Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Asmund et Asweith

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Henri Plon (p. 55).
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Asmund et Asweith, compagnons d’armes danois. Liés d’une étroite amitié, ils convinrent, par un serment solennel, de ne s’abandonner ni à la vie ni à la mort. Asweith mourut le premier et, suivant leur accord, Asmund, après avoir enseveli son ami, avec son chien et son cheval, dans une grande caverne, y porta des provisions pour une année et s’enferma dans ce tombeau. Mais le démon, qu’ils avaient probablement assez bien servi tous deux, étant entré dans le corps du mort, le remit debout et se mit à tourmenter le fidèle Asmund, le déchirant, lui défigurant le visage et lui arrachant même une oreille, sans lui donner de raisons de sa fureur. Asmund, impatienté après un siècle de lutte, coupa la tête du mort, voyant bien enfin qu’il avait affaire ou au diable ou à un vampire. — Sur ces entrefaites, précisément, le roi de Suède, Eric, passant devant la caverne murée et entendant du vacarme, crut qu’elle renfermait un trésor gardé par des esprits. Il la fit ouvrir, et fut bien surpris d’y trouver Asmund, pâle, ensanglanté, auprès d’un cadavre puant ; il lui fit conter son histoire, et le voyant mourir lui-même, aussitôt après son récit, il le fit percer d’un pieu et brûla son corps avec celui de son féroce compagnon[1] ; car alors déjà on connaissait les vampires, quoiqu’on ne leur donnât pas ce nom. Voy. Ghole.


  1. Saxo Grammat. Danicæ hist., lib. V.