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Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Convulsions

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Henri Plon (p. 182-183).

Convulsions. Au neuvième siècle, des personnes suspectes déposèrent dans une église de Dijon des reliques qu’elles avaient, disaient-elles, apportées de Rome, et qui étaient d’un saint dont elles avaient oublié le nom. L’évêque Théobald refusa de recevoir ces reliques sur une allégation aussi vague. Néanmoins, elles faisaient des prodiges. Ces prodiges étaient des convulsions dans ceux qui venaient les révérer. L’opposition de l’évêque fit bientôt de ces convulsions une épidémie ; les femmes surtout s’empressaient de leur donner de la vogue. Théobald consulta Amolon, archevêque de Lyon, dont il était suffragant. « Proscrivez, lui répondit l’évêque, ces fictions infernales, ces hideuses merveilles, qui ne peuvent être que des prédiges et des impostures. Vit-on jamais, aux tombeaux des martyrs, ces funestes prodiges qui, loin de.guérir les malades, font souffrir les corps et troublent les esprits ?… » Cette espèce de manie fanatique se renouvela quelquefois ; elle fit grand bruit au commencement du dix-huitième siècle ; et on prit encore pour des miracles les convulsions, les contorsions et les grimaces d’une foule d’insensés. Les gens mélancoliques et atrabilaires ont beaucoup

Convulsionnaires du cimelière Saint-Médard.


de dispositions à ces jongleries. Si, dans le temps surtout où leur esprit est dérangé, ils s’appliquent à rêver fortement, ils finissent toujours par tomber en extase, et se persuadent qu’ils peuvent ainsi prophétiser. Cette maladie se communique aux esprits faibles, et le corps s’en ressent. De là vient, ajoute Brueys[1] , que, dans le fort de leurs accès, les convulsionnaires se jettent par terre, où ils demeurent quelquefois assoupis. D’autres fois, ils s’agitent extraordinairement ; et c’est en ces différents états qu’on les entend parler d’une voix étouffée et débiter toutes les extravagances dont leur folle imagination est remplie. Tout le monde a entendu parler des convulsions et des merveilles absurdes qui eurent lieu, dans la capitale de la France, sur le tombeau du diacre Paris, homme inconnu pendant sa vie, et trop célèbre après sa mort[2]. La frénésie fanatique alla si loin, que le gouvernement fut obligé, en 1732, de fermer le cimetière Saint-Médard, où Paris était enterré. Sur quoi un plaisant fit ces deux vers :

         De par le roi, défense à Dieu,
         D’opérer miracle en ce lieu.

Dès lors les convulsionnaires tinrent leurs séances dans des lieux particuliers et se donnèrent en spectacle certains jours du mois. On accourait pour les voir, et leur réputation surpassa bientôt celle des bohémiens ; puis elle tomba, tuée par l’excès et le ridicule.

  1. Préface de l’Histoire du fanatisme.
  2. Carré de Mongeron a recueilli ces merveilles en trois gros volumes in-4o, avec figures. Voici un de ces miracles rapporté dans une chanson de madame la duchesse du Maine :

                Un décroteur à la royale,
                Du talon gauche estropié,
                Obtint, par grâce spéciale,
                D’être boiteux de l’autre pié.

    Voyez le cimetière de Saint-Médard, dans les Légendes infernales.