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Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Phénix

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Henri Plon (p. 525-526).

Phénix. Il y a, dit Hérodote, un oiseau sacré qu’on appelle phénix. Je ne l’ai jamais vu qu’en peinture. Il est grand comme un aigle ; son plumage est doré et entremêlé de rouge. Il se nourrit d’aromates et vient tous les cinq cents ans en Égypte, chargé du cadavre de son père enveloppé de myrrhe, qu’il enterre dans le temple du Soleil. Solin dit que le phénix naît en Arabie ; que sa gorge est entourée d’aigrettes, son cou brillant comme l’or, son corps pourpre, sa queue mêlée d’azur et de rose ; qu’il vit cinq cent quarante ans. Certains historiens lui ont donné jusqu’à douze mille neuf cent cinquante-quatre ans de vie.

Saint Clément le Romain rapporte qu’on croit que le phénix naît en Arabie, qu’il est unique dans son espèce, qu’il vit cinq ans ; que, lorsqu’il est près de mourir, il se fait, avec de l’encens, de la myrrhe et d’autres aromates, un cercueil où il entre à temps marqué, et il y meurt ; que sa chair corrompue produit un ver qui se nourrit de l’humeur de l’animal mort et se revêt de plumes ; qu’ensuite, devenu plus fort, il prend le cercueil de son père et le porte en Égypte, sur l’autel du Soleil, à Héliopolis.

Outre que tous ceux qui parlent de cet oiseau mystérieux ne l’ont point vu et n’en parlent que par ouï-dire, qui peut être sûr qu’il a vécu cinq cents ans ? qui peut assurer qu’il soit seul de son espèce ?

Le P. Martini rapporte, dans son Histoire de la Chine, qu’au commencement du règne de l’empereur Xao-Hao IV, on vit paraître l’oiseau du soleil, dont les Chinois regardent l’arrivée comme un heureux présage pour le royaume. Sa forme, dit-il, le ferait prendre pour un aigle, sans la beauté et la variété de son plumage. Il ajoute que sa rareté lui fait croire que cet oiseau est le même que le phénix[1].

  1. Des critiques pensent que le phénix était le symbole de la chasteté et de la tempérance chez les païens ; ils comptaient quatre apparitions de cet oiseau merveilleux, la première sous le roi Sésostris, la seconde sous Âmasis, la troisième sous le troisième des Ptolémées, la quatrième sous Tibère.