Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Vétin

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Henri Plon (p. 687).

Vétin. Un moine du neuvième siècle nommé Vétin, étant tombé malade, vit entrer dans sa cellule une multitude de démons horribles, portant des instruments propres à bâtir un tombeau. Il aperçut ensuite des personnages sérieux et graves, vêtus d’habits religieux, qui firent sortir ces démons ; puis il vit un ange environné de lumière qui vint se présenter au pied de son lit, le prit par la main et le conduisit par un chemin agréable sur le bord d’un large fleuve, où gémissaient un grand nombre d’âmes en peine, livrées à des tourments divers, suivant la quantité et l’énormité de leurs crimes. Il y trouva plusieurs personnes de sa connaissance, entre autres un moine qui avait possédé de l’argent en propre, et qui devait expier sa faute dans un cercueil de plomb jusqu’au jour du jugement. Il remarqua des chefs, des princes et même l’empereur Charlemagne qui se purgeaient par le feu, mais qui devaient être délivrés dans un certain temps. Il visita ensuite le séjour des bienheureux qui sont dans le ciel, chacun à sa place selon ses mérites. Quand Vétin fut éveillé, il raconta au long toute cette vision, qu’on écrivit aussitôt. Il prédit en même temps qu’il n’avait plus que deux jours à vivre ; il se recommanda aux prières des religieux, et mourut en paix le matin du troisième jour. Cette mort arriva, le 31 octobre 824, à Aigue-la-Riche[1], et la vision de ce bon moine a fourni des matériaux à ceux qui ont décrit les enfers.


  1. Lenglet-Dufresnoy.