Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Chassen

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Henri Plon (p. 160-161).
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Chassen (Nicolas), petit sorcier de Franeker, au dix-septième siècle ; il se distingua dès l’âge de seize ans. Ce jeune homme, Hollandais et calviniste, étant à l’école, faisait des grimaces étranges, roulait les yeux et se contournait tout le corps ; il montrait à ses camarades des cerises mûres au milieu de l’hiver ; puis, quand il les leur avait offertes, il les retirait vivement et les mangeait.

Dans le prêche, où les écoliers avaient une place à part, il faisait sortir de l’argent du banc où il était assis. Il assurait qu’il opérait tous ces* tours par le moyen d’un esprit malin qu’il appelait Sérug. — Balthazar Bekker dit dans le Monde enchanté[1] qu’étant à cette école, il vit sur le plancher un cercle fait de craie, dans lequel on avait tracé des signes dont l’un ressemblait à la tête d’un coq ; quelques chiffres étaient au milieu. Il remarqua aussi une ligne courbe comme la poignée d’un moulin à bras ; tout cela était à demi effacé. Les écoliers avaient vu Chassen faire ces caractères magiques. Lorsqu’on lui demanda ce qu’ils signifiaient, il se tut d’abord ; il dit ensuite qu’ils les avait faits pour jouer. On voulut savoir comment il avait des cerises et de l’argent ; il répondit que l’esprit les lui donnait.

— Qui est cet esprit ?

Beelzébuth, répondit-il.

Il ajouta que le diable lui apparaissait sous forme humaine quand il avait envie de lui faire du bien ; d’autres fois sous forme de bouc ou de veau ; qu’il avait toujours un pied contrefait, etc. « Mais, dit Bekker, on finit par reconnaître que tout cela n’était qu’un jeu que Chassen avait essayé pour se rendre considérable parmi les enfants de son âge ; on s’étonne seulement qu’il ait pu le soutenir devant tant de personnes d’esprit pendant plus d’une année. »

  1. Tome IV, p. 154.