Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Psellus

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Henri Plon (p. 562-563).
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Psellus (Michel), auteur du livre De operatione dœmonum. Paris, 1623 ; in-8o. Il a été traduit en français par Gaulmin. Il est fort curieux. On y voit que les démons promettaient à ceux qu’ils pouvaient enrôler sous leurs bannières des honneurs, de l’or et des richesses ; mais qu’ils n’accomplissaient pas leurs promesses ; qu’ils trompaient habituellement leurs initiés par une certaine fantasmagorie et par des apparitions lumineuses qu’ils appelaient théopsies ou visions divines ; mais que les amateurs ne pouvaient y arriver qu’après avoir commis des actions abominables. Psellus parle aussi d’excréments humains, solides et fluides, que les sorciers devaient goûter pour se rendre les démons favorables. Il raconte une aventure qui lui fut personnelle et que nous empruntons à la traduction de Görres par M. de Sainte-Foi.

Psellus, qui était puissant à la cour de Constantinople, fit mettre en prison un sorcier


manichéen qui prophétisait. « Comme je lui demandais, dit-il, d’où il tenait le don de prophétie, il refusa d’abord de répondre. Mais, forcé de parler, il me dit qu’il avait appris son art d’un vagabond de Libye. — Celui-ci, me poursuivit-il, m’ayant mené la nuit sur une montagne, me fit goûter mani d’une certaine herbe, me cracha dans la bouche, m’oignit les yeux d’un certain onguent et me fit voir une multitude de démons, parmi lesquels j’en aperçus un qui volait vers moi sous la forme d’un corbeau ; et, entrant par ma bouche, il pénétra jusqu’au fond de mes entrailles. À partir de ce moment jusqu’aujourd’hui, j’ai pu lire dans l’avenir toutes les fois que mon démon l’a bien voulu. Il n’y a que quelques jours dans l’année où je ne puis obtenir de lui qu’il me révèle quoi que ce soit : c’est aux fêtes de la Croix, aux jours de la Passion et de la Résurrection. — Il me dit ensuite : Vous aurez beaucoup à souffrir dans votre corps ; les démons vous en veulent, parce que vous abolissez leur culte ; et ils vous ont préparé des dangers auxquels vous n’échapperez pas, si une puissance supérieure à la leur ne vous arrache de leurs mains. — Tout arriva comme il l’avait prédit, ajoute Psellus, et je serais mort au milieu des dangers de toutes sortes dont j’ai été environné, si Dieu ne m’en avait inopiné » ment délivré[1].

  1. Mystique de Görres, liv VIII, ch. iii.