Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Hibou

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Henri Plon (p. 334-335).
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Hibou, oiseau de mauvais augure. On le regarde vulgairement comme le messager de la


mort ; et les personnes superstitieuses qui perdent quelque parent ou quelque ami se ressouviennent toujours d’avoir entendu le cri du hibou. Sa présence, selon Pline, présage la stérilité. Son œuf, mangé en omelette, guérit, dit-on, de l’ivrognerie.

Cet oiseau est mystérieux, parce qu’il recherche la solitude, qu’il hante les clochers, les tours et les cimetières. On redoute son cri, parce qu’on ne l’entend que dans les ténèbres ; et, si on l’a vu quelquefois sur la maison d’un mourant, il y était peut-être attiré par l’odeur cadavéreuse, ou par le silence qui régnait dans cette maison. Un philosophe arabe, se promenant dans la campagne avec un de ses disciples, entendit une voix détestable qui chantait un air plus détestable encore. — Les gens superstitieux, dit-il, prétendent que le chant du hibou annonce la mort d’un homme ; si cela était vrai, le chant de cet homme annoncerait la mort d’un hibou. Cependant si le hibou est regardé comme un mauvais présage chez les gens de la campagne, quand on le voit perché sur le haut d’une maison, il est aussi regardé comme d’un bon augure quand il vient se réfugier dans un colombier. Les anciens Francs condamnaient à une forte amende quiconque tuait ou volait le hibou qui s’était réfugié dans le colombier de son voisin[1]. Il y détruisait les souris et les rats ; et c’est une grande maladresse aux laboureurs de tuer le hibou.

On ne peut passer sous silence ses vertus.

Si l’on met son cœur avec son pied droit sur une personne endormie, elle dira aussitôt ce qu’elle aura fait et répondra aux demandes qu’on lui adressera ; de plus, si on met les mêmes parties de cet oiseau sous les aisselles, les chiens ne pourront aboyer après la personne qui les portera ; et enfin, si on pend son foie à un arbre, tous les oiseaux se rassembleront dessus[2].

  1. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 439.
  2. Des admirables secrets d’Albert le Grand, p. 407.