Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Bœuf

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Henri Plon (p. 102-103).
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Bœuf. Le bœuf de Moïse est un des dix animaux que Mahomet place dans son paradis.

On attache à Marseille quelques idées superstitieuses au bœuf gras qu’on promène, dans cette ville, au son des flûtes et des timbales, non pas, comme partout, le jour du carnaval, mais la veille

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et le jour de la Fête-Dieu. Des savants ont cru voir là une trace du paganisme ; d’autres ont prétendu que c’était un usage qui remontait au bouc émissaire des Juifs. Mais Rulfi, dans son Histoire de Marseille, rapporte un acte du quatorzième siècle qui découvre l’origine réelle de cette coutume. Les confrères du Saint-Sacrement, voulant régaler les pauvres, achetèrent un bœuf et en avertirent le peuple en le promenant par la ville. Ce festin fit tant de plaisir qu’il se renouvela tous les ans ; depuis il s’y joignit de petites croyances. Les vieilles femmes crurent préserver les enfants de maladie en leur faisant baiser ce bœuf ; tout le monde s’empressa d’avoir de sa chair, et on regarde encore aujourd’hui comme très-heureuses les maisons à la porte desquelles il veut bien, dans sa marche, déposer ses déjections.

Parmi les bêtes qui ont parlé, on peut compter les bœufs. Fulgose rapporte qu’un peu avant la mort de César un bœuf dit à son maître qui le pressait de labourer : — « Les hommes manqueront aux moissons, avant que la moisson manque aux hommes. »

On voit dans Tite-Live et dans Valère-Maxime que pendant la deuxième guerre punique un bœuf cria en place publique : — « Rome, prends garde à toi ! » — François de Torre-Blanca pense que ces deux bœufs étaient possédés de quelque démon[1]. Le père Engelgrave (Lux evangelica, page 286 des Dominicales) cite un autre bœuf qui a parlé. Voy. Béhémoth.

    teutonici philosophi, dams præcipuarum rerum quæ in reliquis suis scriptis occurruntpro incipientibus ad ulleriorem considerationem revelationis divinæ conscripta, 1624, un vol. in-4o.

  1. Epit. deliclor. sive de magia, lib. II, cap. xv.