Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Résurrection
Résurrection. Les Parsis ou Guèbres pensent que les gens de bien, après avoir joui des délices de l’autre monde pendant un certain nombre de siècles, rentreront dans leurs corps et reviendront habiter la même terre où ils avaient fait leur séjour pendant leur première vie ; mais cette terre, purifiée et embellie, sera pour eux un nouveau paradis. Les habitants du royaume d’Ardra, sur la côte occidentale d’Afrique, s’imaginent que ceux qui sont tués à la guerre sortent de leurs tombeaux au bout de quelques jours et reprennent une vie nouvelle. Cette opinion est une invention de la politique pour animer le courage des soldats. Les amantas, docteurs et philosophes du pays, croyaient la résurrection universelle, sans pourtant que leur esprit s’élevât plus haut que cette vie animale pour laquelle ils disaient que nous devions ressusciter, et sans attendre ni gloire ni supplice. Ils avaient un soin extraordinaire de mettre en lieu de sûreté les rognures de leurs ongles et de leurs cheveux, et de les cacher dans les fentes ou dans les trous de muraille. Si, par hasard, ces cheveux et ces ongles venaient à tomber à terre avec le temps, et qu’un Indien s’en aperçût, il ne manquait pas de les relever de suite et de les serrer de nouveau. — Savez-vous bien, disaient-ils à ceux qui les questionnaient sur cette singularité, que nous devons revivre dans ce monde, et que les âmes sortiront des tombeaux avec tout ce qu’elles auront de leurs corps ? Pour empêcher donc que les nôtres ne soient en peine de chercher leurs ongles et leurs cheveux (car il y aura ce jour-là bien de la presse et du tumulte), nous les mettons ici ensemble, afin qu’on les trouve plus facilement.
Gaguin, dans sa description de la Moscovie, dit que, dans le nord de la Russie, les peuples meurent le 27 novembre, à cause du grand froid, et ressuscitent le 24 avril : ce qui est, à l’instar des marmottes, une manière commode de passer l’hiver. Voy. Gabinius, Pamilius de Phères, Thespésius, Vampires, etc.