Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Formes du diable

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Henri Plon (p. 280-281).
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Formes du diable. « Le démon, quand il veut approcher de l’homme, prend diverses


formes, à l’exception de celles de l’agneau et, de la colombe que Dieu semble lui avoir interdites. Il prend souvent la forme du bouc. S’il veut se


rendre familier, il prend celle d’un chat ou d’un chien ; celle d’un cheval, s’il veut emporter quelqu’un ; celle d’une souris ou d’une fouine, s’il faut passer par un lieu étroit ; celle d’un bourdon, s’il veut empêcher de parler ; celles d’un loup, d’un vautour, d’un renard, d’un hibou, d’une araignée, d’un dragon, s’il prétend effrayer. Quelquefois il prend une tête d’homme sur un corps de bête. Les coqs alors le devinent et s’en effrayent. Sil paraît en homme, la contrefaçon ne peut jamais être parfaite ; il est donc toujours sale, puant, laid ; son nez est incorrect ; ses yeux sont enfoncés, ses mains et ses pieds ont des griffes ; il boite d’une jambe quand il ne boite pas des deux. Sa voix semble sortir d’une pierre creuse ou d’un tonneau[1]… »

M. Didron, en tête de sa curieuse Histoire du diable (Histoire archéologique), fait remarquer que « dans l’Inde le diable, avec ses formes

monstrueuses, ne se compose que de membres confus d’animaux féroces ou perfides ; il a

généralement plusieurs têtes et plusieurs bras. En Occident, le diable a le plus souvent la forme humaine, mais laide et repoussante. » Le savant archéologue induit de l’Apocalypse que le chef des démons est Satan ; il est représenté par saint Jean avec sept têtes, dix cornes, sept couronnes et une queue immense. Il a deux lieutenants : l’un, qui règne sur les mers, a pareillement sept têtes, dix cornes et dix couronnes, trois de plus

que le maître, avec un corps de léopard, des pieds d’ours et une queue de lion ; l’autre, qui règne sur la terre, estime bête à deux cornes qui n’a que le nom de la Bête. Les démons subalternes ont d’autres formes de bêtes monstrueuses. Voy. Figures.

  1. Gorres, Mystique, liv. VII, ch. xxvi.