Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Souvigny

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Henri Plon (p. 629).

Souvigny. Une tradition populaire attribue aux fées la construction de l’église de Souvigny. Au milieu de la délicieuse vallée qu’arrose la petite rivière appelée la Queune, une laitière vit surgir cette église d’un brouillard du matin, avec ses aiguilles dentelées, ses galeries festonnées, et son portail à jour, à une place où la veille encore s’élevaient de beaux arbres et coulait une fontaine. Frappée de stupeur, la pauvre femme devint pierre ; on montre encore sa tête placée à l’angle d’une des tours. Il y a bien, en effet, quelque chose de féerique dans l’église de Souvigny. Un jour qu’il allait s’y livrer à ses études, M. Achille Allier y découvrit un curieux support de nervure ogivique ; c’était une femme d’une délicatesse de formes presque grecque, qui se tordait et jouait avec une chimère ; il lui sembla voir l’intelligence de l’artiste créateur de ce temple fantastique aux prises avec son caprice[1].


  1. Jules Duvernay, Excursion d’artiste en 1841.