Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Grossesse

La bibliothèque libre.
Henri Plon (p. 313).

Grossesse. On a cru longtemps à Paris qu’une femme enceinte qui se regarde dans un miroir croit voir le diable : fable autorisée par la peur qu’eut de son ombre une femme grosse, dans le temps qu’elle s’y mirait, et persuadée par son accoucheur qui lui dit qu’il était toujours dangereux de se regarder enceinte. On assure aussi qu’une femme grosse qui regarde un cadavre aura un enfant pâle et livide[1]. Dans certains cantons du Brésil, aucun mari ne tue d’animal durant la grossesse de sa femme, dans l’opinion que le fruit qu’elle porte s’en ressentirait. Voy. {{DIv|Imagination. On ignere encore le motif pour lequel certaines églises particulières refusèrent longtemps la sépulture aux femmes qui mouraient enceintes ; c’était sans doute pour engager les femmes à redoubler de soins envers leurs enfants. Un concile tenu à Rouen en 1074 a ordonné que la sépulture en terre sainte ne fût nulle part refusée aux femmes enceintes ou mortes pendant l’accouchement.

  1. Brown, Essai sur les erreurs populaires, p. 401.