Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Apollonius de Tyane
Apollonius de Tyane, philosophe pythagoricien, né à Tyane en Cappadoce, peu de temps après Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’était un de ces aventuriers qui s’occupaient de théurgie, et qui cherchaient auprès des magiciens et des jongleurs, si nombreux chez les païens, ces secrets mystérieux au moyen desquels ils étonnaient la foule. Il était oublié lorsque l’impératrice Julie, femme de Septime Sévère, princesse de mœurs dissolues, et par conséquent ennemie de l’Évangile, pria Philostrate, autre ennemi des chrétiens, de faire d’Apollonius un héros que l’on pût opposer au Christ. Avec des matériaux recueillis plus d’un siècle après la mort de cet homme, dont on ne se souvenait plus, il composa un récit que Lactance compare à l’Âne d’or d’Apulée. Apollonius de Tyane était un magicien comme Faust, et, comme lui, on l’a entouré de merveilles souvent imaginaires. Sa vie, qui n’est ainsi qu’un roman, a été traduite en français par Vigenère, un volume in-4o[1].
Eusèbe ne parle d’Apollonius de Tyane que comme d’un escamoteur. Leloyer dit que ce fut Simon le magicien qui lui enseigna la magie noire, et Ammien Marcellin le met au nombre des hommes qui ont été assistés d’un démon familier, comme Socrate, Numa et une foule d’autres. On sait peu de choses sur la fin d’Apollonius. Hiéroclès, qui, d’après les récits de Philostrate, voulait faire sa cour à Domitien en vantant ce faiseur de tours de passe-passe, eut le front de dire qu’il avait été enlevé au ciel, tandis que de plus avisés ont écrit qu’il avait été emporté par le diable dans un âge avancé.
Et il n’est pas le seul qui ait eu cette chance, quoique le vulgaire des philosophes n’y voie que du feu. On a dit aussi que, si Aurélien, qui venait de prendre Tyane en Cappadoce, et qui avait juré de la détruire, l’épargna cependant, c’est que le spectre d’Apollonius lui avait apparu et avait intercédé pour sa ville. — Le croira qui voudra.
Il y a eu des gens qui ont trouvé Apollonius vivant au douzième siècle. Voy. Artephius.
- ↑ Voyez l’abrégé de cette vie dans les Légendes infernales.