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Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Force

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Henri Plon (p. 280).
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Force. Milon de Crotone n’eut pas seul une force prodigieuse. Louis de Boufïlers, surnommé le Fort, au quatorzième siècle, possédait une force et une agilité extraordinaires, s’il faut en croire les récits du temps. Quand il avait croisé ses deux pieds, il était impossible de le faire avancer ou reculer d’un pas. Il brisait sans peine un fer à cheval ; et lorsqu’il saisissait un taureau par la queue, il l’entraînait où il voulait. Il enlevait un cheval et l’emportait sur ses épaules. On l’a vu souvent, armé de toutes pièces, sauter à cheval sans s’appuyer et sans mettre le pied dans l’étrier. Sa vitesse à la course n’était pas moins remarquable, puisqu’il dépassait le cheval d’Espagne le plus léger, dans un espace de deux cents pas. Un certain Barsabas, qui servait au commencement du dix-huitième siècle dans les armées françaises, emporta un jour, devant Louis XIV, un cheval chargé de son cavalier. Il alla trouver une autre fois un maréchal ferrant ; il lui donna un fer de cheval à forger. Celui-ci s’étant un peu éloigné, Barsabas prit l’enclume et la cacha sous son manteau. Le maréchal se retourne bientôt pour battre le fer ; il est tout étonné de ne plus trouver son enclume, et bien plus surpris encore de voir cet officier la remettre sans difficulté à sa place. Un Gascon, que Barsabas avait offensé dans une compagnie, lui proposa un duel : — Très-volontiers, lui répondit Barsabas ; touchez là. — Il prit la main du Gascon, et la lui serra si fort que tous les doigts en furent écrasés. Il le mit ainsi hors d’état de se battre. Le maréchal de Saxe était de même calibre. — Dans les anciens jours, on regardait comme favorisés par le diable les gens doués d’une force extraordinaire.