Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/ABUS

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ABUS : il n’est point de mot auquel la révolution ait fait subir une plus étrange métamorphose ; & ce que les François libres appellent aujourd’hui abus, l’ancien régime le nommoit droit. C’étoit un droit, par exemple, de ne rien payer à l’état, parce qu’on portoit une jaquette, & qu’on lisoit ou ne lisoit point un livre latin qu’on entendoit à peine. C’étoit un droit de ne rien payer, parce qu’on possédoit un ou plusieurs arpens grevés des articles du, ou de la, &c. Une pension donnée à un mari pour les services de sa femme étoit une récompense ; un emprunt, une ressource, & un effort de génie, le discours qui le motivoit. Ce que le nouveau régime appelle abus de pouvoir, l’ancien le nommoit l’usage du pouvoir. Le nouveau régime dit aux parlementaires : Vous avez beau faire, vous n’êtes que des jugeurs ; & l’ancien leur crioit, & même un peu fort : Vous êtes les arbitres de la nation ; placez-vous entre le monarque & nous . . . . . . & les jugeurs se plaçoient, &c. &c. &c. &ç . . . . . . &c.