe, paſſe à Tours[2] ſous ſon pont, ſe groſſit des eaux du Cher, reçoit celles de l’Indre & de la Vienne que ce fleuve reçoit à Candes, entre enſuite dans l’Anjou qu’il ſépare du Saumurois, paſſe ſous le pont de Saumur, où au-deſſous de cette ville il reçoit à gauche la Thoué, baigne le Pont-de-Cé[3], où il reçoit l’Authion, prend au-deſſous de cette ville à droite la Mayenne qui vient d’Angers, & continuant ſon cours, il prend à gauche le Layon, paſſe à Ingrande qu’il arroſe, entre enſuite dans la Bretagne qu’il ſépare de l’Anjou, après avoir arroſé Saint-Florent, reçoit l’Evre au-deſſous de cette ville, arroſe dans la Bretagne Ancenis, reçoit à gauche la Divatte, paſſe à Nantes, où elle prend à droite l’Erdre, & forme pluſieurs iſles. Ce fleuve ſe perd enſuite dans l’Océan au Croiſic, après avoir arroſé ſur ſes rives Painbœuf à gauche, & Saint-Nazaire à droite.

Le commerce qui ſe fait ſur la Loire eſt le plus conſidérable du royaume ; les habitans riverains, qui ont intérêt de maintenir la navigation, ont obtenu la permiſſion de lever un certain droit ſur les marchandiſes qui y paſſent. Ces deniers ſont employés à curer la riviere & à y maintenir la sûreté de la navigation ; chaque ville riveraine nomme un député pour en avoir ſoin chacun dans ſon diſtrict. On a eu grand ſoin de pratiquer des levées dans les endroits les plus expoſés, pour empêcher ſes débordemens. En certaines ſaiſons que les eaux ſont baſſes, la navigation eſt dangereuſe par le peu de profondeur de ſon lit, ce qui eſt cauſe de ſes grandes inondations, qui déſolent certaines provinces.

Curioſités naturelles.

À quatre lieues de Tours, au village de Truis, ſur le chemin de Loches, peu éloigné de Cormery, il y a une fontaine proche l’égliſe, dont le baſſin aſſez large eſt rempli d’eau qui eſt chaude & fumante en hiver, & ne gêle jamais. Si on y laiſſe tremper un bâton pendant quelques mois, on le retire enduit d’une croûte de pierre. La même choſe arrive aux jumelles de deux moulins qu’elle fait moudre peu loin de ſa ſource, & à la muraille ſur laquelle l’eau rejaillit en tombant ; ce qui oblige le meûnier de piquer cette croûte de tems en tems : & ce qu’il y a de ſurprenant, c’eſt que les habitans qui ne boivent d’autre eau que celle de cette fontaine, ne ſoient pas attaqués de la gravelle ou de la pierre.

On voit à Chinon, ville de Touraine, des caves dont la voûte diſtille une eau jaunâtre qui ſe pétrifie. Dans le même endroit ſort une fontaine, dont la ſurface eſt couverte d’une croûte de pierre.

Dans la Touraine, à une demi-lieue au-deſſous de Tours, ſur la rive ſeptentrionale de la Loire, la Choiſille, petit ruiſſeau, coule ſous le pont de la Motte, & ſe jette dans la Loire entre le village de Saint-Cyr & la Guignere. L’eau de ce ruiſſeau a cette propriété çue toutes les ſoies qu’on y trempe diminuent toujours d’une once par livre.

  1. Orléans, ville épiſcopale de la province de l’Orléanois, fut aſſiégée par Attila, roi des Huns, en 450, & lorſqu’il y entroit, Aerius & Théodoric, roi des Viſigots, arriverent à propos pour la ſecourir ; & trouvant les ennemis qui ſongeoient plutôt au butin qu’à ſe défendre, ils en firent un grand carnage. Pluſieurs ſe jetterent en confuſion dans la Loire où ils périrent miſérablement. Elle eſt auſſi fameuſe par le ſiége que les Anglois y mirent ſous Charles VII, en 1428, dont elle fut délivrée par la valeur de Jeanne d’Arc, ſurnommée la Pucelle d’Orléans.

    À trois lieues nord-oueſt d’Orléans, dans le Blaiſois, eſt le bourg de Patay, où les Anglois furent défaits par les François & la Pucelle d’Orléans, en 1429.

    Janville, petite ville de la Beauce, à cinq lieues nord-eſt de Patay, eſt le lieu où il ſe donna une bataille entre les François & les Anglois, ſous Charles VII, qu’il perdit le 12 février 1427.

  2. Ce fut près de cette ville que Charles-Martel, maire du Palais, défit les Sarraſins en 726, ſous le regne de Thierri, dit de Chelles.
  3. Le Pont-de-Cé a été le lieu où les troupes du roi Louis XIII, commandées par le maréchal de Créqui, défirent les partiſans de Marie de Médicis, qui s’étoient éloignés de la cour.