Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Ganga-Gramma

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Henri Plon (p. 295-296).
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Ganga-Gramma, démon femelle que les Indiens craignent beaucoup, et par conséquent auquel ils rendent de grands honneurs. Il a une seule tête et quatre bras ; il tient dans la main gauche une petite jatte, et dans la droite une fourchette à trois pointes. On le mène en procession sur un char avec beaucoup de pompe ; quelquefois il se trouve des fanatiques qui se font écraser par dévotion sous ses roues. Les boucs sont les victimes ordinaires qu’on lui immole. Dans les maladies ou dans quelque autre danger, il se trouve des Indiens qui font vœu, s’ils en réchappent, de pratiquer en l’honneur de GangaGranima la cérémonie suivante. On leur enfonce dans la peau du dos des crochets, par le moyen desquels on les élève en l’air ; là ils font quelques tours d’adresse, comme des entrechats, en présence des spectateurs. Il se trouve des femmes simples et crédules, à qui l’on persuade que cette cérémonie est agréable à Ganga-Gramma, et

qu’elle ne cause aucune douleur. Lorsqu’elles la sentent, il n’est plus temps de s’en dédire, elles sont déjà en l’air, et les cris des assistants étouffent leurs plaintes. Une sorte de pénitence, toujours en l’honneur du même démon, consiste à se laisser passer une ficelle dans la chair, et à danser pendant que d’autres personnes tirent cette ficelle. La nuit qui suit la fête de GangaGramma, on lui sacrifie un buffle dont on recueille le sang dans un vase ; on le place devant l’idole, et l’on assure que le lendemain il se trouve vide. Des auteurs disent qu’autrefois, au lieu d’un buffle, on immolait une victime humaine.