Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Brown

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Henri Plon (p. 120-121).

Brown (Thomas), médecin anglais, mort en 1682. Il combattit les erreurs dans un savant ouvrage[1] que l’abbé Souchay a traduit en français sous le titre d'Essai sur les erreurs populaires, ou examen de plusieurs opinions reçues comme vraies et qui sont fausses ou douteuses. vol. in-12. Paris, 1733 et 1742. Ce livre, utile quand il parut, l’est encore aujourd’hui, quoique beaucoup de ses erreurs soient dissipées. Les connaissances du docteur Brown sont vastes, ses jugements souvent justes ; quelquefois cependant il remplace une erreur par une autre.

L’Essai sur les erreurs populaires est divisé en sept livres. On recherche dans le premier la source des erreurs accréditées ; elles doivent naissance à la faiblesse de l’esprit humain, à la curiosité, à l’amour de l’homme pour le merveilleux, aux fausses idées, aux jugements précipités.

Dans le second livre on examine les erreurs qui attribuent certaines vertus merveilleuses aux minéraux et aux plantes : telles sont les qualités surnaturelles qu’on donne à l’aimant et le privilège de la rose de Jéricho qui, dans l’opinion des bonnes gens, fleurit tous les ans la veille de Noël.

Le troisième livre est consacré aux animaux, et combat les merveilles qu’on débite sur leur compte et les propriétés que des charlatans donnent à quelques-unes de leurs parties ou de leurs sécrétions.

Le quatrième livre traite des erreurs relatives à l’homme. L’auteur détruit la vertu cordiale accordée au doigt annulaire, le conte populaire qui fait remonter l’origine des éternuments à une épidémie dans laquelle on mourait en éternuant, la puanteur spéciale des Juifs, les pygmées, les années climatériques.

Le cinquième livre est consacré aux erreurs qui nous sont venues par la faute des peintres ; comme le nombril de nos premiers parents, le sacrifice d’Abraham, où son fils Isaac est représenté enfant, tandis qu’il avait quarante ans.

L’auteur discute dans le livre sixième les opinions erronées ou hasardées qui ont rapport à la cosmographie et à l’histoire. Il combat les jours heureux ou malheureux, les idées vulgaires sur la couleur des nègres.

Le septième livre enfin est consacré à l’examen de certaines traditions reçues, sur la mer Morte, la tour de Babel, les rois de l’Épiphanie, etc.

Le savant ne se montre pas crédule ; cependant il croyait, comme tout chrétien, aux sorciers et aux démons. Le docteur Hutchinson cite de lui un fait à ce sujet dans son Essai sur la sorcellerie. En 1664, deux personnes accusées de sorcellerie allaient être jugées à Norwich ; le grand jury consulta Brown, dont on révérait l’opinion et le savoir. Brown signa une attestation dont on a conservé l’original, dans laquelle il reconnaît l’existence de sorciers et l’influence du diable ; il y cite même des faits analogues à ceux qui faisaient poursuivre les deux accusés, et qu’il présente comme incontestables. Ce fut cette opinion qui détermina la condamnation des prévenus.

  1. Pseudodoxia epidemica or enquiries the vulgar errors, etc. In-fol. Londres, 1646.