Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Caqueux

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Henri Plon (p. 134).
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Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nommés caqueux ou cacoux, en Bretagne, sont relégués dans certains cantons du pays comme des espèces de parias ; on les évite ; ils inspirent même de l’horreur, parce qu’ils font des cordes, autrefois instruments de mort et d’esclavage. Ils ne s’alliaient jadis qu’entre eux, et l’entrée des églises leur était interdite. Ce préjugé commence à se dissiper ; cependant ils passent encore pour sorciers. Ils profitent de ce renom ; ils vendent des talismans qui rendent invulnérable, des sachets à l’aide desquels on est invincible à la lutte ; ils prédisent l’avenir ; on croit aussi qu’ils jettent de mauvais vents. On les disait, au quinzième siècle, Juifs d’origine, et séparés par la lèpre du reste des hommes. Le duc de Bretagne, François II, leur avait enjoint de porter une marque de drap rouge sur un endroit apparent de leur robe. On a conté que le vendredi saint tous les caqueux versent du sang par le nombril. Néanmoins on ne fuit plus devant les cordiers ; mais on ne s’allie pas encore aisément avec leurs familles[1]. N’est-ce pas ici la même origine que celle des cagots ? Voy. ce mot.

  1. 2 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 146 ; t. I, etc.