Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Chapelle du damné

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Henri Plon (p. 154-155).
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Chapelle du damné. Raymond Diocres, chanoine de Notre-Dame de Paris, mourut en réputation de sainteté vers l’an 1084. Son corps ayant été porté dans le chœur de la cathédrale, il leva la tête hors du cercueil à ces graves paroles de l’office des morts : — Répondez-moi, quelles sont mes iniquités ? Responde mihi quantas habeo iniquitates ? etc., et qu’il dit : Justo judicio Dei accusatus sum. (J’ai été cité devant le juste jugement de Dieu.) Les assistants effrayés suspendirent le service et le remirent au lendemain. En attendant, le corps du chanoine resta déposé dans une chapelle de Notre-Dame, la même qu’on appelle depuis la Chapelle du damné. Le lendemain on recommença l’office ; lorsqu’on fut au même verset, le mort parla de nouveau et dit : — Justo Dei judicio judicatus sum. (J’ai été jugé au juste jugement de Dieu.) On remit encore l’office au jour suivant, et au même verset le mort s’écria : — Justo Dei judicio condemnatus sum. (J’ai été condamné au juste jugement de Dieu.) Là-dessus, dit la chronique, on jeta le corps à la voirie ; et ce miracle effrayant fut cause, selon quelques-uns, de la retraite de saint Bruno, qui s’y trouvait présent.

Quoique cette anecdote soit contestée, elle est consacrée par des monuments. La peinture s’en est emparée, et le Sueur en a tiré parti dans sa belle galerie de Saint-Bruno.