Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Jérusalem

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Henri Plon (p. 377).
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Jérusalem. Avant la destruction de Jérusalem par Titus, fils de Vespasien, on distingua, dit-on, une éclipse de lune qui se répéta douze nuits de suite. Un soir, vers le coucher du soleil, on aperçut dans l’air des chariots de guerre, des cavaliers, des cohortes de gens armés, qui, mêlés aux nuages, couvraient toute la ville et l’environnaient de leurs bataillons. Pendant le siège, et peu de jours avant la ruine de la ville, on vit tout à coup paraître un homme absolument inconnu, qui se mit à parcourir les rues et les places publiques, criant sans cesse : « Malheur à toi, Jérusalem ! » On le fit battre de verges ; on le déchira de coups, pour lui faire dire d’où il sortait ; mais sans pousser une seule plainte, sans répondre un seul mot, sans donner le moindre témoignage de souffrance, il criait toujours et sans relâche : « Malheur à toi, Jérusalem ! » Enfin, un jour qu’il se trouvait sur le rempart, il s’écria : « Malheur à moi-même ! » et un instant après il fut écrasé par une des pierres que lançaient les assiégeants[1].


  1. Voyez Josèphe, Histoire de la guerre de Judée ; Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, deuxième partie, ch. viii.