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Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Stryges

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Henri Plon (p. 636-637).
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Stryges. C’étaient de vieilles femmes chez les anciens. Chez les Francs, nos ancêtres, c’étaient des sorcières ou des spectres qui mangeaient les vivants. Il y a même dans la loi salique un article contre ces monstres : « Si une stryge a mangé un homme et qu’elle en soit convaincue, elle payera une amende de huit mille deniers, qui font deux cents sous d’or. » Il paraît que les stryges étaient communes au cinquième siècle, puisqu’un autre article de la même loi condamne à cent quatre-vingt-sept sous et demi celui qui appellera une femme libre stryge ou prostituée. Comme ces stryges sont punissables d’amende, on croit généralement que ce nom devait s’appliquer, non à des spectres insaisissables, mais exclusivement à des magiciennes. Il y eut, sous prétexte de poursuites contre les stryges, des excès qui frappèrent Charlemagne. Dans les Capitulaires qu’il composa pour les Saxons, ses sujets de conquête, il condamne à la peine de mort ceux qui auront fait brûler des hommes ou des femmes accusés d’être stryges. Le texte se sert des mots stryga vel masca ; et l’on croit que ce dernier terme signifie, comme larva, un spectre, un fantôme, peut-être un loup-garou. On peut remarquer, dans ce passage des Capitulaires[1], que c’était une opinion reçue chez les Saxons qu’il y avait des sorcières et des spectres (dans ce cas des vampires) qui mangeaient ou suçaient les hommes vivants ; qu’on les brûlait, et que, pour se préserver désormais de leur voracité, on mangeait la chair de ces stryges ou vampires. Quelque chose de semblable s’est vu dans le traitement du vampirisme au dix-huitième siècle. Ce qui doit prouver encore que les stryges des anciens étaient quelquefois des vampires, c’est que, chez les Russes, et dans quelques contrées de la Grèce moderne où le vampirisme a exercé ses ravages, on a conservé aux vampires le nom de stryges. Voy. Vampires.


  1. Capitul. Caroli Mag. pro partibus Saxoniæ, cap. vi.