Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Campanella

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Henri Plon (p. 133).
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Campanella (Thomas), homme d’esprit, mais de peu de jugement, né dans un bourg de la Calabre en 1568. Tout jeune il rencontra, dit-on, un rabbin qui l’initia dans les secrets de l’alchimie, et qui lui apprit toutes les sciences en quinze jours, au moyen de l’Art Notoire. Avec ces connaissances, Campanella, entré dans l’ordre des dominicains, se mit à combattre la doctrine d’Aristote, alors en grande faveur. Ceux qu’il attaqua l’accusèrent de magie ; et il fut obligé de s’enfuir de Naples. On s’empara de ses cahiers. L’inquisition, y trouvant des choses répréhensibles, condamna l’auteur à la retraite dans un couvent. Notez que c’était l’inquisition d’État, et que la vraie cause qui lui fit imposer le silence dans une sorte de séquestration fut une juste critique qu’il avait faite, dans son Traité de la monarchie espagnole, des torts graves de cette nation, dominée alors par un immense orgueil. Il sortit de sa retraite par ordre du pape, en 1626, et vint à Paris, où il mourut chez les jacobins de la rue Saint-Honoré, le 21 mai 1639. — On a dit qu’il avait prédit l’époque de sa mort et les gloires du règne de Louis XIV. Nous ne citerons de ses ouvrages que ses quatre livres Du sens des choses et de la magie[1] et ses six livres d’astrologie[2] ; l’auteur, qui faisait cas de cette science, s’efforce d’accorder les idées astrologiques avec la doctrine de saint Thomas.

  1. De sensu rerum et magia, libri IV, etc. In-4°. Francfort, 1620.
  2. 2 Astrologicorum libri VI. In-4°. Lyon, 1629. L’édition de Francfort, 4 630, est plus recherchée, parce qu’elle contient un septième livre intitulé De falo siderali vitando.