Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Dents

La bibliothèque libre.
Henri Plon (p. 205).

Dents. Il y a aussi quelques histoires merveilleuses sur les dents ; et d’abord on a vu des enfants naître avec des dents ; Louis XIV en avait deux lorsqu’il vint au monde. Pyrrhus, roi des Épirotes, avait au lieu de dents un os continu en haut de la mâchoire et un os pareil en bas. Il y avait même en Perse une race d’hommes qui apportaient ces os-là en naissant[1]. La république des Gorgones devait être bien laide, comme dit M. Saignes, s’il est vrai que ces femmes n’avaient pour elles toutes qu’un œil et qu’une dent, qu’elles se prêtaient l’une à l’autre.

En 1691, le bruit courut en Silésie que les dents étant tombées à un enfant de sept ans, il lui en était venu une d’or. On prétendait qu’elle était en partie naturelle et en partie merveilleuse, et qu’elle avait été envoyée du ciel à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs, quoiqu’il n’y eût pas grand rapport entre cette dent et les Turcs, et qu’on ne voie pas quelle consolation les chrétiens en pouvaient tirer. Cette nouvelle occupa plusieurs savants ; elle éleva plus d’une dispute entre les grands hommes du temps, jusqu’à ce qu’un orfèvre ayant examiné la dent, il se trouva que c’était une dent ordinaire à laquelle on avait appliqué une feuille d’or avec beaucoup d’adresse : mais on commença par disputer et faire des livres, puis on consulta l’orfévre.

On voit dans les Admirables secrets d’Albert le Grand qu’on calme le mal de dents en demandant l’aumône en l’honneur de saint Laurent. G est une superstition. — Les racines d’asperges sont, dit-on, un très-bon spécifique : séchées et appliquées sur les dents malades, elles les arrachent sans douleur. Nous ne l’avons pas éprouvé.


  1. Saint-Foix, Essais, t. I.