Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Talismans

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Henri Plon (p. 649-650).
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Talismans. Un talisman ordinaire est le sceau, la figure, le caractère ou l’image d’un signe céleste ou autre, faite, gravée ou ciselée sur une pierre, par un ouvrier qui ait l’esprit arrêté et attaché à l’ouvrage, sans être distrait ou dissipé par des pensées étrangères, au jour et à l’heure de la planète, en un lieu fortuné, par un temps beau et serein et quand le ciel est en bonne disposition, afin d’attirer les influences.

Le talisman portant la figure ou le sceau du soleil doit être composé d’or pur sous l’influence de cet astre, qui domine sur l’or. Le talisman de la lune doit être composé d’argent pur, avec les mêmes circonstances. Le talisman de Mars doit être composé d’acier fin. Le talisman de Jupiter doit être composé du plus pur étain. Le talisman de Vénus doit être composé de cuivre poli et bien purifié. Le talisman de Saturne doit être composé de plomb raffiné. Le talisman de Mercure doit être composé de vif-argent fixé. Quant aux pierres, l’hyacinthe et la pierre d’aigle sont de nature solaire. L’émeraude est lunaire. L’aimant et l’améthyste sont propres à Mars. Le béryl est propre à Jupiter, la cornaline à Vénus, la chalcédoine et le jaspe à Saturne, la topaze et le porphyre à Mercure.

Les talismans furent imaginés, dit-on, par les Égyptiens, et les espèces en sont innombrables. Le plus célèbre de tous les talismans est le fameux anneau de Salomon, sur lequel était gravé le grand nom de Dieu. Rien n’était impossible à l’heureux possesseur de cet anneau, qui dominait sur tous les génies.

Apollonius de Tyane mit à Constantinople la figure d’une cigogne qui en éloignait tous les oiseaux de cette espèce par une propriété magique. En Égypte, une figure talismanique représentait Vénus couchée, et servait à détourner la grêle.

On faisait des talismans de toutes les matières ; les plus communs sont les talismans cabalistiques, qui sont aussi les plus faciles, puisqu’on n’a pas besoin pour les fabriquer de recourir au diable ; ce qui demande quelques réflexions.

Les talismans du soleil, portés avec confiance et révérence, donnent les faveurs et la bienveillance des princes, les honneurs, les richesses et l’estime générale. Les talismans de la lune garantissent des maladies populaires : ils devraient aussi garantir des superstitions. Ils préservent les voyageurs de tout péril. Les talismans de Mars ont la propriété de rendre invulnérables ceux qui les portent avec révérence. Ils leur donnent une force et une vigueur extraordinaires. Les talismans de Jupiter dissipent les chagrins, les terreurs paniques, et donnent le bonheur dans le commerce et dans toutes les entreprises. Les talismans de Vénus éteignent les haines et donnent des dispositions à la musique. Les talismans de Saturne font accoucher sans douleur ; ce qui a été éprouvé avec un heureux succès, disent les écrivains spéciaux, par des personnes de qualité qui étaient sujettes à faire de mauvaises couches. Ils multiplient les choses avec lesquelles on les met. Si un cavalier est botté et qu’il porte un de ces talismans dans sa botte gauche, son cheval ne pourra être blessé. Les talismans de Mercure rendent éloquents et discrets ceux qui les portent révéremment. Ils donnent la science et la mémoire ; ils peuvent guérir toutes sortes de fièvres, et, si on les met sous le chevet de son lit, ils procurent des songes véritables dans lesquels on voit ce que l’on souhaite de savoir : agrément qui n’est pas à dédaigner[1]. Voy. Talys, Theraphim, Thomas d’Aquin, Crocodiles, Pantacles, etc.


  1. Le Petit Albert.